Les chroniqueurs/euses de la Presse lancent souvent des idées au hasard sans jamais chercher à vérifier. Je suis toujours étonné de lire des inepties déclarées de manière plus catégorique que dans les blogues (et tweets?) les plus amateurs. J'en comprends que les articles sont un simple prétexte à la pub qui remplit les pages des quotidiens. J'en comprends aussi que les éditorialistes ne font même pas l'effort de lire les autres articles du journal dans lequel ils écrivent leurs niaiseries.
Hier, Mario Roy donnait son étonnante opinion de la répression judiciaire de nos ami-e-s qui ont dû comparaître inutilement à Toronto le 23 août: il croit que malgré la culpabilité évidente des arrêté-e-s, les charges devraient être abandonnées. "Il y a des occasions où il faut savoir marcher sur ses principes, en effet, y compris celui de la justice." Ce serait donc justice de conserver les charges contre des gens innocents? Mario Roy ne le précise pas: il n'énonce pas l'idée pourtant évidente que sans doute 95% des accusé-e-s n'ont pas commis la moindre infraction pendant la fin de semaine du G20, et que la minorité de "coupables" qui se sont fait pogner ne méritent pas des accusations aussi graves de complot en vue de commettre un acte criminel. Mais s'illes ont été arrêté-e-s, c'est nécessairement parce qu'illes l'ont cherché, n'est-ce pas, M. Roy?
Le vieil éditorialiste sénile commente aussi un texte qui, à l'origine publié dans Le Devoir, a fait le tour du milieu anarchiste québécois (et même français dans une certaine mesure): "De fait, on trouvera dans Le Devoir de ce matin, sur une demi-page, un exemple de la prose extraordinairement convenue et banale à laquelle le courant anarchiste en est réduit." Or, on pourrait lui reprocher la même chose. "La police joue le jeu des anars"[1], "les gens masqués ont quelque chose à cacher", sont des idioties qui ont tellement été répétées qu'elles ont l'effet de simples jappements.
L'éditorialiste va au-delà du doute raisonnable: s'il pense que la police a eu tort de provoquer des gens belliqueux par des arrestations massives, il ajoute prudemment qu'ils ont aussi agi "peut-être même (mais comment peut-on vraiment connaître la vérité ?) par la brutalité et par l’abus de pouvoir." Sauf que la vérité est établie depuis longtemps là-dessus. Quelqu'un qui se fait piétiner par une charge de cavalerie n'est donc pas une preuve de brutalité? La détention illégale et les accusations farfelues ne sont pas des preuves d'abus de pouvoir? Dans une société de droit, voilà longtemps que toutes les accusations auraient été abandonnées, ne serait-ce qu'en raison de vices de procédure.
Mais Mario Roy est un éditorialiste formaté qui ne s'informe pas ailleurs qu'aux nouvelles de TVA, et visiblement seulement une fois par mois.
Marie-Claude Lortie n'est pas en reste dans le rayon des bêtises. Pas loin d'une pub de Rolex, elle échoue elle aussi lamentablement à prendre ses distances face aux évènements. Son texte, "Des deux côtés de la clôture", et aussi idiot que méprisant. Elle commence par un décidé "Depuis Seattle en 1999, on est habitués." Habitué-e-s à quoi? À regarder des images de manifestant-e-s écrapouti-e-s à partir de son salon? Visiblement, les contestataires (et flics, nuance-t-elle) sont coupables du crime le plus grave: ennuyer Sa Majesté Marie-Claude Lortie ainsi que sa cour de lobotomisé-e-s.
Paradoxalement avant de les défendre, elle y va de nombreuses pointes contre les activistes de gauche: entre autres, elle désigne Naomi Klein comme la "gourou de l'altermondialisme". Lortie n'a jamais pensé sortir de son monde autoritaire qui fonctionne avec une hiérarchie clairement définie: son cerveau fonctionne de même. Normal qu'elle décide de désigner une figure qui sort du rang (notamment en terme de ventes...) comme notre leader incontesté. Des punks de Montréal ont déjà répondu à ce genre de réactions stupides en collant une affiche sur leur chien qui disait "PDG des anarchistes". J'avais trouvé cette idée vraiment amusante et je pense qu'on n'a pas besoin d'en rajouter.
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[1] Comme si ça ne nous faisait pas chier d'aller en prison.
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Tous et toutes des trous du cul.
RépondreSupprimerTout simplement.
En effet.
RépondreSupprimerJ'aime bien cette image qui semble circuler sur le web : http://ucl-saguenay.blogspot.com/2010/07/blog-post.html.
RépondreSupprimerOu ce texte de FDD qui démontre à quel point la répression policière se fait sur une base idéologique (même si nous on est déjà au courant) :
http://www.creum.umontreal.ca/IMG/pdf/ATELIERS_VOL1N1_04_58_80.pdf
Assez frappant. Point positif: comme les arrestations de masse semblent être une tactique vieille de plus de dix ans (108 arrestations en 97 lors de l'opération du Commando Bouffe!), je pense qu'on peut en conclure que les choses ne se sont pas tellement détériorées...
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