samedi 28 août 2010

la signification de "marron".

Je n'ai jamais pensé m'exprimer clairement sur le sujet. Un "marron", c'était à l'origine le terme employé pour désigner un esclave noir fugitif ou quelque chose comme ça. J'ai donc choisi le nom "Mouton marron" parce que c'est rempli de connotations doubles.

Même si ça sonne pas joli.

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Merci à une amie du bacc pour m'avoir rappelé l'importance de noter l'existence des marrons.

[Édition du 6 novembre 2010] Je tiens aussi à spécifier que je ne suis PAS identitaire. Les identitaires ne placent rien au-dessus des intérêts de la Nation: moi je chie dedans. Je place donc mon cul au-dessus des intérêts de la Nation.

En fait, le terme marron, en québécois courant, renvoie à une réalité différente du terme "brun", souvent associé au fascisme. Merci à des lecteurs/trices de France de m'avoir mis la puce à l'oreille.

mercredi 25 août 2010

La Presse et le G20

Les chroniqueurs/euses de la Presse lancent souvent des idées au hasard sans jamais chercher à vérifier. Je suis toujours étonné de lire des inepties déclarées de manière plus catégorique que dans les blogues (et tweets?) les plus amateurs. J'en comprends que les articles sont un simple prétexte à la pub qui remplit les pages des quotidiens. J'en comprends aussi que les éditorialistes ne font même pas l'effort de lire les autres articles du journal dans lequel ils écrivent leurs niaiseries.

Hier, Mario Roy donnait son étonnante opinion de la répression judiciaire de nos ami-e-s qui ont dû comparaître inutilement à Toronto le 23 août: il croit que malgré la culpabilité évidente des arrêté-e-s, les charges devraient être abandonnées. "Il y a des occasions où il faut savoir marcher sur ses principes, en effet, y compris celui de la justice." Ce serait donc justice de conserver les charges contre des gens innocents? Mario Roy ne le précise pas: il n'énonce pas l'idée pourtant évidente que sans doute 95% des accusé-e-s n'ont pas commis la moindre infraction pendant la fin de semaine du G20, et que la minorité de "coupables" qui se sont fait pogner ne méritent pas des accusations aussi graves de complot en vue de commettre un acte criminel. Mais s'illes ont été arrêté-e-s, c'est nécessairement parce qu'illes l'ont cherché, n'est-ce pas, M. Roy?

Le vieil éditorialiste sénile commente aussi un texte qui, à l'origine publié dans Le Devoir, a fait le tour du milieu anarchiste québécois (et même français dans une certaine mesure): "De fait, on trouvera dans Le Devoir de ce matin, sur une demi-page, un exemple de la prose extraordinairement convenue et banale à laquelle le courant anarchiste en est réduit." Or, on pourrait lui reprocher la même chose. "La police joue le jeu des anars"[1], "les gens masqués ont quelque chose à cacher", sont des idioties qui ont tellement été répétées qu'elles ont l'effet de simples jappements.

L'éditorialiste va au-delà du doute raisonnable: s'il pense que la police a eu tort de provoquer des gens belliqueux par des arrestations massives, il ajoute prudemment qu'ils ont aussi agi "peut-être même (mais comment peut-on vraiment connaître la vérité ?) par la brutalité et par l’abus de pouvoir." Sauf que la vérité est établie depuis longtemps là-dessus. Quelqu'un qui se fait piétiner par une charge de cavalerie n'est donc pas une preuve de brutalité? La détention illégale et les accusations farfelues ne sont pas des preuves d'abus de pouvoir? Dans une société de droit, voilà longtemps que toutes les accusations auraient été abandonnées, ne serait-ce qu'en raison de vices de procédure.

Mais Mario Roy est un éditorialiste formaté qui ne s'informe pas ailleurs qu'aux nouvelles de TVA, et visiblement seulement une fois par mois.

Marie-Claude Lortie n'est pas en reste dans le rayon des bêtises. Pas loin d'une pub de Rolex, elle échoue elle aussi lamentablement à prendre ses distances face aux évènements. Son texte, "Des deux côtés de la clôture", et aussi idiot que méprisant. Elle commence par un décidé "Depuis Seattle en 1999, on est habitués." Habitué-e-s à quoi? À regarder des images de manifestant-e-s écrapouti-e-s à partir de son salon? Visiblement, les contestataires (et flics, nuance-t-elle) sont coupables du crime le plus grave: ennuyer Sa Majesté Marie-Claude Lortie ainsi que sa cour de lobotomisé-e-s.

Paradoxalement avant de les défendre, elle y va de nombreuses pointes contre les activistes de gauche: entre autres, elle désigne Naomi Klein comme la "gourou de l'altermondialisme". Lortie n'a jamais pensé sortir de son monde autoritaire qui fonctionne avec une hiérarchie clairement définie: son cerveau fonctionne de même. Normal qu'elle décide de désigner une figure qui sort du rang (notamment en terme de ventes...) comme notre leader incontesté. Des punks de Montréal ont déjà répondu à ce genre de réactions stupides en collant une affiche sur leur chien qui disait "PDG des anarchistes". J'avais trouvé cette idée vraiment amusante et je pense qu'on n'a pas besoin d'en rajouter.

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[1] Comme si ça ne nous faisait pas chier d'aller en prison.

lundi 23 août 2010

Tribunal.

Bonne chance à nos camarades qui sont en train de comparaître à Toronto.

Les jeunes issu-e-s de la réforme

Ce n'est pas une génération perdue. Arrêtez de vous acharner sur eux, vieux cons.

Non mais c'est vrai quoi. Laissez-leur une chance. J'ai l'impression qu'on traite de plus en plus ces jeunes comme des idiot-e-s congénitaux. Je soupçonne les profs du secondaire anxieux d'avoir accumulé du mépris pour les élèves qu'ils/elles ont formé-e-s. La FECQ essaie de défendre ses futur-e-s membres et c'est tout à fait louable mais je trouve qu'elle est trop conciliante.

Plutôt que de chialer en prétendant que les jeunes de la réforme ne sont pas prêt-e-s à entrer au cégep, certain-e-s profs devraient apprendre à ne plus faire d'erreurs d'orthographe au tableau. Et je suis navré pour ceux et celles qui font réellement des efforts, mais je pense qu'ils/elles devraient également arrêter de se comporter en bullies dans les facultés universitaires au cours de leurs études, puis en corporatistes jaloux et jalouses dans les polyvalentes ensuite.

Je ne sais plus combien de fois je me suis fait picosser par des profs de français qui considéraient que ma virgule était pas au bon endroit, allant jusqu'à corriger maladivement des citations de Proust, poussé-e-s par une envie insurmontable de faire chier tout le monde et de tuer la beauté. Je sais plus combien de fois les profs de mon bacc ont dû interrompre leur cours parce qu'un-e étudiant-e en éducation ne savait pas que "Napoléon" et "Bonaparte" étaient en fait une seule personne.

Je sais pas, faites comme Pwel, tiens, et allez voir du pays. Ou lisez un peu.

Mon prof de maths, en secondaire cinq, m'avait refilé 1984. Il avait entendu parler de mes goûts par un autre prof[1] et il s'est dit que ça m'intéresserait. Jolie éclaircie dans un ciel uniformément gris d'enseignant-e-s parfaitement bien formaté-e-s. C'est d'ailleurs un fait avéré que pas mal d'originaux/ales sont marginalisé-e-s dans les salons du personnel. Ne me dites pas que c'est faux, je sais de quoi je parle.

Un-e bon-ne prof sait passer outre les exigences de coutumes pédagogiques ridicules parce que ce n'est pas un-e simple pédagogue, mais quelqu'un qui a du contenu. Mort à la dictature du cahier d'exercice.

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[1] Et pourtant, j'étais un élève au caractère effacé.

mardi 10 août 2010

Pourquoi les vieilles règles sont nulles.

Je voudrais commencer ce billet par un avertissement: faites bien attention à la manière avec laquelle vous comprendrez ce billet. Navré aussi de ne pas ajouter de notes de bas de page pour renvoyer à plein de références scientifiques.

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Rien ne nous prouve hors de tout doute que les relations hommes-femmes, dans toutes les sociétés dites primitives, penchaient nettement en faveur des hommes. Plusieurs anthropologues et historien-ne-s se ont étudié la question. Mais il y a déjà plusieurs siècles, le premier regard des Français nouvellement arrivés au Canada permit de constater que les femmes autochtones avaient un grand pouvoir sur leur propre destinée, pouvant coucher avec qui elles le souhaitaient et abordant la question du divorce avec une liberté qui ferait pâlir d'envie les trois-quarts des femmes mal prises du globe.

Apparemment, la tyrannie de l'homme sur la femme s'installe dès les premiers signes, dans une société, de l'arrivée d'un système complexe et hiérarchisé. Cette domination, selon moi, est directement liée à la masse musculaire et au profit que les hommes ont pu tirer de la division genrée des tâches. Dans des exceptions qui ne nous intéresseront pas dans ce billet, la religion, ennemie séculaire de la condition de la femme, lui a paradoxalement permis de garder un statut imposant par le biais d'idéologie spirituelle mettant l'accent sur la force de la fertilité féminine.

Les conservateurs/trices ont raison sur un point: il y a presque toujours eu des rôles genrés à travers l'histoire, et ce même dans les sociétés les plus "primitives". En revanche, ils/elles ont complètement tort quand ils/elles affirment que ces rôles sont naturels: puisque ce ne furent jamais les mêmes! Par exemple, chez plusieurs peuples d'Afrique centrale, les femmes furent pendant longtemps les principales pourvoyeuses en nourriture. Idem pour les nations semi-sédentaires de langue iroquoise. Les seuls rôles qui ne changent presque pas, c'est celui de la guerre pour l'homme, et l'éducation des enfants en bas âge pour la femme. Inutile de dire que ces rôles perdent leur sens en temps de paix, c'est-à-dire presque toujours.

Cette distribution, qui dans le contexte actuel est absolument ridicule, n'était pas nécessairement un signe de la domination absolue de l'homme sur la femme: pour reprendre mon exemple préféré, chez les Iroquois, c'était les hommes qui se battaient mais les femmes qui décidaient d'entrer en guerre.

De la même manière, l'absence de réciprocité dans la fidélité n'était pas nécessairement un signe de la domination totale de l'homme sur la femme. J'explique ce que j'entends par absence de réciprocité: c'est le fait de punir seulement l'adultère de la femme. En ce qui concerne les premières sociétés, cette pratique est on-ne-peut-plus logique: en effet, l'adultère de l'homme ne réduit pas de facto le pouvoir de reproduction de la femme, c'est-à-dire que même si l'homme peut aller voir ailleurs, sa femme légitime pouvait toujours tomber enceinte de lui à tout moment. L'inverse n'est pas vrai. L'infidélité féminine réduisait le pouvoir de reproduction de son époux légitime: si l'adultère était suffisamment fréquent, le mâle pouvait même se retrouver à élever plusieurs enfants dont il n'était pas le géniteur. Ajoutons à ça le nombre élevé de morts en couches[1].

Bref, sur le plan strictement reproductif et biologique, l'infidélité masculine avait autrefois moins de conséquences sur la transmission des gènes de sa propre femme que l'inverse. Il est aussi possible que le compromis de non-réciprocité ait été arraché aux femmes à l'intérieur de sociétés qui n'étaient que légèrement machistes.

L'évolution des sociétés devait gêner davantage la liberté sexuelle des femmes, au gré du pouvoir (sans doute) grandissant de l'homme. En Grèce antique, une femme ne peut pas empêcher son époux d'aller voir une maîtresse: la seule faute de l'homme pouvant justifier un divorce est le fait de faire entrer la maîtresse à de nombreuses reprises dans la maison conjugale, et/ou le fait de ne plus entretenir l'épouse légitime afin de payer des caprices à l'amante.

L'autre obstacle à l'infidélité féminine est paradoxalement une mesure égalitaire (entre hommes) et non généralisée arrachée sans doute après des millénaires de violence et de domination des (hommes) forts sur les faibles: la monogamie. À ce propos, plusieurs sociobiologistes croient dur comme fer que les humains sont naturellement monogames[2]. Possible, mais le fait est que la polygamie et le cocufiage sont trop répandus pour que l'ambition compétitive des individus n'ait pas à de nombreuses reprises défié ce qu'on appelle de manière erronée et biaisée la nature humaine.

En général, la fidélité féminine résiste comme valeur centrale tout d'abord parce que la femme est l'esclave du mode de reproduction, ensuite par nécessité de survie - l'homme devient l'unique pourvoyeur - et finalement, avec l'arrivée des femmes sur le marché du travail, en raison du statut social d'un couple.

La situation reste sensiblement la même à travers les époques, en bref: l'homme peut courir les jupons et la femme doit rester sage. On peut penser qu'avec l'arrivée du féminisme, cette fidélité aurait dû tomber immédiatement comme un vieux rideau souillé: or le hasard fit qu'une majorité de femmes exigèrent plutôt de leur compagnon que celui-ci restât également fidèle.

Empêcher les femmes d'aller voir ailleurs pour protéger son patrimoine génétique, c'était pitoyable[3], mais logique; les restreindre pour conserver la paix sociale et l'ordre familial, c'était compréhensible en admettant que c'était une solution brutale née dans un monde brutal; mais conserver ces contraintes dans la société actuelle[4], avec la contraception, la haute espérance de vie et l'éclatement des familles, ça ne répond à aucune nécessité. Conserver les mêmes standards dans une société postcapitaliste (dans le sens où on va avoir évacué l'ancien monde par les chiottes) serait également complètement dénué de logique. Voilà pourquoi les vieilles règles sont nulles.

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[1] Lire Histoire de l'adultère, de Bonnet et Tocqueville. Geoffrey Miller a aussi tenté de parler des conséquences évolutives de l'adultère, mais je vous conseille de ne pas boire en même temps que de lire son livre: vous risquez de vous étouffer.
[2] Pour une critique constructive des sociobiologistes, je vous conseille fortement le livre de Daniel Lord Smail, On Deep History of the Brain. Mise à jour: voilà un article intéressant sur l'histoire du couple
.
[3] De mon point de vue, les gens qui ressentent aujourd'hui une forte volonté d'autoreproduction sont mûrs pour une thérapie. C'est plus de la connerie pure qu'une inclination naturelle et biologique. Même chose pour la jalousie, quoique ce soit peut-être un peu moins stupide si elle naît d'une sensation d'abandon et de carence plutôt que d'une volonté de contrôle.
[4] Elle est tout de même restée brutale.

lundi 9 août 2010

La police humiliée

Le SPVM est moins fière maintenant qu'elle a été prise la main dans le sac à plusieurs reprises en peu de temps. Même les mass médias en rajoutent: c'est en première page de La Presse d'aujourd'hui.

Une étude, produite par le criminologue Mathieu Charest, montre une fois de plus que le SPVM a recours au profilage racial. Malgré la méthodologie légèrement déficiente de l'étude, on peut en arriver à cette conclusion: les Noirs de Montréal sont plus ou moins interpellés 4 fois plus souvent que les Blancs. Utilisant visiblement une autre source que les fiches d'interpellation qui ont servi à arriver à cette dernière constatation, l'étude affirme même, selon les journalistes de La Presse, que: "Dans le quartier Saint-Michel, la proportion de jeunes Noirs soumis à des contrôles d'identité est également élevée: 41% des Noirs ont été interpellés, contre seulement 5% des Blancs." Les proportions sont semblables à Montréal-Nord, sans surprises. Des dizaines de causes ont déjà été entendues à ce propos, et la CDPJ (Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse) a à plusieurs reprises blâmé les flics pour leur conduite raciste.

On apprend aussi aujourd'hui que la police de Laval a visiblement mieux à faire que de courir après des voleurs de pommes: elle choisit parfois de suivre au hasard des individus jusque chez eux pour les interpeller, voire les arrêter simplement parce que frustrés par leur attitude de mouche à marde, ils leur adressent un fuck you. Sans étonnement, les cochons visés par la plainte en déontologie ne seront pas punis, parce que c'est "la première plainte formulée contre eux".

Et dire qu'il y en a encore pour croire qu'il n'y a pas de brutalité policière au Canada. Et pourtant, le terme même de brutalité policière est un pléonasme. La seule manière de se débarrasser de la brutalité policière, c'est de plus avoir de police.