Les deux mots font peur. Ce n’est pas la même peur que celle du néologisme « islamofascisme » qu’a inventé (probablement en comité) le Président des USA. Alors que la crainte surnaturelle du musulman enragé provoque un repli sur soi-même et des précautions exagérées, la peur du Rouge ou du Noir est mêlée à un intense mépris. C’est la peur de la contamination. On a peur des pouilleux barbus comme on a peur des blattes, des araignées. En les voyant, on est un peu dégoûté, on ne veut pas les voir monter sur les meubles, et puis on les écrase sauvagement, parce qu’on sait que peu importe sa laideur, l’insecte est le moins fort.
Je me sens ainsi, du moins, depuis que je suis sorti du placard. Oui, je suis quelque chose comme un extrême-gauchiste. Je ne sais pas trop exactement à quel groupe je devrais m’identifier (post-gauchiste ? marxiste-léniniste ? maoïste ? trotskiste ? anarchiste ? anarcho-communiste ? Anarcho-écolo ? Primitiviste ? castriste ? Freitagien? Chomskiste ? Simplement nostalgique ?) mais à vrai dire, la catégorisation, je laisse ça aux autres.
Il n’y en a pas un sur cent, mais pourtant, ils existent ! (Léo Ferré)
Je ne suis pourtant pas seul. Mis à part la pléthore de philosophes dont je n’ai rien lu – même pas Marx – des dizaines de chanteurs, de poètes, de provocateurs et de peintres ont été des extrémistes de gauche. Et je me compte chanceux car l’histoire leur a fait plus de place que les ignobles chanteurs et écrivains d’extrême-droite nazie (parce qu’il y a aussi l’extrême-droite libertarienne, à qui on donne la parole partout dans les mass médias québécois ainsi que dans les radios-poubelles). Ainsi, Léo Ferré, Renaud Sechan et Georges Brassens, qui ont incontestablement marqué l’histoire de la chanson française, étaient anarchistes. On a aussi accusé Jacques Brel d’être anarchiste – il s’est défendu de l’être, mais a accepté d’en discuter avec Brassens et Ferré lors d’une entrevue mémorable à la radio. De manière plus vague, Georges Moustaki a été un sale révolutionnaire gauchiste (écouter « Sans la nommer »), et Michel Fugain pas mieux (« Le chiffon rouge »). Ça vous en bouche un coin, non ? On est loin de l’image du barbu dangereux brandissant une torche ou un bâton de dynamite, ou du marginal au crâne à demi rasé qui habite dans la rue (sans offense pour mes camarades sans abri).
Être contre le pouvoir est une tare
C’est devenu un lieu commun. Un prof d’université (nous tairons son nom, disons seulement qu’il enseigne au département d’histoire de l’Université de Montréal) disait : « Le meilleur régime politique est la dictature éclairée. » Comme quoi il faut s’en remettre au plus intelligent, au plus sage. Ce dernier est le plus à même de déterminer qui a tort et qui a raison, et davantage même que les principaux sujets de l’action. Ainsi, unanimement, nous laissons les tribunaux juger des insanités, et nous écoutons patiemment les députés et les vieux parler comme s’ils détenaient une vérité qui nous échappe. Pourtant, la connerie n’a pas d’âge, ni de classe sociale. Ça, c’est aussi un lieu commun. Pourquoi donc sommes-nous mis de côté quand nous remettons en question de manière systématique l’ordre public, et la structure qui soutient ce trou sidéral qu’est notre société ? Pourquoi obéissons-nous servilement à la flicaille dès qu’elle se prend pour Cicéron ? C’est peut-être la confusion amenée par l’argument du bâton ; l’humain exploité est un cocu, battu, content, et il confond la raison avec les moyens déployés pour imposer la vérité.
Je conclus rapidement.
Eh quoi ? « Les extrêmes se rejoignent, comme janvier touche à décembre. » Les humains d’aujourd’hui sont des gens d’équilibre. Il faut que je l’accepte et parvienne à désirer, comme d’autres, qu’aucun glissement ne se produise, ni à gauche ni à droite, car c’est sur la montagne entre le deux vallées qu’on voit le mieux. Moi je te dis : descends sur le versant gauche, tu me diras si de loin ton vallon est encore aussi joli ou s’il est perdu dans les brumes.
(Aparté aux grévistes étudiants : Durant la grève, après que nous ayons vu certains maîtres agir comme des crétins profonds, comment pouvons-nous faire confiance à la masse des diplômés, des pédagogues ? Quel respect leur devons-nous ? L’expérience, celle qui corrompt l’esprit de faux postulats ? Non. À ce sujet, je préfère l’objectivité naïve des bambins, inconscients de leurs intérêts. Nous devons, aux profs, uniquement le respect qui sous-tend notre collaboration mutuelle dans la découverte, ainsi que celui d’êtres humains qui se connaissent individuellement. Bref, rien qui ne puisse nous assujettir servilement à leur jugement.)
De la même manière, nulle flicaille, nul juge, nul-le politicien-ne ne mérite un respect qui soit surhumain.
Je me sens ainsi, du moins, depuis que je suis sorti du placard. Oui, je suis quelque chose comme un extrême-gauchiste. Je ne sais pas trop exactement à quel groupe je devrais m’identifier (post-gauchiste ? marxiste-léniniste ? maoïste ? trotskiste ? anarchiste ? anarcho-communiste ? Anarcho-écolo ? Primitiviste ? castriste ? Freitagien? Chomskiste ? Simplement nostalgique ?) mais à vrai dire, la catégorisation, je laisse ça aux autres.
Il n’y en a pas un sur cent, mais pourtant, ils existent ! (Léo Ferré)
Je ne suis pourtant pas seul. Mis à part la pléthore de philosophes dont je n’ai rien lu – même pas Marx – des dizaines de chanteurs, de poètes, de provocateurs et de peintres ont été des extrémistes de gauche. Et je me compte chanceux car l’histoire leur a fait plus de place que les ignobles chanteurs et écrivains d’extrême-droite nazie (parce qu’il y a aussi l’extrême-droite libertarienne, à qui on donne la parole partout dans les mass médias québécois ainsi que dans les radios-poubelles). Ainsi, Léo Ferré, Renaud Sechan et Georges Brassens, qui ont incontestablement marqué l’histoire de la chanson française, étaient anarchistes. On a aussi accusé Jacques Brel d’être anarchiste – il s’est défendu de l’être, mais a accepté d’en discuter avec Brassens et Ferré lors d’une entrevue mémorable à la radio. De manière plus vague, Georges Moustaki a été un sale révolutionnaire gauchiste (écouter « Sans la nommer »), et Michel Fugain pas mieux (« Le chiffon rouge »). Ça vous en bouche un coin, non ? On est loin de l’image du barbu dangereux brandissant une torche ou un bâton de dynamite, ou du marginal au crâne à demi rasé qui habite dans la rue (sans offense pour mes camarades sans abri).
Être contre le pouvoir est une tare
C’est devenu un lieu commun. Un prof d’université (nous tairons son nom, disons seulement qu’il enseigne au département d’histoire de l’Université de Montréal) disait : « Le meilleur régime politique est la dictature éclairée. » Comme quoi il faut s’en remettre au plus intelligent, au plus sage. Ce dernier est le plus à même de déterminer qui a tort et qui a raison, et davantage même que les principaux sujets de l’action. Ainsi, unanimement, nous laissons les tribunaux juger des insanités, et nous écoutons patiemment les députés et les vieux parler comme s’ils détenaient une vérité qui nous échappe. Pourtant, la connerie n’a pas d’âge, ni de classe sociale. Ça, c’est aussi un lieu commun. Pourquoi donc sommes-nous mis de côté quand nous remettons en question de manière systématique l’ordre public, et la structure qui soutient ce trou sidéral qu’est notre société ? Pourquoi obéissons-nous servilement à la flicaille dès qu’elle se prend pour Cicéron ? C’est peut-être la confusion amenée par l’argument du bâton ; l’humain exploité est un cocu, battu, content, et il confond la raison avec les moyens déployés pour imposer la vérité.
Je conclus rapidement.
Eh quoi ? « Les extrêmes se rejoignent, comme janvier touche à décembre. » Les humains d’aujourd’hui sont des gens d’équilibre. Il faut que je l’accepte et parvienne à désirer, comme d’autres, qu’aucun glissement ne se produise, ni à gauche ni à droite, car c’est sur la montagne entre le deux vallées qu’on voit le mieux. Moi je te dis : descends sur le versant gauche, tu me diras si de loin ton vallon est encore aussi joli ou s’il est perdu dans les brumes.
(Aparté aux grévistes étudiants : Durant la grève, après que nous ayons vu certains maîtres agir comme des crétins profonds, comment pouvons-nous faire confiance à la masse des diplômés, des pédagogues ? Quel respect leur devons-nous ? L’expérience, celle qui corrompt l’esprit de faux postulats ? Non. À ce sujet, je préfère l’objectivité naïve des bambins, inconscients de leurs intérêts. Nous devons, aux profs, uniquement le respect qui sous-tend notre collaboration mutuelle dans la découverte, ainsi que celui d’êtres humains qui se connaissent individuellement. Bref, rien qui ne puisse nous assujettir servilement à leur jugement.)
De la même manière, nulle flicaille, nul juge, nul-le politicien-ne ne mérite un respect qui soit surhumain.
On pourrait dire que vous avez la tribulation pareille à la défibrillation...
RépondreSupprimerJe peine également avec les étiquettes qui catégorisent : deux ou trois mots ne peuvent jamais contenir un être humain en son entier. Pour moi, toute périphérie est aussi un centre, et ceux qui sont au centre se rendent parfois compte que de s'y être amassés les fait parfois se tenir au bord du gouffre...
Seriez pas un peu journaliste, aussi ? ;-)
À propos d"’humain exploité [qui serait] un cocu, battu, content", je pense qu'il y en a beaucoup aussi qui sont simplement ignorants, et ce, parce qu'on les a maintenus tels. Il y a aussi, bien sûr, ceux qui ne veulent pas trop savoir...
Salutations.
Eh bien! Je suis d'accord avec vous. Le savoir est d'ailleurs, selon moi, le plus grand don fait à l'humanité en même temps que sa plus grande damnation. Parce que le savoir, en plus d'être souvent... faux, sous-entend son contraire, l'ignorance.
RépondreSupprimerEn lien avec ce que vous dites, je pourrais aussi excuser les enfants de chienne de ce monde de cette manière: Ils ne tiennent pas nécessairement leurs esclaves dans l'ignorance, mais se tiennent eux-mêmes dans l'ignorance.
Euh... finalement, non, ça ne les excuse pas.
Non, je ne suis pas journaliste.
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