dimanche 4 mai 2008

Marron comme.

Bêêêêêêê, camarades.

Je suis marron comme l’argile, marron comme la terre et la boue. Entre le noir et l’écarlate. Je suis un mammifère dont la toison est remplie de ce mélange humide et sale qu’est l’humus du parterre.

Marron comme…

Et la merde dans tout ça ? J’en doute. C’est dans la merde que poussent les légumes gorgés d’eau, et les fleurs les plus belles. La merde donne la vie : elle est trop riche pour moi. Me comparer à elle relèverait du délire.

Par ailleurs, je ne suis pas né différent des autres ; je ne suis pas le mouton noir qui subit l’exclusion de la peau, ou le mouton à trois pattes qui perd de vue ses compères. Je suis celui qui reste à l’écart du troupeau parce qu’il ne s’est pas lavé. Ou plutôt celui qui ne s’est pas pollué de blanc – puisque barbouillé je suis sans doute plus proche du naturel. Errant plus loin sur les prés, je justifie bien insolemment ma marginalité dans la plus totale solitude, même si je ne manque pas d’observer ce qui se passe.

La vérité ? Présentez-la-moi que je l’encule. Je me donne le droit d’être vulgaire avec elle sans la blesser parce qu’elle n’existe pas. Mais continuez de la chercher, bande de caves. Si vous avez quelque chose à perdre dans cette quête, mettez-la en jeu, ça me fera marrer.

Crier « Dieu est mort » dans une église

Le gros bon sens est maintenant un thème publicitaire ; on l’érige en religion et tout mouton n’étant pas en mesure de parvenir aux mêmes conclusions que les papes de cette manière de conceptualiser le monde doit être considéré comme un parasite de l’opinion.

Le gros bon sens présente le monde de manière pleine, en effet, de simplicité : d’un côté, une masse stupide qui n’a qu’une idée en tête : bâtir une société dans laquelle n’existe aucune responsabilité, et où tout problème trouve une solution dans l’État. Cette masse, affectée par la pensée unique des syndicaleux, a l’esprit encrassé par de méchants marxistes-léninistes souhaitant installer un régime crypto-socialiste, selon l’expression exacte d’un homme plein de gros bon sens. De l’autre côté, une minorité de créateurs de richesse, de gens dynamiques et sages essaie de faire entendre la vérité (que j’encule) au peuple. Ces gens SONT les véritables dissidents, les avant-gardistes, les progressistes.

Protons, neutrons, étrons

Face à ces intellectuels manichéens, à ces « électrons libres » comme ils osent se nommer eux-mêmes, je suis ce que je suis : un être puant, un étron libre. C’est que je leur dis, avec bien de l’insolence dans ma voix désagréable (bêêê), que s’ils ne voient personne à côté d’eux et devant eux, s’ils se croient seuls, c’est que ce sont eux qui sont devant, qui dirigent les troupeaux. Et les troupeaux les suivent. Comme ils disent eux-mêmes : « En haut de l’échelle, c’est la solitude. Mais c’est réconfortant de regarder en bas et voir les gens s’escrimer à vouloir monter. » Et si on s’escrimait à câlisser l’échelle par terre au lieu d’essayer d’imiter ceux qui l’ont gravie ? La solitude des électrons libres aurait une autre saveur, celle de la cendre dans laquelle ils forcent leurs semblables à vivre.

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