J'écris ce billet en réaction au débat peu civilisé qui fait rage auprès de quelques-uns de mes camarades. Tout d'abord, pardon à Coeus, que j'ai malmené dans un des commentaires de mon blogue. J'oublie parfois que 97% de l'humanité ne pense pas comme moi (mal lui en prend). Ensuite, bravo à Steffen pour son calme socratique, même si je ne comprends jamais un traître mot de ce qu'il écrit (J'IRONISE, bien entendu).
En ce qui me concerne, je crois que le travail est désagréable, et pour cela je voudrais ne jamais travailler. Si je n'avais pas à accomplir des tâches indignes, j'occuperais sans doute mon temps à rendre service, ce qui me rendrait plus heureux.
Parfois, dans le métro, avant de me rendre dans un bureau sec et froid, je croise une personne qui sanglote, et tout de suite je me sens étourdi par cette affreuse souffrance qui la secoue.
Pourquoi je ne m'arrête pas? Pourquoi je ne pose pas une main sur son épaule, lui proposant un kleenex et éventuellement un café? PARCE QUE JE SUIS TENU DEVANT CONTRAT DE ME PRÉSENTER DANS MON BUREAU SEC ET FROID À UNE HEURE PRÉCISE ET DÉTERMINÉE D'AVANCE! Pas le temps de comprendre la tristesse d'un nobody. Peu à peu, je m'endurcis et le fait de laisser les gens dans la dèche ne m'émeut plus, et même quand j'ai le temps de m'arrêter, au bout du compte, je le fais encore rarement. Parce qu'étant un habitué de la ponctualité, cette immonde déformation due à quinze ans de TRAVAIL, j'ai appris au fil des indifférences à passer mon chemin comme un automate insensible, ne voulant rien retarder à mes projets nauséabonds et putrides. Je ferme les yeux sur la souffrance même dans mes temps libres parce que mes temps ne sont jamais libres, ils doivent être rentabilisés au maximum dans leur valeur de plaisir.
Le travail est donc un paradigme plus qu'une activité reliée à la survie. Quand on travaille, on travaille. Quand on s'amuse, on travaille. Quand on baise, on travaille. Il n'y a finalement que quand on chie qu'on ne travaille pas. Cette activité autant ludique qu'essentielle et satisfaisante produit une substance honnie et considérée comme totalement improductive par celui ou celle qui l'évacue... Mais si je vous disais que la merde était la solution au problème du travail?
En effet, il ne suffirait aux humains que de renverser le paradigme pour s'émanciper totalement du travail. Ainsi, au lieu de s'amuser pour se détendre, de se détendre pour mieux travailler, de travailler pour travailler et de chier pour rien, nous devrions nous détendre pour nous détendre et vivre de nos excréments. Comment? C'est bien simple. Nos déjections ne sont non pas des déchets, mais le seul terreau fertile dont nous disposions gratuitement. Évacuer notre matière à des endroits bien éclairés et à des intervalles réguliers, si possible en rangs parallèles, permet éventuellement à celui ou celle qui sait attendre de récolter les fruits et légumes essentiels à la survie. Pour ainsi assurer votre subsistance, il va cependant falloir que vous preniez bien soin de votre potager révolutionnaire, en l'arrosant proprement (ai-je vraiment besoin de vous dire avec quoi) et en avalant scrupuleusement tous les noyaux, graines, germes des végétaux que vous consommerez.
Cela peut peut-être vous paraître dégoûtant, mais c'est la seule alternative réaliste et mondiale au problème du travail. Si notre idéal se réalise, songez qu'après le Grand Soir de la révolution, face au slogan réactionnaire "Arbeit macht frei", vous pourriez répondre avec théâtralité, tout en vous torchant: "Mon cul!"
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Libellés
anarchie
(48)
arts et culture
(51)
brutalité policière
(98)
capitalisme
(11)
censure
(3)
chroniques de la station Berri-UQÀM
(2)
Chroniques de Saint-Michel
(1)
Chroniques de Villeray
(1)
comment l'anarchie est-elle possible
(8)
conflit israélo-arabe
(4)
CSA
(7)
défense intellectuelle
(42)
divers
(23)
droite
(53)
économie
(15)
éducation
(47)
égypte
(8)
élections
(30)
environnement
(10)
évènement
(41)
fascismes
(14)
féminisme
(29)
fuck you
(1)
G20
(26)
gauche
(30)
grève étudiante
(71)
indépendance
(6)
international
(41)
introspection
(17)
lettre d'insultes
(3)
LGBT
(2)
logement
(2)
loi et ordre
(96)
manifestation
(90)
manifeste
(4)
médias
(65)
merde
(18)
militarisme
(11)
nationalisme
(26)
nouvelle
(1)
opinion
(1)
pauvreté et marginaux
(2)
Petit guide de l'extrême-gauche
(3)
politique
(4)
Premières nations
(2)
privatisations
(6)
Que-sont-mes-amis-devenus
(29)
racisme
(23)
religion
(21)
riches
(9)
santé
(15)
sexualité
(15)
tomate noire
(1)
travail
(19)
tribulations
(38)
Victo
(4)
J'aurais espéré avoir une meilleure présentation. Non parce que je désire une réputation quelconque, mais plutôt par souhait d'avoir réussi mon effort de clarté. Je suppose que la doctrine historique opacifie mon discours.
RépondreSupprimerFranchement, Steffen, tu sais que je blaguais. Ton article est parfaitement clair. L'erreur est la mienne, mon ironie n'étant pas suffisamment claire. Maladresse stylistique. Je n'ai jamais eu aucune difficulté à te comprendre, contrairement à, par exemple, Anne Archet ou les grand-e-s théoricien-ne-s eux-mêmes comme Marx (cette enflure) et Kropopmachin ou Chomsky - lui j'ai fait un effort pour le comprendre et j'ai réussi à assimiler un de ses livres (qui ne faisait d'ailleurs que 90 pages).
RépondreSupprimerOn ira prendre un café un moment donné, ça fait longtemps qu'on s'est jasé ça.
Tu m'avais malmené ? Ah bon... Il faudrait que je retrouve ce commentaire. Mais ne le dis pas à Mascouche, lui sera moins clément !
RépondreSupprimerTrop de réflexions sur le travail. C'est trop de travail. Je décroche.
J'ai exposé mes idées sur le travail. Certains ont été d'accord. D'autres pas. Je veux bien continuer à me remettre en question lorsque ça me paraît pertinent, mais à date, rien n'est venu me prouver que j'avais essentiellement tort.
C'était mes deux dernières cennes. Je viendrai pas riche à garocher mes cennes de même ! :P