dimanche 31 janvier 2010

Lagacé et Martineau sur Haïti

Bon, je n'ai pas encore tout lu des textes de Patrick Lagacé sur Haïti, mais je pense que cet article, dans lequel il minimise la responsabilité étrangère de la misère haïtienne, c'est de la pure connerie.

"Les Haïtiens, de toute façon, ne le prendraient pas [les critiques]. Brutaux entre eux, ça va, de dictateurs en putschistes, ils tolèrent. Et quand un président élu leur coupe les couilles, ce sont les marines américains qui le sacrent dehors. Pas les Haïtiens.

Mais si la critique vient d'un étranger, alors là, c'est le tollé, c'est le fleuve de courriels, c'est le verbiage sans fin à la radio, c'est l'accusation de visées colonialistes.

J'en ai assez des charades. J'ai eu le coeur suffisamment brisé par suffisamment d'enfants affamés, cette semaine. Je crois avoir décrit l'urgence avec suffisamment de compassion pour avoir le droit, ici, juste une fois, de dire que les Haïtiens participent activement à leur malheur. Par passivité, justement."

Nier le colonialisme occidental à Haïti, c'est comme nier le renversement d'Allende, d'Arbenz, c'est comme nier les escadrons de la mort au Guatémala et au Nicaragua. C'est nier des évidences que de nier qu'Haïti a été ruinée de l'extérieur.

Et c'est d'une grande hypocrisie que de jouer à l'âme vertueuse en versant dans le paragraphe suivant une larme sur les enfants affamés.

Je retiens aussi cette phrase éloquente écrite par Martineau pour dénoncer le texte d'un doctorant en sociologie qui commentait les téléthons: "Les étudiants en sociologie de l’UQAM ont fait quoi pour venir en aide aux sinistrés qui souffrent sous les décombres ?" C'est gratuit et c'est une attaque injustifiable sur le plan de la logique.

Pour ces médiocrités intellectuelles, je pense donc que les deux chroniqueurs se méritent chacun un bon:


mardi 26 janvier 2010

Les Anonymes sont des modérés

On entend souvent parler, depuis quelques mois, de l'Église de la scientologie. Ça a fait l'objet d'un article dans le Voir le 13 janvier et dans le Métro il y a quelques jours. J'ai aussi entendu, entre les branches, que Les Francs-Tireurs pourraient bien dédier une partie d'une de leurs prochaines émissions à la secte.

Il est maintenant difficile de parler de la scientologie sans mentionner ses dissident-e-s, organisés entre autres autour d'un collectif fantôme et international, Anonymous. Vous pouvez suivre les activités de la section de Montréal sur leur blogue.

Le combat contre la scientologie n'est pas très populaire au Québec: la scientologie non plus. Toutefois, on sait que la secte a enrôlé quelques personnalités québécoises connues, dont France d'Amour. Plusieurs églises existent, les plus importantes étant certainement celles de Québec et de Montréal. La secte s'est aussi implantée à travers quelques organismes de lutte anti-drogue. Elle a aussi une école et est à la tête d'une organisation influente: Narconon. D'une manière générale, la scientologie s'attaque aux personnes vulnérables en leur proposant des solutions faciles à travers la Dianétique, qui est une pseudo-science fondée par L. Ron Hubbard, un écrivain de science-fiction et premier gourou-PDG de la scientologie (l'actuel gourou-PDG étant David Miscavige).

La mauvaise réputation de la scientologie ne l'a pas empêchée d'être enregistrée au Québec comme religion en 1993. Il est difficile de comprendre comment on a pu arriver à cette décision. Les textes de la scientologie ne sont pas disponibles sans passer par le piratage informatique, le trafic de livres ou l'adhésion. L'Islam et le Christianisme, deux autres sectes stupides dont nous parlerons une autre fois, proposent gratuitement et en ligne leurs textes saints. Pourquoi tant de secrets chez les scientologues? Parce qu'on veut vous faire cracher votre cash. On estime que plusieurs centaines de milliers de dollars sont nécessaires à l'obtention des niveaux les plus élevés d'illumination scientologue, qui passe par la lecture de textes, la purge de thetans, l'écoute de CD payés 200$ et plus la pièce.

Les Anonymes dénoncent ces abus. À Montréal, ils organisent une manifestation antiscientologie une fois par mois, n'en manquant pas un, réglés comme des métronomes. Ils portent souvent un masque de Guy Fawkes[1], qu'on peut voir également dans la bande dessinée "V pour Vendetta" et le film du même nom.

Voici ce que la scientologie de Montréal pense des Anonymes: "C’est un groupuscule haineux et intolérant [...] Ils n’ont aucun respect pour la religion en général et se comportent d’une manière démontrant qu’ils ne connaissent rien à la scientologie." Autrement, on cherche à les faire passer pour des extrémistes, des gens dangereux, voire des criminels.

Je pense que c'est totalement faux. Les Anonymes semblent au contraire l'exemple même de la modération. Comptant parmi eux des gens de tous les horizons (dont plusieurs Baptistes-Évangéliques aux USA...), ils tentent scrupuleusement de rester dans la légalité afin d'éviter les poursuites judiciaires (même pour diffamation), l'arme de combat favorite des scientologues à l'égard des dissident-e-s. À Montréal, les Anonymes n'organisent jamais leurs manifestations sans parvenir à un accord avec la SPVM, avec qui ils n'ont pratiquement jamais eu de problèmes, restant toujours sur le trottoir, ne traversant même jamais la rue pour bloquer l'entrée de l'église, ne chahutant jamais les fidèles essayant de pénétrer. Malgré leurs costumes, ce ne sont pas des provocateurs ni des esprits subversifs.

Prétendre qu'ils sont contre toute religion est malheureusement une fausseté. Quant à l'allégation tenant les Anonymes pour des ignorant-e-s, elle est contradictoire: car qui connaît réellement la scientologie? Les adeptes eux-mêmes ne la connaissent que peu, tellement la secte est hiérarchisée et enfermée dans le silence.

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[1]"Vote Guy Fawkes: The only man ever to enter parliament with honest intentions." (Votez pour Guy Fawkes: Le seul homme à être entré au Parlement avec des intentions honnêtes) est un slogan employé par des anarchistes anglais, faisant référence à la tentative de Guy Fawkes de faire exploser le bâtiment de la Chambre des Lords avec toute la famille royale et l'aristocratie britannique, en 1605.

lundi 25 janvier 2010

Le mariage québécois est un échec.

Les statistiques disent en effet que le taux de mariage est beaucoup plus bas au Québec que dans les autres provinces. En 2008, par exemple, le nombre de mariages a été de 22 050 au Québec, soit un peu moins que 3 pour 1000 habitants. En comparaison, on contracta 63 962 mariages en Ontario, soit 5 pour 1000 habitants, la moyenne canadienne étant de 4.5/1000.

Sur le plan des divorces, le Québec se distingue également, avec par exemple en 2005 exactement 15 423 divorces pour seulement 22 244 mariages, contre 9 954 divorces en Colombie-Britannique pour 20 007 mariages. La moyenne canadienne se tient autour de deux mariages pour un divorce.

Sommes-nous malheureux/euses en amour, ou avons-nous seulement des difficultés à prononcer et tenir des voeux éternels? C'est pas moi que ça choquera, je suis contre le mariage.

Source: statcan

dimanche 24 janvier 2010

La Domination masculine au cinéma Beaubien

Il passe jusqu'au 28 janvier. C'est sans doute davantage un pamphlet qu'un documentaire, mais j'ai trouvé sa qualité vraiment remarquable. Sa plus grande diffusion constituerait d'ailleurs un excellent pied-de-nez aux masculinistes du Québec et autres détracteurs/trices du féminisme, surtout que certains des premiers ont réussi à faire avorter la visite de Patric Jean (le réalisateur du documentaire) à Montréal après lui avoir fait des menaces graves.

Il est vrai que les masculinistes du Québec, rencontrés par Patric Jean qui avait prétendu être un de leurs alliés, passent réellement pour des gros cons et des idiots. Comparaison avec le régime nazi, "régime taliban inversé", suppositions abstraites: ils tiennent un discours complètement fantasmagorique qui vaut la peine d'être vu juste pour se foutre de leur yeule. Patric Jean a toutefois clairement sélectionné les meilleurs bouts de ses entrevues pour les présenter, et il serait intéressant d'avoir accès à l'intégrale sur le site web du film (et non seulement quelques fragments supplémentaires). Mais bon, c'est peut-être trop en demander.

Mis à part ces entrevues, Patric Jean rencontre aussi une effeuilleuse, assiste à des témoignages de femmes violentées, participe à une rencontre entre féministes du Québec (telle qu'Hélène Pedneault, décédée en 2008), pro-féministes - c'est par ce terme que se désigne lui-même Francis Dupuis Déry - et se paye une visite au salon de l'auto.

Mon témoignage favori reste celui de l'homme violent québécois qui a appris à combattre ses tendances à l'agressivité en se livrant à un incroyable travail de lucidité.

La Domination masculine est un brûlot. Il est dommage qu'on en entende toujours moins parler que de cette infâme "Illusion tranquille".

mercredi 20 janvier 2010

Les paradigmes sexuels: l'asexualité existe aussi.

Suite à un débat sur le blogue de Noisette Sociale portant aussi sur la bisexualité, j'ai décidé d'écrire un billet sur ce sujet. Ce n'est pas facile du tout. Juste choisir une libellule est compliqué. Et pourtant, j'ai bien traité à plusieurs reprises de sexualité sur mon blogue. Et comme je me rends de plus en plus compte que les avis divergent immensément, j'ai décidé d'écrire ce petit billet en complément du débat initié par Noisette.

La science, qui est une des pierres angulaires de la sagesse contemporaine, a tenté à plusieurs reprises de prouver qu'il existait un gène de l'homosexualité. Les dernières conclusions allant dans ce sens ont été démenties par des recherches plus récentes.

Quel est au juste l'intérêt de découvrir des causes génétiques à l'homosexualité? Très simple. Une partie de la gaiegeoisie (à l'instar des queers nous appelons ainsi l'ensemble des groupes d'action homosexuels mainstream) souhaite que l'on prouve hors de tout doute que l'homosexualité est naturelle et prédéterminée à la naissance. C'est bref une manière de trouver une place au sein du grand schéma biologique organisé par nos scientifiques et ainsi de se justifier. Et pourtant, l'homosexualité ne se justifie pas: elle n'en a pas besoin. Le sexe entre deux personnes du même sexe, c'est tout simplement... bon et agréable.

Ce besoin que ressentent les homosexuel-le-s d'exister manque parfois de solidarité. Ainsi, il y a une croyance assez populaire chez les gays: celle que les bisexuel-le-s sont des homos refoulé-e-s. Pour plusieurs, la bisexualité n'existe tout simplement pas: c'est l'un ou c'est l'autre. Assez paradoxal pour des gens qu'on a accusé-e-s par le passé d'être "contre-nature", d'être un défi à leur propre biologie. Maintenant, on cherche désespérément à prouver que l'homosexualité est dans la nature, et simultanément on fait subir les mêmes vieux préjugés aux bisexuel-le-s, qui sont à leur tour qualifié-e-s d'être "contre-nature".

Mais même cela a tendance à changer. L'expérience transcende même la faible popularité des études scientifiques honnêtes. C'est maintenant presque quotidiennement que j'entends parler de l'échelle de Kinsey. Les bisexuel-le-s sont réellement en train d'entrer dans notre grand schéma des orientations[1]. Il y a maintenant sept compartiments dans lesquels ont peut se placer.

Reste encore qu'une dernière discrimination, basée sur le même paradigme, affecte les asexuel-le-s. On les accuse encore d'être un défi à la nature et de ne pas exister. Les arguments sont d'une simplicité extraordinaire: pour plusieurs, les asexuel-le-s n'ont tout simplement pas appris à aimer le sexe. Suivant cette logique, ne pourrait-on pas alors apprendre à aimer le sexe avec les deux genres? L'érotisme est-il une construction culturelle? Si c'est le cas, il ne faut pas faire deux poids deux mesures. Et accepter que des gens puissent préférer le rouge au bleu sans que se mette à l'oeuvre un inéluctable processus biologique.

Mais si c'est la biologie qui détermine notre orientation sexuelle, il faut pouvoir accepter que certain-e-s préfèrent les hommes, d'autres les femmes, d'autres tout le monde et d'autres personne[2]. Les gens qui n'ont pas de désir sexuel ne sont pas des détraqué-e-s.

Pour plus d'informations sur l'asexualité:
Le centre de documentation sur l'asexualité
Aven France

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[1] Vous aurez compris que je n'aime pas utiliser le terme d'"orientations". Comme je l'ai déjà dit ailleurs, une verge n'est pas une boussole. Je partage plus l'idée Paula Naurius: il peut y avoir plusieurs dimensions à notre désir. En gros, elle base ses conclusions selon deux droites. L'une décrit l'homo-érotisme et l'autre l'hétéro-érotisme. Si suite à son questionnaire vous obtenez 100% dans les deux, vous êtes bi et fucking libidineux/euse. Si vous obtenez 0% dans la dimension hétéro-érotique et 100% dans l'autre, vous êtes a-hétérosexuel-le et homosexuel-le. Si enfin vous obtenez un score très bas dans les deux dimensions, vous êtes asexuel-le ou hyposexuel-le.
[2] C'est volontairement que j'évite de faire mention des autres orientations, dont on ne discutera pas ici afin d'éviter toute déformation démagogique.

samedi 16 janvier 2010

Vous auriez pas besoin d'une chambre?

Je pense qu'il y a peu d'espoir que ma deuxième colocataire revienne. Il y aura donc, dans les prochains jours, une grande chambre vide et libre dans mon appartement, à Montréal (près de la station Fabre). Nous sommes déjà deux, mais grâce à ça, c'est vraiment pas cher. (309$ par mois tout inclus). Passez le mot...

Édition, 19 janvier 2009: Trop tard!

jeudi 14 janvier 2010

Lamentations.

L'horreur, la désolation, le sentiment de perte. Anglade est mort. Non pas que sa vie vaille plus que celle des 50 000 autres victimes, mais son décès met une face connue sur la souffrance. Il y aura un avant et un après séisme, même à Montréal.

Avant que les Chinois ne transforment leur mission d'aide en démonstration de puissance, avant que les nations ne se déchirent les lambeaux de l'aide et de la reconstruction (et de scandaleuses choses vont se produire à ce sujet, je vous le garantis), pour garder éveillés les gens de Port-au-Prince il n'y a que la terrifiante idée des décombres, de la poussière et de l'odeur des cadavres.

Les images déboulent comme des murs de brique mais on ne sait toujours rien. Le grand paradoxe médiatique: Google Earth a déjà publié des photos satellites des silhouettes de proches dont on attend toujours des nouvelles. On ne peut les reconnaître mais leurs ombres s'étirent dans les rues et dessinent vaguement leurs contours. Si ça ne sert à rien au moins ç'aura été un gros coup de pub.

Qu'en est-il de ces victimes et de leur désir de crier "Je suis vivant, je t'aime"? Ils errent comme des fantômes dans les rues, sans espoir. On imagine mal la force de la douleur. Ici, quand notre maison brûle, il y a une couverture, un café et des pompiers. Quand une personne meurt, on la met dans un tuxedo puis dans une boîte en bois vernis. C'est, ici, de l'exercice normal du deuil. Ici, il n'y a pas de buldozers et de fosses communes. Il n'y a pas de villes ravagées aux rues impraticables.

Partout on parle de résilience, de solidarité et de charité, mais comment porter une croix sur laquelle on est déjà crucifié?

mardi 12 janvier 2010

lundi 4 janvier 2010

Qui vit au-dessus de ses moyens?

Des économistes de droite (c'est peut-être un pléonasme), dont deux signataires du manifeste pour un Québec Lucide, ont pointé le gouvernement du doigt en disant que le Québec vivait au-dessus de ses moyens. Conclusion chez André Pratte: il faut baisser les impôts... afin de permettre aux riches de vivre au-dessus de nos moyens.

Je sais que je réagis un peu sur le tard, mais quand j'ai entendu pour la première fois parler de ce rapport en décembre j'étais trop ahuri (et fatigué) pour pouvoir réfléchir.

Car il y a dans la logique des éditorialistes de droite du Québec plusieurs choses que je ne comprends pas. Par exemple: "favorisons le dynamisme du système de santé public en le mettant en compétition avec un système de santé privé". Comment s'articulerait cette compétition? Pour quelles raisons le système de santé public tenterait-il d'arracher la clientèle du système de santé privé? Par fierté, tout simplement?

Il y a aussi le sympathique "nous manquons de moyens, donc laissons les médecins travailler au privé". Il me semble que justement, c'est en période de pénurie et quand les moyens nous manquent qu'il faut rationaliser les services. Cette idée saugrenue, c'est comme si pendant la Deuxième Guerre Mondiale, on avait dit à la population: "Désolés chers citoyens, mais la pénurie de sucre nous force à laisser agir la loi de l'offre et de la demande pour gérer les prix. Si on continue de rationner vos grand-mères vont mourir."

Ce que je n'arrive pas à comprendre, d'une manière plus générale en économie, c'est comment on arrive à déformer la réalité au point où un investissement virtuel compte plus que le bien matériel. Pourquoi dit-on qu'ouvrir une usine de gugusses inutiles est bon pour une population? La piscine intérieure du riche, même si elle est creusée et nettoyée par des employé-e-s, n'a de valeur intrinsèque que dans sa fonction de piscine. Comment se fait-il donc qu'on puisse voir dans sa création un acte de jouissance collective (c'est-à-dire une activité économique favorisant la croissance)? Je ne vois pas pourquoi j'aurais des raisons de jouir, j'irai jamais me baigner dans cette hostie de piscine...


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Quand on dit que le Québec vit au-dessus de ses moyens, ce n'est jamais pour accuser les gens d'acheter trop de Hummers et d'écrans plats, ou de manger trop de viande. C'est pour accuser les gens de mettre trop d'argent dans les bibliothèques, les écoles, les autobus et les hôpitaux.

dimanche 3 janvier 2010

Méfiez-vous de la nature humaine

La nature humaine est un des fantômes utilisé par les fatalistes, les capitalistes et autres qui, par ce que j'appelerais de la misanthropie pure, tentent d'imposer au genre humain un caractère universel qui le réduit plus souvent qu'il ne l'élève à une réalité tordue par un biais idéologique.

Nous avons souvent pu voir les démagogues utiliser ce concept pour nous faire avaler leurs conneries. "Le capitalisme est le seul système réellement adapté à la nature humaine", par exemple, est un des slogans que nous entendons assez souvent chez les leaders d'opinion. La nature humaine en vient en fait à justifier n'importe quoi: car notre éducation nous a appris à ne pas contester tout ce qui est dans la nature des choses.

De la même manière, on peut affirmer que la nature humaine crée des dominant-e-s et des dominé-e-s: c'est inéluctable. Tout renversement de cette situation conduirait au désordre et à l'anéantissement de la civilisation. On peut aussi affirmer que c'est dans la nature de la femme d'être maternelle, et de l'homme d'être violent: après tout, notre caractère n'est qu'une question d'hormones et l'expérience ne signifie rien...

Selon les défenseur-e-s de la nature humaine, il faut que notre système social soit adapté à nos instincts primaux, et non pas au bien commun. Mais quels sont ces instincts primaux? Et sur quoi se base-t-on pour affirmer que la nature humaine est telle?

La plupart du temps une intuition. Autrement, on observe le comportement d'autres primates. C'est aussi toujours avec une certaine agressivité que je reçois les spéculations d'anthropologues cherchant à trouver chez les macaques une copie du bon sauvage - c'est ridiculement con - un mythe disparu avec le raffinement des idées philosophiques... ainsi qu'avec les buldozers dans la forêt amazonienne.

Mais ne nous attardons pas à quelques scientifiques et revenons à ceux et celles qui défendent la nature humaine comme idée reçue. Revenons à Pratte, Dubuc, Jarilowski, etc. Ils sous-entendent que s'il y a eu une crise, ce n'est pas à cause des banques, du gouvernement, du système: c'est à cause de la nature humaine, qui est immuable. L'appât du gain serait donc plus fort que l'éducation, la compassion et la raison réunies...

Décortiquer un peu le propos de ces ésotéristes suffit à nous permettre de voir que la nature humaine n'est basée sur rien: c'est du vide. On ne peut pas déterminer qu'un comportement fait partie de l'intégralité biologique de l'être humain en se livrant à une simple observation ponctuelle d'un phénomène.

Bref, sommes-nous capitalistes parce que nous sommes cupides ou cupides parce que nous sommes capitalistes? Si nous avions un autre mode de vie, nos leaders auraient-ils aussi une autre vision de la nature humaine?