lundi 11 novembre 2013

Bon Jour du Souvenir.

J'ai été éduqué dans un antimilitarisme viscéral. Je dois à mes parents de m'avoir transmis cette haine sans nuances pour l'uniforme, les guerres et les armes, qui s'est transformée graduellement en anti-autoritarisme général, car j'en suis venu à ne pas supporter, non plus, toutes ces mimiques de l'armée et de la prison que sont les appels à l'école primaire, le fait de se mettre en rang, d'avoir un numéro pour aller manger (moi c'était 98), de garder le silence, de demander la permission pour aller pisser, de ne pas se voir reconnaître le droit de vivre sa propre vie.

À chaque année, quand j'étais à l'école secondaire, l'armée canadienne tenait un kiosque dans la grande place, près des casiers, dans ma polyvalente. Ça devait durer une semaine. Parfois, ils venaient jusqu'à deux ou trois fois par année. Toutes les fois, c'était sous un autre visage que se présentait l'armée: cadets, réserve, forces régulières. Ce sont des ados de 14 à 16 ans qu'on tentait de séduire, de préparer à rentrer dans les rangs, avec des promesses stupides et un dessein réellement meurtrier.

Les cérémonies qui entourent le Jour du Souvenir ne sont qu'une autre manifestation du militarisme rampant que nous subissons, de cette discipline prussienne imposée aussi dans les écoles et les usines. Un jour du Souvenir qui glorifie le soldat mort pour rien, qui a fortement tendance à oublier les pertes civiles, et qui a presque banni le mot « horreur », de la même manière que ces reconstitutions pseudo-historiques de batailles oublient de mentionner que la plupart des soldats de la guerre de Sept ans (et de plusieurs autres) sont morts de maladie et de faim, et non pas d'une balle au coeur, prétendument héroïquement.

En ce Jour du Souvenir, je me souviens que beaucoup de mes semblables ont déserté les tueries et les guerres impériales, qu'illes ont fraternisé avec l'ennemi lui aussi libéré de sa haine, ou qu'illes ont désobéi, et que malgré la honte nationale qui préfère les oublier, moi je les admire.

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