dimanche 16 mars 2014

Des miettes de manif du 15 mars.

UNE PERSONNE AVEC UNE CANNE QUI MARCHE TRÈS LENTEMENT

–Vous allez à la marche monsieur? me demande une vieille dame appuyée sur une canne.
–Ben... pas vraiment. Je vais dans cette direction.
Je pointe le nord.
–Vous devriez venir. Par solidarité.
–Ouin... Je sais pas.
–Moi je me suis fait brutaliser par la police. Depuis ce temps-là je suis malade. Vous savez pas ce que c'est.
J'ai un rire de malaise.
–Je me suis déjà fait brutaliser aussi, madame.
Je pense à la fois où les flics ont gratuitement brisé mes lunettes en mille miettes en les tordant dans tous les sens, et m'ont menacé, alors que j'étais menotté, de fourrer le mur de béton avec ma tête si je la fermais pas. Je l'ai pas fermée. Il ont fourré le mur avec ma tête. Mais je vais quand même pas raconter ça à la dame. Interprétant mon silence, elle continue:
–Pas assez, visiblement. Je vous souhaite de vous faire brutaliser encore, pour que vous compreniez réellement.
Elle part. Je la recroise quelques minutes plus tard. Elle me répète:
–Je vous souhaite de vous faire brutaliser!

Au fond, je méritais peut-être de me faire dire ça.

***

DEUX PACIFISTES NON-VIOLENTS

Deux types dans la vingtaine et coiffés de longues crêtes de coq harcèlent un jeune homme qui porte un masque de Guy Fawkes sur le front en lui disant quelque chose comme: « c'est interdit. » J'imagine qu'ils lui ont aussi dit que si les manifs tournaient mal, c'était à cause d'hostie de casseurs dans son genre. Ensuite, les deux gars s'approchent de policiers qui surveillent, en bordure de manif. Ils pointent le manifestant et disent quelque chose comme: « Regardez-le, lui là-bas. Il porte un masque. C'est interdit. »

Puis ils partent. Alors je leur crie après pour leur demander quel est leur problème. Ils se retournent, me pointent et me font cette menace :

« On va revenir pour toi! »

***

PIÈGE

Avant même que les manifestant-e-s entrent sur Chateaubriand, l'escouade cycliste avait déjà pris place dans l'entrée des ruelles et un peloton était caché sur Bélanger. Je m'en suis moi-même rendu compte trop tard: la manifestation s'était déjà engagée dans la rue et mes cris d'avertissement n'ont rien donné. Il n'y avait selon certain-e-s rien d'autre à faire que de se lancer sur cette rue-là, c'était bouché partout.

Les flics savaient exactement ce qu'ils faisaient. Le piège était grossier, facile, et la manif s'est précipitée dedans joyeusement.

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