Suite à un débat sur le blogue de Noisette Sociale portant aussi sur la bisexualité, j'ai décidé d'écrire un billet sur ce sujet. Ce n'est pas facile du tout. Juste choisir une libellule est compliqué. Et pourtant, j'ai bien traité à plusieurs reprises de sexualité sur mon blogue. Et comme je me rends de plus en plus compte que les avis divergent immensément, j'ai décidé d'écrire ce petit billet en complément du débat initié par Noisette.
La science, qui est une des pierres angulaires de la sagesse contemporaine, a tenté à plusieurs reprises de prouver qu'il existait un gène de l'homosexualité. Les dernières conclusions allant dans ce sens ont été démenties par des recherches plus récentes.
Quel est au juste l'intérêt de découvrir des causes génétiques à l'homosexualité? Très simple. Une partie de la gaiegeoisie (à l'instar des queers nous appelons ainsi l'ensemble des groupes d'action homosexuels mainstream) souhaite que l'on prouve hors de tout doute que l'homosexualité est naturelle et prédéterminée à la naissance. C'est bref une manière de trouver une place au sein du grand schéma biologique organisé par nos scientifiques et ainsi de se justifier. Et pourtant, l'homosexualité ne se justifie pas: elle n'en a pas besoin. Le sexe entre deux personnes du même sexe, c'est tout simplement... bon et agréable.
Ce besoin que ressentent les homosexuel-le-s d'exister manque parfois de solidarité. Ainsi, il y a une croyance assez populaire chez les gays: celle que les bisexuel-le-s sont des homos refoulé-e-s. Pour plusieurs, la bisexualité n'existe tout simplement pas: c'est l'un ou c'est l'autre. Assez paradoxal pour des gens qu'on a accusé-e-s par le passé d'être "contre-nature", d'être un défi à leur propre biologie. Maintenant, on cherche désespérément à prouver que l'homosexualité est dans la nature, et simultanément on fait subir les mêmes vieux préjugés aux bisexuel-le-s, qui sont à leur tour qualifié-e-s d'être "contre-nature".
Mais même cela a tendance à changer. L'expérience transcende même la faible popularité des études scientifiques honnêtes. C'est maintenant presque quotidiennement que j'entends parler de l'échelle de Kinsey. Les bisexuel-le-s sont réellement en train d'entrer dans notre grand schéma des orientations[1]. Il y a maintenant sept compartiments dans lesquels ont peut se placer.
Reste encore qu'une dernière discrimination, basée sur le même paradigme, affecte les asexuel-le-s. On les accuse encore d'être un défi à la nature et de ne pas exister. Les arguments sont d'une simplicité extraordinaire: pour plusieurs, les asexuel-le-s n'ont tout simplement pas appris à aimer le sexe. Suivant cette logique, ne pourrait-on pas alors apprendre à aimer le sexe avec les deux genres? L'érotisme est-il une construction culturelle? Si c'est le cas, il ne faut pas faire deux poids deux mesures. Et accepter que des gens puissent préférer le rouge au bleu sans que se mette à l'oeuvre un inéluctable processus biologique.
Mais si c'est la biologie qui détermine notre orientation sexuelle, il faut pouvoir accepter que certain-e-s préfèrent les hommes, d'autres les femmes, d'autres tout le monde et d'autres personne[2]. Les gens qui n'ont pas de désir sexuel ne sont pas des détraqué-e-s.
Pour plus d'informations sur l'asexualité:
Le centre de documentation sur l'asexualité
Aven France
_______
[1] Vous aurez compris que je n'aime pas utiliser le terme d'"orientations". Comme je l'ai déjà dit ailleurs, une verge n'est pas une boussole. Je partage plus l'idée Paula Naurius: il peut y avoir plusieurs dimensions à notre désir. En gros, elle base ses conclusions selon deux droites. L'une décrit l'homo-érotisme et l'autre l'hétéro-érotisme. Si suite à son questionnaire vous obtenez 100% dans les deux, vous êtes bi et fucking libidineux/euse. Si vous obtenez 0% dans la dimension hétéro-érotique et 100% dans l'autre, vous êtes a-hétérosexuel-le et homosexuel-le. Si enfin vous obtenez un score très bas dans les deux dimensions, vous êtes asexuel-le ou hyposexuel-le.
[2] C'est volontairement que j'évite de faire mention des autres orientations, dont on ne discutera pas ici afin d'éviter toute déformation démagogique.
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Je suis d'accord avec ta position sur le sujet, mais c'est Kinsey, et non Kingsley qu'il faut écrire.
RépondreSupprimerOups. C'est corrigé.
RépondreSupprimerBon, c'est ça que je cherchais. L'échelle de Kinsey!
RépondreSupprimerMais on les met où, les asexuels sur cette échelle? C'est ça qui me mêle.
Sinon, ton texte est très pertinent parce que c'est vrai que de ça aussi, on en parle très peu... et on connaît très peu en général. J'espère que nous serons plusieurs à le lire!
Et merci pour ta participation dans le débat. J'apprécie beaucoup. :)
Les asexuel-le-s ne figurent pas sur l'échelle de Kinsey. Kinsey a prévu à cet effet une catégorie à part qui porte la mention: "absence de désir". Voilà pourquoi je préfère Paula Naurius.
RépondreSupprimerMerci à toi d'avoir initié le débat!
Il y a aussi le continuum de Michael D. Storms, qui est venu avant Naurius, je crois.
RépondreSupprimerhttp://asexualite.blogspot.com/search?updated-max=2009-02-09T11%3A12%3A00%2B01%3A00&max-results=3
Interessant comme billet. Je ne connaissait pas Kinsey, mais j'avais déjà entendu de Paula Nurius. J'aime bien la partie d'apprentissage. Comme si on devait apprendre ce don nous désirons.
RépondreSupprimerQuoi qu'il en soit, l'asexualité est un état qui est contradictoire avec la société d'aujourd'hui ou nous pronons la libération de soi-même via le sexe. Si tu veux être heureux dans la vie, il te faut une vie sexuelle satisfaisante. Hors, pour certaines personnes, il n'ont pas besoin d'un côté sexuel très développé pour être satisfait. Certain se contente uniquement du côté émotif et c'est très bien.
Comme je l'ai mentionné sur le blogue de Noisette, j'ai déjà sorti avec une fille que je soupconne être asexuelle. Cela ne nous empêchait pas d'avoir des relations sexuelles, mais elle préférait nettement mieux l'après de telles relation, ou nous nous blotissions l'un contre l'autre.
Tout ça pour dire que l'asexualité n'est pas un choix et qu'il faudrait que nous aprenons à solicité les gens à être eux-même plutôt que de les encouragé à se fondre dans un moule. Cela aiderait beaucoup de gens à être plus heureux... et pas seulement au niveau sexuel.
Je partage ton analyse à 100%, Félix.
RépondreSupprimerSans vouloir jeter de pavé dans la mare, après les homos, hétéros et asexuels, on les appelle comment ceux et celles qui tirent leur satisfaction sexuelle de la masturbation?
RépondreSupprimerC'est une bonne question. Les onanistes?
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