tag:blogger.com,1999:blog-80717788310126880552024-03-06T15:02:55.151-05:00LES TRIBULATIONS D'UN MOUTON MARRONDiscussion, provocation, liberté.Mouton Marronhttp://www.blogger.com/profile/04467572190911186882noreply@blogger.comBlogger507125tag:blogger.com,1999:blog-8071778831012688055.post-29204907715575921992014-05-15T00:45:00.000-04:002014-05-15T00:45:09.088-04:00Camus et Mathieu Bock-Côté<b>Les deux derniers textes parus sur La tomate noire:</b><br />
<br />
<a href="http://tomatenoire.noblogs.org/post/2014/04/28/albert-camus-et-la-pensee-libertaire/">Une entrevue avec Lou Marin sur l'anarchisme de Camus</a>, publiée par Pwll et Sebastian Kalicha.<br />
<br />
<a href="http://tomatenoire.noblogs.org/post/2014/05/14/traditionalisme-ou-barbarie-le-cas-de-bock-cote/">Une réponse de moi à Mathieu Bock-Côté,</a> qui je trouve défend la civilisation avec pédanterie.Mouton Marronhttp://www.blogger.com/profile/04467572190911186882noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8071778831012688055.post-78802401403046250592014-04-19T18:31:00.002-04:002014-04-19T18:31:56.523-04:00Sur l'abstention.Bakou <a href="http://tomatenoire.noblogs.org/post/2014/04/15/la-reproduction-du-systeme-par-le-vote/">a écrit un texte sur l'abstention aux élections sur La Tomate Noire</a> et a donc lancé le débat.<br />
<br />
J'en ai rajouté avec <a href="http://tomatenoire.noblogs.org/post/2014/04/18/la-democratie-ne-sait-que-simposer/">d'autres arguments</a> avec la publication de mon propre billet sur la question, qui reprennent entre autres un certain éclairage apporté par Anne Archet dans un statut Facebook et que je n'arrive plus à retrouver.<br />
<br />
Les deux textes ne couvrent pas tout, mais sont assez complémentaires. Nos critiques gagnent à être nuancées, alors ne vous gênez pas pour commenter.Mouton Marronhttp://www.blogger.com/profile/04467572190911186882noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-8071778831012688055.post-24792962752386927592014-04-12T18:11:00.000-04:002014-04-12T18:11:04.045-04:00La Tomate noire!<span style="font-size: large;">Notre nouveau blog collectif est en ligne et il s'appelle <a href="http://tomatenoire.noblogs.org/">la Tomate noire</a>.</span><br />
<br />
Voilà notre <a href="http://tomatenoire.noblogs.org/post/2014/03/31/quest-ce-que-la-tomate-noire/">déclaration de principes</a>. Le collectif est formé de Pwll (anciennement Pwel, de <a href="http://chasseurdepuces.blogspot.ca/">Chercher des poux</a>), de Bakou (alias Bakouchaïev, <a href="http://anarhilisme.blogspot.ca/">l'anarhiliste</a>), de Steffen, qui n'entretenait plus de blog depuis plusieurs années, et de moi. Notez que j'ai changé de pseudonyme: je signe maintenant mes textes sous le nom de Umzidiu Meiktok.<br />
<br />
Le graphisme du site, propulsé par une plateforme style Wordpress, en est encore à ses débuts. Il faut nous pardonner notre difficulté à programmer ce site, mais le code CSS est nouveau pour moi et le fonctionnement de <i>No Blog</i>, qui nous héberge, est vraiment, vraiment pas intuitif. Si vous voulez nous aider à améliorer notre site, je pense que ça nous fera plaisir.<br />
<br />
Nous avons déjà publié deux textes!<br />
<br />
Pwll a écrit un texte sur l'opposition entre le féminisme libéral et le féminisme radical, qui s'incarne depuis peu dans le débat sur le dernier livre de Léa Clermont-Dion.<br />
<br />
Le titre: <a href="http://tomatenoire.noblogs.org/post/2014/04/12/vous-etes-po-fines-ou-comment-depolitiser-le-feminisme/">« "Vous êtes pô fines" ou comment dépolitiser le féminisme. »</a><br />
<br />
J'ai moi-même écrit un texte sur les dernières élections. Ça s'appelle: <a href="http://tomatenoire.noblogs.org/post/2014/04/12/les-choses-ne-vont-pas-si-mal/">«les choses ne vont pas si mal.»</a><br />
<br />
La transition entre mon blog et La tomate noire se fera doucement. Je vais continuer d'envoyer un lien vers les billets à partir des <i>Tribulations d'un Mouton Marron</i> jusqu'à ce que le nouveau site soit suffisamment connu.<br />
<br />
Bonne lecture!Mouton Marronhttp://www.blogger.com/profile/04467572190911186882noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8071778831012688055.post-27430360648052809432014-03-28T21:42:00.001-04:002014-03-28T21:44:11.220-04:00Dernières tribulations - bilanComme je l'ai annoncé il n'y a pas si longtemps, je compte cesser la mise à jour de ce blog pour me consacrer à un nouveau projet, dont je donnerai des détails dans les prochaines semaines. Mais avant de me lancer là-dedans, j'ai décidé de présenter un bilan. <br />
<br />
***<br />
<br />
J'ai écrit mon premier texte sur ce blog il y a maintenant six ans. Je l'ai fait pour plusieurs raisons: tout d'abord, je ne trouvais plus le moyen de m'investir dans un journal étudiant; j'avais envie de passer de l'imprimé au numérique et de pouvoir avoir l'entier contrôle sur mes propres publications. Enfin, on m'avait mis au défi. Quelqu'un m'avait dit que je devais « arrêter de me plaindre » et faire comme son idole de la droite populiste américaine, un quidam qui tenait un blog ultraconservateur et qui était devenu très influent.<br />
<br />
J'ai créé <i>Les Tribulations d'un Mouton Marron</i> avec dans la tête l'idée que ça marcherait pas. J'en avais déjà créé plusieurs par le passé: un sur over-blog, un sur MySpace, et même un sur Skyblog (je vous interdis d'essayer de les retrouver). J'ai aussi participé à un collectif rencontré au FSQ, <a href="http://theuntakens.blogspot.ca/">The Untakens</a>, qui publiait des textes en anglais. Aucun site n'a été entretenu très longtemps. Aucun collectif n'a tenu plus que quelques mois.<br />
<br />
<b>Pressions et surveillance </b><br />
<br />
Qui eût cru que je tiendrais six ans et que je publierais environ 540 billets. Cette réussite dans la création s'accompagne cependant de beaucoup de frustrations: tout d'abord la nature invasive de l'empire Google, qui m'a dans les dernières années imposé une fusion de tous mes comptes reliés à ses acquisitions corporatives, une page Google +, et qui m'a même harcelé pour avoir mon numéro de cell pendant au moins deux mois.<br />
<br />
Mes statistiques montrent aussi que la police et le <i>Department of Defense</i> ont figuré parmi mes visiteurs occasionnels. Qu'est-ce que ce les flics cherchaient? Aucune idée. Peut-être qu'ils ont des fichiers remplis d'infos sur moi quelque part dans un tiroir. M'en fiche. À la limite même, ça flatte mon ego.<br />
<br />
Par un procédé que j'ignore totalement, mon vrai nom a aussi figuré dans les recherches Google pendant un certain temps quand on tapait "Mouton Marron". C'était le deuxième résultat. Écrire sous pseudonyme ne signifie pas nécessairement écrire sous couvert de l'anonymat. Il y a beaucoup, beaucoup de gens qui savent qui je suis, qui me côtoient quotidiennement et qui lisent ce blog. Je n'ai demandé à aucun-e d'entre eux de garder le secret. Seulement, je souhaitais que les personnes au courant soient les bonnes, tout en évitant que les patrons, la famille, les proprios, les profs et les fachos puissent m'identifier facilement.<br />
<br />
Échec sur toute la ligne. Au moins le tiers de l'intimidation que j'ai subie au cours des dernières années, je la dois à des réactions violentes et parfois même franchement menaçantes à certains de mes textes. Presque aucun message haineux dans la boîte de commentaires. Aucune lettre avec de l'anthrax dedans. Juste une grande main qui m'a tordu le bras à plusieurs reprises. Formée de personnes que je connais dans la vraie vie.<br />
<br />
Vous pensez que d'avoir rédigé des textes politiques et littéraires pendant six ans peut procurer des avantages sur le plan professionnel? Ben pas dans mon cas. Au contraire, ça m'a profondément nui, de sorte que j'ai dû <a href="http://moutonmarron.blogspot.ca/2013/06/disparition-des-billets-sur-legypte.html">effacer plusieurs textes concernant l'Égypte</a>. Je n'ai d'ailleurs jamais expliqué pourquoi, alors voilà l'essentiel:<br />
<br />
J'ai effacé mes billets sur l'Égypte parce que quelqu'un du milieu universitaire m'a identifié et a eu peur. Ce n'est pas Moubarak, Morsi ou Al-Sissi qui m'a demandé de me taire, ni leur police, ni des terroristes. C'est mon milieu académique, inquiété par les conséquences possibles résultant de critiques faites à l'endroit d'un ex-ministre. C'était de la censure <i>soft</i>. <br />
<br />
Du reste, on a souvent exigé que je retire des billets. En haussant le ton parfois. En me disant que ça me vaudrait la prison. Ça m'a toujours fait marrer et j'ai rarement eu peur que mes textes, du reste passablement modérés et prudents, provoquent un procès.<br />
<br />
<b>Le nombre de lecteurs et lectrices</b><br />
<br />
Mes statistiques ont toujours été faméliques. J'ai commencé mes tribulations alors que la blogosphère commençait déjà à battre de l'aile. Au départ, je dépendais de ma visibilité sur d'autres blogs pour survivre; sur la fin, il fallait que je compte uniquement sur les réseaux sociaux. M'inscrire sur Twitter a été une épreuve difficile pour moi, une reddition face à une logique qui me déplaît beaucoup. <br />
<br />
Malgré tout, quelques billets ont été relativement bien diffusés. Dans tous les cas sauf un, il s'agissait du sujet de l'heure: j'ai surfé sur des buzz. Dans la plupart des cas, c'était des prises de position dans le cadre d'un débat concernant une personnalité publique. Par exemple, Gab Roy à lui seul m'a attiré plus de visites que tout ce que j'ai pu écrire sur le G20 de Toronto sur une période d'un an. Parfois, on pense écrire quelque chose d'important à des gens qui attendent des informations d'urgence.<br />
<br />
Mais non, c'est pas le cas.<br />
<br />
Je ne suis pas amer, je connaissais déjà ces dynamiques.<br />
<br />
<b>Un déclin?</b><br />
<br />
Franchement, mon blog s'en sort bien. Surtout depuis le début de la période électorale. Mes fréquentations sont redevenues stables après le creux de 2013, et si les gens ne commentent plus directement sur le blog, ils partagent quand même mes textes de temps à autres. Cela dit, il n'y a pas de développement non plus, et je ne m'attends pas à un contexte plus clément. Après cinq ans, je sens que sans changement de formule, la diffusion ne peut pas s'améliorer.<br />
<br />
Ce n'est pas parce que mon blog décline que je compte l'arrêter. C'est juste que des ami-e-s et moi, on a trouvé une meilleure idée.<br />
<br />
<b>Et après?</b><br />
<br />
Le blog restera en ligne pour fins d'archives, du moins jusqu'à ce que je trouve un meilleur support pour le demi-millier de textes. Si jamais notre nouveau projet collectif vient à foirer, je tenterai sans doute de réactiver <i>Les Tribulations d'un Mouton Marron</i>, ou de trouver un autre moyen de rendre mes nouveaux textes accessibles à tous et à toutes. Dans tous les cas, il n'y a rien de perdu.<br />
<br />
Sous peu, dès que j'aurai le consentement de mes potes, j'annoncerai les grandes lignes de notre nouveau projet. En attendant le lancement officiel, ce blog poursuivra ses activités normales.Mouton Marronhttp://www.blogger.com/profile/04467572190911186882noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-8071778831012688055.post-38582635668472550962014-03-24T21:37:00.000-04:002014-03-24T21:43:08.289-04:00La peur fonctionne.Qui aurait cru que le PQ s'enfoncerait si profondément dans ses délires populistes basés sur la peur, de manière à faire passer même les libéraux pour des gens responsables et modérés. Malgré tout le narcissisme de Legault, il n'y a pas moyen de voir autre chose actuellement que les gueules ahuries des péquistes, qui hurlent de manière continue et qui, on l'espère, vont finir par manquer de voix.<br />
<br />
Des partis aux programmes ou du moins au pratiques difficiles à distinguer finissent par sembler s'opposer sur tous les sujets. En fait la seule substance de leurs débats, qui ne soit pas purement de la démagogie, se trouve être basée sur des désaccords comptables.<br />
<br />
Le PQ a tenté d'utiliser la charte pour faire gonfler le nombre de ses partisan-e-s, en tentant d'instrumentaliser la terreur des bon-ne-s petit-e-s bourgeois-es et en leur vendant un projet aussi inutile et vide que liberticide. Cela a fonctionné un temps.<br />
<br />
Mais PKP, qu'on accueillait comme un héros national-révolutionnaire il y a deux semaines, se révèle être le meilleur allié des libéraux. Le PQ a pris un risque énorme: il a simultanément fait croire à la gauche indépendantiste que PKP leur amènerait un pays tout en essayant de faire gober au reste de la population qu'il n'y aurait pas de référendum. Le mensonge et la vérité auraient pu se côtoyer sereinement: prononcez le mot "Nation" et il y aura toujours une foule d'exalté-e-s, prêt-e-s à se prosterner devant n'importe quel champion, qui viendra se masser devant vous, et qui refusera de voir la vérité. Pas besoin de nourrir ce monde-là avec autre chose qu'une vague promesse. Quant aux autres, illes ont souvent les idées indécrottables. Amenez-leur n'importe quel argument rationnel et preuve incontestable, illes resteront religieusement sur leur première idée. <br />
<br />
Mais le PQ a parlé trop fort. Maintenant Couillard n'a plus qu'à surfer sur cette vague, en disant «référendum» deux fois par phrase. Le mensonge a joué contre le PQ. Une partie de la gauche ne l'a pas cru. Les fédéralistes apeuré-e-s, eux, l'ont cru. Marois aura beau leur promettre et leur assurer qu'il n'y aura pas de référendum, le mal est déjà fait, illes s'attendent à la fin du monde.<br />
<br />
La population québécoise montre sa vraie nature. Surtout depuis 2012, même si ce n'est pas particulièrement nouveau. Elle a la chienne. Elle tremble, elle ignore et elle hait. Cette élection ne se joue que sur la terreur, dont le PQ tente maintenant de reprendre le contrôle en accusant les étudiant-e-s ontarien-ne-s de voler l'élection et en tentant de remettre l'accent sur la charte.<br />
<br />
La peur fonctionne. Tout fait peur. Envisager un désagrément mineur nous effraie. Et tout ce qui ressent un vague confort a peur, par chez-nous. Même les vieux et vieilles ont peur: jamais illes ne mettraient en jeu ne serait-ce que les deux petites années qui leur reste à vivre. Nous sommes bien enterré-e-s dans nos terriers. C'est comme ça qu'on a évité le pire de la crise économique, non? En se cachant et en attendant que ça passe.Mouton Marronhttp://www.blogger.com/profile/04467572190911186882noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8071778831012688055.post-54181123347432222852014-03-16T16:18:00.000-04:002014-03-16T16:51:14.241-04:00Des miettes de manif du 15 mars.UNE PERSONNE AVEC UNE CANNE QUI MARCHE TRÈS LENTEMENT<br />
<br />
–Vous allez à la marche monsieur? me demande une vieille dame appuyée sur
une canne.<br />
–Ben... pas vraiment. Je vais dans cette direction.<br />
Je pointe le nord.<br />
–Vous devriez venir. Par solidarité.<br />
–Ouin... Je sais pas.<br />
–Moi je me suis fait brutaliser par la police. Depuis ce temps-là je suis
malade. Vous savez pas ce que c'est.<br />
J'ai un rire de malaise.<br />
–Je me suis déjà fait brutaliser aussi, madame.<br />
Je pense à la fois où les flics ont gratuitement brisé mes lunettes en mille
miettes en les tordant dans tous les sens, et m'ont menacé, alors que j'étais menotté, de fourrer le mur de
béton avec ma tête si je la fermais pas. Je l'ai pas fermée. Il ont <i>fourré le mur</i> avec ma tête. Mais je vais quand même pas raconter ça à la dame. Interprétant mon silence, elle continue:<br />
–Pas assez, visiblement. Je vous souhaite de vous faire brutaliser encore,
pour que vous compreniez réellement.<br />
Elle part. Je la recroise quelques minutes plus tard. Elle me répète:<br />
–Je vous souhaite de vous faire brutaliser!<br />
<br />
Au fond, je méritais peut-être de me faire dire ça.<br />
<br />
***<br />
<br />
DEUX PACIFISTES NON-VIOLENTS<br />
<br />
Deux types dans la vingtaine et coiffés de longues crêtes de coq harcèlent un jeune homme qui porte un masque de Guy Fawkes sur le front en lui disant quelque chose comme: « c'est interdit. » J'imagine qu'ils lui ont aussi dit que si les manifs tournaient mal, c'était à cause d<i>'hostie de casseurs</i> dans son genre. Ensuite, les deux gars s'approchent de policiers qui surveillent, en bordure de manif. Ils pointent le manifestant et disent quelque chose comme: « Regardez-le, lui là-bas. Il porte un masque. C'est interdit. » <br />
<br />
Puis ils partent. Alors je leur crie après pour leur demander quel est leur problème. Ils se retournent, me pointent et me font cette menace :<br />
<br />
<b>« On va revenir pour toi! »</b><br />
<br />
***<br />
<br />
PIÈGE<br />
<br />
Avant même que les manifestant-e-s entrent sur Chateaubriand, l'escouade cycliste avait déjà pris place dans l'entrée des ruelles et un peloton était caché sur Bélanger. Je m'en suis moi-même rendu compte trop tard: la manifestation s'était déjà engagée dans la rue et mes cris d'avertissement n'ont rien donné. Il n'y avait selon certain-e-s rien d'autre à faire que de se lancer sur cette rue-là, c'était bouché partout.<br />
<br />
Les flics savaient exactement ce qu'ils faisaient. Le piège était grossier, facile, et la manif s'est précipitée dedans joyeusement.<br />
<!--[if gte mso 10]>
<style>
/* Style Definitions */
table.MsoNormalTable
{mso-style-name:"Tableau Normal";
mso-tstyle-rowband-size:0;
mso-tstyle-colband-size:0;
mso-style-noshow:yes;
mso-style-parent:"";
mso-padding-alt:0cm 5.4pt 0cm 5.4pt;
mso-para-margin:0cm;
mso-para-margin-bottom:.0001pt;
mso-pagination:widow-orphan;
font-size:10.0pt;
font-family:"Times New Roman";}
</style>
<![endif]-->Mouton Marronhttp://www.blogger.com/profile/04467572190911186882noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8071778831012688055.post-84846232597555944972014-03-10T16:56:00.001-04:002014-03-11T11:31:19.252-04:00L'instrumentalisation des indépendantistesDes gens qui autrefois crachaient à la gueule de PKP lui font aujourd'hui des révérences. C'est le cas entre autres d'<a href="http://www.lapresse.ca/le-nouvelliste/elections-quebec-2014/201403/10/01-4746318-alexis-deschenes-vante-peladeau.php">Alexis Deschênes</a>, candidat péquiste dans Trois-Rivières, et de <a href="http://www.lapresse.ca/actualites/elections-quebec-2014/201403/09/01-4745989-pkp-quebec-solidaire-appelle-les-syndicats-a-tourner-le-dos-au-pq.php">représentants du féroce SPQ-Libre</a>. Idem pour <a href="http://politwitter.ca/detail/tweet/443097480612155394">des syndicalistes</a>. D'autres, dont l'opinion était déjà assez grise sur PKP, applaudissent. C'est le cas de <a href="http://www.lerepublique.com/1129663/pkp-moi/">Pascal Léveillé</a>.<br />
<br />
Pourquoi? Parce qu'il faut « ratisser large ». Ou encore « se concentrer sur l'idée de pays », et pas sur le débat gauche-droite. Ce dernier argument est revenu assez souvent dans l'histoire de l'indépendantisme québécois. <a href="http://www.youtube.com/watch?v=i3DW1IZXVQY">Falardeau </a>reprochait déjà la même chose à Françoise David en disant que de « mettre des conditions à la libération des peuples », c'était pas progressiste. <br />
<br />
Je ne sais pas ce que penserait Falardeau de l'arrivée au PQ de Péladeau. Peut-être qu'il répéterait la même chose que le reste des péquistes complètement endormi-e-s, dont plusieurs seraient capables d'approuver la nomination de klanistes, en autant que ça « serve leur idée de pays ».<br />
<br />
Je tiens à préciser que l'idée d'un Québec indépendant ne me fait plus ni chaud ni froid. Il est assez peu probable que je vote un jour lors d'un référendum sur la question. Mais il me semble quand même que de vouloir faire l'indépendance, c'est habituellement dans un but précis: d'améliorer sa vie en se débarrassant d'un pouvoir coercitif.<br />
<br />
Je peux comprendre le désir de ne plus appartenir à un empire historique dont l'une des composantes est dirigée par un fanatique religieux. Cela dit, je pense que beaucoup d'indépendantistes ne se sont pas posé des questions honnêtes au sujet de la gouvernance au Québec, des tendances autoritaires tirant vers le délire irrationnel de ses représentant-e-s et d'une large partie de sa population. Quelques exemples suffisent à le suggérer: le <a href="http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/281709/62-des-canadiens-diraient-oui-a-la-peine-de-mort">vaste appui de la population pour le rétablissement de la peine de mort</a> (plus fort au Québec que dans le reste du Canada), et l'appui tout aussi solide à <a href="http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/291854/g20-la-police-aurait-utilise-des-agents-provocateurs">la répression policière dans les suites du G20</a>, un appui qui avait faibli seulement quand on avait fait miroiter dans les médias que les flics s'en étaient pris-e-s de manière assez discriminatoire à des francophones.<br />
<br />
<br />
Nous pourrions aussi parler de la basse manipulation dans laquelle une bonne partie de la population s'est laissé entraîner pendant et après la grève étudiante, une stratégie scandaleusement cynique qui participe des mêmes mécanismes que le débat sur la Charte.<br />
<br />
J'appuie le moindre désir de liberté, même quand il ne passe pas par une revendication active, ou mieux, par une pure et simple réappropriation. Mais le problème, c'est que je ne pense pas que les péquistes et la grande majorité des nationalistes veulent plus de liberté. Tout au plus veulent-illes d'un esclavage qui leur ressemble; des maîtres de leur race.<br />
<br />
L'accueil chaleureux de PKP dans leurs rangs ne me surprend donc pas. Falardeau déplorait, dans un de ses Elvis Gratton, que la population béate répondait à l'oppression en criant «Vive nos chaînes». Aujourd'hui ce sont les nationalistes qui prononcent ces vivats en priant une sorte de messie de «nous faire un pays».<br />
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEglsMQ0S8HlzZeu7Jpl1ROOPyoErZduZ8jd9vWKVeZqzoHcTyYyk1TjPfouy2Hm3ZTewNsI3pPu9O5Lm3XpClSkR9Ib7hiwRMERQk93PEK1lZ0B52xe5B7Ls5QqwNKgPnioZjLQFUZB2Qk/s1600/PKP-fais-nous-un-pays.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEglsMQ0S8HlzZeu7Jpl1ROOPyoErZduZ8jd9vWKVeZqzoHcTyYyk1TjPfouy2Hm3ZTewNsI3pPu9O5Lm3XpClSkR9Ib7hiwRMERQk93PEK1lZ0B52xe5B7Ls5QqwNKgPnioZjLQFUZB2Qk/s1600/PKP-fais-nous-un-pays.jpg" height="62" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Commentaire d'un texte de Pascal Léveillé. source: http://www.lerepublique.com/1129663/pkp-moi/</td></tr>
</tbody></table>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_8cmJFEGL_s_WY7pyuHX9B9yYyXBhM23Ro2Teb4CVNZ9aWXIiO8kP10O26tuSvGwvjr98Ci0GHt_iFyiiUOFshfE8-1SHePhlUBHzQ6ciLNKsinbZZJZM_WnsSF1YrLnlTzL0jYEkP_U/s1600/quebec_libre_dictature2.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_8cmJFEGL_s_WY7pyuHX9B9yYyXBhM23Ro2Teb4CVNZ9aWXIiO8kP10O26tuSvGwvjr98Ci0GHt_iFyiiUOFshfE8-1SHePhlUBHzQ6ciLNKsinbZZJZM_WnsSF1YrLnlTzL0jYEkP_U/s1600/quebec_libre_dictature2.jpg" height="109" width="320" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="color: red;">M.à.j:</span> Réaction à ce texte sur Facebook. « fucking meta », je sais. source: https://www.facebook.com/pequistes.info</td></tr>
</tbody></table>
<br />
<br />
On pourrait, dans le meilleur des cas, croire à une mauvaise stratégie. Les indépendantistes se sont trouvé un allié de taille qui pourrait servir leurs intérêts. Par la suite, il sera toujours le temps de laisser tomber les indésirables! Mais encore faut-il que cet allié ne se serve pas en fait de vous pour parvenir à ses fins, avant de vous trahir. Ce qui, dans le cas de PKP comme de l'ensemble du caucus du PQ, ne serait pas vraiment étonnant.<br />
<br />
Le Québec n'est pas en contexte référendaire. Il est en contexte de questionnement identitaire (et ce questionnement est profondément nauséabond), oui, mais il n'est pas question d'indépendance à moyen terme. Il est plutôt question d'asservir la population par la force de l'État policier, de décrédibiliser les syndicats et de mettre à sac et nos programmes sociaux et notre environnement. Il est clair que Mme Marois et PKP, en parlant soudainement d'indépendance, tentent d'instrumentaliser une partie de la base nationaliste, qui a prouvé sa servilité mentale à toute épreuve en descendant par milliers pour défendre une laïcité qui avait plus d'accents identitaires que féministes. Ce procédé de manipulation ne date pas d'hier: d'ailleurs depuis longtemps, une bonne fraction de la gauche radicale, surtout marxiste, considère que le nationalisme vise avant tout à faire croire à la population qu'il n'existe pas de classes sociales, et qu'aucun bien commun ne supplante celui de la Nation. <br />
<br />
C'est ce qu'on essaie de nous faire croire à nouveau, c'est-à-dire qu'un individu qui a travaillé contre les intérêts de la population et qui a eu des pratiques tyranniques et antisyndicales (le mot est faible), peut servir le bien commun, c'est-à-dire la Nation, ou le « projet de pays ». Cette assimilation est une belle illusion, et elle est d'autant plus dangereuse pour son pouvoir d'attraction qui transforme, plus souvent qu'on veut l'admettre, des gens sensés en <a href="http://www.youtube.com/watch?v=kiDTDWg0pUI">cruels imbéciles suicidaires</a>[1].<br />
<br />
Les nationalistes qui appuient cette nouvelle candidature (mais tous et toutes ne le font pas) risquent cependant de déchanter. Donnez-leur quelques années à appeler PKP Monsieur le ministre et illes se rendront compte que non seulement illes ont toujours pas de pays, mais que leurs libertés se seront encore amoindries. Mais je leur souhaite d'ici là de cesser de s'enfoncer dans leur exaltation.<br />
<br />
____________<br />
<br />
<span style="font-size: x-small;">[1] J'assume pleinement mon Point Godwin.</span>Mouton Marronhttp://www.blogger.com/profile/04467572190911186882noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-8071778831012688055.post-68147845176873665572014-02-28T21:44:00.002-05:002014-02-28T23:38:15.470-05:00Pourquoi n'ai-je pas crié quand je me suis fait agresser?Je n'ai jamais parlé publiquement de cet épisode de ma vie parce je trouvais ça bénin et que ça fait seize ans. Mais depuis quelques temps, je me dis que si partager mon expérience n'est pas d'une importance névralgique, ça ne manque pas nécessairement non plus de pertinence. Il ne s'agit cependant pas de me « réapproprier mon cri », « briser la loi du silence » ou un autre truc du genre. Je ne me considère pas non plus comme un « survivant ». Tout d'abord parce que ces expressions ne me rejoignent pas, et aussi parce que ça fait longtemps que je suis confortable de parler de ça devant plein de gens. Ça me fait mal d'en reparler, et pas du tout pour les raisons qu'on peut penser. Mais je le fais pareil quand j'en ressens l'intérêt, malgré l'appréhension.<br />
<br />
Ça fait longtemps que je veux parler de ce sujet sur mon blog aussi, mais je dois avouer que rien ne l'a favorisé au cours des derniers mois. La vérité, c'est que je ne sais aucunement quelle peut être la réaction à ce texte; mais je pense que de manière générale, il sera tout simplement écarté et ignoré pour diverses raisons. L'une d'entre elles, c'est que ce n'est pas un supermilitant qui m'a agressé, et que je ne suis pas en train de me lancer dans un processus de dénonciation en vue d'arriver à la pratique de justice transformatrice. Ça a l'air de sortir de nulle part. Mais non.<br />
<br />
Mon objectif est de raconter quelles ont été les réactions à mes confidences, parmi des ami-e-s proches ou de simples connaissances. J'y repense sans arrêt depuis novembre, parce que je lis sans arrêt les mêmes sur Facebook, je les entends au Café Aquin, dans les couloirs de l'UQAM, et c'est même arrivé une fois ou deux que j'en ai entendu sortir de ma propre bouche, quoique j'aurais jamais articulé des affaires de même devant un-e personne ayant subi ça. Bref, ça me revient sans arrêt dans la face et je suis tanné de me taire.<br />
<br />
Notez que parmi ces gens aux réactions parfois agressives et profondément ignorantes, il y a bien sûr des anti-féministes, mais il y a aussi des femmes féministes sincères. Je ne le spécifie pas pour critiquer le féminisme, ni les féministes, ni même <i>des </i>féministes ou <i>un certain groupe</i> de féministes. Je le spécifie pour que personne ne se sente au-dessus de ce genre de propos. <br />
<br />
<b>L'histoire que je raconte</b><br />
<br />
Cette histoire est celle d'une agression comme on en voit tous les jours. J'étais dans l'autobus scolaire, en secondaire I, à l'école secondaire Le Tandem à Victoriaville. Il y avait un <i>bully </i>énorme et musclé, au moins deux ans plus vieux que moi<i> </i>- à la différence de plusieurs, je n'ai jamais été en mesure de connaître le nom de ce gars-là: Carl? Matt? - qui avait l'habitude de me harceler. Quand la fin de l'après-midi arrivait, je me souviens que je ressentais toujours une profonde angoisse. Je marchais vers mon autobus lentement, la tête basse, comme un condamné à mort, parce que je savais que je passerais les 45 minutes suivantes à me faire frapper sur la gueule, insulter, voler mon sac à dos. Souvent, un de mes amis (plus fort et plus massif que moi) m'aidait à me défendre, mais ce soir-là, il avait eu un lift de son père.<br />
<br />
L'autre a commencé par le harcèlement habituel avant de s'asseoir de force sur le même banc que moi. Ensuite il m'a insulté en me disant que j'étais dégueulasse et sale, frappé à coups de poing, brassé. J'ai essayé de me défendre. Avec mes ongles, mes poings, mes pieds. Mais il a fini par me soumettre. Après, il a glissé sa main sur ma cuisse et touché mes organes génitaux.<br />
<br />
***<br />
<br />
Tout le monde, dans l'autobus, <i>devait </i>savoir ce qui se passait. Tout le monde en était témoin. Personne ne faisait rien. Et le lendemain, ça a recommencé. Et je savais que ça allait être pire, qu'il irait encore plus loin. Mais ce soir-là, il y a une grande blonde de secondaire deux qui n'en pouvait plus. Elle a engueulé le <i>bully</i> et elle s'est assise à côté de moi. Je n'ai aucune idée qui c'était, mais je sacrifierais gros pour lui reparler aujourd'hui, à cette fille-là. Sur le vif, j'ai juste chuchoté « merci » et j'ai plus rien dit du voyage. C'est à peine si je l'ai regardée.<br />
<br />
<b>Les réactions</b><br />
<br />
J'ai raconté cette histoire-là pour la première fois il y a environ 10 ans, quand j'ai fini par comprendre et admettre que j'avais subi une agression à caractère sexuel. Après, ça m'est arrivé à quelques reprises de me confier là-dessus, à des personnes diverses. Des hommes, des femmes, des ami-e-s, des connaissances, des camarades de lutte, des amantes. La plupart du temps, on parlait déjà du sujet, ça ne venait pas de nulle part. Je racontais pas ça sur un ton larmoyant, tout en mettant l'accent sur le fait que je n'avais pas « été traumatisé », et que j'avais « entendu des histoires bien plus graves ». Je disais aussi que tout le monde ne vivait pas ce genre d'évènement de la même façon. Je ne cherchais pas à me victimiser, ni à banaliser, ni à réduire l'importance de l'expérience d'autrui, à « hiérarchiser ». Je n'essayais pas de dire « tsé, ça arrive aussi aux hommes ». Je faisais juste le dire.<br />
<br />
J'ai eu des réactions pleines d'empathie et/ou de révolte, notamment d'une de mes amoureuses, aussi d'au moins une personne que je connaissais pas beaucoup. D'autres fois, on a répondu en me confiant une expérience similaire. Mais c'était malheureusement une minorité. La plupart du temps, voilà ce que j'ai reçu comme réaction:<br />
- l'incrédulité et le déni: « Voyons ça se peut pas ce que tu me racontes. Pas en plein autobus. J'te crois pas. »<br />
- un silence de malaise.<br />
Et le reste, c'était des variations sur le même thème de la banalisation: <br />
- « C'était juste un jeu de gamins. C'était pas une agression sexuelle. »<br />
- « C'était pas une agression sexuelle, c'était du bullying. »<br />
- « C'était pas une agression sexuelle. Une agression c'est quand il y a VRAIMENT un truc sexuel qui se passe. »<br />
<br />
Et oui, il y a eu les trois grands classiques, des questions qui visent parfois à responsabiliser la victime quand elles sont posées d'une certaine façon, comme pour suggérer <i>a posteriori </i>une solution évidente: <br />
- « Pourquoi t'as pas crié? »<br />
- « Pourquoi tu t'es pas défendu? T'aurais dû lui donner un coup de pieds dans les gosses! »<br />
- « Pourquoi tu l'as pas dénoncé sur le vif? »<br />
<br />
Et il y a un autre type de réaction dont je ne parlerai pas et qui est en lien avec mon genre. Notez cependant que réagissant à cette confidence, aucun gars ne m'a jamais accusé d'être faible ou fif ou whatever.<br />
<br />
<b>Pourquoi on crie pas. Pourquoi on crisse pas un coup de genou dans les gosses. Pourquoi pourquoi pourquoi.</b><br />
<br />
Je ne peux pas parler pour les autres, notamment, comme plusieurs me le feront peut-être remarquer, parce que eh bien! je suis un gars et j'ai des privilèges. Je n'ai pas peur de sortir le soir. Je n'ai pas peur de me faire violer. J'ai appris rapidement à faire confiance aux hommes (deux ans) parce que, alors que je vieillissais, ils ont fini par ne plus sembler représenter de menace. Répétons-le: la plupart des personnes ayant subi des agressions sexuelles sont des femmes.<br />
<br />
Mais je peux répondre à certaines objections entourant mon cas à moi<i>. </i>À partir de là attention, je vais extrapoler. <br />
<br />
<b>1. Oui, c'est arrivé. </b>J'ajouterai que ça arrivait tout le temps, en public. Je me faisais défoncer la gueule à coups de pieds, marcher dessus dans le corridor, pousser en bas des escaliers. Il y a même deux gars qui m'ont un jour balancé tête première dans un container à ordures. Au primaire, j'ai aussi subi des attouchements du même type et à plusieurs reprises. C'était toujours devant beaucoup de monde et dans l'indifférence la plus totale.<br />
<br />
Dans ma vie adulte, j'ai vu des choses équivalentes se reproduire entre personnes qui se connaissaient. Dans des partys, des bars, des réunions, des "safer spaces". La violence, sexuelle ou non, déclenche souvent un malaise, mais on préfère regarder ailleurs. D'autres fois, on la voit pas.<br />
<br />
<b>2. Oui, c'était une agression sexuelle.</b> Oui, oui, oui. Même (et surtout) selon <a href="http://www.agressionssexuelles.gouv.qc.ca/fr/mieux-comprendre/formes-agressions-sexuelles.php">la loi</a>. Même si on (lui peut-être un peu moins que moi) était des gamins. Il y a certes bien plus sordide. Et il y a aussi bien plus insinueux, bien plus <i>soft</i>, et ce n'est en aucun cas à prendre à la légère.<br />
<br />
Un baiser forcé, c'est une agression. Un frottis-frottas dans le métro, c'est une agression. Le voyeurisme, c'est une agression. Quand il y a manipulation ou menaces, c'est une agression. En admettant dans tous les cas qu'il n'y ait pas consentement. Là on parle au sens légal.<br />
<br />
<b>3. Je n'ai pas crié</b> parce que j'avais la gorge nouée d'impuissance et que de toute façon j'avais l'impression que tout le monde s'en crissait.<br />
<br />
<b>4. Je n'ai pas pu viser ses couilles </b>parce que j'étais assis dans l'autobus et soumis sous sa masse corporelle supérieure. Notez que j'avais déjà fait du Taekwon-do à l'époque. J'étais très en forme pour mon âge, mais rien à faire. Souvent, le potentiel d'intimidation psychologique suffit d'ailleurs à soumettre une autre personne. D'ailleurs quand c'est arrivé je n'ai même pas bondi. Et je comprends très bien pourquoi plusieurs personnes, lors d'une agression, n'ont pas de réaction forte et immédiate, signalant ainsi hors de tout doute qu'elles ne sont pas consentantes. Parfois, on ne veut juste pas le croire. On fige et on souffre en silence.<br />
<br />
<b>5. Je ne l'ai pas dénoncé</b> sur le vif parce que:<br />
- j'étais terrorisé;<br />
- j'avais <i>décidé </i>que ça ne s'était pas passé;<br />
- dénoncer (à une autorité) par le passé n'avait jamais rien donné de bon. <br />
<br />
Mais surtout parce que:<br />
- je me sentais humilié;<br />
- j'avais été <i>dressé </i>à croire que c'était impossible de faire quoi que ce soit contre. C'était comme ça. J'étais un loser et les losers se font marcher dessus. En bref: j'étais isolé.<br />
<br />
<b>Conclusion</b><br />
<br />
Je ne dis pas qu'il suffit de dire qu'une agression a eu lieu pour qu'elle existe de facto. Je ne sais pas non plus quoi penser de la vision de la justice transformatrice vis-à-vis des agressions, sinon que la théorie me plaît<span style="font-size: small;"> mais que les informations fragmentaires dont je dispose sur la pratique suggèrent des lacunes[</span>1]. Je pourrais parler d'autres sujets, mais je préfère pas, surtout parce que je n'écris pas sous le couvert de l'anonymat. Mon billet porte seulement sur les réactions qui sont ressorties après les dénonciations d'agressions au cours des derniers mois. Celles-ci m'ont systématiquement rappelé ma propre expérience. Et est-ce que les alliés féministes sont à l'abri de dérapages verbaux à ce sujet? Non. Est-ce que les femmes féministes sont à l'abri? Même pas. Moi-même, j'écris un long texte sur la question et je le répète, ça m'est arrivé de dire des conneries. Je serais vraiment un connard de jeter la première caillasse. <br />
<br />
Je vais être clair: je n'ai pas été socialisé en femme. Je m'exprime -
quoique sans conviction - en tant qu'homme cisgenre. Je suis au courant
de mes privilèges, et personne n'a besoin de me les rappeler:
l'expression quotidienne de mon genre me favorise aux dépens des autres, j'en fais l'expérience.
Mon objectif n'est pas de faire une analogie grossière ou de me dresser en martyr qui montre ses stigmates en criant: « Je vous comprends! » Non. Je souhaite exprimer en priorité une chose: ça arrive tout le temps, et se défendre n'est pas si simple, même quand on est <i>cut</i>, en forme, toffe, «un gars», etc. <b>Il n'y a jamais matière à questionner le comportement de la victime/survivant-e dans de telles circonstances</b>[2]<b>.</b> Aussi: une agression peut démolir. Toutefois, une socialisation faite dans la violence et la soumission, ça vous mord avant même l'agression. Ça vous ôte bien des réflexes. Mais il n'y a rien de pire que de se faire nier notre expérience postérieurement.<br />
<br />
____________<br />
<br />
<span style="font-size: x-small;">[1] Il y a un débat actuellement sur la question. Un texte anonyme a été publié sur Internet. Ça s'appelle <a href="http://colonellerobles.wordpress.com/2014/02/26/premiers-pas-sur-une-corde-raide/">Premiers pas sur une corde raide.</a> Une personne a répondu au texte sur Facebook. Ça s'appelle: <a href="https://www.facebook.com/notes/emi-lie-jo-lie/quelques-pas-pour-tenter-de-remonter-une-pente-glissante/685640764822239">Quelques pas pour tenter de remonter une pente glissante</a>.</span><br />
<span style="font-size: x-small;">[2] Cela ne fait nécessairement pas de la personne ayant commis l'agression un être monstrueux. Mais même quand c'est vraiiiiment pas par exprès, ça n'empêche pas l'autre personne d'avoir mal, c'est-à-dire de s'être sentie agressée.</span>Mouton Marronhttp://www.blogger.com/profile/04467572190911186882noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-8071778831012688055.post-18418847015769562602014-02-27T02:11:00.003-05:002014-02-27T02:12:14.708-05:00Un autre texte de féministes de l'UCL - "À ceux et celles qui résistent"Rappelons le débat qui a actuellement cours.<br />
<br />
Un premier texte a été écrit et publié sur le blog <a href="http://chasseurdepuces.blogspot.ca/2014/02/de-celles-qui-resistent-ou-limplosion.html">Chercher les Poux</a> le 17 février dernier. Il dénonçait les attaques anti-féministes systémiques qui avaient lieu dans le collectif de Montréal.<br />
<br />
Quelques jours plus tard, une réplique a été publiée sur le Blog d'Arwen. <a href="http://yabastarougeetnoir.wordpress.com/2014/02/18/nous-naccepterons-pas-que-vous-re-inventiez-lhistoire-de-la-fin-de-lucl/">Cette réponse critiquait le Comité Femmes pour diverses raisons</a>.<br />
<br />
***<br />
<br />
Hier, les auteures du premier texte ont clarifié leur position. Ce dernier texte, <a href="http://ucl-saguenay.blogspot.ca/2014/02/a-ceux-et-celles-qui-resistent.html">plus long, a été publié sur le blog du Collectif Emma Goldman</a>.<br />
<br />
Je vous suggère de le lire pour vous faire une idée. J'ai décidé de ne pas copier/coller précisément pour que vous visitiez le blog des gens de Saguenay.<br />
<a href="http://ucl-saguenay.blogspot.ca/2014/02/a-ceux-et-celles-qui-resistent.html"><br /></a>
<br />
<div style="background: white; margin-bottom: .0001pt; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"><a href="http://ucl-saguenay.blogspot.ca/2014/02/a-ceux-et-celles-qui-resistent.html"><span style="color: #222222; font-size: 11pt;">«Nous
aimerions réitérer que bien que nous soyons absolument ouvertes au dialogue,
nous demeurons persuadées qu’il est à la fois question de violence sexiste et
de privilèges dans ce que nous avons collectivisé et nommé dans la lettre De
celles qui résistent. Nous tenterons certes d’amener des nuances, mais
c'est plutôt dans le but de mieux cadrer cette analyse que de la diluer»</span>
</a></span></i></div>
<i><span style="color: #222222; font-family: "Arial","sans-serif"; font-size: 11.0pt;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"></span><br /></span></i>Mouton Marronhttp://www.blogger.com/profile/04467572190911186882noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8071778831012688055.post-11557440208961665892014-02-18T01:43:00.001-05:002014-02-19T10:07:16.533-05:00Lettre de féministes de l'Union Communiste Libertaire - branche Montréalaise<a href="http://chasseurdepuces.blogspot.ca/2014/02/de-celles-qui-resistent-ou-limplosion.html">Voici une copie du texte publié sur Chercher des poux</a>. Je ne suis pas au fait de ce qui se passe dans le collectif montréalais de l'UCL, parce que je ne suis pas membre de l'organisation. Mais ce sont des personnes en qui j'ai confiance qui m'ont suggéré de diffuser cette lettre - alors je juge que le risque de me tromper en le publiant n'est pas vraiment très grand. <br />
<br />
Il est de plus toujours pertinent de remettre en question nos propres attitudes au sein même de mouvements qu'on dit anti-oppression. J'aurais de nombreuses histoires à raconter sur le sujet, mais je le ferai une autre fois, pour ne pas enterrer le propos des auteures.<br />
<br />
Je n'accepterai pas les commentaires contenant des ragots et des rumeurs, merci.<br />
<br />
<span style="color: red;">Mise à jour:</span> notez que d'autres femmes de l'UCL-Montréal et de l'UCL-Québec ont répondu à cette lettre. Ce nouveau texte a été publié sur le blog <a href="http://yabastarougeetnoir.wordpress.com/2014/02/18/nous-naccepterons-pas-que-vous-re-inventiez-lhistoire-de-la-fin-de-lucl/">Ya basta</a>. <br />
<br />
« <br />
<div style="text-align: right;">
<i>Le lundi 8 décembre 2013</i></div>
<i><br /></i>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<i><b>À tous les militants et toutes les militantes
qui ont partagé avec nous des efforts de lutte féministe,</b></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Depuis la dernière fois où nous avons pris la parole collectivement, plusieurs mois de réflexion
individuelle et collective se sont écoulés, nous amenant à mieux comprendre l'une des dynamiques
ayant mené à la lente extinction de l'Union communiste libertaire (UCL). À présent, nous sommes
persuadées que le partage de notre expérience au sein de l'UCL pourra contribuer à vos réflexions
politiques sur les luttes féministes en mixité.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Le message que nous portons aujourd'hui est essentiellement le même qu'il y a un an, mais il est
teinté d'une expérience douloureuse que nous ne sommes pas prêtes d'oublier. Nous pouvons en
mesurer la portée par la virulence de l'acharnement avec lequel on a tenté de le détruire, de
l'éteindre et de nous humilier.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>L'information venue au compte-goutte, les attaques individuelles ainsi que la violence verbale et
psychologique que nous avons subie sont des exemples des stratégies de la violence sexiste à
l'œuvre. Pendant une année, nous nous sommes senties dépossédées de notre lutte, avons dépensé
plus d'énergie à tenter de rétablir les faits plutôt qu'à construire notre projet collectif.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>À ceux et celles qui ont posé des gestes pour freiner notre élan ou qui ont choisi une position de
désengagement : nous avons senti notre parole étouffée par votre peur des conflits. On nous a tout
dit : d'être patientes et conciliantes, de ne pas poser de gestes pour aggraver la situation... Plus nous
avons attendu qu'elle se résorbe d'elle-même, plus elle s'est aggravée, ainsi que les conséquences
directes sur notre vie personnelle et militante, ainsi que sur l'organisation et le pouvoir d'action de
l'UCL.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Le politique de notre histoire a été évacué, notre projet collectif a été discrédité alors qu'on a prêté
aux femmes qui ont désiré briser le statu quo de fausses intentions, et cela au détriment de notre
intelligence et de nos expériences.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Selon nous, ce qui s'est passé est simple. Plus les féministes à l'UCL ont fait front commun contre les
attitudes paternalistes, machistes et anti-féministes au sein de l'organisation, moins ces attitudes
étaient les bienvenues. Au moment même où le comité femmes a annoncé son intention de devenir
un collectif autonome, on a crié à l'exclusion, l'organisation a commencé à se démembrer, nous
avons aussitôt senti les représailles et subi les conséquences.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Nous faisons donc un choix conscient de ne pas répondre aux accusations qui ont été portées
contre nous, à savoir que le comité femmes a voulu purger* l'UCL sur la base de ragots et de
commérages.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Maintenant que nous avons pris le temps d'absorber les ondes de choc qui ont heurté nos
convictions et nos solidarités, il est temps de se remettre en action, de recréer des solidarités, de
s'organiser, de briser le silence.</i></div>
<div style="text-align: right;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: right;">
<i>* Nous ne ferons pas de mauvaises blagues, de
sarcasme ou d'ironie. Les mots que nous
utilisons ont réellement été employés.</i></div>
<i><br /></i>
<i><br /></i>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<i><b>Dernier retour sur les événements :</b></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>À la lumière des discussions, ateliers et échanges qui ont eu lieu dans les diverses instances de l'UCL
au cours de notre expérience au sein de celle-ci, ses membres en sont venu.e.s à certaines
orientations <b>afin d'inclure plus de femmes dans la fédération, afin d'adopter des pratiques de
luttes anti-patriarcales et féministes, et afin de créer des liens solides avec d'autres groupes
féministes à tendance libertaire.</b></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Le comité femmes a pris à cœur ces réflexions et a voulu les mener à bien en organisant des
activités d'éducation populaire, en participant à des événements de d'autres groupes féministes,
et en organisant des rassemblements féministes dans l'espace public, entre autres lors des
manifestations qui ont marqué la grève de 2012.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Tout au long de ce processus, les femmes du comité ont mené une réflexion quant à l'avenir de leur
lutte, à leurs frustrations et à leurs aspirations. Nous avons noté entre autres que les enjeux
féministes au collectif de Montréal étaient travaillés seulement si les personnes qui s'y impliquaient
les avaient à cœur, et non basé sur une mise en pratique systématique des buts et principes de
l'organisation.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Ce que nous voulions et ce qui nous réunit toujours, c'est l'idée d'un projet politique qui vise à
construire une société sur des bases qui rendent impossible la domination. Un comité femmes n'est
donc pas une fin en soi, mais un moyen. Ce moyen a trouvé ses limites au sein de l'UCL (double
militantisme, instrumentalisation, manque d'autonomie politique). En voulant renforcer notre pouvoir
d'action antipatriarcal au sein et en dehors de l'UCL, nous désirions, et le désirons toujours, mettre
de l'avant un projet politique commun, se mettre en action plutôt qu'en réaction.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Cette réflexion a culminé dans un projet de collectif féministe de l'UCL à Montréal, en solidarité avec
les féministes de la fédération hors Montréal, dans le but de continuer de lutter dans la fédération en
mixité tout en disposant de l'autonomie et du saferspace nécessaires à la poursuite de nos objectifs
(censé être communs au reste de la fédération).</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><b>Ce que nous avons appris:</b></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><b><br /></b></i>
<i><b>Incapacité de reconnaître et banalisation des attitudes et propos antiféministes</b></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Au cours des débats entourant la démission de certains membres, qui ont eu lieu dans la foulée de
l'annonce de créer un nouveau collectif, des propos et des attitudes antiféministes ont été tenus.
Lorsque nous les avons nommés, les militants et les militantes de l'UCL n'arrivaient pas à identifier le
contenu antiféministe des paroles ou des actions. Dans leur imaginaire, une attaque anti-féministe
est nécessairement rattachée à quelque chose de gros, qui sort de l'ordinaire. À l'évidence, ils ne
voient pas la « violence ordinaire », et lorsqu'ils arrivent à la saisir, ils la banalisent, la trouvent trop
subtile. Ainsi, malgré les maintes fois où l'on a essayé de ramener notre projet politique et que nous
avons dénoncées les paroles anti-féministes, les personnes qui ont prononcé ces paroles n'ont pas
admis la portée anti-féministes de leurs propos.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Ce qui a entre autres été fait et dit (et non reconnu comme attaque anti-féministe) :</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>-Utiliser un conflit personnel pour discréditer notre projet
collectif en disant que les femmes se cachent derrière le comité femmes
pour poursuivre des objectifs individuels.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Dépolitiser un conflit, le réduire au privé.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>-(paroles) Affirmer que les propositions féministes pour favoriser un fonctionnement
participatif focalisent trop sur le climat et les sentiments;</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>-(actions) En bref, le féminisme va trop loin, sème la pagaille;</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>-(paroles) Le comité femmes agit en police, effectue des purges staliniennes;</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>-(actions) Demander sans cesse des explications sur pourquoi on ne se sent pas bien,
remettre en question nos décisions;</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>-(paroles) Il faut encadrer les dérapages du comité femmes, s'il a trop de pouvoir il pourrait en
abuser;</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>-(actions) Évacuer le projet politique que nous avons ramené à maintes reprises sur la table.
(en se parlant entre eux sans nous adresser la parole, en nous ignorant, en ignorant les textes
que nous avons écrits, notre démarche, ne pas répondre à nos arguments politiques, éviter le
sujet, faire semblant de détenir des informations que nous on n'aurait pas, etc.)</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>-(actions) Certaines personnes ont adopté une attitude de fermeture et de non-coopération
lorsqu'on a questionné leurs attitudes;</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>-(paroles) Argumenter que l'UCL est une organisation de masse, alors on ne peut pas exiger
de tout le monde d'adhérer au féminisme, puisque la masse n'est pas nécessairement
féministe. Les féministes demandent donc la perfection et c'est élitiste;</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>-(actions) Les anciens militants qui disent « qu'avant, ça ne marchait pas comme ça ».</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><b>Ceux qui refusent de prendre position dans un conflit politique contribuent aux conséquences
de la domination</b></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>L'un des plus grands problèmes que nous avons rencontré est le manque de solidarité et de
mobilisation de la part des personnes qui auraient pu entreprendre une démarche pour prendre
position. Nous comprenons que prendre position implique souvent des conséquences : pertes de
liens avec des super-militant.e.s, devoir confronter, etc. Force est de constater que nous manquons
de moyens organisationnels pour faire face aux personnes qui décident de ne pas prendre position.
Dans le cas de la domination, ne pas prendre position, ne pas réagir, ou ne pas poser de question,
c'est agir en faveur de la domination. Ainsi, lorsqu'il y a des manifestations de violence dans le milieu
militant, nous croyons que nous sommes tous et toutes imputables. La position « j'ai rien à voir là-
dedans » n'est donc pas valable. On a tous et toutes le droit et la responsabilité de poser des
questions. Il n'y a pas d'en-dehors de ce genre de conflit politique.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><b>La meilleure manière de rendre visib</b></i><i><b>le la violence, c'est de rendre visibles ses conséquences</b></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Même au travers des luttes féministes, beaucoup d’hommes ont tendance à s’accorder le plus de
place en se présentant comme des victimes (peur de perdre sa réputation, peur/ou manque de
volonté de devoir remettre en question ses privilèges et comportements...) Qui se soucie du vécu
des femmes? Tourner au ridicule, intimider, banaliser, discréditer, dépolitiser, réduire à du
commérage, évacuer, vider de son sens un projet politique sont autant d'outils qui ont été utilisés
pour nous faire taire. Les conséquences sont graves, et il est difficile de s'en remettre, de faire
confiance à nouveau, d'espérer du respect. Voici quelques-unes des conséquences que nous avons
vécues :</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Éviter de parler des événements (la peur de parler)</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Ne pas savoir ce que les gens disent sur nous</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Ne plus savoir qui sont nos allié.e.s, même parmi nos ami.e.s, douter</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Craindre de sortir dans les milieux habituellement fréquentés</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Avoir peur, figer</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Perdre des ami.e.s</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Se rendre compte que d'autres sèment le doute sur la qualité des personnes</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Douter de soi constamment</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Se sentir seule</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Perte de repères et perte du sentiment de sécurité</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Devoir changer de milieu (militant, professionnel, social)</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Des gens qui ne nous adressent plus la parole</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Des militants tellement attachés à « l'éthique libertaire » qui ne nous appuient plus dans des
encerclements de manifs ou autres moments critiques où on s'est promis de s'entraider</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Subir le commérage : on ne nous considère pas comme des interlocutrices, on apprend tout des
autres</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Dans un contexte de société basée sur la domination, il est impératif de développer des réflexes qui
nous permettent de vérifier la portée politique d'un conflit, indépendamment de ses composantes
individuelles. Il faut aller voir les faits (et les conséquences) auprès des personnes qui sont
susceptibles de vivre des oppressions sur la base d'un système de domination.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
<b>DE CELLES QUI RÉSISTENT</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>D’un autre côté, on s’est aperçu que ça prend un certain temps avant d’identifier qu’on est dans une
dynamique de violence sexiste. Sachez qu’en tant que féministe, l’accepter est douloureux et le
chemin pour reprendre du pouvoir, pour oser nommer, demande du courage et de la détermination.
Nous avons appris à vivre cette théorie dans la pratique, et nous désirons la transformer en outils.
Cela dit, nous croyons que nous avons le pouvoir de s'attaquer à la domination, à condition de créer
des solidarités et à condition que les personnes qui peuvent être alliées fassent le choix de nous
appuyer. Les conséquences de la domination sont avant tout vécues par les personnes qui vivent
des oppressions, et c'est important qu'elles aient des allié.e.s fiables.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><b>La solidarité n'a pas de sexe, la trahison non-plus</b></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Ce qui nous réunit, ce n'est pas que nous sommes des femmes, c'est que nous sommes féministes.
Plus largement, ce qui nous réunissait au sein d'une UCL mixte, c'était l'objectif commun de
construire une société sur des bases rendant impossible la domination.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Ainsi, nous avons appris que les saferspaces ne sont pas acquis, alors que des espaces non-mixtes
ont servi à propulser des réflexions, des sentiments et des impressions partagées dans l'espace
mixte, aggravant les conséquences que nous avons vécues.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Par ailleurs, on a su trouver des solidarités dans l'espace mixte à quelques reprises, et nous espérons
qu'elles grandiront. De plus, si la solidarité et la trahison n'ont pas de sexe, les conséquences de la
violence sexiste, elles, affectent directement les femmes.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Au final, c'est dans l'action que l'on construit des solidarités, de la confiance et du respect.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><b>Il ne faut pas attendre l'assentiment pour aller de l'avant avec nos projets politiques</b></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Il y a une tendance généralisée à vouloir évacuer les conflits, à préserver le climat de camaraderie, à
ne pas confronter, à vouloir pacifier. Or, nous refusons d'être des gardiennes de la paix, surtout
quand elle signifie de cesser de lutter, ou de se faire dire comment faire. Il faut cesser avec cette
attitude de nous mettre dans la position de devoir constamment justifier, rectifier, balayer et,
comprendre.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>On ne regrette pas d'avoir essayé d'agir en réconciliatrices, parce qu'on s'est bien rendu compte qu'il
y avait de la fermeture, de la non-coopération. On a voulu solliciter les gens qui étaient dans une
position et dans une dynamique de domination. À partir de maintenant, nous allons nous concentrer
sur les gens qui nous appuient, pour qui on peut entrevoir le changement. Pour mieux s'organiser, il
faudra mieux identifier les situations « perdues », lâcher prise sur le changement total de tout le
monde. Par ailleurs, ce n'est pas parce qu'on saura mieux les identifier qu'on sera à l'abri. Au
contraire, ça nous rend plus fragile, car il est souvent question d'amitiés.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>-------------------------</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Il a fallu un long moment de réflexion afin d'être en mesure de parler de cette situation. Ce texte n'a
pas été écrit sans douleur car nos croyances fondamentales et nos solidarités dans l'action ont été
fortement ébranlées. Le temps, mais surtout les démonstrations de solidarité, nous ont permis de se
solidifier. Pendant que nous réfléchissons et reprenons des forces, d'autres continuent de vivre et de
militer sans que leurs comportements et leurs attitudes de domination n'aient de conséquences
négatives sur leurs vies.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><b>Vers des solidarités plus solides </b>:</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><b>Si nous avons été moins visibles dans nos espaces de lutte habituels, sachez que c'est l'une des
conséquences directes de la violence que nous avons subie/vécue. Même si nos manières de
nous organiser ont changé, notre intérêt et notre motivation sont toujours au rendez-vous. Si
vous avez un intérêt à (re)créer des solidarités avec nous, il est toujours temps de le faire!</b></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Il nous sera difficile de trouver une place dans les grands
principes, car les plateformes contiennent de bien beaux mots qui ne
sont pas garant de l'action. Pour l'instant, notre inspiration est
surtout basée sur des projets concrets en fonction de nos expériences.
Nous nous baserons sur les actions et les idées pour choisir nos
solidarités afin de bâtir des confiances solides.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Enfin, nous nous sommes rapproprié notre parole et notre histoire.
Nous continuerons de lutter pourque nos voix résonnent, et nous
aimerions vous compter parmi nous.</i></div>
<br />
<div style="text-align: right;">
<i><b>DE CELLES QUI RÉSISTENT »</b></i>
</div>
Mouton Marronhttp://www.blogger.com/profile/04467572190911186882noreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-8071778831012688055.post-52343118060529757602014-02-08T18:12:00.000-05:002014-02-08T18:19:18.868-05:00La nature autoritaire et conservatrice de l'éducation.<br />
Il serait selon moi faux d'attribuer le caractère contrôlant de certaines réformes à du progressisme, pour de nombreuses raisons. C'est le cas de l'éducation qui m'intéresse ici. <br />
<br />
Ces changements, souvent décrits comme une manière de reprendre le contrôle d'une jeunesse en perdition, ont des traits profondément conformistes et conservateurs. Il s'agit de retrouver la discipline d'antan, d'imposer le respect de l'autorité et de mettre fin à l'hypersexualisation des jeunes filles. Ce genre de discours se retrouve partout dans les médias écrits ou radiophoniques, et a quelquefois mené à des abus sordides, comme <a href="http://fr.canoe.ca/cgi-bin/imprimer.cgi?id=729146">en 2010 à Outremont</a>, et en 2013 dans les <a href="http://tvanouvelles.ca/lcn/infos/faitsdivers/archives/2013/09/20130917-093945.html">Laurentides</a>, deux cas parmi de nombreux autres, qui ne sont pas documentés.<br />
<br />
Ces phénomènes sont reliés au fait qu'on ne considère pas les jeunes comme des humains à part entière et doué-e-s d'une intelligence développée. À ce sujet, Alain Dubuc avait suggéré, en 2012, que c'était la condition neurologique inférieure des jeunes (il parlait notamment « de lacunes dans l'exercice du jugement ») qui les avait poussé-e-s à prendre l'impulsive décision d'entrer <a href="http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/alain-dubuc/201205/14/01-4524941-la-crise-en-chiffres.php">en grève étudiante</a>. Un de mes collègues étudiant en enseignement de l'histoire, à l'UdeM, avait pour sa part appris dans un cours, vers 2007, que les adolescent-e-s étaient biologiquement incapables de faire l'usage d'esprit critique avant 16-17 ans, et que pour cette raison, il fallait se contenter de leur faire apprendre tout par coeur. Il est bien entendu allé répéter cette foutaise un peu partout, comme un perroquet[1]. Peut-être aurait-il été surpris d'apprendre qu'Alain Dubuc considère qu'il n'avait lui-même pas encore l'âge de prendre une décision rationnelle.<br />
<br />
Les jeunes représentent une caste inférieure d'être humains, au Québec, et un peu partout dans le monde. Les discours favorables aux jeunes sont marginaux et presque tout le monde participe à leur destruction morale, par une forme de bizutage acharné et généralisé, qui vise à anéantir, en eux, toute forme d'originalité et de désir. La plupart des critiques aigries de la réforme scolaire en sont un bon exemple, et je ne suis pas certain que que les beuglements de Normand Baillargeon (avec ses appels à Arendt) à ce sujet soient une exception. Et c'est comme ça depuis toujours. On veut retourner à un idéal <i>classique</i>, à une <i>vraie </i>culture de l'effort.<br />
<br />
Et cela passe aussi par l'absence d'individualité. On gomme les différences par l'adoption d'un code vestimentaire strict. Tout ce qui représente une violation à ce code est un « abus » (de liberté d'expression?) conduisant tout droit à des conséquences terribles. Eh quoi? Il est évident que les vêtements ont une conséquence sur la psychée. Une jeune femme habillée des chevilles jusqu'au cou n'aura pas un comportement dissipé. Impossible. Et le gars assis derrière elle n'aura pas de <i>mauvaises pensées</i>.<br />
<br />
À la limite, ça peut se défendre, si on a la matière grise assez lousse. Mais on m'a dit qu'il y a quelques années, au Collège Jean-Eudes de Montréal, on interdisait aux gars de porter les cheveux longs. J'ignore si c'est toujours le cas aujourd'hui, mais ça ne m'étonnerait pas. Quel comportement cherche-t-on ainsi à modifier chez les adolescents? N'y a-t-il pas là une forme assez obscène de pression à la conformité?<br />
<br />
<b>Un autre faux progrès: l'histoire obligatoire</b><br />
<br />
Je passe plusieurs heures par semaine à défendre mon point de vue sur la question. J'ai <a href="http://moutonmarron.blogspot.ca/2013/05/imposer-lhistoire.html">déjà écrit un billet</a> là-dessus. Je n'ai absolument pas changé de point de vue, si ce n'est que pour le radicaliser. Ce nouveau programme d'histoire québécoise au cégep ne sert qu'un objectif: augmenter encore l'uniformité, faire entrer les jeunes dans un moule intellectuel commode, conforme aux attentes, voire plus facile à manipuler par l'utilisation de référents culturels communs (c'est-à-dire: le nationalisme). Je me demandais quel cours on sacrifierait pour faire entrer l'histoire (politique) de force dans les cégeps: il se trouve que ce sont les cours optionnels qui subiront le choc. Notez bien: pas question de <i>modifier </i>le tronc commun. Il s'agit plutôt de l'augmenter, aux dépens des choix que l'étudiant-e pourrait faire lors de son inscription. Parce que l'État sait bien mieux que nous quels cours on doit suivre.<br />
<br />
<b>Nous y participons</b><br />
<br />
Comme des foules de hooligans dont le cerveau est réduit à une disquette floppy, nous encourageons ces réformes conformistes, conservatrices et autoritaires. Quotidiennement, <a href="http://leprofesseurmasque.blogspot.ca/2011/02/un-code-vestimentaire-pour-les-profs.html">nous exigeons plus de règles débiles</a>, sous le couvert de n'importe quel principe con, que ce soit la neutralité (laissez-moi rire), la <i>connaissance de faits</i>, l'éducation à la citoyenneté, le respect de nos valeurs et de la démocratie parlementaire, le bien commun, la décence, etc. Il ne s'agit pas d'une sombre machination de l'État contre nous, planifiée en secret dans les bureaux de la NSA. C'est ce que nous réclamons pour tout le monde. Plus de chaînes. Des chaînes mieux polies et qui disent s'il-vous-plaît et qui se cachent derrière un masque.<br />
<br />
__________________<br />
<span style="font-size: x-small;"><br /></span>
<span style="font-size: x-small;">[1] Salut Mathieu.</span>Mouton Marronhttp://www.blogger.com/profile/04467572190911186882noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-8071778831012688055.post-39191562267975224072014-01-30T18:05:00.000-05:002014-01-30T18:40:47.579-05:00Dieudonné, le Québec et le nationalismeJe réponds avec un certain retard aux lambeaux de controverse sur Dieudonné qui ont atteint le Québec dernièrement. Je crois que ce sujet exige davantage d'éclaircissements. Il y a un mois, Pascal Léveillé écrivait un article défendant l'humoriste dans un article qui faisait foi <a href="http://www.lerepublique.com/1128552/quenelle-ananas-et-autres-dieudonniaiseries/">d'une très grande naïveté</a>. Je ne sais pas s'il est revenu sur sa position depuis, mais cette tendance ne s'est pas nécessairement inversée ailleurs sur le web.<br />
<br />
Il faut bien admettre qu'au Québec, on ne baigne pas dans la même actualité qu'en France. Tout ce qui filtre des vieux continents est imparfait et incomplet. Par exemple, les nouvelles venues d'Égypte ont toujours été fragmentaires. On a plus ou moins volontairement caché l'importance de la religion lors de la « révolution » de 2011, on a sous-estimé la radicalité des Frères Musulmans et l'influence de l'armée, avec les résultats qu'on connaît aujourd'hui: une ignorance crasse des mécanismes des luttes de pouvoir, des forces en présence et une idéalisation des contestations partout à travers le monde (sauf chez nous). Idem pour l'Ukraine.<br />
<br />
De plus, il y a une importante composante ignorée dans les analyses journalistiques (citoyennes ou pas): c'est le nationalisme. Le nationalisme va tellement de soi au Québec (tout le monde ou presque se targue d'en être) qu'il est devenu impossible à beaucoup de penser à l'extérieur du paradigme, de la même manière qu'il est difficilement envisageable à d'autres de réfléchir sur les élections, l'identité sexuelle et autres dogmes profondément enfoncés dans leur cerveau.<br />
<br />
<b>Deux amis de Dieudonné dont on parle peu au Québec </b><br />
<br />
Et on ne peut comprendre la portée du discours de Dieudonné sans connaître le nationalisme français, son histoire et surtout son actualité. Au Québec, tout le monde connaît plus ou moins Dieudonné. Il est ce vague humoriste de talent qui est venu en tournée et surtout à <a href="http://www.youtube.com/watch?v=9vGE2yMGUmc">Tout le Monde en Parle</a> il y a quelques années. Beaucoup ont aussi entendu parler des liens de Dieudonné avec Le Pen et Faurisson (le négationniste). Mais personne ou presque ne connaît Alain Soral, cet intellectuel d'extrême-droite étrangement visible en France, qui a entre autres appuyé les manifestations étudiantes de 2012 au nom d'une sorte de <a href="http://www.youtube.com/watch?v=R5QoJpnLcII">« pan-francisme »</a><a href="https://www.blogger.com/null"> et de la bonne vieille race française « virile »</a>, prétendûment conservée dans un Québec idéalisé et pur de toute contamination raciale[1].<br />
<br />
Personne ne connaît non plus <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Serge_Ayoub">Serge Ayoub</a>, dont j'ai parlé à quelques reprises par le passé. Ce skinhead néonazi authentique a défrayé la manchette en France il y a environ six mois après avoir commenté l'affaire Clément Méric, un militant antifasciste français assassiné l'an dernier lors d'une rixe.<br />
<br />
Serge Ayoub a été l'invité d'ultranationalistes québécois à l'automne 2011. Sa venue a été marquée par un contexte d'affrontements avec des militant-e-s antiracistes et antifascistes.<br />
<br />
Ce ne sont que deux personnages obscurs. Mais ils figurent parmi les individus que Dieudonné fréquente. Il ne s'agit pas d'une bête et vague parenté. Ils ne font pas que se croiser de temps en temps dans des colloques. Après l'affaire Méric, Dieudonné a donné<a href="http://www.youtube.com/watch?v=0-MPH9WssPE"> une très longue entrevue à Ayoub</a>, dans laquelle il s'est montré absolument complaisant envers ses idées nauséabondes.<br />
<br />
Quant à Alain Soral, c'est un grand pote de Dieudonné. Ils se retrouvent régulièrement <a href="http://www.youtube.com/results?search_query=dieudonn%C3%A9%20soral&sm=3">à la même table</a> pour discuter de la <i>question juive</i>. Élaborer davantage sur leur relation me semble inutile.<br />
<br />
On peut bien prétendre que Dieudonné a approché Le Pen et Faurisson par esprit de provocation. Mais qu'en est-il de ces deux-là, dont il embrasse largement les propos et l'idéologie? Passe-t-il une entrevue complaisante à un facho par pure provocation? Juste pour le <i>lulz</i>? Et qu'en est-il autrement de sa fameuse liste antisioniste?<br />
<br />
<b>La quenelle</b><br />
<br />
Isoler le geste de la « quenelle », se demander si c'est un geste antisémite ou s'il est simplement « antisystème », c'est un peu futile. Le fameux salut hitlérien est-il lui-même un signe fondamentalement antisémite? Ou n'est-ce pas sa signification historique qui le rend antisémite? Il en va de même pour la « quenelle ». Qu'il soit fait devant des synagogues ou devant une banque, cela ne change rien au fait qu'il a été créé dans un contexte particulier et qu'il est popularisé et adopté par l'extrême-droite, aussi complexe et variée soit-elle[2]. <br />
<br />
<b>L'aveuglement nationaliste</b><br />
<br />
Des indépendantistes du Québec arrivent souvent difficilement à tracer une ligne entre eux et les fachos. Par exemple, Loco Locass est déjà stupidement monté sur scène avec<a href="http://www.youtube.com/watch?v=6GiAg22khjc#t=20"> Fleurdelix et les Affreux Gaulois</a>, reconnu pour ses tendances fascistes. Plusieurs sont plus clairvoyant-e-s, heureusement, et ont compris que certaines personnes ou groupes font de très mauvais alliés.<br />
<br />
Pascal Léveillé, dans ses textes sur la charte de la laïcité, attaquait les « inclusif/ives », prétendant que ceux-ci étaient la naïveté incarnée et qu'illes s'acoquinaient avec des fondamentalistes pour mieux défendre une vision rose-bonbon de notre société. C'est une critique qu'on peut faire, effectivement, à de nombreuses personnes, sans tomber comme Pascal le fait dans la <a href="http://www.lerepublique.com/1128997/tlmep-le-citoyen-du-monde-la-charte-le-francais/">caricature et les généralisations</a>. Mais qu'en est-il des pro-charte et des pro-Dieudonné qui s'acoquinent avec des racistes, simplement parce qu'illes sont trop naïfs/ives pour déchiffrer la haine et la paranoïa dans le propos de certain-e-s? On ne peut pas mettre tout le monde dans la même boîte sans risquer de se faire servir la même médecine.<br />
<br />
Le nationalisme est un puissant hallucinogène. Dans les situations extrêmes, une personne modérée peut être tentée de souscrire à une solution plus radicale, en admettant qu'elle s'inscrive sur une ligne idéologique en apparence cohérente. En ce sens, le nationalisme peut venir à bout de l'esprit critique le plus aiguisé (même celui de Lise Payette). Il massacre les pensées rationnelles bien mieux que l'humanisme <i>hippie</i> des « citoyen-ne-s du monde ». Peut-être parce qu'il carbure à l'ignorance et à la haine. Mais surtout à cause de la peur: celle de perdre quelque chose d'intangible face à une menace invisible. Quand Dieudonné et Soral parlent de leur complot sioniste, ce sont les mêmes cordes psychotropes qu'ils actionnent. Et les marionnettes se mettent alors à danser.<br />
<br />
_________________<br />
<br />
<span style="font-size: x-small;">[1] Une idée courante chez l'extrême-droite française.</span><br />
<span style="font-size: x-small;">[2] Il peut exister une confusion - et parfois une réelle proximité - entre gauche nationaliste et extrême-droite. Beaucoup servent abondamment de cette confusion pour brouiller les cartes. Il y a beaucoup de nuances entre les deux tendances et plusieurs basculent d'un camp à l'autre. Il ne faut pas s'en étonner. La droite conservatrice fricote aussi souvent avec une forme ou une autre d'extrême-droite. Le centre et les socialistes aussi. C'est comme ça depuis toujours.</span>Mouton Marronhttp://www.blogger.com/profile/04467572190911186882noreply@blogger.com17tag:blogger.com,1999:blog-8071778831012688055.post-61821274350045779502013-12-11T01:30:00.001-05:002013-12-11T01:38:52.602-05:00Petit ménage dans mes liens. Je prends une pause au milieu de la frénésie de la fin de session pour communiquer quelques nouvelles. Rien de grandiose et de certain, pour le moment, malheureusement.<br />
<br />
<u><b>Liste de liens</b></u><br />
<br />
Ça me brise le coeur, mais j'ai dû supprimer des blogs de ma liste pour des raisons diverses. Si certains d'entre eux ont migré sans que j'en sois conscient, je vous prierais de bien m'avertir.<br />
<br />
<b>Les liens retirés:</b><br />
<br />
<a href="http://st-henrichronicles.blogspot.ca/">Saint-Henri Chronicles</a><br />
Raison: C'était un excellent blog, mais les billets ont tous disparu.<br />
<br />
<a href="http://danslinternet.wordpress.com/">http://danslinternet.wordpress.com/</a><br />
Raison: Comme le dit Wordpress, « http://danslinternet.wordpress.com/ est coché privé par le titulaire.»<br />
<br />
<div class="blog-icon">
</div>
<div class="blog-title">
<a href="http://esipuqam.wordpress.com/">Équipe de surveillance des interventions policières | Surveillance et documentation des interventions policières</a>
</div>
Raison: Un autre très bon blog, mais il n'y a pas eu de mise à jour depuis 2012, après la publication du rapport final.<br />
<br />
<a href="http://agitateur.wordpress.com/">L'Agitateur</a><br />
Raison: Idem. Pas de publication depuis novembre 2012.<br />
<u><b><br /></b></u>
<b>Les liens corrigés:</b><br />
<b><br /></b>
<i>La Pointe Libertaire </i>a migré vers http://www.lapointelibertaire.org/<br />
<br />
<i>Tintanar</i> a migré vers http://www.tintanar.org/<br />
<br />
<i>Anarcho-pragmatisme </i>(David Gendron) a migré vers http://davidgendron.wordpress.com/<br />
<br />
<b>Les liens en standby: </b><br />
<br />
<a href="http://voixdefaits.blogspot.ca/">Voix de Faits</a><br />
Raison: Coudonc, est-ce que c'est le collectif ou juste le blog qui est mort?<br />
<br />
<a href="http://maaderllin-rouge-et-noir.blogspot.ca/">Tentative de vulgarisation de l'anarchisme</a><br />
Raison: Les textes sont encore pertinents, mais il n'y en a pas de nouveaux. Pour l'instant, je garde le lien en tant qu'archive. <br />
<br />
<b>Les nouveaux liens:</b><br />
<br />
<br />
<a href="http://florenceetlunivers.wordpress.com/">Florence et l'Univers</a><br />
<br />
Raison: Parce qu'il y a de beaux textes.<br />
<br />
<a href="http://ucl-saguenay.blogspot.ca/">Collectif Emma-Goldman</a><br />
Raison: Pourquoi je l'ai pas ajouté plus tôt?<br />
<br />
Si vous me lisez régulièrement[1] et que vous avez vous aussi un site web, il est possible en tout temps de me demander de vous ajouter sur ma liste. Je ne vous garantis pas une publicité d'enfer - quoique la police et le DoD passent de temps en temps - mais c'est mieux que rien. Notez aussi que les blogs de gens qui ont des idées diamétralement opposées aux miennes ont souvent figuré parmi mes liens. Ils sont restés là parce que:<br />
- les auteur-e-s visitent mon blog assez souvent ou laissent des commentaires;<br />
- leurs textes sont pertinents;<br />
- je veux faire chier des gens qui les haïssent.<br />
<br />
<b>Une rumeur</b><br />
<br />
Il paraît qu'il y a une nouvelle idée de blog aux tendances anarchistes qui serait en train de faire son chemin dans l'esprit de quelques personnes, dont Steffen, moi et d'autres qui ne sont pas encore sûr-e-s. Rien n'est encore confirmé. On y pense. On a trouvé même un nom. On le fait parce qu'individuellement, nos blogs ne vont pas aussi bien qu'auparavant. En ce qui me concerne, j'ai par exemple de plus en plus l'impression d'écrire dans le vide et de ne susciter aucune réaction.<br />
<br />
Si ça se concrétise, <i>Les Tribulations d'un Mouton Marron</i> vont malheureusement cesser d'être renouvelées et ce blog ne sera plus qu'une archive morte et consultée de temps à autres par un-e internaute perdu-e.<br />
<br />
Dans cette éventualité, je ne vous laisserai cependant pas en plan. Je vais m'assurer que la transition se fasse le plus aisément possible. <br />
<br />
____________<br />
<br />
<span style="font-size: x-small;">[1] Je m'adresse seulement à une dizaine de personnes sans doute.</span>Mouton Marronhttp://www.blogger.com/profile/04467572190911186882noreply@blogger.com7tag:blogger.com,1999:blog-8071778831012688055.post-89564113845296702302013-12-02T01:40:00.000-05:002013-12-10T03:29:55.224-05:00Du lynchage de Gab Roy.J'avoue avoir écouté la fin de Tout le Monde en Parle par voyeurisme. Sans aucune pitié, j'attendais de voir Gab Roy se faire défoncer la gueule. Cela dit, j'ai été à la fois surpris et découragé par la tournure de la discussion.<br />
<br />
Tout d'abord, je n'ai absolument pas d'avis éclairé à donner sur Trouble - Voir, ni sur l'embauche de Gab Roy par le journal. Malgré tout, je trouve qu'il y a beaucoup d'hypocrisie dans les médias de masse ces dernières semaines. Des médias (notamment des radios poubelles) qui font ouvertement dans le sensationnalisme ont dénoncé cette nouvelle section du Voir. Des éditorialistes de <i>La Presse</i>, qui ne se gênent souvent pas pour publier des mensonges et des interprétations tendancieuses ont notamment été très offensé-e-s. Nathalie Collard, par exemple, ne se gêne pas:<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfYhhyphenhyphenpxjG4PTYd7UUIA8QmKzOV-DMJOkYJmWWZWnuY5iRjmHYvy3uktTGnCSz7lRnhavp3yGg-QBYhyphenhyphenAJhnFwnt3UTcPxSDQ7i1ejs3CE9Lo46lN6IYePbYjASjXaxP-epAPEf-bzN98/s1600/2013-12-01_232440.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="58" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfYhhyphenhyphenpxjG4PTYd7UUIA8QmKzOV-DMJOkYJmWWZWnuY5iRjmHYvy3uktTGnCSz7lRnhavp3yGg-QBYhyphenhyphenAJhnFwnt3UTcPxSDQ7i1ejs3CE9Lo46lN6IYePbYjASjXaxP-epAPEf-bzN98/s320/2013-12-01_232440.jpg" width="320" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
Je ne sais pas si c'est dans la politique de <i>La Presse</i> d'insulter rédacs chefs des autres médias, mais j'imagine que c'est correct, vu que c'est juste le <i>Voir</i>. Car ne vous en faites pas, il n'y aura pas de représailles. Le <i>Voir </i>n'a pas les moyens, comme TVA et le Journal de Montréal, d'entrer dans une guerre d'usure contre Power Corp.</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
Beaucoup de « journalistes » sont déçu-e-s de se rendre compte que le <i>Voir </i>se transforme: illes se plaignent que le journal <i>autrefois </i>culturel se change graduellement en brochure publicitaire et feuille de chou sensationnaliste. On pourrait leur retourner cette critique. La réaction imbécile de tous les médias de masse vis-à-vis de la concurrence du journalisme <i>citoyen </i>a toujours été d'ajouter des feux d'artifice un peu partout. Au lieu de miser sur la rigueur pour concurrencer l'amateurisme des utilisateurs/trices moyen-ne-s d'Internet, les médias de masse ont décidé d'utiliser leurs budgets impressionnants pour nous en mettre plein la vue, avec des concours rocambolesques, des explosions pis des dinosaures géants en 3-D. </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
Aujourd'hui, plus que jamais auparavant, les médias de masse sont de plus le reflet de notre élite et de ses valeurs: la compétition, l'ambition, le luxe. Je ne peux pas croire une seconde qu'une émission comme « Dans l'oeil du dragon » aurait pu voir le jour à Radio-Canada il y a quinze ans, malgré son état de décrépitude déjà avancée. Normal qu'on apprécie pas la formule plus artisanale d'acteurs/trices qui ne sont pas passé-e-s par les canaux officiels.</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
On se plaint de la présence de Gab Roy au Voir: mais c'est l'arbre qui cache la forêt. L'appel « humoristique » à l'agression sexuelle des Femen, par Michel Beaudry du Journal de Montréal, <a href="http://quebec.huffingtonpost.ca/2013/10/04/michel-beaudry-seins-femen_n_4045259.html">n'a pas déclenché autant de controverse</a>. Je crois pouvoir me poser également de sérieuses questions sur les
blagues sexistes à répétition qu'on entend à «La soirée est encore
jeune». Nous baignons dans une culture machiste et il n'y a pas de média qui soit vraiment épargné. Quant aux autres types de propos inacceptables, rappelons que <i>Le Soleil</i> avait publié, en 2012, <a href="http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/societe/201204/17/01-4516273-allusions-fascistes-un-haut-fonctionnaire-sanctionne.php">un article ouvertement fasciste</a>, qui était un appel à la violence tout à fait nostalgique des années trente. Pour faire changement, ce n'était pas humoristique du tout. Est-ce que des leaders d'opinion ont à ce moment-là interviewé et planté impitoyablement les rédacteurs en chef qui ont pris la décision de publier? Est-ce qu'illes ont même exprimé un mépris minimal? Peut-être, mais ça n'a pas fait grand bruit.</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
Guy A. Lepage lui-même n'est pas pur de toute controverse, et il n'a pas de leçon à donner dans la lutte contre l'homophobie et les blagues de mauvais goût. Au Bye Bye de RBO, en 2006, lui et son équipe avaient créé un sketch sur les <a href="http://www.youtube.com/watch?v=AErtZpdLpIY">Outgames</a>, dans lequel les homosexuel-le-s sont représenté-e-s selon des stéréotypes que je croyais disparus de la télé depuis les années 90. Je leur accorde bien une chose, à RBO: c'était cave à un point tel que je ne me suis pas vraiment senti offensé, même si on m'a traité de « fif » pendant toute mon enfance et mon adolescence, que ça m'a fait perdre des ami-e-s et que je n'ai pas pu assumer ma bisexualité avant le cégep, par peur des agressions. Je n'avais d'ailleurs pas repensé à ce sketch à l'humour passé date avant aujourd'hui. <span style="background-color: black;"><span style="color: red;">Ajout:</span></span> Une <a href="https://www.facebook.com/boisvertfannie/posts/651977778176735">facebookeuse</a> a aussi fait un rapprochement pertinent avec le passage de Nelly Arcan à TLMEP.</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<b>Questionner « l'utilité » d'une personne </b></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
Le bon docteur Réjean Thomas n'est pas non plus en reste. De la manière la plus moraliste possible, il a demandé à Gab Roy s'il se sentait « utile ». Ça m'a tout de suite fait penser à un discours de l'autoritaire et stalinien <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/George_Bernard_Shaw">George Bernard Shaw</a>:</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.youtube.com/embed/7WBRjU9P5eo?feature=player_embedded' frameborder='0'></iframe></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
Questionner « l'utilité » de quelqu'un est une chose totalement dégoûtante. C'est oppressif et moralisateur. Il est également présomptueux de se dire soi-même utile, surtout dans les termes utilisés par ce docteur aimé de tous et toutes. </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
Je ne peux m'empêcher de voir dans sa position une profonde contradiction: en effet, il accuse à peu près Gab Roy de ne pas utiliser son influence pour créer quelque chose de bon, quelques minutes seulement après avoir admis signer le manifeste des Janettes - un groupe que je trouve profondément intolérant. Quand on a la notoriété du Dr. Thomas, quand on fait à ce point l'unanimité, il me semble que de prendre position dans un débat aussi irrationnel auprès du groupe le plus controversé (et digne compétiteur des Islamistes en termes de conneries) n'est pas sans risques de tomber dans une oeuvre destructrice - un droit que je ne lui contesterai cependant pas. Mais dès qu'on prend position de cette manière, il faut renoncer à notre pureté angélique, c'est le minimum.</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<b>Sur Dominic Pelletier</b></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
Il y a longtemps que je connais les diatribes de cet individu, qui s'est exprimé sur Radioego.com sous les pseudonymes de Lekinny et de Redhat. La manière avec laquelle l'entrevue s'est déroulée sur Trouble - Voir est certes complètement absurde. Gab Roy est un sexiste. Même quand il ne parle pas de relations hommes-femmes, même quand il ne fait pas d'humour, le vocabulaire et les concepts sexistes persistent. Il était une des pires personnes pour passer ce type en entrevue. Un peu comme si Stephen Harper, fraîchement anobli par le Heritage Front[1], avait passé Mussolini en entrevue pour se moquer de ses idées antidémocratiques.</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
Mais je n'adhère pas à la position du plateau de Tout le Monde en Parle. Je ne pense pas que de faire sortir cet individu de l'anonymat relatif dans lequel il se complaisait par le passé est nuisible.</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
Au moment où Dominic Pelletier se ridiculisait dans un vidéo sur le site du Voir, la plupart de ses audios les plus violents ont disparu. C'est peut-être lié... Et je m'en mords les doigts aujourd'hui: j'aurais dû faire des copies. La vérité, si on se donne la peine de l'admettre, c'est que Dominic Pelletier a subi un lynchage médiatique, qu'il n'aurait jamais vécu si on ne l'avait pas déterré du fameux <i>Far Web</i> où il avait déjà plusieurs adhérents (peut-être dangereux!). Le montrer en public n'est certes pas exempt de tout risque: il est en effet possible que quelques hommes, qui ne le connaissaient pas, deviennent ses émules. Mais à ce titre, on pourrait aussi se demander si commémorer la tuerie de la Polytechnique ne risquerait pas d'inspirer de nouveaux tueurs misogynes. Et pourquoi ne pas questionner la célèbre entrevue donnée par Radio-Canada à <a href="http://www.youtube.com/watch?v=EsZbfNJQZMo">Karla Homolka</a>?</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
Selon moi, cacher des faits sociologiques ou historiques sous le tapis, ça participe de la loi du silence et de la pensée magique. On espère très fort que si on évite de parler d'un sujet, le problème va finir par s'évaporer. Or, j'ai la conviction qu'on ne peut régler un problème sans le connaître et le comprendre, et sans informer toute personne susceptible d'y être confrontée.</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
Donc: je suis d'accord pour dire que l'entrevue sur Trouble - Voir était une mauvaise idée, mais pas pour les raisons largement avancées ce soir, que je trouve invalides. </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<b>Bref: une réfutation idiote</b></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
Ne vous mettez pas en colère pour rien: je trouve que Simon Jodoin et Gab Roy ont <i>mérité </i>de se faire passer un savon à la télé[2], et ailleurs dans les journaux. Mais je n'ai pas apprécié l'hypocrisie de beaucoup de participant-e-s au lynchage. Je n'ai pas apprécié non plus les sophismes (comme l'appel à l'imbécilité du public, qui ne serait pas à même de comprendre des blagues), les encouragements à garder le silence sur des propos haineux, l'opportunisme des vautours qui se sont servi-e-s de ces évènements pour se remonter. Je ne comprends pas non plus la décision de provoquer une rencontre entre ces trois-là et des femmes dont les enfants ont été assassinés. Il me semble que c'était obscène. </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
Ce soir, tout le monde a été con[3], et je ne vois pas de quoi m'en réjouir. Je vois seulement de quoi débrancher la télé pour de bon. </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
________________</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<span style="font-size: x-small;">[1] Une organisation d'extrême-droite de laquelle, comme la Northern Foundation, Harper a été proche.</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<span style="font-size: x-small;">[2] Quand au troisième homme présent à TLMEP, eh bien j'men câlisse, je le connais à peine. Mais à première vue il a l'air d'être coupable par association.</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
<span style="font-size: x-small;">[3] Il faut pas s'étonner. C'est quand même de la télé.</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">
</div>
Mouton Marronhttp://www.blogger.com/profile/04467572190911186882noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-8071778831012688055.post-7059934238302144192013-11-27T17:25:00.002-05:002016-02-11T15:38:55.666-05:00Retour sur le second degré et l'humour - brasserie Le CorsaireLa Microbrasserie Le Corsaire <a href="http://www.radio-canada.ca/regions/quebec/2013/11/27/003-corsaire-bieres-critiques.shtml">s'est attiré les foudres de beaucoup en créant des bières</a> nommées «La Petite Pute», «La Blonde facile» et «La Vicieuse», et surtout en utilisant une barbie dont il faut tirer les cheveux pour faire couler de la bière en fût. De manière moins visible et moins scandaleuse, <a href="http://www.archibaldmicrobrasserie.ca/contenu/index.php/fr/nos-bi%C3%A8res/category/nos-bi%C3%A8res.html">Archibald Microbrasserie a également développé des noms de bière</a> correspondant à des stéréotypes uniquement féminins, telles que « La Tite'Kriss » et la « Matante », instrumentalisant l'érotisme dans les représentations. Ce billet s'attardera cependant uniquement à un élément de controverse entourant Le Corsaire.<br />
<br />
La brasserie Le Corsaire se serait défendue en invoquant le second degré, une stratégie commune à peu près à tous les humoristes sexistes et racistes du Québec. C'est un argument totalement invalide, dans la plupart des cas.<br />
<br />
<b>Ce qui est du second degré</b><br />
<br />
Selon <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Second_degr%C3%A9">Wikipédia</a>, le second degré, en humour, « consiste à dire ou laisser croire le contraire de ce que l'on pense, en particulier par <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Ironie" title="Ironie">ironie</a>. » Ajoutons que le sens d'une phrase ou d'une action ironique peut être interprété comme simplement différent, et non pas opposé, au <i>premier degré</i>. Mais de manière reconnue, l'objectif est principalement de se moquer de la position adoptée.<br />
<br />
Le deuxième degré n'est pas nécessairement intelligent. Il n'est pas nécessairement respectueux, subtil et fin. Il peut être d'une grande méchanceté et vous rentrer dedans comme un train.<br />
<br />
Un exemple de second degré: faire semblant d'adopter un discours, le caricaturer pour lui donner des apparences de connerie. J'ai par exemple trouvé ce compte sur Facebook:<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgVKApdo0DkOTuCZy8T4pggbgAnZhLukdwf1ys-3HvAwbMoKT0bH3VLShciOWdBqiabksgoOdqUO4XCSvUyoua86hs2TFMVKTiXCMitEPs9URGbNBx_uF6Bip0FmjG53EmOU7yAqbdrv9Q/s1600/quebecoie_pourvrai1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="191" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgVKApdo0DkOTuCZy8T4pggbgAnZhLukdwf1ys-3HvAwbMoKT0bH3VLShciOWdBqiabksgoOdqUO4XCSvUyoua86hs2TFMVKTiXCMitEPs9URGbNBx_uF6Bip0FmjG53EmOU7yAqbdrv9Q/s320/quebecoie_pourvrai1.jpg" width="320" /></a></div>
L'auteur-e du compte est allé jusqu'à caricaturer la récupération des autochtones dont se rendent souvent coupables les «patriotes» québécois-es, surtout les proches du RRQ. Il/elle a aussi pensé à s'inventer deux diplômes à l'UdeM, comme pour faire chier ceux et celles qui voudraient le dépeindre comme un ignorant pas éduqué.<br />
<br />
Ici, on joue sur l'ambiguïté: non seulement on se moque de ceux et celles qui tiennent réellement ce genre de propos, mais aussi des gens qui pourraient prendre celui-ci au sérieux. Un mélange de second degré et de canular!<br />
<br />
À l'extérieur du <i>Far Web</i>, Foglia aussi fait beaucoup dans le second degré. On peut entre autres se souvenir d'une chronique de 2009, qui en a scandalisé beaucoup, et dans laquelle <a href="http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/pierre-foglia/200912/09/01-929607-lecologie.php">il écrivait</a>: « Mais la vraie question que nous pose l'écologie, je vous la pose
maintenant : avez-vous bien mis vos pelures de banane dans le bac vert?
Et la boîte de petits pois dans le bac bleu? C'est juste ça, l'écologie.
Le reste, c'est du communisme. »<br />
<br />
<a href="http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/pierre-foglia/200912/11/01-930393-le-net-et-moi.php">Deux jours plus tard,</a> il fallait qu'il explique à ses lecteurs et lectrices que c'était uniquement du second degré : «René Homier-Roy se demandait hier matin si des lecteurs étaient passés à
côté de «l'ironie totale» - ce sont ses mots - de ma chronique de
jeudi. Vous n'imaginez pas, René. Un record de tous les temps. Plein qui
m'ont félicité d'avoir enfin compris. Même Jeff Fillion. Plein d'autres
tellement fâchés...»<br />
<br />
Je pratique moi-même le second degré sans aucune pudeur. Même quand le fond de mon message est un compliment, il m'arrive de l'utiliser. De plus, c'est une méthode de trollage extraordinaire. Exemple: pour faire marrer un de mes amis, je lui écris ceci:<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUcGU4-X5-ykHGVugfnJByGH2r_gDaQrLPFS3CJM7UH3fN1T2at_xQzIhE0v36PdpSCh5FQFkyDoR8hfAc-sRMJLUIpwdzyxxIGvJPT_HvW8vUduOXt3r8lJKY7k8syE9i8GAFoSueWCI/s1600/Youri_pas_fin.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="167" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUcGU4-X5-ykHGVugfnJByGH2r_gDaQrLPFS3CJM7UH3fN1T2at_xQzIhE0v36PdpSCh5FQFkyDoR8hfAc-sRMJLUIpwdzyxxIGvJPT_HvW8vUduOXt3r8lJKY7k8syE9i8GAFoSueWCI/s320/Youri_pas_fin.jpg" width="320" /></a></div>
Il se trouve qu'il a été le seul à comprendre. Je me suis tapé mes pires réponses à vie, incluant: « Fuck toé pis ta race de "..." avec ta face en cartoon! » Et j'espère bien qu'on m'aurait servi ce genre de réponses si j'avais été sincère.<br />
<br />
Quand je vois qu'on me prend au sérieux, j'en rajoute. La grossièreté et la stupidité de mes paroles ou messages augmente jusqu'à ce qu'on finisse par comprendre.<br />
<br />
Il est parfois difficile de savoir si quelqu'un est sérieux ou non. Pourquoi? Parce qu'on est partout confronté-e-s à la connerie la plus absurde. Ainsi, il est peu probable que Dominic Maurais, malgré son ridicule clownesque, donne dans l'ironie et soit en réalité un gauchiste qui vote pour Québec Solidaire.<br />
<br />
Pour que les gens comprennent qu'il s'agit de second degré, d'humour pince-sans-rire ou je-ne-sais-quoi d'autre, il faut quand même laisser quelques signes. Changer le timbre de sa voix fonctionne assez bien. Mais il est possible d'adopter des techniques plus subtiles. Par exemple, dans le message Facebook précédent, mon avatar portait un carré rouge sur la poitrine. Selon moi, c'était un signe suffisant pour qu'on comprenne que je m'attaquais aux gens qui ont l'habitude de tenir ce discours contre moi!<br />
<br />
Si on n'arrive pas à faire comprendre à notre auditoire que notre propos est du second degré ce n'est par ailleurs pas nécessairement parce que cet auditoire est con. C'est peut-être aussi parce qu'on manque de talent dans la maîtrise de la subtilité, qui demande un juste équilibre entre le <i>dit </i>et le <i>non-dit</i>.<br />
<br />
Je connais beaucoup de militantes féministes (radicales ou pas) qui pratiquent également le second degré sur une base quotidienne. Le mythe stupide voulant qu'elles n'aient pas d'humour est par ailleurs totalement faux. Selon mon expérience personnelle, elles n'en n'ont ni plus ni moins que les autres. Idem pour leur compréhension de l'ironie et du sarcasme. J'aimerais qu'on leur foute la paix un peu sur le sujet.<br />
<br />
<br />
<b>Ce qui n'est pas du second degré</b><br />
<br />
On en revient au coeur du problème: beaucoup de gens défendent leurs propos offensants en prétendant qu'illes font en fait du second degré, à un tel point que le « second degré » en est venu à décrire à peu près n'importe quoi. C'est pourtant assez rarement le cas. Dans l'histoire de la «Petite Pute», cette défense est assez peu crédible. Il s'agit effectivement d'humour, c'est indéniable. Mais est-ce que les brasseurs souhaitaient par leur geste condamner l'exploitation et la violence sexuelles, souvent liées, dans l'imaginaire collectif, à la prise d'alcool? Ou même de ridiculiser le machisme? Peu probable.<br />
<br />
Il en va de même pour la plupart des blagues controversées de Guy Nantel, Mike Ward, JF Mercier, etc. Sans dire que ces derniers ne donnent jamais dans le second degré, nous sommes tout de même en mesure de bien distinguer les formes d'humour, que ça leur plaise ou non.<br />
<br />
Quand les humoristes, publicistes, chroniqueurs/euses et autres prétendent au « second degré », il s'agit en fait souvent de simples hyperboles, des exagérations d'archétypes auxquels le public doit adhérer massivement. Il n'y a pas d'ironie là-dedans. Évidemment, ce n'est pas «sérieux». Mais ce n'est pas non plus du second degré.<br />
<br />
Les blagues salaces et provocantes (notamment les jokes de bébés morts, de Cédrika Provencher, de viol, de meurtre, etc.) ne sont pas nécessairement non plus du second degré. Elles comptent plutôt sur l'effet de surprise ou sur la violation des tabous, ce qui dans plusieurs cas, est franchement nécessaire. C'est important d'enfoncer des portes verrouillées depuis trop longtemps: mais ce n'est pas nécessairement par l'ironie que ça passe.<br />
<br />
<b>Le second degré peut être de mauvais goût, même quand il vise à dénoncer les abus.</b><br />
<br />
Je peux donner quelques exemples concrets. Dans le film <i>Kickass II</i>, une scène de tentative de viol avec pénétration (dans la BD originale, il s'agit d'un viol qui aboutit à la pénétration vaginale) met aux prises l'amoureuse du héros et son adversaire surnommé The Motherfucker. Le méchant en panne d'érection n'arrive cependant pas à "violer" la jeune femme. L'objectif est donc de ridiculiser le rôle du violeur et de dépeindre celui-ci comme un lâche et un homme qui <i>manque de virilité</i>.<br />
<br />
Mais ça n'en fait pas une blague de bon goût. Pourquoi? Tout d'abord parce qu'elle est une critique machiste du viol. Elle associe la panne érectile d'un homme non-viril au viol, qu'on pourrait opposer à la virilité assumée et vraie d'une relation <i>consentante, </i>un message totalement hallucinant! Ensuite parce que <i>Night bitch</i>, la personne ayant subi l'agression, prend la responsabilité de cette agression et affirme que c'est totalement de sa faute. Un propos qui n'est jamais explicitement réfuté par la suite. Et il y a plus, plus encore.<br />
<br />
Le second exemple de second degré de mauvais goût: le texte de Gab Roy sur Mariloup Wolfe, <a href="http://quebec.huffingtonpost.ca/jocelyne-robert/affaire-gab-roy-miroir-de-la-culture-du-viol_b_4183359.html">critiqué ici par Jocelyne Robert</a>. Si plusieurs contestent le deuxième degré dans ce texte, c'est selon moi parce que ce procédé humoristique est devenu le synonyme d'un humour de qualité, opposé à tout ce qui est qualifié de premier degré, autrement dit minable.<br />
<br />
Comment oserions-nous en effet qualifier un numéro à ce point médiocre de second degré? Les imbéciles ne font pas dans la haute-voltige! Trois mots seulement suffisent pourtant à prouver le contraire: Mathieu, Bock et Côté. Un personnage de fiction, le père de Perceval dans Kaamelott (que je n'évoque pas ici pour la première fois), illustre également assez bien le fait que la maîtrise du style ne garantit en rien l'intelligence du/de la messager/ère.<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.youtube.com/embed/NKV07twk16I?feature=player_embedded' frameborder='0'></iframe></div>
<br />
<br />
Il est clair que Gab Roy s'est mis dans la peau d'un <i>douchebag </i>macho qui rêve d'avoir une relation abusive avec Mme Wolfe. Et qu'il a cherché à ridiculiser ce fantasme à l'aide de son texte. La personnalité de Gab Roy suffit d'ailleurs à comprendre que c'était du deuxième degré, et non pas une simple plaisanterie qui viserait, par sa poésie, à nous faire rire. Et pourtant, ça reste offensant, sexiste, et s'intègre tout à fait bien dans ce qu'on appelle la culture du viol.<br />
<br />
Bref: le deuxième degré, c'est pas toujours intelligent. <br />
<br />
<b>L'humour comme instrument politique et social</b><br />
<br />
Il est naïf de croire que l'humour n'a pas d'effet sur la société. L'humour est au contraire un instrument puissant, utilisé partout comme tel, incluant dans <a href="http://www.youtube.com/watch?v=4VFs97rMw_U">la propagande nazie des années 30-40</a>. Il sert l'opprimé comme l'oppresseur. Dans la sphère politique, il passe un message longuement réfléchi: il associe un-e opposant-e à une caricature, il utilise l'allégorie pour vulgariser des concepts abstraits, il <a href="http://www.youtube.com/watch?v=J-iVRStlS2o">fait des synthèses</a>. Il dit beaucoup en peu de mots grâce à l'utilisation de référents communs chez le public visé.<br />
<br />
Dans la sphère sociale, c'est la même chose. L'humour encourage ou dénonce des normes, fait la promotion d'archétypes, <a href="http://www.youtube.com/watch?v=xcVMe5HLF_Q">vise à montrer qu'on est pas intimidé-e-s</a>, etc. Son importance ne peut être négligée en aucun cas. Celui ou celle qui détient les clefs de l'humour possède un important levier de pouvoir. Et ça vient avec la même responsabilité que n'importe quelle autre aptitude. En cela, il peut être sujet à des critiques et des dénonciations!Mouton Marronhttp://www.blogger.com/profile/04467572190911186882noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-8071778831012688055.post-19879240433289013002013-11-26T20:31:00.001-05:002013-11-26T20:38:18.887-05:00Une perte pour l'art, et d'autres drames.Les nouvelles tristes arrivent toutes en même temps, et le climat à Montréal est devenu toxique. Je ne reviendrai pas sur certains évènements terribles qui ont été révélés récemment - je n'ai vraiment rien de pertinent à ajouter - mais cela contribue largement à la déprime générale.<br />
<br />
Il faut aussi rappeler que Youri et Guillaume sont encore en prison, et que l'audience pour leur libération conditionnelle a été repoussée. Je vous rappelle donc que vous pouvez <a href="https://www.facebook.com/events/515354225227608/">leur écrire </a>(même si vous ne les connaissez pas). Ces temps-ci, ils ne reçoivent plus beaucoup de courrier.<br />
<br />
Comme si ce n'était pas suffisant, il fallait que la mort de Nicolas P. ajoute de la pénombre à la grisaille. Je dis « mort » encore comme si je n'y croyais pas. Cet <a href="http://portfolionico.canalblog.com/">artiste </a>qui a touché beaucoup de monde par son talent et sa sensibilité est parti de lui-même. Ça s'est passé dernièrement. Il laisse toute la communauté sous le choc. C'est un être humain qui nous quitte, mais aussi des myriades de projets qui ne seront pas réalisés.<br />
<br />
Nicolas participait souvent aux cabarets anarchistes, pendant lesquels il présentait souvent des textes remplis de douleur et de remises en question. Mais c'était toujours magnifique et plein de vie.<br />
<br />
S'il lui survit quelque chose, espérons que ce soit cette énergie-là.Mouton Marronhttp://www.blogger.com/profile/04467572190911186882noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8071778831012688055.post-37999805596854578802013-11-11T13:05:00.002-05:002013-11-11T13:07:25.189-05:00Bon Jour du Souvenir.J'ai été éduqué dans un antimilitarisme viscéral. Je dois à mes parents de m'avoir transmis cette haine sans nuances pour l'uniforme, les guerres et les armes, qui s'est transformée graduellement en anti-autoritarisme général, car j'en suis venu à ne pas supporter, non plus, toutes ces mimiques de l'armée et de la prison que sont les appels à l'école primaire, le fait de se mettre en rang, d'avoir un numéro pour aller manger (moi c'était 98), de garder le silence, de demander la permission pour aller pisser, de ne pas se voir reconnaître le droit de vivre sa propre vie.<br />
<br />
À chaque année, quand j'étais à l'école secondaire, l'armée canadienne tenait un kiosque dans la grande place, près des casiers, dans ma polyvalente. Ça devait durer une semaine. Parfois, ils venaient jusqu'à deux ou trois fois par année. Toutes les fois, c'était sous un autre visage que se présentait l'armée: cadets, réserve, forces régulières. Ce sont des ados de 14 à 16 ans qu'on tentait de séduire, de préparer à rentrer dans les rangs, avec des promesses stupides et un dessein réellement meurtrier. <br />
<br />
Les cérémonies qui entourent le Jour du Souvenir ne sont qu'une autre manifestation du militarisme rampant que nous subissons, de cette discipline prussienne imposée aussi dans les écoles et les usines. Un jour du Souvenir qui glorifie le soldat mort pour rien, qui a fortement tendance à oublier les pertes civiles, et qui a presque banni le mot « horreur », de la même manière que ces reconstitutions pseudo-historiques de batailles oublient de mentionner que la plupart des soldats de la guerre de Sept ans (et de plusieurs autres) sont morts de maladie et de faim, et non pas d'une balle au coeur, prétendument héroïquement.<br />
<br />
En ce Jour du Souvenir, je me souviens que beaucoup de mes semblables ont déserté les tueries et les guerres impériales, qu'illes ont fraternisé avec l'ennemi lui aussi libéré de sa haine, ou qu'illes ont désobéi, et que malgré la honte nationale qui préfère les oublier, moi je les admire.Mouton Marronhttp://www.blogger.com/profile/04467572190911186882noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8071778831012688055.post-8171666370843148102013-11-06T20:28:00.002-05:002013-11-06T20:32:32.129-05:00Une attaque contre des véhicules du ministère de la Sécurité.Cet acte de vandalisme politique très léger semble avoir passé totalement inaperçu dans les mass médias, mais il<a href="http://anarchistnews.org/content/ministry-public-security-vehicles-attacked-montreal"> a apparemment été revendiqué le 3 novembre par un collectif sans nom,</a> opposé à la prison et au délire sécuritaire de l'administration provinciale<br />
<br />
Vous pouvez vous faire une idée par vous-mêmes, mais je trouve cet évènement curieux. Curieuse diffusion du texte (essentiellement sur des réseaux extérieurs à Montréal, faut croire), curieux aussi que je n'en ait pas entendu parler avant - quoique j'ai manqué quelques bonnes histoires au cours des dernières semaines.<br />
<br />
Un canular? Une action qui se voulait discrète? Le public visé était-il extérieur au Québec? Pourquoi avoir spécifiquement nommé deux prisonniers politiques?<br />
<br />
Par ailleurs, si je ne me prononce pas sur l'acte en tant que tel, je suis totalement d'accord avec le message envoyé dans la déclaration du groupe, qui met l'accent sur des problèmes graves amenés par le système carcéral. C'est une déclaration basée sur une réalité matérielle et qui ne donne pas dans le flafla théorique.Mouton Marronhttp://www.blogger.com/profile/04467572190911186882noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8071778831012688055.post-28268783532098143602013-11-04T13:29:00.000-05:002013-11-04T13:36:30.335-05:00Mon voteÇa faisait une éternité que je ne suis pas entré dans un bureau de vote. J'y suis finalement allé hier. Que mes lecteurs/trices bien-pensant-e-s ne se réjouissent pas tout de suite cependant: je n'ai pas voté pour Projet Montréal, un parti que j'abhorre, un parti qui me donne de l'urticaire, mené par un autoritaire obsessif qui se soigne pas. J'ai pas voté non plus pour un-e indépendant-e: le seul qui passait presque le test était selon moi Denis Mcready, mais il s'est retiré en début de course. Les autres m'ont découragé après avoir prononcé en moyenne deux mots. <br />
<br />
Pour dire vrai, je suis allé voter comme on prend une marche. Je suis entré, j'ai vu qu'il y avait pas de file (s'il y en avait eu une, ça aurait d'ailleurs été suffisant pour me dissuader - scandaleux non?), j'ai écrit « fuck you » sur mes trois bulletins de vote, j'ai tout mis dans le ballot et je suis parti.<br />
<br />
<br />
Je me demande maintenant pourquoi je l'ai fait. Des raisons, j'en avais en partant de chez moi. Je me suis dit que j'y allais juste pour le fun. Juste pour prendre une marche et visiter l'école primaire de mon voisinage. Juste pour le trip d'écrire «fuck you». Pour voir si c'est aussi extraordinaire qu'on le dit.<br />
<br />
<b>Voter n'est pas un sacrifice héroïque </b><br />
<br />
Ma première constatation est que voter est d'une facilité extrême, du moment <a href="http://www.rapliq.org/2013/11/03/mtl2013rpp/">qu'on a pas de problème de mobilité</a>. Il n'y a rien d'héroïque là-dedans. Les gens qui s'enorgueillissent sans arrêt de « faire leur devoir de citoyen » ne se rendent pas compte de la simplicité stupide de leur acte. Pour une certaine classe de gens, qui sont adultes, possèdent une voiture et vivent dans un certain confort économique, les élections ne sont qu'une sorte de jeu duquel ils retirent un mérite disproportionné, né de la stigmatisation d'un large groupe présumé trop paresseux pour même avoir quelque chose à crisser de ce cirque. La plupart de ces chevaliers de la <i>démocratie </i>ne se livrent pourtant pas à autre chose qu'à une très bête partisanerie, et je parierais que beaucoup n'ont pas pris la peine d'étudier en profondeur les candidatures de chacun-e de leurs champions. Leur «devoir de citoyen», c'est un écran de fumée pour se donner bonne conscience. D'ailleurs il y en a plein là-dedans qui <a href="http://culturederesistance.wordpress.com/2013/11/04/cher-client-qui-franchit-les-lignes-de-piquetage/">franchissent les lignes de piquetage au Renaud-Bray</a> même-si-on-les-appuie-mais-c'est-la-fête-à-mon-ami, j'en suis sûr.<br />
<br />
Si ces gens-là avaient réellement fait leur <i>devoir de citoyen</i>, et en admettant que le <i>devoir de citoyen</i> veuille vraiment dire quelque chose, ils seraient en prison, <a href="http://yourigrad.blogspot.ca/">comme Youri</a>, et comprendraient enfin que de réellement défendre l'opprimé-e, c'est considéré comme un crime. Illes comprendraient aussi que quand on donne tout, eh bien... on se retrouve avec rien. <br />
<br />
<b>Je me sens idiot et faible</b><br />
<br />
C'est ma deuxième constatation. En revenant chez moi, j'ai réfléchi sur les véritables raisons de mon acte. Pourquoi suis-je allé me mettre en ligne? Est-ce que ce n'est pas, au fond, par paresse? Parce que j'étais écoeuré de me faire harceler par tout le monde et que je n'avais plus envie de passer des heures à me justifier lors de discussions interminables? Est-ce que j'ai cédé aux insultes et au paternalisme? Parce que c'était plus <i>facile </i>socialement de dire que j'étais allé dans l'isoloir? Je ne sais pas. J'espère que non.<br />
<br />
J'ai entendu sans arrêt ce fameux « Au moins, va annuler ton vote! ». Personne n'a jusqu'à maintenant offert une réponse rationnelle. J'ai eu le droit à « voter c'est acheter le droit de chiâler », ou « des gens sont morts pour défendre ce droit ». Rien de satisfaisant. Que des slogans incohérents et des phrases bien-pensantes.<br />
<br />
Mais maintenant que je l'ai fait, j'ai l'impression d'avoir envoyé un faux message. Celui d'avoir cautionné le système, malgré le « fuck you » sorti de mes tripes. C'est peut-être ça, au fond, que les gens attendent de moi, réellement. Que je cautionne. Que je dise que j'accepte les règles du jeu.Mouton Marronhttp://www.blogger.com/profile/04467572190911186882noreply@blogger.com12tag:blogger.com,1999:blog-8071778831012688055.post-40334887530206937262013-10-19T11:55:00.001-04:002013-10-21T12:03:20.079-04:00Quelques trucs - toujours la prison - les élections à Mtl.<b>Le Cabaret </b><br />
<br />
Tout d'abord, bravo aux participant-e-s du dernier Cabaret Anarchiste. Une quarantaine de personnes se sont réunies dans le petit local du DIRA, ont mangé des tartes aux pommes et/ou ont librement lu des poèmes et des textes contestataires. Après trois années, la formule ne s'épuise toujours pas!<br />
<br />
<b>L'anthologie du Bloc des Auteur.e.s anarchistes </b><br />
<br />
Si vous voulez participer au nouveau recueil de nouvelles anarchistes <i>Subversions III</i>, publié par le Bloc des Auteur.e.s anarchistes, il vous reste encore jusqu'à la fin du mois pour nous soumettre un texte de fiction. Toutes les informations sont <a href="http://www.anarchistwritersbloc.org/?page_id=49">ici</a>!<br />
<br />
<b>Des potes, toujours en prison</b><br />
<br />
<a href="https://www.facebook.com/events/515354225227608/">Un groupe Facebook</a> a été créé pour venir en aide à deux accusés du G20 qui sont actuellement enfermés à la prison de Bordeaux. Dans mon esprit à moi, les <i>crimes </i>dont ils ont été accusés ne mériteraient en rétribution qu'une bonne tape sur l'épaule, en admettant qu'ils les aient réellement commis. Mais même dans la logique interne de notre société néolibérale, la peine qui leur est infligée est disproportionnée. Vous pouvez leur écrire en suivant les indications laissées sur la page.<br />
<br />
Vous habitez hors de Montréal et vous avez la flemme de poster une lettre d'encouragement à cause des timbres? Vous pouvez m'envoyer un courriel (mon adresse de compte, c'est "inactifs", sur hotmail.com). Si vous êtes convaincant-e, je peux faire quelques impressions et les envoyer moi-même de temps à autres.<br />
<br />
<b>Ça y est, je ne veux plus parler de la Charte.</b><br />
<br />
Je suis toujours contre, mais je trouve que le débat est plombé. Jamais je n'ai assisté à un dialogue aussi con de toute ma vie. Assez peu de personnes me semblent avoir un avis éclairé sur la question, et beaucoup pensent que ce projet ridicule est en fait une licence pour tenir des propos xénophobes, tout en se défendant de l'être. Même Normand Baillargeon entre dans le jeu de bon coeur avec des <a href="http://voir.ca/chroniques/prise-de-tete/2013/10/16/on-peut-se-le-dire-dieu-sil-existe-hait-les-femmes/">crétineries</a> rocambolesques. Foglia aussi: mais ça c'est à vrai dire pas vraiment étonnant. Et que dire de l'avis du sociologue Guy Rocher? Je me sens presque trahi par son autoritarisme vulgaire. <i>Tu quoque</i>, mon espèce d'épais?<br />
<br />
À ce titre, les Janettes ne font qu'ajouter des clowneries supplémentaires au moisi collectif. <br />
<br />
De l'autre côté, il y a Pratte, avec qui plusieurs gauchistes (mais pas tous/toutes, parce que plusieurs croient aux « libertés collectives », terme vide s'il en est) s'étonnent aujourd'hui d'être d'accord. Celui-ci fait appel à l'avis de la Commission des droits de la personne. Pour un éditorialiste qui s'est toujours crissé de nos droits - et surtout en 2012 - je trouve que c'est ironique[1]. Dans cette situation, on peut réellement parler d'argument d'autorité. Et il y a certaines femmes musulmanes qui au lieu de défendre leurs libertés individuelles avant tout, nous parlent de la nécessité de non pas être soumises à l'homme, mais d'être soumises à Dieu, ce qui n'est pas, nônon, la même chose. Je peux pas dire que je suis d'accord. Et surtout ces hommes religieux qui pilotent certaines contestations de la Charte[2], contre ces hommes chrétiens ou <i>laïcs </i>qui pilotent certaines actions d'appui.<br />
<br />
Je ne veux plus me prononcer sur la Charte parce que je trouve actuellement que tout le monde est con. De la connerie, de la connerie partout, et elle est hargneuse en plus. Et j'ai peur d'être con moi aussi. Juste écrire ces trois paragraphes me semble un risque non-calculé de tomber dans les mêmes schémas imbéciles.<br />
<br />
Alors <i>fuck that shit</i>.<br />
<br />
<b>Projet Montréal et les élections</b><br />
<br />
J'ai rarement autant détesté un parti politique municipal que Projet Montréal. Même les corrompus m'énervent moins que ces social-traîtres carriéristes. Qu'illes aillent chier, je voterai pas pour eux, même s'illes leur viennent à l'idée de me payer pour. Il a fallu leur tordre un bras pour qu'illes votent contre P-6, et maintenant beaucoup d'entre eux prétendent que tout le monde, au parti, a toujours été contre. Leurs déclarations sur les itinérant-e-s et les logements sociaux sont confuses et Richard Bergeron adapte son discours selon son auditoire, avec de grands sparages. Et ses projets pharaoniques qui sont censés se réaliser en quelques années seulement (sans expulsion? sans consensus? en tout cas sans manif j'imagine, parce que ce sera toujours interdit), je vais me battre contre. J'aimerais bien en discuter avec eux, mais à chaque fois que j'en pogne une gang de cette engeance-là, c'est le festival du sophisme et de l'enfirouapage.<br />
<br />
La solution au marasme politique à Montréal, à la corruption, la crosse, la répression et le mensonge, c'est pas un parti politique moins à droite que les autres. C'est le chavirement de ces institutions-là.<br />
<br />
______________________<br />
<br />
<span style="font-size: x-small;">[1] Un peu comme si un-e anar défendait l'État comme moyen de lutter contre les excès du capitalisme. </span><br />
<span style="font-size: x-small;">[2] Notez qu'il y a de notables exceptions. <i>No one is illegal</i> n'est pas exactement un groupe pro-religion. </span>Mouton Marronhttp://www.blogger.com/profile/04467572190911186882noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8071778831012688055.post-82839295556028991372013-10-11T13:16:00.002-04:002013-10-11T13:17:23.026-04:00Le cabaret anarchiste, c'est ce soir.<br />
<div style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;">
<img alt="" class="spotlight" height="640" src="https://scontent-b-lga.xx.fbcdn.net/hphotos-ash3/547309_479823742124610_293817874_n.jpg" width="491" /></div>
Mouton Marronhttp://www.blogger.com/profile/04467572190911186882noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8071778831012688055.post-21803248730230454642013-10-03T22:43:00.002-04:002013-10-06T00:24:20.896-04:00Vigile en soutien à Guillaume et YouriÇa se passe demain à 9h00, devant le Palais de Justice de Montréal. Tout soutien supplémentaire ne sera pas de trop. Si vous pouvez être là, venez. Plusieurs, déjà, ne peuvent pas y être pour des raison professionnelles.<br />
<br />
L'audience est à la salle 6.02, mais la vigile se tiendra aussi dehors, devant le Palais.<br />
<br />
Et il pleuvra pas.<br />
<br />
<br />
Soyez là.<br />
<br />
***<br />
<br />
<a href="http://voir.ca/marc-andre-cyr/2013/10/03/six-mois-de-prison/#comment-3015">Je reposte le témoignage de Youri paru sur un blogue du Voir.</a><br />
<br />
<b><span style="color: red;">Mise à jour:</span></b> <a href="http://www.clac-montreal.net/youri_et_guillaume">la CLAC a mis en ligne un résumé de l'audience. </a>Mouton Marronhttp://www.blogger.com/profile/04467572190911186882noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8071778831012688055.post-91619165022954694622013-10-01T23:26:00.000-04:002013-10-03T22:46:16.501-04:00Mort aux prisons et à toute forme d'autorité - G20Il y a déjà trois étés, une des plus importantes répressions politiques de l'histoire récente du Canada s'est déroulée à Toronto, pendant que des leaders et « créateurs de richesse » criminels et assassins prenaient des décisions en huis clos. Les sociopathes qui se disent nos représentant-e-s élu-e-s avaient patiemment dressé un puissant piège contre les contestataires: un dispositif impressionnant comprenant des essaims de milliers de flics, des clôtures, des contrôles, des caméras. Et par milliers, des flics incontrôlables ont harcelé, humilié, frappé, torturé, agressé sexuellement la population et les manifestant-e-s. Fouilles à nu systématiques, arrestations arbitraires, détentions dans des conditions insalubres: l'Ordre n'a reculé devant rien pour écraser tout ce qui ressemblait à de la dissidence.<br />
<br />
La plupart d'entre nous en sommes ressorti-e-s avec seulement un très mauvais souvenir. Nous nous rappelons que pendant que la police menait une chasse brutale contre nous dans le cadre de l'opération « fox trap », des médias complices et des politicien-ne-s enragé-e-s, au lieu de nous venir en aide, nous ont stigmatisé-e-s. La responsabilité de toute violence incombe autant à ceux qui l'exercent directement qu'à ces provocateurs/trices haineux/ses qui justifient la répression ou qui la nient, défendant à corps perdu les forces de l'ordre. Ces gens-là protégeraient des génocidaires plutôt que de critiquer les fondements de l'autorité qui perpétue ces crimes.<br />
<br />
Plusieurs ont néanmoins connu pire que les quelques jours passés dans une taule dégueulasse, froide et surpeuplée. Nous avons à peu près tous et toutes entendu parler du sort vraiment épouvantable réservé à des gens comme <a href="http://www.thestar.com/news/gta/g20/2011/06/24/porter_for_g20_accused_leah_henderson_2010_was_the_year_her_life_ended.html">Leah Henderson, Jaggi Singh et Alex Hundert</a>, et autres « ringleaders », qui ont assez rapidement subi les foudres de ce que l'ironie inhérente à notre société appelle la justice. Plusieurs des accusé-e-s du G20 ont dû passer plus d'un an en prison, certain-e-s <a href="http://alexhundert.wordpress.com/2013/03/27/safe-and-sound/">documentant d'ailleurs leur expérience</a> et l'épreuve nouvelle qu'a constitué une incarcération dans des conditions qui feraient l'admiration des architectes des camps de concentration.<br />
<br />
<b>Youri et Guillaume, six mois en-dedans</b><br />
<br />
Et ça se poursuit. Après trois ans, la guillotine aveugle du juge continue de trancher des vies, en l'occurrence celles de Youri et de Guillaume. Après ces années de multiples arrestations, de harcèlement politique et de procès kafkaïens, pendant lesquels des raclures de fachos ont soumis une argumentation truffée de trous, de raccourcis et de mensonges, après des délais ridicules, le juge rend finalement une décision clairement politique. L'establishment montre par le fait même qu'il n'a pas changé ses méthodes depuis <a href="http://www.youtube.com/watch?v=FPbczNxAM6Y">le procès des cinq</a> et la Loi sur les mesures de guerre. Il frappe quand et où ça lui tente.<br />
<br />
Il ne cherche pas à « rendre justice » mais à protéger l'ordre en nous terrorisant, distribuant cà et là les coups de matraque, mais surtout en s'acharnant sur les individus qu'il parvient à identifier clairement comme de vrai-e-s dissident-e-s, leur accordant des peines exemplaires pour des méfaits flous, incertains, souvent fantasmés et la plupart du temps absolument mineurs et/ou sans victime.<br />
<br />
C'est une évidence: ces deux gars-là n'ont pas leur place en-dedans, pas plus que tous les autres qui y sont passé-e-s dans les suites du G20 et de la grève étudiante. Cette prison qu'on impose en majorité à des gens qui ne sont un danger pour personne n'est qu'un lieu de destruction de l'individu et dépasse de loin son objectif punitif.<br />
<br />
Et toutes ces sous-merdes qui soutiennent par leur travail cette machine participent au sabotage des vies de tous et toutes. Du fonctionnaire le plus insignifiant au screw le plus brutalement zélé, ces cadavres animés sont tous et toutes des <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Adolf_Eichmann">Eichmann</a> en puissance, pour qui le mal <i>radical </i>est une oeuvre quotidienne; un assassinat par le papier. Ce n'est pas qu'un juge et une procureure qui mettent Youri et Guillaume en prison. C'est toute une galaxie de petit-e-s flics, sous-flics et sous-sous-flics-adjoint-e-s minables, paranos ou indifférent-e-s, pour qui l'impunité est une garantie aussi sûre que la retraite. <br />
<br />
<b>Pas de consolation, que de la colère.</b><br />
<br />
Ces types qui font leur travail sans apparent examen de conscience, la main sur une loi idiote et conçue pour du bétail, la phrase moraliste sur le bout des lèvres en plus, je les hais de tout mon coeur. Que n'existe-t-il un enfer spécifiquement creusé au fond d'un puits sans lumière pour ces ordures! Je suis prêt à entrer dans toute religion qui leur en inventera un.<br />
<br />
Penser à l'état dans lequel peut se trouver mon ami m'est insupportable. Et savoir qu'il n'y aura sans doute jamais de réparation pour toute cette souffrance déjà endurée et à venir l'est aussi.<br />
<br />
Il n'y a d'espoir que dans la destruction méticuleuse de toutes les idoles de la Loi et de l'État. Un jour il faudra bien qu'elles éclatent, comme du cristal! <br />
<br />
*****<br />
<br />
À lire: <a href="http://libertaires-mtl.blogspot.ca/2013/10/solidarite-avec-youri-et-guillaume.html">un autre texte de solidarité envers Guillaume et Youri. </a><br />
<br />
<b><span style="color: red;">Mise à jour:</span></b> l'audience aura lieu demain, 9h00, au palais de justice de Montréal (1, Notre-Dame).<br />
<br />
<b><span style="color: red;">Remise à jour:</span></b> Youri témoigne dans <a href="http://voir.ca/marc-andre-cyr/2013/10/03/six-mois-de-prison/">un article publié par Marc-André Cyr</a>. Mouton Marronhttp://www.blogger.com/profile/04467572190911186882noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-8071778831012688055.post-258149587330459842013-09-14T16:31:00.002-04:002016-04-16T11:58:52.872-04:00Une manif contre la charte.Il y avait un monde fou et la plupart des gens étaient présents pour défendre la diversité et les droits fondamentaux, autant que pour dénoncer les abus du gouvernement Marois dans cette histoire. <br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_LVQElJyF9QIdSAvzixcTK3IAJ8Ap1aeAkKOCbKgjQUBdebjlfjLu_IYcPI_IAOYAvW2UqCca6FoGhhYxuKeN4cLlYJ6PJHb_F8FMf0Gqt3EY_-1yGybWW5iOBip7tY0seZSVG1ZvqIA/s1600/manif_anticharte.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_LVQElJyF9QIdSAvzixcTK3IAJ8Ap1aeAkKOCbKgjQUBdebjlfjLu_IYcPI_IAOYAvW2UqCca6FoGhhYxuKeN4cLlYJ6PJHb_F8FMf0Gqt3EY_-1yGybWW5iOBip7tY0seZSVG1ZvqIA/s320/manif_anticharte.jpg" width="308" /></a></div>
J'avais cependant un certain inconfort vis-à-vis de la manifestation contre la Charte des Valeurs organisée à Montréal par le Collectif Québécois contre l'islamophobie. Et ça s'est renforcé: j'ai un plus gros malaise avec les organisateurs maintenant. Je confirme par ailleurs que les organisateurs de la manifestation, en plus d'être définitivement pas des modérés, étaient pratiquement tous des hommes. Qui dirigeait les slogans? Des hommes. Qui surveillait la circulation? Des hommes. Qui prenait visiblement les décisions en observant la foule et en parlant dans leurs I-Phones? Des hommes. Qui traînait la bannière de tête? En très vaste majorité des hommes.<br />
<br />
Et parmi les gens qui sont montés dans la statue, à la Place du Canada, pour crier de nouveaux slogans et se faire prendre en photo, il n'y avait encore une fois que des hommes.<br />
<br />
La foule en tant que telle était pourtant composée de beaucoup, beaucoup de femmes. À vue de nez, plus de la moitié. Les femmes musulmanes (voilées ou pas) sont souvent venues avec leurs ami-e-s, et parfois toutes seules - il y en avait d'ailleurs quelques-unes de celles-ci dans mon autobus à Rosemont. Elles n'ont pas été traînées là par un méchant patriarche avec des sourcils accusateurs. <br />
<br />
Je sais que beaucoup de gens étaient présent-e-s pour dénoncer la xénophobie - et surtout l'islamophobie - du gouvernement. Mais il aurait été agréable que cette manifestation qui touche de plus près les femmes (surtout les femmes musulmanes, quoique les hommes sikhs et juifs soient aussi visés par la Charte) ne soit pas dominée par un leadership masculin. Ça me fatigue un peu, surtout depuis la manif du 8 mars 2012, qui avait été honteusement récupérée par des hommes machistes (dont plusieurs nationalistes sans doute «laïcs» et pour qui «l'égalité hommes-femmes n'est pas négociable»).<br />
<br />
Malgré l'attitude des organisateurs - d'ailleurs, il paraît que plusieurs groupes ont bien failli ne pas appuyer la marche à cause d'eux - et les discours pro-religieux et/ou nationalistes auxquels je n'adhère absolument pas, j'ai apprécié la diversité affichée par la foule. Il y avait beaucoup de gens et beaucoup d'idées différentes.Mouton Marronhttp://www.blogger.com/profile/04467572190911186882noreply@blogger.com10tag:blogger.com,1999:blog-8071778831012688055.post-67187481078586211242013-09-13T22:15:00.000-04:002013-09-14T17:16:07.626-04:00Défi relevé.<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
La pub originale:<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiAFIeyKY0OnfqGort4iAmvDLv7_x27J5s4CLgDv_Q9CiiWnv0V1xRImSSfoQ3pHZRLpgz_32O11Br2cEJCQB49Lsr-KEMi0BmfxeABo6MakFMfnqInx7vlBFcmlIGQXfVsjgEzrk9m5ig/s1600/poubelle.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="213" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiAFIeyKY0OnfqGort4iAmvDLv7_x27J5s4CLgDv_Q9CiiWnv0V1xRImSSfoQ3pHZRLpgz_32O11Br2cEJCQB49Lsr-KEMi0BmfxeABo6MakFMfnqInx7vlBFcmlIGQXfVsjgEzrk9m5ig/s320/poubelle.jpg" width="320" /></a></div>
<br />
Ma nouvelle version:<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhxdmHpdcyq07dNdvaVqd2yQKwFT0WCeTKerZrfEobULdGMzN6os8n5KGnJOZ2krvniPbdiaibE8h4gAlT9pVrAbHC2vwWvA0j8_joDaPJkp5ifbh_49vBz-5yq7Fo3pb3tzqS94UqMhZI/s1600/radio-poubelle4.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="213" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhxdmHpdcyq07dNdvaVqd2yQKwFT0WCeTKerZrfEobULdGMzN6os8n5KGnJOZ2krvniPbdiaibE8h4gAlT9pVrAbHC2vwWvA0j8_joDaPJkp5ifbh_49vBz-5yq7Fo3pb3tzqS94UqMhZI/s320/radio-poubelle4.jpg" width="320" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3uHMNXdj2vwYzNIUiEIoL3FH8Z7oZs131liAzM9dNJG1XJN09SxffTXO7sIqRfQN2sg5FOWPoX2NHPdCK7iJj_O4L7FYUGQbNzDplG17_nlIC9mncU9kFsOM81nJ2DMyjo4l8T9Ze1ys/s1600/radio-poubelle3.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><br /></a></div>
<br />
Trop facile. Presque rien à changer. Essayez vous aussi!<br />
<br />
Merci à Sortons les <a href="http://www.sortonslespoubelles.com/la-radio-poubelle-et-les-vidanges/">Radios-Poubelles</a> pour la piste.Mouton Marronhttp://www.blogger.com/profile/04467572190911186882noreply@blogger.com0