jeudi 28 mars 2013

Alex Hundert est sorti!

Après avoir passé des mois en prison et des semaines au trou, Alex Hundert est enfin dehors.

Vous pouvez lire des détails sur son blogue, qui raconte l'oppression subie par lui et ses co-détenus pendant son incarcération.

Mort à la prison!

samedi 23 mars 2013

Sur certains « droits ».

On nous rappelle maintenant assez souvent un droit prétendument inaliénable de libre-circulation (en voiture en plein centre-ville de Montréal), qu'on oppose au droit d'assemblée pacifique, qui lui est garanti directement par la Charte.

Or, la principale cause de bouchons de circulation restera toujours (et même en cas de manifestation) la présence d'un trop grand nombre de voitures sur la route. En bref, les automobilistes violent eux-mêmes leur sacro-saint "droit de circuler librement". Sans l'irresponsabilité de plusieurs, qui utilisent le centre-ville comme une autoroute pour absolument aucune bonne raison, il n'y aurait jamais, jamais de bouchon monstre.

J'en ai assez d'entendre cet argument de gros lard stupide. Comme le disait une publicité il y a pas longtemps: « You are not stuck in traffic. You are traffic. »

Et puis d'ailleurs, je dois traverser la rue Jarry et le Boulevard Crémazie plusieurs fois par semaine. Le bouton d'un des feux de piétons est brisé et j'ai toutes les misères du monde à traverser. Quand notre mobilité réelle (à pieds!) est réduite à cause d'automobilistes agressifs et de structures défaillantes, je pense qu'on peut vraiment parler d'un viol de liberté. La voiture, c'est pas un droit, c'est un privilège dont l'abus est pratiquement généralisé. En revanche, il me semble qu'il n'y a pas de liberté plus intuitive et importante que celle de pouvoir marcher d'un point à un autre en toute sécurité.

Franchement, le délire liberticide de plusieurs me rappelle celui du père de Perceval dans Kaamelott.

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Selon un article assez mauvais de l'Agence QMI, le SPVM, en violant la liberté de manifester, dit répondre en fait aux demandes du public. Quel public, ça on saura jamais, mais on se doute bien que c'est surtout la communauté des affaires.

Eh bien voilà ce qu'un autre public vous demande, chers flics: patrouillez donc avec vos guns dans le cul.


Il y a encore du positif.

En me rendant au Cabaret anarchiste, ce soir, j'ai remarqué, comme nos camarades de la Pointe Libertaire, que des antiautoritaires quelconques avaient frappé un grand coup en dressant une bannière en solidarité avec les évadé-e-s de prison. C'est en même temps un très joli message aux mononcles néo-pétainistes qui nous gouvernent: vous aurez beau marginaliser, criminaliser les rebelles, les empêcher de faire quoi que ce soit publiquement, nos quartiers porteront toujours la signature de la contestation.

Et par ailleurs, le cabaret, qui s'est déroulé cette fois-ci à La Belle Époque, un espace politiquement engagé sur la rue Wellington, fut vraiment formidable. Bravo à tous les participant-e-s!

22 mars - Nos vies sont minables

Je me souviens de l'immense fête désordonnée du 22 mars 2012. Il y avait plus de jouissance que de colère ce jour-là. Une preuve sans doute que le plaisir est un moyen de pression parmi tant d'autres. J'ai fait plusieurs grèves étudiantes, mais celle de 2012 est la seule pendant laquelle j'ai refusé de faire autre chose que de m'amuser, et je crois pas avoir mal fait, ni avoir été le seul. Les gens se sont mis tous nus, ils ont organisé des assemblées de quartier, et c'est pas faux non plus de dire que les voisin-e-s ont commencé à se parler.

Les observateurs/trices ont appelé cette ça une crise sociale.

Maintenant, les autorités font tout pour écraser ce qui reste de créativité et de contestation. En ajoutant les arrestations de ce soir, on en arrive à peut-être un total de 500 (je dois cette estimation à une gentille personne) depuis le Sommet sur l'Enculation. On mesure depuis l'étendue de notre défaite. Il y a des mécanismes plus imposants que le seul PLQ qui se sont mis en marche pour nous vaincre ; une vague réellement mondiale de conservatisme et d'autoritarisme, et un facteur souvent mis de côté, qui est la perte de légitimité des pouvoirs civils face au pouvoir policier (exemple: Marc Parent vs Guy Hébert). Nous reviendrons peut-être là-dessus prochainement.

Ce soir, le mouvement a été écrasé comme jamais. Il n'y avait aucun prétexte pour arrêter tout ce monde-là. Et pourtant, ça ne fera pas scandale. La police a attendu patiemment d'avoir la légitimité et l'assentiment - ou du moins, l'indifférence - de la population avant d'appliquer "à la lettre" le règlement municipal P-6, qui interdit pratiquement toute manifestation non-autorisée préalablement. Ces arrestations, elles sont carrément souhaitées par une masse de crétin-e-s. Les faiseurs/euses d'opinion tout d'abord, qui relaient entre autres les plaintes des pauvres "commerçant-e-s" (on parle ici des propriétaires des grands hôtels) quand illes n'appellent pas directement à la violence[1], et une bonne partie des braves et honnêtes payeurs/euses de taxes, à qui c'est déjà arrivé au moins une fois d'être pogné-e-s dix minutes dans le trafic ou qui haïssent d'une haine de larbin tout ce qui pousse à gauche d'Éric Duhaime.

Mais ce n'est pas tout: le SPVM ne s'est pas contenté de prendre des manifestant-e-s en souricière, arrêtant gratuitement des gens absolument sans aucune agressivité. Il a nettoyé les rues environnantes, forçant des gens à rentrer dans des commerces, bloquant des portes et séquestrant quasiment des citoyen-ne-s épouvanté-e-s. Il a déclaré tout être humain persona non grata dans les rues d'une partie du centre-ville. Et cela, sans provocation ni méfait. Dans l'indifférence.

Notre défaite la plus manifeste, c'est celle-là. Je regarde l'avant-2012, et je me rends compte qu'on avait plus de droits à cette époque qu'aujourd'hui. Nous l'aurons payée cher, cette période de bourgeonnement que le gouvernement a qualifiée de crise.

Je suis triste et déjà nostalgique de cette ère qui n'a duré que quelques mois et pendant laquelle je me suis senti en même temps libre et menacé. Je la compare à l'épouvantable grisaille de 2013. Nous marchons à nouveau en rang, et gare à celui ou celle dont le jupon trop floconneux dépasserait! Le gouvernement parlait de crise. Eh bien moi, il me semble que c'est ça que j'appelle une crise: être une machine et aller travailler. Être une machine et étudier des trucs moches. Être une machine et être obligé-e d'être une hostie de machine.

Ce que nous avons vécu l'an dernier, ce n'était pas une crise. C'était sortir de la crise. Pour quelques mois.

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[1] Carl Monette, de Radio-X Montréal, sur la manif du 26 février: "Moi j'taurais passé la gratte là-dedans hier."

mercredi 20 mars 2013

Les délires homophobes de Radio-Pirate.

Pendant que des manifestant-e-s qui n'ont rien fait de mal se font arrêter sous les applaudissements des chroniqueurs/euses et commerçant-e-s qui s'inquiètent pour le chiffre d'affaires des grands hôtels, la campagne de publicité du gouvernement contre l'homophobie provoque des réactions d'une violence verbale inouïe. La droite n'a aucun problème avec les dépenses en répression et un État qui investit massivement dans le viol de nos droits et libertés, mais elle refuse que «ses taxes» servent à financer la lutte contre la discrimination.

Jeff Fillion, qui anime toujours à sa station de web-radio, a plongé dans un délire haineux encore plus profond. J'ai cru en premier lieu que ses déclarations dérangeantes - et dignes d'un dérangé - avaient passé inaperçues, mais elles ont finalement été ridiculisées par les animateurs de « La soirée est encore jeune » vendredi dernier

J'aurais aimé en faire une analyse fermement dénonciatrice, mais je pense que le résumé, accompagné de plusieurs citations, suffira. Notez que je n'ai pas tout mis, même si ça peut sembler difficile à croire.

Les deux extraits sont disponibles sur RadioEGO.com. Le premier est celui qui va le plus loin dans la haine et daterait du 7 mars dernier.

Je résume les propos:

- Fillion et sa bande trouvent que deux gars qui s'embrassent, c'est dégueulasse, même si en théorie ils « n'ont rien contre l'homosexualité ».
- Il affirme qu'on parle trop d'intimidation en public, que c'est devenu une frénésie, que tout le monde a quelque chose de laquelle on peut rire et qu'on ne devrait alors pas faire grand cas de cela.
- Fillion tombe dans les stéréotypes: il parle des gays qui travaillent dans des boutiques de vêtements et qui ont des voix féminines comme étant une règle absolue.
- Lui et ses co-animateurs disent que les homosexuel-le-s sont des cas « exceptionnels » et ne représentent que 2-3% de la population. Cet argument revient à quelques reprises. « Ça reste dans la marginalité de la population », parvient à articuler un de ces singes savants.
- Il prétend à quelques reprises que « l'homosexualité n'est pas comme l'hétérosexualité », refusant de mettre sur un pied d'égalité le couple gay du couple hétéro. Il affirme d'ailleurs que les gays qui se marient veulent juste des avantages fiscaux, alors que dans son couple, c'est la famille et les « valeurs » qui sont importantes.
- Il est frustré à l'avance de devoir expliquer à sa fille ce qu'est l'homosexualité. C'est un argument qui est repris par la suite. Sous-entendu: le gouvernement viole leur liberté de choisir le moment où ils répondront enfin aux questions de leurs enfants sur l'homosexualité.
- « Les enfants ont pas à affronter des hommes avec des pinchs qui se frenchent. » Suivi d'un classique « dans mon temps, ça se passait pas de même. »
- Fillion affirme faire son coming out d'homophobe: « Chus limite! Chus juste sur le bord ! » 
- « Que quelqu'un qui par choix ou parce qu'il est né de même [...] »
- Fillion ne peut pas contrôler son dégoût envers les homosexuels: « On contrôle pas ça. Ça nous écoeure. »
- Il s'attaque ensuite à Jasmin Roy. « Jasmin Roy, qui représente tout ce qui nous énerve. » « Il se sert de son homosexualité pour devenir victime de toute, là. »
- L'animateur avertit ensuite le gouvernement. « Vous allez reculer. » « Les gens vont avoir un ras-le-bol, un trop-plein. » « Laissez-nous tranquilles avec les gars qui se frenchent. »
- On lit une lettre d'auditeur pendant l'émission: « une phobie c'est une peur. Trouver que quelque chose est anormal n'est pas une peur. Une peur est souvent causée par une ignorance. Ce qui n'est pas le cas de l'homophobie. On sait c'est quoi. Et ça nous fait pas peur. De plus évolutionnellement parlant il n'est pas normal qu'une espèce développe un comportement qui ne favorise pas la survie de cette espèce. Si tout le monde était homo, l'espèce s'éteindrait en moins de 120 ans. »
- Jeff en rajoute: « J'ai un côté rationnel. [...] Quand on utilise le rationnel, ben, effectivement, on est obligés de dire que... oui on l'accepte, mais ya un boutte... ça marche pas! Rationnellement! » 

Par la suite, Jeff et ses co-animateurs tombent dans une digression raciste, dans laquelle ils s'accordent pour dire qu'un mécanicien noir ou « taliban » est moins attirant qu'un mécanicien blanc. Mais ils reviennent rapidement au sujet du jour.

- « Comme société, nous n'avons pas à payer à heure de grande écoute pour voir des hommes qui s'embrassent. » 
  
Mais ça ne dure pas longtemps. Fillion décide de s'attaquer à d'autres déviances, dont le « naturalisme » (sic). « On s'entend-tu que ça, c'est de la maladie mentale. ok, on va se le dire. Je veux pas vous empêcher d'y aller, je veux pas vous crisser en prison, mais moi, si un de mes amis me dit là, que si lui il veut passer deux semaines, les semaines de la construction dans un village nudiste, avec ses enfants, ben crisse, il est pu mon chum. [...] Mon numéro de téléphone tu l'as pu, t'as pu mon e-mail, t'es pu sur mon Facebook, décrisse. »

Même si Fillion a affirmé qu'il ne recommandait pas la prison pour ces malades-là, L'extrait se termine sur cette touche:

« J'me dis ouin, c'est déviant, mais chacun ses déviances... Mais non crisse, d'après le dessin du gouvernement [des pancartes routières] y'amènent leurs enfants! Câlissez-moi ça en prison ce monde-là! Y'amènent leurs enfants! [...] Mais le gouvernement, c'est la tolérance et l'ouverture. C'est tu beau hein? »
 
Le pire c'est qu'il se lance entretemps dans une tirade sur la liberté, défendue selon lui par la droite et les « pirates »: « Les gens de droite, beaucoup les pirates, on veut de plus en plus de libertés individuelles. » Ben oui, c'est ça.

Dans un deuxième extrait plus récent, qui date peut-être d'hier, il s'attaque à l'homosexualité présumé du hockeyeur Josh Gorges. Tout l'extrait tourne autour de remarques homophobes à caractère sexuel. Les animateurs parodient la voix d'homosexuels stéréotypés, parlent de sodomie, se moquent de Price et suggèrent en blague que ses mauvaises performances seraient reliées à son homosexualité:
« Peut-être que Price a besoin de boules chinoises pour performer. ». Les animateurs imitent des hommes qui halètent lors d'un acte sexuel, et font des propositions parodiques qu'ils attribuent au conjoint présumé de Gorges, du style:

« Mets juste tes culottes, et mets des talons hauts. »
« Garde ton gant de hockey pour me masturber. »

« Enlève ta visière [...] Mèq t'arrives, j'vas te licher partout... »

C'est pas compliqué, en bref: les animateurs de Radio-Pirate, surtout Fillion, se livrent à des actions de harcèlement envers des personnes (nommées!) et encouragent la haine.