Les mouvements nationalistes québécois ont l'habitude de mettre de côté ce dernier impérialisme, l'opposant plutôt au fumeux concept "d'autodétermination des peuples". Cependant, si je ne veux plus être dirigé par des étrangers, je ne veux pas non plus être dirigé par les miens; je ne veux en vérité être dirigé par personne. Car de toute façon, les tyrans sont les mêmes partout.
Conséquences positives d'une hypothétique séparation
Je crois tout de même que la séparation du Québec constituerait un progrès. Au-delà de tous les scénarios-catastrophes qu'on pourrait évoquer, il y aurait à une déclaration d'indépendance des avantages considérables.
La médisance
Tout d'abord, les médias anglophones cesseraient de nous considérer comme des sous-êtres. Les journaux tels que le Toronto Star, le Globe and Mail, etc. ont fortement tendance à considérer les habitant-e-s francophones du Québec comme racialement racistes et arriéré-e-s.
Des actes de boycott des commerces franco-canadiens sont aussi organisés par de flamboyants néo-nazis sans qu'une communauté-soeur (dixit: le Québec) puisse actuellement intervenir. Si le Québec était un pays indépendant, de tels actes de dénigrement passeraient pour des accidents diplomatiques graves; le rapport de force, inexistant pour l'instant, s'établirait de facto entre les orangistes en colère et les minorités francophones du Canada, pour peu que la nouvelle république s'intéresse à elles.
La nation
Le problème de la nation, réglé une fois pour toutes, nous permettrait de passer à autre chose. En effet, cette question permet au PQ de vampiriser la gauche québécoise en la forçant à des compromis ridicules en échange de belles paroles (de plus en plus rares, d'ailleurs) sur la souveraineté. Plusieurs anarchistes se perdent d'ailleurs en chemin au cours de leurs pérégrinations, obnubilé-e-s par la liberté qu'ils et elles croient pouvoir s'incarner à travers le vieux rêve des Baby-Boomers.
Le pouvoir et la politiqueL'indépendance rapprocherait le pouvoir des 7 millions d'habitant-e-s peuplant la province. Le gouvernement canadien, régnant sur un territoire trop étendu mentalement et territorialement, doit gérer les intérêts contradictoires d'une population variée. Or, le compromis n'est bon pour personne, sauf pour les ploutocrates, qui aiment diviser pour régner.
Un référendum gagnant ferait se cesser la désaffection des citoyen-ne-s envers la politique du pays. Le Québec verrait certainement survenir une gigantesque phase d'ébullition, ce qui renforcerait le dialogue et inciterait les gens à réfléchir davantage sur le monde dans lequel ils voudraient habiter. Il serait sans doute alors plus facile, pour au moins une décennie, d'organiser des évènements politiques ou symboliques. La petite gauche et les libertaires pourraient tirer profit de cette agitation culturelle et sociale pour marquer d'importants points.
Le changement
Par ailleurs, n'ayant pas à traîner derrière eux et elles ce boulet qu'est le Canada-anglais (sans vouloir vexer mes camarades anglophones), les Québécois-e-s pourraient mieux élaborer leur projet de société sans pour autant rencontrer autant d'opposition, ni de la part d'un aussi large pan de population rétrograde à certaines idées, ni de la part d'une police bien établie (sans le Canada, pas de GRC et d'armée pour nous taper sur la gueule!). Le changement social pourrait être accéléré par ce facteur.
Les autochtones
L'indépendance pourrait jouer en faveur des autochtones, car elle ne se ferait pas sans eux. Ceux-ci ont joué un rôle de premier plan au cours du premier et du second référendum. Québec devrait à tout prix acheter leur accord par des concessions importantes, qui réduiraient sans doute leur situation de misère et contribuerait à leur autonomie.
Conclusion
L'indépendance du Québec pourrait donc être bénéfique à court terme et sur le plan des relations internes si elle se faisait dans le calme et avec l'aide d'une population éveillée. Je n'encouragerais pas mes camarades moutons à en faire la promotion (car l'indépendance du Québec n'est pas notre but), mais je leur recommenderais de ne pas considérer l'option avec trop de dégoût. J'en suspecte quelques-un-e-s d'ailleurs de chercher à s'en exorciser comme si c'était une simple réminiscence de leur passé de péquiste capitaliste.