mardi 26 février 2013

Les « accrocs » avec la police.

Je trouve encore une fois que les journalistes manquent de classe vis-à-vis de la couverture de la manifestation de cet après-midi. Tout d'abord, nous étions certainement plus de 2000-3000, chiffre avancé par Le Devoir, bien que je n'aie aucune idée de notre nombre exact. La foule ne s'étendait pas sur une zone particulièrement grande mais elle était beaucoup plus compacte qu'à l'habitude.

Je suis également assez écoeuré que des hosties d'ignorant-e-s couvrent les évènements relatifs au mouvement étudiant. Illes ont passé des mois à écrire CLASSÉ au lieu de CLASSE, et semblent maintenant avoir oublié que ASSÉ prenait un «É», même si l'organisation a été fondée en 2001. J'ai même déjà vu un beau « UQUAM » écrit en gras dans le titre d'un article. Vraiment pitoyable: on dirait qu'illes le font exprès. Leur tendance ridicule à estimer une foule une heure avant son départ pour la marche me dégoûte également. Mais passons.

Je ne sais pas exactement ce qui s'est passé aujourd'hui. Tout allait bien, jusqu'à ce que les flics décident de bloquer Saint-Denis pour aucune bonne raison, pas trop loin du Carré Saint-Louis. Les balles de neige ont alors fusé de partout. Et je dis bien balles de neige. J'étais à un endroit assez élevé, j'ai pu tout voir. Le seul projectile qui ne ressemblait pas à une balle de neige était un unique bâton de pancarte, qui est arrivé assez tardivement. Mais les flics avaient déjà établi leur stratégie et plaçaient leurs pions. Projectiles ou pas, le SPVM aurait de toute façon tout fait pour nous disperser à ce moment-là.

Bravo en passant et merci aux Black Blocs qui ont démonté en urgence des grands pans de clôture pour permettre aux manifestant-e-s de traverser le Carré Saint-Louis et d'en sortir par une autre extrémité en toute sécurité. Dommage que des « pacifistes » considèrent toujours que ces radicaux/ales représentent une menace. Une menace, certes. Pour leurs relations publiques de merde.

C'est après, et seulement après une grosse tentative de dispersion que j'ai pu observer de réelles répliques de la part de la foule. Par exemple, alors que nous étions divisé-e-s en petits groupes, une personne que je ne connais pas a balancé une sorte de retaille de madrier sur une autopatrouille qui passait dans une petite rue, abîmant la peinture et arrachant complètement un miroir. Je ne peux absolument pas condamner le geste. 

Les justifications des forces policières, elles, sont d'une rare pauvreté. On démolit pas des gueules pour quelques balles de neige, n'en plaise à ce post-pétainiste de Ian Lafrenière. Le reste de leur argumentation pour légitimer leur intervention « ciblée » (tellement ciblée que leur gaz irritant a enfumé tout le quartier, j'imagine qu'ils sont contents les porcs d'avoir fait pleurer des enfants), constituée de déformations de la réalité et sans aucun doute de mensonges. En effet, cette bande de goujats trouve toujours le moyen de faire passer des bouteilles de bière vides ou même des canettes de Pepsi pour des cocktails Molotov[1]. Sans aucun scrupule, la police lance presque au hasard des mensonges d'une grande vulgarité et d'une nature profondément diffamatoire, et ce dans l'impunité la plus totale. Quand on n'est pas habitué-e-s de les croire imbécilement, on s'habitue à les ignorer. Pourtant, il faut bien que cela cesse un jour. Et il faudrait pour cela que les médias de masse cessent de relayer leurs bêtises sans poser de questions.

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[1] Et il y a ceci d'inexplicable: comment se fait-il que tout le monde ait des cocktails molotov et que personne n'en lance jamais?

5 commentaires:

  1. Même historicienne, la petite-bourgeoisie a toujours raison ! Qui a dit que les idées dominantes sont celles de la classe qui détient le capital culturel, laquelle ne se prive pas d'un radicalisme de façade pour continuer à exercer sa domination (au moins symbolique...) sur le prolétariat ?

    Un grand merci quand même à Braudel même si c'est Bourdieu qui a fait toute la job de nettoyage de cet écran de fumée typique d'une classe qui ne se prive pas du fascisme quand elle est déstabilisée, au point de mettre le feu à Victo pour préserver ses capitaux (voir encore Bourdieu, SVP).

    Yves Claudé

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  2. J'ai de la difficulté à voir à qui vous vous attaquez. Bourdieu a dit pas mal de trucs sur pas mal de gens. Braudel, même affaire. Qui est le petit-bourgeois, moi ou le PQ? Qui a mis le feu à Victo, la police ou les manifestant-e-s? Les capitaux de qui devaient être préservés? Ceux des banques ou ceux des étudiant-e-s, à travers l'AFE?

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  3. La réalité politique du radicalisme petit-bourgeois …

    S’il faut mettre les points sur les “i”…, le radicalisme petit-bourgeois qui s’affirme et s’agite, dans la rage de perdre ses positions de classe, a quelque chose à voir avec une certaine dévalorisation des capitaux scolaires et culturels. Cette rage petite-bourgeoise, malgré quelques effets de discours passagers, manifeste très peu de réelle solidarité avec le monde ouvrier, dans cette pente de longue durée de glissement de la classe ouvrière vers l’enfer.

    Comme l’a amplement montré le communiste Wilhelm Reich (Psychologie de masse du fascisme, Écoute petit-homme, etc.), la petite-bourgeoisie a une propension à orienter son radicalisme vers les stratégies fascisantes ou ouvertement fascistes du grand capital, surtout lorsque les organisations de combat du monde ouvrier sont dans un rapport de force défavorable. Voilà pourquoi il faut, entre autres, mettre à jour la véritable nature des petits phalangistes du désordre noir, automates sans culture politique, qui occupent leur pathétiques loisirs à trahir sans relâche l’esprit de Louise Michel !

    Yves Claudé

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  4. C'est bien ce que je pensais, vous accusez encore à tort et à travers.

    Il est vrai que certaines personnes qui se prétendent anarchistes ont souvent des comportements dominateurs, que ce soit dans leur vie amoureuse ou dans des assemblées générales étudiantes. Mais ça n'a aucun lien avec leur petite-bourgeoisie. Il faut d'ailleurs être profondément aveugle pour croire que les universités et cégeps ne sont fréquentés uniquement par des petit-e-s bourgeois-e-s. Il faut d'autant plus être débile pour ne pas se rendre compte que ces techniques "fascisantes", comme vous dites sans vous rendre compte de la nature fortement exagérée de vos propos, sont l'apanage des mouvements ouvriers dans leur ensemble, surtout dans les syndicats, mais aussi dans plusieurs groupes communautaires. Les anars n'y sont pour rien là-dedans.

    Vous devriez aussi faire la distinction entre uniformité (par exemple, l'uniformité des pancartes dans certaines manifs - j'ai déjà vu un service de sécurité empêcher des gens avec des pancartes différentes de joindre une manif, à cause de la prétendue nécessité de "parler d'une seule voix") et "informité", le fait de ne distinguer ni queue ni tête, ni ordre particulier, mais tout de même une forme de "cohérence interne".

    Je pense par ailleurs que quand Bourdieu s'attaquait aux petites personnalités charismatiques qui "n'existent que par le groupe", et "par qui le groupe existe", il ne condamnait pas là spécifiquement une contradiction vécue par des anars. J'avais plutôt l'impression qu'il parlait des communistes et de socialistes.

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  5. J'ajoute que jamais dans ma vie d'intello je n'ai lu quelque chose d'aussi pédant que ce qu'écrit Bourdieu, et jamais je n'ai vu autre chose d'aussi peu rigoureux être mis en exergue par des universitaires (de gauche).

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