vendredi 4 septembre 2009

La prison: à quoi bon.

Les député-e-s agitent leurs sceptres de papier devant le gouvernement conservateur afin de faire abolir la libération au sixième de la peine dans les prisons fédérales. Même le Bloc, cette fois-ci, est d'accord pour augmenter la répression. Yves Boisvert a décidé de jouer le même jeu en brandissant de manière très populiste les immortels exemples de Vincent Lacroix et de Earl Jones.

Je me fiche bien du sort des deux malfrats de la finance, ainsi que celui des mafieux qui contrôlent depuis la tôle (de toute façon) des réseaux aussi élaborés que la bureaucratie de l'État, mais je commence à me fatiguer d'entendre cette rhétorique pro-répression. Quand j'entends ce genre de vomissage de tripes autoritaristes, même si certaines personnes m'apparaissent parfois de bonne foi dans leur utilisation de syllogismes douteux, je ne peux m'empêcher de me méfier en me disant que je serais mieux de m'attendre à voir mes libertés diminuer.

Car l'extérieur est une prison de toute façon, surveillée par des escouades en tout genre dont l'une lira même peut-être un jour mes propos séditieux. L'école est une prison, le bureau aussi. Pourquoi aligner des détenu-e-s derrière des barreaux? Les aligner en rangs derrière des pupitres et les forcer à demander la permission pour demander la permission d'aller pisser (c'est le comble de l'asservissement) reviendrait au même. Pourquoi ne pas simplement les fouiller quotidiennement comme aux douanes, ou à l'épicerie? Pourquoi ne pas les cribler de dettes? Les faire travailler 50 heures pour un frigidaire? Après, vous allez voir, quand quelqu'un trouvera quelque chose de gratuit dans les poubelles, ces anciens criminels vont être les premiers à exiger la prison pour le profiteur.

Les néo-libéraux conservateurs de ce monde n'aiment pas donner des libertés aux êtres humains. Pourtant, ce sont eux qui parlent le plus de la liberté: celle des marchandises. Les marchandises, dans leur utopie nauséabonde, devraient circuler de manière très fluide, reproduisant grâce à la main invisible du marché un chemin semblable à celui du cycle de l'eau.

Dès lors, le seul moyen pour l'être humain de circuler sans entraves, dans un monde pareil, ce sera de... devenir de la marchandise. D'ailleurs on aura pas à attendre longtemps: cette transformation s'opère déjà.

1 commentaire:

  1. Dans ce dossier et dans celui du gangstérisme, le Bloc est encore plus à drouate que les CONservateurs. C'est honteux!

    Putain, il y a un paragraphe superbe dans ce billet! Bravo!

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