Je parle des badauds qu'on a sélectionnés hier à Radio-Canada pour dire qu'ils étaient prêts à accepter les nouvelles mesures dans les avions (une fouille plus complète et l'interdiction des bagages à mains) afin de "sauvegarder leur sécurité". Leurs témoignages, unanimes, nous donnaient j'espère une fausse idée de l'opinion publique.
Mais si c'est réellement ainsi que nous fonctionnons, prêt-e-s à tout abdiquer non pas par peur, mais parce que "les voies de l'État sont impénétrables", c'est nous en général que je traite de bande de crétins. Des complotistes prétendaient, il y a quelques mois, que les vaccins contre le H1N1 comportaient une puce électronique GPS qui permettait en outre à tout moment d'arrêter notre coeur de battre. C'est ridicule. L'État n'a pas besoin de nous injecter des puces à notre insu. Quand il le fera, ce sera avec notre accord.
mardi 29 décembre 2009
lundi 28 décembre 2009
Ma soeur en Grande-Bretagne
Elle a remporté un concours (basé sur le talent) et avec ça un voyage de trois semaines au Royaume-Uni. Son objectif: bloguer à partir de plusieurs auberges de jeunesse du pays. Ma soeur étant une voyageuse invétérée, infatigable et accessoirement journaliste, ses péripéties risquent d'être vraiment amusantes et instructives. Elle publiera plusieurs textes, mais aussi des vidéos.
Pour tout lire, cliquez sur le titre des articles (je le mentionne parce que ça m'a pris deux jours pour le comprendre).
Voici l'adresse du blogue francophone.
Pour tout lire, cliquez sur le titre des articles (je le mentionne parce que ça m'a pris deux jours pour le comprendre).
Voici l'adresse du blogue francophone.
mardi 22 décembre 2009
David Fortin frappe encore une fois
Je trouve vraiment fascinant ces histoires entourant les jeunes disparus du Québec. C'est impossible pour moi de condamner les parents qui font ce qu'ils peuvent pour retrouver leurs enfants, et j'ai déjà, dans l'histoire de Nicholas Royer, il y a plusieurs années, varloppé la réaction des médias face à ce drame dans le journal étudiant de mon cégep (Nicholas étant un compatriote de Victoriaville, j'avais été varloppé à mon tour).
Je ne peux pas non plus condamner la présence des panneaux publicitaires énormes qui ont trôné sur la 20 pendant les mois qui ont suivi la disparition de Cédrika Provencher - c'était ça ou Macdo. J'ai toujours été ému par la poésie involontaire de son avis de recherche: "Elle portait une robe soleil vert lime et des sandales de plage". Redites-le, vous verrez que ça sonne bien. J'aimerais avoir un pareil épitaphe.
David Fortin était ostracisé par ses camarades de classe, qui le traitaient de fif et l'humiliaient constamment sous l'oeil indifférent de la direction. Ce n'était pourtant pas un minus: il pesait 75 kilos et mesurait 1m73. Il aurait sans doute été capable de se défendre, pourrait-on dire. En ce qui me concerne, j'ai aussi été battu, agressé, menacé à l'école, et je sais très bien que faire le poids est complètement insuffisant. Je sais aussi qu'à l'école, des plus vieux et plus musclés peuvent vous faire des attouchements sexuels en public sans qu'il y ait de conséquences. Il y a une sorte de silence qui règne chez les écoliers et écolières en regard de l'oppression: on se prépare à la vie d'adulte, quoi. Si ça se trouve, face à ça, David Fortin a juste réagi plus vivement que la plupart des victimes: il a décrissé. Franchement, je comprendrais pourquoi.
Dans les jours suivants il a frappé l'imaginaire collectif québécois. David Fortin par-ci, David Fortin par-là. Si j'en parle aujourd'hui c'est qu'on l'aurait reconnu dans un vidéo d'entrevue de Guy Lafleur. Ce serait si beau si c'était vrai. Le voir s'amuser et avoir la christie de paix.
Je ne peux pas non plus condamner la présence des panneaux publicitaires énormes qui ont trôné sur la 20 pendant les mois qui ont suivi la disparition de Cédrika Provencher - c'était ça ou Macdo. J'ai toujours été ému par la poésie involontaire de son avis de recherche: "Elle portait une robe soleil vert lime et des sandales de plage". Redites-le, vous verrez que ça sonne bien. J'aimerais avoir un pareil épitaphe.
David Fortin était ostracisé par ses camarades de classe, qui le traitaient de fif et l'humiliaient constamment sous l'oeil indifférent de la direction. Ce n'était pourtant pas un minus: il pesait 75 kilos et mesurait 1m73. Il aurait sans doute été capable de se défendre, pourrait-on dire. En ce qui me concerne, j'ai aussi été battu, agressé, menacé à l'école, et je sais très bien que faire le poids est complètement insuffisant. Je sais aussi qu'à l'école, des plus vieux et plus musclés peuvent vous faire des attouchements sexuels en public sans qu'il y ait de conséquences. Il y a une sorte de silence qui règne chez les écoliers et écolières en regard de l'oppression: on se prépare à la vie d'adulte, quoi. Si ça se trouve, face à ça, David Fortin a juste réagi plus vivement que la plupart des victimes: il a décrissé. Franchement, je comprendrais pourquoi.
Dans les jours suivants il a frappé l'imaginaire collectif québécois. David Fortin par-ci, David Fortin par-là. Si j'en parle aujourd'hui c'est qu'on l'aurait reconnu dans un vidéo d'entrevue de Guy Lafleur. Ce serait si beau si c'était vrai. Le voir s'amuser et avoir la christie de paix.
mercredi 16 décembre 2009
L'hélicoptère de TVA s'est écrapou.
J'ai écrit un poème pour souligner ce drame affreux. Vous pouvez le lire sur mon blogue littéraire.
vendredi 11 décembre 2009
Communiqué urgent des anarchistes d'Athènes
Voici une traduction très libre de ce communiqué publié en anglais sur le blogue de La Commune.
Le 9 décembre 2009
Depuis plusieurs jours, une incroyable orgie digne d'une junte se déroule en Grèce.
Voici des exemples:
1) Des policiers avec des armes à feu dans les manifestations.
2) Des raids en motocyclettes sur les manifestant-e-s.
3) Des policiers qui suivent des manifestant-e-s pacifiques à la trace, puis les arrêtent indistinctement et de manière sauvage.
4) Des mises en scène comme la prétendue tentative d'assassinat du recteur du Pritanea.
5) Un nombre immense d'accusations au criminel et d'arrestations de gens jeunes et vieux.
6) La fermeture d'écoles sous le prétexte de la grippe porcine et le passage à tabac et sans merci d'étudiant-e-s souhaitant se rendre à l'école.
7) L'arrestation de jeunes manifestant-e-s par des flics infiltrés.
8) Une collaboration accrue entre les Néo-Nazis de "L'Aube Dorée" et la police.
9) Des rencontres secrètes entre Chrysohoides, les patrons des médias télévisés et les journalistes afin de décider du contenu des reportages à la télévision.
10) Des caméras secrètes et des hélicoptères en vol nous surveillant de manière constante.
11) Le décret de la tolérance zéro qui fait qu'une simple pierre ou une orange pas mûre lancée contre une banque est considérée comme une ignominie et sert de prétexte à une intervention policière musclée.
12) Le bannissement des manifestations et des attroupements à caractère politique dans certaines zones, accompagné d'une intimidation massive de la part des policiers, ainsi que d'abusifs fichages et contrôles.
13) Des attaques de pirates informatiques contre Indymedia, contre des sites de squats, contre des "TVXS" (en opposition aux "TV" devant les frontières) et l'effacement de commentaires sur les mêmes sites.
14) Des invasions et des ARRESTATIONS PRÉVENTIVES dans beaucoup d'espaces autogérés.
15) D'une manière très orwellienne, les anarchistes et les autres rebelles sont désignés par les termes de "fascistes" et de "Nazis"!
16) Comme l'aurait fait la junte, les autorités ont décidé de supprimer le droit d'asile (dans les universités).
ET C'EST LOIN D'ÊTRE TOUT!
Plusieurs de ces évènements se sont passés dans l'isolement, alors que certains types de répression ne s'étaient pas vus depuis la junte, au pouvoir entre 1967 et 1974. D'autres types de répression sont simplement tout à fait nouveaux et ne s'étaient jamais vus auparavant. Historiquement, jamais nous n'avons eu à faire face à autant d'abus dans un laps de temps aussi court! Il semble que les autorités se sont accordé le pouvoir d'activer un plan d'urgence qui se révéle en fin de compte être une copie conforme du décret de la Junte en 1967.
Nous vivons une période plus qu'historique. Nous sommes en train d'être les témoins, pour la première fois depuis 1967, d'une tentative de putsch commanditée par une force policière fasciste. Si la démocratie parlementaire se révèle néanmoins être capable de commettre ces crimes odieux, nous réalisons que la junte, une fois décrétée, sera située plusieurs crans au-dessus. Les slogans anarchistes, dans les rues, commencent donc à faire tout un vacarme: "MORT À LA JUNTE!" scandent-ils, enflammés.
Une alliance entre procureurs, recteurs, gens aisés, médias télévisés et police s'est formée. Et encore, il y en a certainement d'autres parmi les élites, locales ou étrangères, qui se sont jointes à cette large collusion.
On entend même parler de gens qui disparaissent. Le climat est lourd, comme il l'était sous la junte.
MAIS CE N'EST PAS LE TEMPS DE RESTER SILENCIEUX! CE N'EST PAS LE TEMPS DE PRENDRE UNE PAUSE!
TOUT LE MONDE DANS LES RUES - OCCUPONS TOUS LES ESPACES!
AIDEZ-NOUS À ÉCRASER CETTE NOUVELLE JUNTE EN GRÈCE!
1967, 2009: L'HISTOIRE SE RÉPÈTE!
Le 9 décembre 2009
Depuis plusieurs jours, une incroyable orgie digne d'une junte se déroule en Grèce.
Voici des exemples:
1) Des policiers avec des armes à feu dans les manifestations.
2) Des raids en motocyclettes sur les manifestant-e-s.
3) Des policiers qui suivent des manifestant-e-s pacifiques à la trace, puis les arrêtent indistinctement et de manière sauvage.
4) Des mises en scène comme la prétendue tentative d'assassinat du recteur du Pritanea.
5) Un nombre immense d'accusations au criminel et d'arrestations de gens jeunes et vieux.
6) La fermeture d'écoles sous le prétexte de la grippe porcine et le passage à tabac et sans merci d'étudiant-e-s souhaitant se rendre à l'école.
7) L'arrestation de jeunes manifestant-e-s par des flics infiltrés.
8) Une collaboration accrue entre les Néo-Nazis de "L'Aube Dorée" et la police.
9) Des rencontres secrètes entre Chrysohoides, les patrons des médias télévisés et les journalistes afin de décider du contenu des reportages à la télévision.
10) Des caméras secrètes et des hélicoptères en vol nous surveillant de manière constante.
11) Le décret de la tolérance zéro qui fait qu'une simple pierre ou une orange pas mûre lancée contre une banque est considérée comme une ignominie et sert de prétexte à une intervention policière musclée.
12) Le bannissement des manifestations et des attroupements à caractère politique dans certaines zones, accompagné d'une intimidation massive de la part des policiers, ainsi que d'abusifs fichages et contrôles.
13) Des attaques de pirates informatiques contre Indymedia, contre des sites de squats, contre des "TVXS" (en opposition aux "TV" devant les frontières) et l'effacement de commentaires sur les mêmes sites.
14) Des invasions et des ARRESTATIONS PRÉVENTIVES dans beaucoup d'espaces autogérés.
15) D'une manière très orwellienne, les anarchistes et les autres rebelles sont désignés par les termes de "fascistes" et de "Nazis"!
16) Comme l'aurait fait la junte, les autorités ont décidé de supprimer le droit d'asile (dans les universités).
ET C'EST LOIN D'ÊTRE TOUT!
Plusieurs de ces évènements se sont passés dans l'isolement, alors que certains types de répression ne s'étaient pas vus depuis la junte, au pouvoir entre 1967 et 1974. D'autres types de répression sont simplement tout à fait nouveaux et ne s'étaient jamais vus auparavant. Historiquement, jamais nous n'avons eu à faire face à autant d'abus dans un laps de temps aussi court! Il semble que les autorités se sont accordé le pouvoir d'activer un plan d'urgence qui se révéle en fin de compte être une copie conforme du décret de la Junte en 1967.
Nous vivons une période plus qu'historique. Nous sommes en train d'être les témoins, pour la première fois depuis 1967, d'une tentative de putsch commanditée par une force policière fasciste. Si la démocratie parlementaire se révèle néanmoins être capable de commettre ces crimes odieux, nous réalisons que la junte, une fois décrétée, sera située plusieurs crans au-dessus. Les slogans anarchistes, dans les rues, commencent donc à faire tout un vacarme: "MORT À LA JUNTE!" scandent-ils, enflammés.
Une alliance entre procureurs, recteurs, gens aisés, médias télévisés et police s'est formée. Et encore, il y en a certainement d'autres parmi les élites, locales ou étrangères, qui se sont jointes à cette large collusion.
On entend même parler de gens qui disparaissent. Le climat est lourd, comme il l'était sous la junte.
MAIS CE N'EST PAS LE TEMPS DE RESTER SILENCIEUX! CE N'EST PAS LE TEMPS DE PRENDRE UNE PAUSE!
TOUT LE MONDE DANS LES RUES - OCCUPONS TOUS LES ESPACES!
AIDEZ-NOUS À ÉCRASER CETTE NOUVELLE JUNTE EN GRÈCE!
1967, 2009: L'HISTOIRE SE RÉPÈTE!
Libellules :
brutalité policière,
international,
loi et ordre,
médias
Un autre scandale "ECR" passe inaperçu.
Sur la même page que la question maudite concernant l'identité sexuelle des jeunes qu'on peut trouver dans le cahier d'activités du cours ECR de secondaire 2, se trouve quelque chose de bien plus ridicule et qui est pourtant passé inaperçu. Je vous laisse deviner.
Voici ce que moi j'ai repéré:
Voici ce que moi j'ai repéré:
Eh non, vous n'avez pas halluciné! Il s'agit réellement d'une reprise de la théorie des humeurs, qui date de l'Antiquité et qui est depuis longtemps périmée!
jeudi 10 décembre 2009
Quoiqu'en dise ma verge, je ne suis pas un garçon.
Il fallait bien cet incident (repris chez Renart, Lagacé, Asselin, le Tviste, Notre Terre québécoise, Pour une école libre, plusieurs forums politiques) pour faire sortir de leurs gonds les défenseurs invétérés de la tradition, du "gros bon sens" et des bonnes vieilles valeurs conservatrices et aussi pour condamner cette maudite réforme qui est tellement un recul face à l'école d'avant, celle où on répétait inlassablement les mêmes conneries pour les apprendre par coeur et où on recevait la strappe au moindre faux-pas[1].
Il y a de drôles de coïncidences: t'alleure j'écrivais un billet sur le féminisme, et un autre t'alleure j'écrivais sur l'éducation; maintenant je vais mélanger les deux.
La réaction générale face à la présence d'une question sur l'identité sexuelle dans le cours de religion post-réforme me dégoûte: elle n'est pas mieux que la pensée de cet espèce de fou d'Yvon Dallaire qui croit que l'ambiguïté sexuelle est une déviance. Grossièrement, on dit qu'il faut éviter de fucker les jeunes dans leur identité[2], que leur poser des questions c'est mal, ou que ceux-ci ne sont pas assez mongols pour ne pas connaître leur sexe - ce qui est une absurdité puisqu'on parle ici d'identité sexuelle, et non de genre.
J'ai lu l'explication de Gougeon (citée par Asselin), l'auteur du livre en question, et cela ne m'a pas vraiment convaincu de rien. Donc, ce passage serait en fait une simple blague, un détail visant à faire réagir l'élève? Rien à foutre de la question après tout, c'est la réaction qui compte.
On hurle à l'hérésie dès qu'il est question de l'identité sexuelle. Surtout quand on en parle à l'école. Il ne faut surtout pas faire réfléchir les jeunes sur leur identité, sur comment ils se sentent! On risquerait de leur mettre des idées dans la tête... ou de leur faire découvrir quelque chose sur eux-mêmes qui ne soit pas "agréable" à nos standards socio-culturels.
Les gens qui croient qu'on ne peut pas avoir une identité sexuelle différente de notre genre vivent dans le passé ou sont fortement influencés par des idées patriarcales et essentialistes. En cela, le débat qui a entouré l'incriminant choix de réponse a eu du bon: il nous a permis de voir que plusieurs leaders d'opinion (et les suiveurs d'opinion) n'étaient pas ouverts au point d'accepter que nos écoles "produisent" des transgenres ou des gens qui comme moi, ne ressentent pas d'affiliation à un sexe ou à l'autre[3]. Et pourtant! L'ambiguïté dans l'identité sexuelle était socialement acceptée, autrefois, dans d'autres civilisations. Cette acceptation était même généralisée chez plusieurs nations amérindiennes. Les two-spirits, ça vous dit quelque chose?
Cette histoire montre une fois de plus que même des gens qu'on considère généralement comme éclairés ne sont souvent même pas en mesure de laisser tomber leurs vieilles idées nauséabondes et de déconstruire une fois pour toutes leurs paradigmes dégueulasses et contre-émancipatoires. Parce que nier que l'enfant peut avoir une identité sexuelle indéterminée ou inverse à son genre biologique, c'est réellement répressif.
Alors suffit les clichés. Je ne suis pas un garçon parce que j'ai une verge. Et une femme à barbe peut être belle.
Mise à jour: Le plus dommage là-dedans c'est que, convaincu-e-s de l'absence de sens critique chez les jeunes, on leur aura jamais demandé leur avis.
_______
[1] Une femme passée chez les Soeurs de Sainte-Anne dans les années cinquante me conta, il y a un an de cela, qu'elle se souvenait encore de la douleur qu'elle avait ressentie quand une religieuse en colère lui avait donné la claque de sa vie simplement parce qu'elle avait levé le bras pour saluer sa petite voisine alors qu'elle était en rang avec ses camarades de classe. Pas bouger!
[2] Cette loque humaine de Denise Bombardier parle du "viol moral" des enfants. "C'est un âge où on ne met pas, on n'introduit dans la tête des enfants un tel relativisme. [...] C'est le politiquement correct [le responsable]." Au contraire, je dirais que c'est violer moralement l'enfant que de lui imposer un choix de réponse impossible, et que c'est le politiquement correct qui empêche Mme Bombardier d'ouvrir les yeux sur l'identité sexuelle des jeunes de 12 ans ou de leur refuser un sens critique. Le politiquement correct a toujours traité les jeunes comme des animaux. (L'extrait a été trouvé ici.) Comme on peut s'y attendre, Bombardier a la réaction la mieux formatée et la plus caractéristique - pour ne pas dire prévisible.
[3] Finalement des ambigus "fonctionnels" qui ne se mettent pas de jupes en public. ... Là je sens que les gens qui me connaissent vont rire de moi. Notez toutefois que je suis parfaitement au courant que j'ai l'air normalement masculin. Mais je ne fais pas pousser le poil exprès. Et cela ne change rien à ce que je ressens à l'intérieur.
Il y a de drôles de coïncidences: t'alleure j'écrivais un billet sur le féminisme, et un autre t'alleure j'écrivais sur l'éducation; maintenant je vais mélanger les deux.
La réaction générale face à la présence d'une question sur l'identité sexuelle dans le cours de religion post-réforme me dégoûte: elle n'est pas mieux que la pensée de cet espèce de fou d'Yvon Dallaire qui croit que l'ambiguïté sexuelle est une déviance. Grossièrement, on dit qu'il faut éviter de fucker les jeunes dans leur identité[2], que leur poser des questions c'est mal, ou que ceux-ci ne sont pas assez mongols pour ne pas connaître leur sexe - ce qui est une absurdité puisqu'on parle ici d'identité sexuelle, et non de genre.
J'ai lu l'explication de Gougeon (citée par Asselin), l'auteur du livre en question, et cela ne m'a pas vraiment convaincu de rien. Donc, ce passage serait en fait une simple blague, un détail visant à faire réagir l'élève? Rien à foutre de la question après tout, c'est la réaction qui compte.
On hurle à l'hérésie dès qu'il est question de l'identité sexuelle. Surtout quand on en parle à l'école. Il ne faut surtout pas faire réfléchir les jeunes sur leur identité, sur comment ils se sentent! On risquerait de leur mettre des idées dans la tête... ou de leur faire découvrir quelque chose sur eux-mêmes qui ne soit pas "agréable" à nos standards socio-culturels.
Les gens qui croient qu'on ne peut pas avoir une identité sexuelle différente de notre genre vivent dans le passé ou sont fortement influencés par des idées patriarcales et essentialistes. En cela, le débat qui a entouré l'incriminant choix de réponse a eu du bon: il nous a permis de voir que plusieurs leaders d'opinion (et les suiveurs d'opinion) n'étaient pas ouverts au point d'accepter que nos écoles "produisent" des transgenres ou des gens qui comme moi, ne ressentent pas d'affiliation à un sexe ou à l'autre[3]. Et pourtant! L'ambiguïté dans l'identité sexuelle était socialement acceptée, autrefois, dans d'autres civilisations. Cette acceptation était même généralisée chez plusieurs nations amérindiennes. Les two-spirits, ça vous dit quelque chose?
Cette histoire montre une fois de plus que même des gens qu'on considère généralement comme éclairés ne sont souvent même pas en mesure de laisser tomber leurs vieilles idées nauséabondes et de déconstruire une fois pour toutes leurs paradigmes dégueulasses et contre-émancipatoires. Parce que nier que l'enfant peut avoir une identité sexuelle indéterminée ou inverse à son genre biologique, c'est réellement répressif.
Alors suffit les clichés. Je ne suis pas un garçon parce que j'ai une verge. Et une femme à barbe peut être belle.
Mise à jour: Le plus dommage là-dedans c'est que, convaincu-e-s de l'absence de sens critique chez les jeunes, on leur aura jamais demandé leur avis.
_______
[1] Une femme passée chez les Soeurs de Sainte-Anne dans les années cinquante me conta, il y a un an de cela, qu'elle se souvenait encore de la douleur qu'elle avait ressentie quand une religieuse en colère lui avait donné la claque de sa vie simplement parce qu'elle avait levé le bras pour saluer sa petite voisine alors qu'elle était en rang avec ses camarades de classe. Pas bouger!
[2] Cette loque humaine de Denise Bombardier parle du "viol moral" des enfants. "C'est un âge où on ne met pas, on n'introduit dans la tête des enfants un tel relativisme. [...] C'est le politiquement correct [le responsable]." Au contraire, je dirais que c'est violer moralement l'enfant que de lui imposer un choix de réponse impossible, et que c'est le politiquement correct qui empêche Mme Bombardier d'ouvrir les yeux sur l'identité sexuelle des jeunes de 12 ans ou de leur refuser un sens critique. Le politiquement correct a toujours traité les jeunes comme des animaux. (L'extrait a été trouvé ici.) Comme on peut s'y attendre, Bombardier a la réaction la mieux formatée et la plus caractéristique - pour ne pas dire prévisible.
[3] Finalement des ambigus "fonctionnels" qui ne se mettent pas de jupes en public. ... Là je sens que les gens qui me connaissent vont rire de moi. Notez toutefois que je suis parfaitement au courant que j'ai l'air normalement masculin. Mais je ne fais pas pousser le poil exprès. Et cela ne change rien à ce que je ressens à l'intérieur.
lundi 7 décembre 2009
Cinq minutes hier.
Plus quinze à attendre dans la salle pour être bien certain que je ne me transformerais pas en quelque chose de dangereux après l'injection.
L'autre jour, à la polyclinique (sans rendez-vous), ma blonde et moi avons attendu moins d'une heure pour une chirurgie pas du tout urgente et tout à fait mineure.
Je dois avoir un bon karma.
L'autre jour, à la polyclinique (sans rendez-vous), ma blonde et moi avons attendu moins d'une heure pour une chirurgie pas du tout urgente et tout à fait mineure.
Je dois avoir un bon karma.
vendredi 4 décembre 2009
Gérontocratie et éducation
Alors que je terminais mon secondaire cinq, j'écrivais ce paragraphe dans le rapport de mon projet personnel (sorte de travail final au Programme d'Éducation International):
"Si j’avais pu, j’aurais, tel un serpent, craché du venin contre la société actuelle et ses failles : l’iniquité, la manipulation des informations, etc. Évidemment, on n’aurait pas lu mon livre jusqu’au bout. On m’aurait traité de marginal, de militant agressif et aveugle ou d’intellectuel manqué. Et mon message ne se serait pas rendu. Mais, en employant un univers fictif, je peux faire en toute impunité la synthèse de notre monde en employant des exemples et des illustrations littéraires. "
Marginal, militant agressif? Vraiment? Plus je me relis, plus je me rends compte de l'incroyable pression conformisante que nous subissions tous et toutes à l'école secondaire et comment moi-même j'ai été affecté par cette pression. Maintenant, je n'ai pas peur de me faire traiter de militant agressif; je m'en délecte même. En quoi étais-je différent à cette époque?
Je me souviens qu'on avait censuré un de mes premiers très bons textes au journal étudiant (le Mille-pattes) parce que j'avais appelé celui-ci le Mille-Plate et que j'avais enjoint gaiement les lecteurs et lectrices à s'en servir comme papier-cul au lieu de venir se plaindre dans un langage monosyllabique que mes chroniques étaient remplies... d'OPINIONS![1] J'avais ensuite cloué le dernier clou dans mon cercueil journalistique en m'attaquant au bal des finissants. "C'était pas mauvais ton article, mais il s'attaquait à une activité organisée et financée par l'établissement. La direction ne l'a pas laissé passer." Voilà comment "l'adulte responsable" avait réagi face à ma charge à fond de train contre un évènement qui, pourtant, était d'une grossièreté à faire pâlir les bons bourgeois.
Un camarade et moi avions aussi été censurés à l'intercom (nous annoncions les activités de l'asso à chaque semaine) parce que nous avions fait de l'humour. La direction nous avait ensuite gratifiés d'un sermon de la mort dans la salle de conférence de l'école.
Il paraît que c'est pire en Ontario: peut-être vous souvenez-vous du jeune écrivain de Cornwall qui avait passé quelques trente(?) jours en prison simplement parce qu'il avait écrit de la fiction. Des camarades avaient freaké en lisant sa nouvelle littéraire et la police avait fouillé sa chambre à la recherche des plans d'une bombe.
Mes opinions n'étaient pas marginales (encore), je n'étais pas un "militant agressif": on n'acceptait tout simplement pas le débat à l'école, ou quand il était accepté il fallait qu'il soit encadré et approuvé dans chaque échange, de sorte qu'il reste toujours confortablement installé dans les normes...
Les militaires venaient recruter des jeunes brutes naïves à chaque mois. "Mets ton nom là-dessus, ça t'engage à rien" qu'y disaient. Les enseignant-e-s ne semblaient pas y voir de problème. Si j'avais alors été prof de français je n'aurais pas manqué d'insulter avec grâce ces planqués. D'un autre côté, je ne suis pas étonné. Il y a sans aucun doute une majorité de pommes pourrites dans les facultés d'enseignement: plusieurs feraient d'ailleurs de bon-ne-s candidat-e-s aux auditions de Loft Story. Des hommes qui aiment le hockey et qui font rouler leurs biceps, des filles-caniches qui, coordos dans des camps de jour, tyranisaient les jeunes moniteurs/trices à coups de sacoches et d'airs supérieurs. Dans ces conditions les possibilités sont grandes de ne rencontrer, au cours d'un cheminement scolaire complet, que trois ou quatre profs dispensant un savoir vraiment émancipatoire.
Ajoutons à ça l'attitude de plus en plus débilement zélée de l'élite baby-boomer blasée qui dit jusque dans le Devoir que la jeunesse est décadente (ma blonde leur répondrait en riant que Socrate le prétendait déjà il y a plus de deux mille ans).
À ce sujet, voilà que, passant au vieux centre commercial de Victoriaville, il y a quelques mois, je tombe sur cette pancarte:
"Si j’avais pu, j’aurais, tel un serpent, craché du venin contre la société actuelle et ses failles : l’iniquité, la manipulation des informations, etc. Évidemment, on n’aurait pas lu mon livre jusqu’au bout. On m’aurait traité de marginal, de militant agressif et aveugle ou d’intellectuel manqué. Et mon message ne se serait pas rendu. Mais, en employant un univers fictif, je peux faire en toute impunité la synthèse de notre monde en employant des exemples et des illustrations littéraires. "
Marginal, militant agressif? Vraiment? Plus je me relis, plus je me rends compte de l'incroyable pression conformisante que nous subissions tous et toutes à l'école secondaire et comment moi-même j'ai été affecté par cette pression. Maintenant, je n'ai pas peur de me faire traiter de militant agressif; je m'en délecte même. En quoi étais-je différent à cette époque?
Je me souviens qu'on avait censuré un de mes premiers très bons textes au journal étudiant (le Mille-pattes) parce que j'avais appelé celui-ci le Mille-Plate et que j'avais enjoint gaiement les lecteurs et lectrices à s'en servir comme papier-cul au lieu de venir se plaindre dans un langage monosyllabique que mes chroniques étaient remplies... d'OPINIONS![1] J'avais ensuite cloué le dernier clou dans mon cercueil journalistique en m'attaquant au bal des finissants. "C'était pas mauvais ton article, mais il s'attaquait à une activité organisée et financée par l'établissement. La direction ne l'a pas laissé passer." Voilà comment "l'adulte responsable" avait réagi face à ma charge à fond de train contre un évènement qui, pourtant, était d'une grossièreté à faire pâlir les bons bourgeois.
Un camarade et moi avions aussi été censurés à l'intercom (nous annoncions les activités de l'asso à chaque semaine) parce que nous avions fait de l'humour. La direction nous avait ensuite gratifiés d'un sermon de la mort dans la salle de conférence de l'école.
Il paraît que c'est pire en Ontario: peut-être vous souvenez-vous du jeune écrivain de Cornwall qui avait passé quelques trente(?) jours en prison simplement parce qu'il avait écrit de la fiction. Des camarades avaient freaké en lisant sa nouvelle littéraire et la police avait fouillé sa chambre à la recherche des plans d'une bombe.
Mes opinions n'étaient pas marginales (encore), je n'étais pas un "militant agressif": on n'acceptait tout simplement pas le débat à l'école, ou quand il était accepté il fallait qu'il soit encadré et approuvé dans chaque échange, de sorte qu'il reste toujours confortablement installé dans les normes...
Les militaires venaient recruter des jeunes brutes naïves à chaque mois. "Mets ton nom là-dessus, ça t'engage à rien" qu'y disaient. Les enseignant-e-s ne semblaient pas y voir de problème. Si j'avais alors été prof de français je n'aurais pas manqué d'insulter avec grâce ces planqués. D'un autre côté, je ne suis pas étonné. Il y a sans aucun doute une majorité de pommes pourrites dans les facultés d'enseignement: plusieurs feraient d'ailleurs de bon-ne-s candidat-e-s aux auditions de Loft Story. Des hommes qui aiment le hockey et qui font rouler leurs biceps, des filles-caniches qui, coordos dans des camps de jour, tyranisaient les jeunes moniteurs/trices à coups de sacoches et d'airs supérieurs. Dans ces conditions les possibilités sont grandes de ne rencontrer, au cours d'un cheminement scolaire complet, que trois ou quatre profs dispensant un savoir vraiment émancipatoire.
Ajoutons à ça l'attitude de plus en plus débilement zélée de l'élite baby-boomer blasée qui dit jusque dans le Devoir que la jeunesse est décadente (ma blonde leur répondrait en riant que Socrate le prétendait déjà il y a plus de deux mille ans).
À ce sujet, voilà que, passant au vieux centre commercial de Victoriaville, il y a quelques mois, je tombe sur cette pancarte:
"INTERDIT AUX ÉTUDIANTS
Sur les heures de cours".
.
.
Nous sommes dans une société vieillissante, une société de vieux dans laquelle on attend des jeunes qu'ils le soient le moins longtemps possible. Voilà pourquoi on essaie à tout prix de les rendre cons, grabataires, dociles, séniles et fermés à toute originalité. Voilà pourquoi je n'étais pas la même personne quand j'avais seize ans. J'avais peur et j'étais écrasé. J'étais jeune; je voulais être libre mais je devais être vieux.
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[1] Alerte! Cet individu PENSE!
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