samedi 24 janvier 2009

Petit guide de l'extrême-gauche québécoise (2)

LES COMMUNISTES

Les prochains billets faisant partie du "Petit guide de l'extrême-gauche québécoise" traiteront des organismes communistes du Québec. Je qualifierai de "communiste" tout organisme se déclarant "communiste", faisant la promotion d'un État tout-puissant et n'étant ni anarchiste ni suprémaciste blanc.

Comme je l'ai dit plus tôt, cet ouvrage est un work in progress, ce qui signifie que je suis ouvert aux suggestions (autres que "ta yeule" ou "suicide-toi"). Je tiens aussi à spécifier que je ne considère pas ce guide comme une manière de jouer le jeu de la droite en discréditant "les organisations un peu trop remuantes". Voici pourquoi:
- être malhonnête et manquer de sens critique, c'est ça jouer le jeu de la droite;
- anyway personne le lira;
- ces organismes se discréditent eux-mêmes avec talent sans avoir besoin de mon aide;
- pis non mais de quoi tu te mêles au juste.

3. Le Parti Communiste du Québec (ne pas confondre avec le PCQ-PCC ou le PMLQ)

Les militant-e-s du Parti Communiste du Québec sont reconnaissables, dans les manifestations, quand ils/elles brandissent leurs drapeaux rouges représentant une fleur de lys au milieu d'un cercle formé par un épi de blé doré et une moitié de roue d'engrenage bleue. Une variante unifoliée du logo existe chez les camarades du Parti Communiste du Canada et de leur section québécoise (qui n'a cependant plus rien à voir avec le PCQ, même si la section québécoise du PCC partage le même nom que le PCQ).

Le nombre des membres est difficile à estimer, mais il semblerait qu'ils soient assez peu. Si vous possédez des données à ce sujet, n'hésitez pas à me les transmettre pour que je puisse compléter cet article. J'ai déjà envoyé un courriel au Parti ("Bonjour, combien êtes-vous?"), mais toujours pas de réponse. Cependant, le nombre de personnes présentes à leur dernier congrès (environ vingt-cinq) nous donne un indice sur leurs effectifs.

Le PCQ est un parti officiel approuvé par le DGEQ, mais a également reçu le statut de collectif au sein de Québec Solidaire, jouant chez eux un peu le même rôle que le SPQ Libre au Parti Québécois, avec sans doute un peu plus de discrétion, car il doit partager la place avec d'autres collectifs du même genre. Plusieurs candidats du PCQ se sont d'ailleurs présentés sous la bannière de Québec Solidaire aux dernières élections provinciales. S'il n'est donc pas ouvertement révolutionnaire, mais électoraliste, il entretient toutefois une certaine sympathie à l'égard de Cuba et de l'ex-URSS. Son discours est clairement prolétarien et couvre largement l'actualité syndicale. Les membres du PCQ (le parti d'André Parizeau et de Francis Gagnon-Bergmann, récemment élu chef en remplacement du premier) sont en faveur de l'indépendance du Québec, qu'ils voient comme un prérequis à l'installation du socialisme.

Le PCQ, contrairement à l'ASSÉ ou à la plupart des agglomérats anarchistes, est formé de gens de tous les groupes d'âges, mais le nombre de femmes y est extrêmement limité. Je vous réfère au commentaire de Nicolas pour connaître la genèse du PCQ: "Vers le milieu de la décennie [1990], un petit groupe de coco issu du mouvement ML a quitté Action Socialiste (l'ancêtre du PCR) et a fondé le Groupe communiste ouvrier. Ce Groupe communiste ouvrier a éventuellement fusionné avec le PCC et pris le leadership du PCQ (qui était alors essentiellement composé d'une forte section grecque et de quelques autres groupes issus de l'immigration). Dans le processus de création de QS, le PCQ s'est éventuellement cassé en deux. Le dirigeant (un dénommé Parizeau!) est "devenu" indépendantiste et a voulu l'imposer au parti. Résultat: split. Le groupe de Montréal est resté affilié au PCC et le dirigeant, avec le groupe de Québec, est devenu indépendant. Résultat, il y a deux PCQ. Le PCQ officiellement reconnu par le DGEQ (indépendantiste) et le PCQ reconnu par le PCC." Wikipédia a également un article dédié à l'histoire du PCQ.

Le PCQ n'est pas un groupe d'extrême-gauche classique, formé d'agitateurs/trices cherchant la confrontation ou revendiquant des changements immédiats et radicaux. Il semble peu enclin à critiquer, par exemple, les syndicats corporatistes et ne parle que tout bas d'abolir le patriarcat ou le capitalisme (quand il en parle... c'est-à-dire pas souvent). Le Parti rejoint donc la plateforme de Québec Solidaire qui dit adopter "une perspective critique du capitalisme". Ce qui ne veut bien entendu rien dire, étant donné que les libertariens de droite peuvent également adopter "une perspective critique du capitalisme", ainsi que le FMI. Bref, le PCQ apparaît davantage comme un collectif de tièdes marxistes de centre-gauche que comme un regroupement de véritables communistes révolutionnaires. Seuls leurs t-shirts "CCCP" de Staline et de Lénine parviennent peut-être encore à secouer le confort de tout confort-miste.

5 commentaires:

  1. Le PCQ est un parti officiel (voir le site du DGEQ) qui n'empêche pas ses membres d'adhérer à d'autres partis. Sans doute que plusieurs membres du PCQ sont aussi membres de Qs (tous les membres du collectif du PCQ chez Qs sont bien sûr membres de Qs). Qs a permis au PCQ d'obtenir le statut de collectif, ce qui veut dire, en pratique, que ses membres sont autorisés à tenir un kioske lors des conseils généraux (ou peut-être à d'autres occasions, je ne sais pas) et qu'ils bénéficient d'un espace sur le site intranet.

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  2. Merci pour ces précisions. Je corrige immédiatement.

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  3. Il peut être intéressant de retracer un peu la généalogie des communistes québécois.

    Historiquement, le Parti communiste du Canada (PCC) avait une branche québécoise qui a été relativement "forte" jusqu'au début des années 1950. C'est à Montréal, par exemple, qu'a été élu le seul député communiste au fédéral (pendant la deuxième guerre).

    Le Parti s'est grandement affaibli dans les années 1950 à la suite d'une scission voyant le gros de sa base ouvrière francophone le quitter suite à l'expulsion de l'électricien Henri Gagnon (c'est lui l'agitateur à l'origine du mouvement de squatters montréalais des années 1940).

    Il n'est pas clair si le parti a vraiment survécu jusque dans les années 1990 mais il restait des traces. Vers le milieu de cette décennie, un petit groupe de coco issu du mouvement ML a quitté Action Socialiste (l'ancêtre du PCR) et a fondé le Groupe communiste ouvrier.

    Ce Groupe communiste ouvrier a éventuellement fusionné avec le PCC et pris le leadership du PCQ (qui était alors essentiellement composé d'une forte section grecque et de quelques autres groupes issus de l'immigration).

    Dans le processus de création de QS, le PCQ s'est éventuellement cassé en deux. Le dirigeant (un dénommé Parizeau!) est "devenu" indépendantiste et a voulu l'imposer au parti. Résultat: split. Le groupe de Montréal est resté affilié au PCC et le dirigeant, avec le groupe de Québec, est devenu indépendant.

    Résultat, il y a deux PCQ. Le PCQ officiellement reconnu par le DGEQ (indépendantiste) et le PCQ reconnu par le PCC. Les deux sont dans QS je crois. Les deux sont surtout actif dans le mouvement syndical et dans les groupes de solidarité internationale (outre QS).

    À noter que le groupe indépendantiste a une section jeunesse un peu remuante.

    Objectivement, tant l'un que l'autre sont pas mal moribond. Tout comme d'ailleurs le PCC(ml) et d'autres groupuscules.

    En fait, les seuls groupes communistes encore remuants sont le PCR et les factions trotskystes de QS (Gauche socialiste par exemple).

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  4. Jusqu'à maintenant, je ne sais pas à quel point les groupes dont tu parles peuvent se retrouver sous le label d'extrême gauche qui selon moi, est un rejet du réformisme et du cirque électoral.

    Ça ne veut pas dire que c'est inintéressant, mais si les billets en question étaient lu (on ne sait jamais hein!), ça pourrait entraîner questionnements, confusions et autres symptômnes non identifiés.

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  5. @Nicolas: Merci pour ces informations, je les ai intégrées dans l'article.

    @Bakouchaïev: J'ai décidé de commencer par les organisations dépeintes comme appartenant à l'extrême-gauche, mais qui n'en sont pas nécessairement. Dans un avenir presque lointain, nous allons par exemple discuter du groupe "La mauvaise Herbe" et des Maoïstes du PCR. En ce qui concerne la confusion et les questionnements: eh bien oui, ça risque fort d'arriver, comme dans tout exercice intellectuel!

    Vous constaterez que comme je n'aime pas catégoriser les gens, et que la gauche radicale québécoise est un fatras incompréhensible et flou, ce "petit guide" pourrait bien finir par avoir plus de valeur artistique que scientifique.

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