mardi 30 septembre 2008

Le mouvement anti-Harper s'élargit à l'extérieur des partis.

Après le vidéo de Michel Rivard et de ses acolytes, un nouveau mouvement formé sur le web dénonce le gouvernement Harper, cette fois-ci non seulement au sujet de la culture, mais à partir de tous autres fronts possibles. Plusieurs personnalités culturelles et politiques ont enregistré un court message sous forme de vidéo pour expliquer leurs raisons de ne pas voter pour Harper. Vous pouvez jeter un coup d'oeil au concept ici. Le vidéo d'introduction est disponible sur Youtube .

mercredi 24 septembre 2008

Stephen Harper, notre chef.

La présence d'un « leader » fort est un des éléments clefs de la campagne conservatrice. Les élites sont persuadées qu’une société de gens instruits a encore besoin d’un chef qui soit surhumainement fort, qui soit un héros altier et un commandant féroce ; on a besoin, disent-elles, d’un chef à la poigne de fer. Le premier ministre, bref, doit être le plus fier, le plus brillant d’entre tous et toutes : c’est le principe de l’aristocratie (le préfixe « aristo » signifie « le meilleur ») élue au suffrage, mais une aristocratie quand même, qui, déjà initiée aux sphères du pouvoir, n’aura pas de difficulté à s’y maintenir.

La recherche d'un chef puissant, d'un commandant couillu n'est selon moi que le symptôme d'une peur irrationnelle ou d'un manque de sens des responsabilités. Que le chef soit imaginaire (la main magique du marché capitaliste, par exemple) ou réel, le fait d'être dirigé par un demi-dieu est rassurant pour une population qui n'a jamais fait autre chose qu'obéir.

Le discours de la recherche du chef est très présent dans les États-Nations. On cherche un chef qui mettra fin à la guerre civile et à la misère noire en Haïti, on cherche un chef qui réunifira les clans en Afghanistan, et ici, on cherche un nouveau René Lévesque qui régnera par consensus et qui se saignera en martyr de notre division. Ce messianisme est une maladie mentale courante dans notre société, et elle atteint même les politologues de gauche comme Josée Legault, qui à Christiane Charette le 11 janvier dernier, avait parlé du déplaisir qu'elle ressentait de ne pas voir l'avènement miraculeux au Québec et aux États-Unis d’UN seul Homme d’État, d’UN dirigeant charismatique qui allait tout régler.

Stephen Harper, en dénonçant la faiblesse de Dion comme leader, et en se présentant lui-même comme un premier ministre fort qui écarte de nous tout danger et tout progrès social, joue sur notre désordre psychologique pour gagner des points. Parce qu'il croit que ses sujet-te-s ont moins peur de la dictature que de la liberté.

Une amie m'a dit, l'autre jour, comment elle faisait pour empêcher son rat domestique de s'enfuir, quand elle en adoptait un: "Il faut pas que tu le fasses sortir à sa naissance, sinon il va foutre le camp. Laisse-le dans sa cage pendant les premiers mois, et tu vas voir, même si tu ouvres la porte après, il va avoir peur de sortir. Un moment donné, il s'essaiera un peu dans l'herbe, si tu lui apprends, mais il rentrera dans sa cage vite fait."

Louis Veuillot, journaliste ultramontain et ultraconservateur, écrivit au milieu du XIXe siècle le Droit du Seigneur, qui était une défense de l'intégrisme catholique. En prenant le parti du vrai monde, de qui il se disait un ami, il affirmait: "Nous autres, petites gens, qui avons besoin de chefs, nous devons respecter le grade, la position, l'autorité acquise." J'ai parfois l'impression que ce discours revient à la mode, par fragments.

vendredi 19 septembre 2008

Le passé trouble de Gilles Duceppe

Gilles Duceppe, cet homme pour qui je ne voterai pas, était communiste, dans sa jeunesse. Ce passé resurgit de plus en plus souvent; on se sert encore de la peur du rouge (dans le sens de marxiste) et du syndicaleux pour convaincre les gens de voter pour les Conservateurs, en considérant l'appui de Duceppe à la laïcité comme de l'intolérance face à une Église catholique ultramontaine qui tente de renaître de ses cendres, ou plutôt de ses excréments.

Or, Alain Dubuc, ce notable fasciste capitaliste, était aussi un militant socialiste et maoïste dans ses jeunes années. On ne fait pourtant jamais appel à son passé obscur. Peut-être parce qu'il est trop conforme à ce que l'élite conservatrice attend de lui.

Et pourquoi les nationalistes ne font-ils pas attention au passé de Stockwell Day et de Stephen Harper? Stockwell Day est aujourd'hui beaucoup plus discret qu'avant sur ses sympathies créationnistes, et Harper est un "ancien" francophobe notoire. Stephen Harper accuse Gilles Duceppe de s'attaquer à l'Église catholique, mais celle-ci est dirigée par un "ancien" des jeunesses hitlériennes, qui n'a déserté qu'une fois que l'Allemagne fut réellement battue.

Mais les nationalistes sont crédules.

Et les Conservateurs sont des démagogues. Ils utilisent, afin de convaincre un peuple servile, des expressions populistes et des concepts simplistes; mais en coulisses, leurs plans sont complexes et impitoyables. Ils s'attaquent aux artistes, aux pauvres, aux autochtones, aux minorités marginales pour permettre à LEUR minorité de rester au pouvoir et de nous écraser. Ils disent défendre les gens ordinaires et les familles contre le mépris des gens moins ordinaires et les sans-famille, essaient de nous faire croire que les laissés-pour-compte sont dangereux pour l'Ordre (cette notion effroyable), mais les seuls qu'ils ne méprisent pas, c'est eux-mêmes.

Mort aux rats.

Lawrence Cannon et le mépris des autochtones


L'équipe de Lawrence Cannon a finalement accepté de rencontrer des membres d'une communauté algonquine, au cours de la campagne, à condition qu'ils "se comportent bien, soient sobres et ne génèrent pas de problèmes". Pouvons-nous vraiment être surpris-e-s d'entendre de tels propos venant des Conservateurs, eux qui refusent même de signer la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, une charte contre laquelle seulement 4 pays se sont prononcés?

Sommes-nous surpris d'entendre ces paroles racistes, quand Stephen Harper lui-même viole l'Accord de Kelowna, signé en 2005, et qui prévoyait à l'origine une aide précieuse aux autochtones (5oo millions par an pendant dix ans)?

À la fin de la marche du 13 septembre, organisée par un cercle d'autochtones de l'UQÀM, annoncée il y a quelques jours dans les Tribulations du Mouton Marron et appuyée non seulement par des regroupements autochtones, mais aussi par les mouvements étudiants (dont l'ASSÉ), un représentant des Premières Nations, un jeune, avait appelé à défaire le gouvernement conservateur. À ce sujet, les autochtones sont presques unanimes. Destituons les ségrégationnistes de leur poste de pouvoir. Et si possible, n'installons personne à leur place.

mardi 16 septembre 2008

Muslim Massacre

Je remercie tout d'abord Yahoo France d'avoir donné autant de visibilité à ce créateur amateur (raciste?), parce que ça m'aura permis d'écrire la première et dernière (j'espère) capsule jeu vidéo de ce blogue.

Ce jeu exceptionnel, bien réalisé, original, permet à tous les gens remplis de haine de passer leur colère et leur soif de violence sur des hommes barbus et des femmes voilées, dans des décors adaptés à l'expression des instincts les plus sadiques.

Le créateur de ce jeu, un Australien paraît-il, a créé un scénario amusant: un genre de Rambo doit sauver les USA de l'emprise des Musulmans, contre qui une guerre d'extermination a été déclarée par le président Bush. On peut voir, sur la petite image ci-dessus, à quel point sont jolies les petites taches écarlates laissées par le sang des victimes du GI en question.

Selon les médias, le créateur en question se serait excusé et aurait retiré le jeu du net hier, en appuyant sur sa valeur parodique; mais Yahoo France, ce réseau formidable, a eu la présence d'esprit d'ajouter à son article un lien parfaitement fonctionnel vers la page où on peut encore télécharger le jeu en toute quiétude et sécurité. Faisant déjà suffisamment de publicité pour ce crétin consommé en publiant un billet à ce sujet, je pense inutile de vous envoyer des liens supplémentaires.

L'introduction de ce programme est très bien réalisée, et c'est en fait la seule partie du jeu qui en vaille vraiment la peine. On peut y entendre des collages de discours du Président. On peut d'ailleurs se demander, du début à la fin de notre expérience visuelle et auditive, si le créateur blague ou pas. Notons aussi que c'est loin d'être le premier jeu ayant une forte teneur raciste ou xénophobe. Resident Evil avait reçu d'amère critiques il y a quelques années, et différentes versions de Counter Strike, adaptées par les USA et l'Iran, présentent des missions où on peut massacrer exclusivement du petit Blanc ou de l'Arabe, selon la préférence.

Muslim Massacre, de Sigvatr
Graphisme: 5/10
Jouabilité: 7/10
Coté DI: Destiné aux imbéciles.

samedi 13 septembre 2008

Baisse radicale de la fréquentation / Chavez - Morales - Bush

Il semble que depuis que j'ai ouvertement fait part de mon soutien à certaines idées anarchistes, la croissance des visiteurs et visiteuses s'est transformée en déclin soudain. Bien entendu, je n'ai pas créé ce blogue afin de me ploguer, mais quand même, si j'ai choqué les sensibilités ou déçu les espérances par mes derniers articles, du reste assez grossiers et irrespectueux (j'ai quand même traité les riches de gros tas, des anarchistes de charlatans, et j'ai appelé les gens à jeter des pierres aux politiciens) je m'en excuse.

Et si je me rends compte que malgré l'écriture de deux billets par semaine, je n'arrive pas à recevoir plus d'une visite par jour, je pense que ce blogue va prendre le bord assez vite. Parce qu'après tout, j'ai un mémoire de maîtrise à rédiger (ça vous glace le sang de savoir qu'on me laisse baver allègrement sur les pupitres des universités, non? Un goujat comme moi, en voie de devenir un véritable HISTORIEN - peut-être qu'un jour j'enseignerai à vos enfants...), j'ai l'écriture d'un roman et d'un recueil de nouvelles à terminer, une nouvelle langue à apprendre, etc. Je pense que je peux frapper bien plus fort, d'ailleurs, en publiant mes récits de fiction (mes recherches historiques n'ont pas de lien avec la politique, fort heureusement pour l'humanité) qu'en écrivant des textes de qualité assez réduite sur un blogue que personne ne vient voir.

Ou peut-être que je m'en fais pour rien, et que ce blogue manque simplement d'audace, de rigueur ou de publicité. Je gagnerais certainement en lui donnant un nom plus accrocheur (quelque chose comme "Fleur-de-lys" ou "fuck les BS parasites") et en choisissant des sujets plus facilement googelisables, comme parler de Stéphane Dion et de son alliance secrète avec le Parti Vert, mais je ne serais alors plus fidèle à mon approche anti-marketing qui, étonnament, ne s'était pas montrée tout à fait foireuse jusqu'à récemment.

***

Les chefs d'État de plusieurs pays "socialistes" d'Amérique latine sont en conflit avec les États-Unis, et ont cru bon de s'allier stratégiquement avec les fascistes de la Russie. Bande d'inconscients! Le responsable du pourissement de la situation en Bolivie est sans doute le gouvernement américain, mais les conséquences d'un retour à la guerre froide risqueraient de faire crever seulement des innocent-e-s et d'épargner les coupables. De plus, le rapprochement avec la Russie pourrait empêcher toute personne rationnelle de prendre parti pour les victimes du terrorisme états-unien. Vivement un monde débarassé de toutes ces brutes, étatistes-populistes comme capitalistes, qui sont la cause de l'oppression et des guerres! Libérés de ces manipulateurs et de leurs discours pompeux sur la nation et sur le diable, plus jamais nous n'aurions l'imbécilité de voter pour notre propre mort, ou pour notre graduelle décomposition au fond des tranchées.

jeudi 11 septembre 2008

Piquetage contre la déportation des déserteurs

Juste avant la manifestation pour les droits des autochtones, samedi le 13 septembre à midi, tout le monde se réunit au Complexe Guy-Favreau à Montréal (200, boul. René Lévesque), pour dénoncer la déportation des déserteurs américains fuyant la guerre d'Irak. Ceux-ci, malgré la résolution prise l'an dernier en chambre, seront renvoyés aux États-Unis, où ils risqueront la prison. Harper a en effet décidé de défier les résolutions adoptées au Parlement et d'aller de l'avant dans ses initiatives dictatoriales, brimant ainsi les droits humains et la liberté de citoyens américains souhaitant seulement vivre en paix et ailleurs que dans un trou d'obus.

Pour plus d'informations: http://www.resisters.ca/index_en.html

***

Le Mouton Marron invite tout le monde à participer à ces évènements et plus encore. Il appelle à la DESTITUTION de Stephen Harper, par tous les moyens possible, et cela avant, pendant ou après les élections. Les Conservateurs montrent de plus en plus leurs véritables couleurs: ce sont des fondamentalistes religieux de la même trempe que les dirigeants de l'Arabie Saoudite. Par les actions meutrières qu'ils cautionnent à travers le monde, leur action de censure au Canada, et leur répression ici même, ils font d'eux-mêmes des terroristes et des criminels. Chavirons-les.

lundi 8 septembre 2008

Évènements à venir

I. Le premier évènement à venir, c'est la manifestation du samedi 13 septembre, organisée par le Cercle des Premières Nations de l'UQÀM. La marche vise à inciter le gouvernement canadien à reconnaître la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, niée actuellement par notre cher Parlement fédéral. La manif commencera à 14h00, au Parc Émilie-Gamelin, station Berri-UQÀM, à Montréal.

II. Le 18 septembre, entre 17h30 et 19h, devant le 1420, Sainte-Catherine Ouest (Métro Guy-Concordia), il y aura du piquetage, une distribution de bouffe gratuite et une conférence antimilitariste (de l'ex-soldat Martin Petit) organisées par le collectif "Opération Objection". Celui-ci s'oppose à la propagande pro-recrutement du gouvernement canadien, qui incite les jeunes à s'engager dans les Forces armées, tout en leur cachant certaines informations.

III. Les élections sont déclenchées! Les pancartes reviennent salir nos villes! Chassons les députés de chez nous à coups de pieds dans le cul! Le Directeur Général des Élections aussi! Voici un petit paragraphe publié pour les dernières élections provinciales, sur un autre de mes blogues, dédié surtout à la poésie.

"J'aurais bien voulu faire mine d'ignorer cet exercice devenu insultant, (maintenant, au lieu de payer un roi quelques millions de piasses pour qu'il nous bastonne, on paie cent députés pour qu'ils hochent la tête sous la menace des financiers et pour qu'ils organisent notre esclavage), mais personne ne s'en serait rendu compte. Alors j'exprime mon dégoût et mon envie de dégueuler sur les papiers et les chèques de nos élus. Avant d'accomplir votre devoir de citoyen (scrutin rime avec putain), dites-vous, si vous tenez à votre aliénation, que la démocratie, selon les pères de la nation, se définit par un droit de vote fait à l'aveuglette. Moi, qui ne tiens pas à mon aliénation, je me dirai, après avoir voté (blanc ou noir), que ma démocratie naîtra dans un isoloir et se terminera dans les couilles de la première ordure venue, entre lesquelles j'aurai jeté un morceau d'asphalte décollé du pavé."

samedi 6 septembre 2008

Les hommes riches du Canada sont plus gros.

On nous colporte, dans la culture populaire, une certaine idée du pauvre: c'est un gros tas qui ne fait rien de sa journée. Or, Statistiques Canada, dans une étude sur l'obésité, affirme que les gros tas sont plus nombreux parmi les riches que parmi les gens des classes inférieures, surtout chez les hommes. Chez les femmes, c'est parmi la classe moyenne qu'on trouve le plus d'obèses. Nous vivons dans une société patriarcale qui en demande beaucoup aux femmes de l'élite, sur le plan de l'apparence.

Le mythe de l'assisté social obèse et grabataire tient moins bien dans mon esprit que celui de l'homme d'affaires, fumeur de cigare, chauffeur de voitures de golf, amorphe et mou.

(Maudit que je suis de mauvaise foi, quand même. Mais c'est tellement délicieux. Ha ha ha ha!)

mercredi 3 septembre 2008

Comment l'anarchie est-elle possible? - Parenthèse au sujet des libertariens.

Le terme "anarchie capitaliste" ne vaut pas, il va s'en dire, la moitié d'une tripe de cochon. (Martin Masse, qui se dit "libertarien" et "électron libre", fait partie de cette mouvance. Il parle souvent de la "liberté véritable", et l'oppose à celle des "parasites", c'est-à-dire les étrons libres comme moi. Il prétend que le laisser-aller économique finira par venir à bout de tous les totalitarismes, mais il ne s'oppose toutefois pas à la répression de l'État, des corporations et de leurs paramilitaires, qui marchent toujours main dans la main; il dit être un opposant au pouvoir établi, mais il est passé par les rangs du Reform Party dans les années 90; il a défendu l'étalement urbain et la voiture aux dépens de la vie civile; il est bref une bonne caricature de ce que représente un anarcho-capitaliste.) Les anarcho-capitalistes ne peuvent pas être considérés comme libertaires parce qu'ils ne reconnaissent pas le pouvoir coercitif de la propriété privée, et surtout du capital. Ils agissent devant leurs divines corporations un peu comme les Maoïstes devant la Chine communiste; ils ne reconnaissent pas leurs crimes, ou pire encore, félicitent la répression du droit de libre-expression et d'information. Citons par exemple Martin Masse, qui parle ici des SLAPPs (les procès contre la parole publique), pratique courante chez les capitalistes du Québec: "Les groupes écologistes qui se font poursuivre pour diffamation l'ont bien mérité." Son collègue, Marc Meunier, renchérissait: "Les entreprises s'autoréglementent toutes seules." Je vous renvoie à mon précédent article concernant les perles de ces bonzes du libertarianisme, d'ailleurs à peu près tous lancés en affaires. Considérant les lois économiques comme infaillibles, les désirs comme immuables, la plupart des anarcho-capitalistes ne peuvent se considérer vraiment comme anarchistes. Ce sont des intégristes, qui croient au dieu du libre-marché capitaliste*, et le veulent comme unique monarque. Selon eux, seul ce règne invisible leur permettra d'être libres. Or, ils n'hésitent pas à faire l'éloge de la coercition quand elle vise à protéger la propriété privée des fortuné-e-s ou des entreprises assassines.

Pourquoi certains capitalistes se réclament-ils donc de l'anarchisme? Les capitalistes ont toujours agi par syncrétisme. Sous la Monarchie de Juillet, les bourgeois avaient des places de premier rang; Ils avaient ainsi absorbé l'idéologie royale, même si celle-ci était théoriquement à l'inverse de leur pensée. Ailleurs dans le monde, les capitalistes ont prospéré dans presque toutes les dictatures, mêmes à l'intérieur de certaines prétendument communistes. C'est que, depuis l'Antiquité, le régime le plus populaire est resté la ploutocratie, qui peut s'installer peu importe le fonctionnement des élections et le type de représentation. Ainsi, il est naturel d'entendre les capitalistes appuyer une idéologie dite anarchiste, simplement parce que antiétatique. Mais il ne faut pas se fier à leur bonne foi. Ils ne sont pas près d'abandonner le pouvoir.

Le capitalisme ne peut se rapprocher de l'anarchisme. La spéculation est l'essence même du capitalisme; elle permet aux banquiers de faire de l'argent avec de l'argent. Or, quand un riche ou un groupe de riches vient à s'accaparer une ressource dans le but de la revendre plus cher, il acquiert un pouvoir potentiellement coercitif sur la population, si cette ressource est jugée essentielle. Il peut retenir la vente, faire cesser sporadiquement la production, provoquer des fluctuations dans les prix qu'il contrôle et qui l'avantagent. Il peut menacer les consommateurs et consommatrices sans crainte de tomber lui-même dans la pénurie. Il n’y a pas de libre-contrat possible entre un puissant et son sujet.

De plus, pour conserver une vaste accumulation de propriétés privées, il faut au minimum bâtir un système complexe de protections employant des salarié-e-s intégré-e-s dans une milice ou une police privée. Si la simple jouissance de la propriété privée du capitaliste n'est donc théoriquement pas, sauf en période de pénurie, une démonstration violente de pouvoir, le fait de posséder une armée, et la reproduction à petite échelle des structures répressives de l'État, eux, seraient des démonstrations violentes de pouvoir.

Un capitaliste, dans un système aux structures étatiques abolies, ne peut prêter de l'argent sans compter brimer la liberté d'autrui pour des raisons punitives. La répression de la loi de l'État est actuellement un des principaux facteurs qui pousse les gens à rembourser leurs dettes. Comment, sans elle, les capitalistes parviendraient-ils à maintenir le mode de fonctionnement de leurs finances? Sans doute à l'aide d'une force de répression corporative dont l'armature reproduirait celle de l'État.

Bref, les anarcho-capitalistes utilisent incorrectement le terme « liberté », comme le terme « anarchisme »; le modèle qu’ils proposent et dont les paramètres sont tous déjà réglés à l’avance (comme si tout allait nécessairement bien se dérouler en suivant à la lettre LEURS directives) ne saurait nous émanciper, ni nous valoriser; il serait la ligature de l’expression, la castration de l’individu, et l’abdication de la raison et de la compassion face à la loi de l’offre et de la demande. Il n'y aurait nul endroit où se réfugier, sauf peut-être dans le consumérisme le plus absurde (prions pour qu'il soit d'ailleurs encore accessible, dans ces conditions, à plus de 1% de la population).

Pour un autre avis anarchiste (plus complet et érudit, surtout) sur la question.

*Il existe de nombreuses définitions du marché et du libre-marché. On parle spécifiquement du marché capitaliste ici. La précision n’a pas été ajoutée pour rien. J’élaborerai une autre fois là-dessus, parce que ce sujet est un bourbier et que ça m’écoeure.