Une minuscule note en réaction d'une question qu'on pose souvent: que ferait-on des sciences économiques à l'intérieur d'un système qui ne compte plus sur le capital pour se développer? Je ne vois pas en quoi, advenant le cas de l'abolition de la propriété privée, de l'État et du capital, et même du "marché", les économistes et "gestionnaires" économiques deviendraient inutiles. Dans une commune anarchiste, les capacités d'un comptable peuvent être récupérées, comme celles d'un financier. Seulement, la gestion passe du virtuel au matériel, et du privé au collectif.
Dans un monde dominé par le mode de vie anarchiste, les comptables et autres gestionnaires de l'économie de plusieurs communes (ou enclaves, ou syndicats, ou autres regroupements, peu importe le modèle) continueraient à faire leurs savants calculs, dessinant des graphiques sur la productivité - toujours matérielle - des heures de travail, sur les stocks de nourriture, sur la production de vêtements, etc. Ils continueraient de se livrer à des estimations globales sur l'avenir (bref, à spéculer, mais dans le sens propre du verbe). Le secteur de l'érudition mathématique et économique deviendrait d'autant plus névralgique que les gens ne pourraient plus se permettre de pertes substantielles sans réduire leur qualité de vie ou leur apport calorique, les emprunts étant devenus difficiles à obtenir. Les calculs des économistes et des agronomes permettraient aussi d'établir des données sur l'avenir démographique de certaines régions.
Cependant, au sein d'une société anarchiste, les possibilités seraient très diverses, comme les modes d'organisation. Notre système fonctionne selon des castes professionnelles étroitement cloisonnées. Ce ne serait pas nécessairement le cas dans l'anarchie, laquelle pourrait sonner le glas des professions en général - dont celle d'économiste et de comptable.
Comme je l'ai dit auparavant, trop s'avancer est inutile. Personne, même pas les libéraux classiques, n'ont pu imaginer avec précision, deux cent ans à l'avance, à quoi ressemblerait notre village global aujourd'hui. Et si je crois que l'imagination est bénéfique (elle permet de créer le possible), je ne crois pas que l'idéologie le soit autant. Il ne faut jamais, comme les libertariens ou certains groupes marxistes le font trop souvent, chercher à établir coûte que coûte un système selon des normes établies à partir d'un point de vue émergeant au milieu d'une société aliénée.
***
Autre chose importante à retenir: les militant-e-s anarchistes peuvent parfois paraître sauvages, voire dangereux, mais ce ne sont pas des coupeurs de têtes. Les libertaires ne peuvent pas, fondamentalement, se livrer à des purges. Ni dans le cadre d'une révolution, ni dans le cadre d'évolution réformiste.
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