Tout pète de partout et il semble que la force coercitive de l'État a reçu une réponse à sa mesure: les actes de vandalisme à caractère politique se multiplient au Québec et en Ontario.
Il y a plus d'un mois, les banques étaient ciblées dans le but de dénoncer le G20; maintenant, on assiste à une série de petites actions directes, souvent accomplies par des groupes réduits, parfois en solitaire. Une bombe a explosé dans un bureau de recrutement de l'armée à Trois-Rivières, un jeune pyromane écologiste a été arrêté à Chambly pour avoir coûté 1,5 millions aux propriétaires des chantiers de construction, des anarchistes vandalisent toujours des banques et on a appris, il y a quelques jours, que des gens vêtus de noir avaient abîmé l'orgueil et les locaux de la GRC à Montréal.
Je pense que cette tempête d'actes visant la propriété risque de se calmer bientôt. Une telle série d'actes avait suivi la parution du manifeste du collectif "Ton Père". Mais après que les flics - complètement dépassés - aient visité les gens de Koumbit (qui hébergent le CMAQ), un certain silence s'était installé et on n'a plus entendu parler de famille de toute l'année 2008-2009. Quoique la situation est cette fois-ci différente et que les incidents ne sont pas tous reliés entre eux, sinon par la situation politique et sociale particulièrement désespérante que nous vivons depuis quelques temps.
Les puissant-e-s, ahuri-e-s par le défi lancé par des quidams, qualifient ces actes d'attentats terroristes. Et quand certains organismes contestataires sont ciblés par la répression policière qui cherche à punir les rebelles pour les actions des plus radicaux/ales d'entre eux, hautain-e-s et méprisant-e-s, les chroniqueurs/euses à deux balles posent cette question stupide aux représentant-e-s médias: "Dénoncez-vous les actes de violence posés pendant la manifestation?" Quand les personnes interviewées répondent "non", on considère qu'elles refusent de se distancier. Cela cause tout un émoi. En revanche, quand le gouvernement appuie la négation des droits humains, les intrépides libre-penseurs des mass médias haussent les épaules en disant: "Ah bon".
Je ne vois pas pourquoi les activistes devraient dénoncer de front les actes de vandalisme. Prendre ses distances est tout à fait normal: ce n'est pas la CLAC2010, ni l'UCL, ni moi et mes ami-e-s qui ont pété des vitrines, et je pense que la grande majorité des anarchistes et autres anticapitalistes présent-e-s au G20 n'ont absolument rien fait pour favoriser les actes de vandalisme, sauf peut-être applaudir occasionnellement. Idem pour les "attentats" de Trois-Rivières, Montréal, Chambly, Ottawa, etc. Et puis qu'est-ce que ça changerait de toute façon que les anars rient dans leur barbe, a posteriori? La police cherche les coupables, pas le monde qui trouve ça drôle.
Mais comment dénoncer? Dénoncer ces actions désespérées, c'est comme dénoncer la piqûre d'une abeille. Elle n'est pas toujours bien ciblée, n'atteint pas nécessairement les véritables responsables de la misère de la ruche, elle est incontrôlée et motivée par l'instinct. Chez les responsables des actes commis au cours des dernières semaines, on n'y reconnaît donc pas l'expression de la domination ou de la violence coercitive, comme le serait un tag néonazi sur le mur d'une coop d'habitation; mais plutôt l'expression des dominé-e-s qui tentent de mordiller leur cage afin d'en sortir. Or, s'attaquer à des barreaux de prison n'est pas un acte de violence: c'est un acte de défense et de liberté qui veut mettre fin à une violence.
Les actions directes de ce type, de mon point de vue, manquent cependant sérieusement d'efficacité. En général, ça se conclut seulement par un intense gaspillage. Le dicton "Vole aux riches pour donner aux pauvres" pourrait aussi être remplacé par une version plus contemporaine. Je suggère: "Brûle les riches... pour brûler des riches." Le vandalisme est un acte naturel de défense contre une agression systémique, mais pour cette même raison elle n'est pas toujours la réponse la plus rationnelle, toute théâtrale qu'elle soit.
Après tout, je suis contre le travail, et le vandalisme force dans quelques cas (et heureusement pas dans tous) les travailleurs/euses à se lever plus tôt pour ramasser le bordel - ce ne sont certainement pas les bourgeois-es qui iront tout ranger[1].
Mais en attendant le Grand Soir qui n'arrivera pas de notre vivant[2], je ne sais pas quoi proposer en échange de ces actes de violence contre des personnes (morales que sont les corporations) qui n'ont jamais, jusqu'à maintenant, fait davantage que de consoler les véritables victimes en leur donnant une pâle sensation de vengeance.
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[1] Nous pourrions objecter à cela que les employé-e-s qui acceptent de ramasser les carcasses d'autopatrouilles rôties ne sont que des esclaves et qu'ils/elles méritent amplement de se lever tôt le matin, la réaction la plus logique - que dis-je, la réaction la plus héroïque - étant de refuser la job de bras et de peser sur snooze.
[2] Ne pas y croire ne m'empêche pas de l'espérer.
Il y a plus d'un mois, les banques étaient ciblées dans le but de dénoncer le G20; maintenant, on assiste à une série de petites actions directes, souvent accomplies par des groupes réduits, parfois en solitaire. Une bombe a explosé dans un bureau de recrutement de l'armée à Trois-Rivières, un jeune pyromane écologiste a été arrêté à Chambly pour avoir coûté 1,5 millions aux propriétaires des chantiers de construction, des anarchistes vandalisent toujours des banques et on a appris, il y a quelques jours, que des gens vêtus de noir avaient abîmé l'orgueil et les locaux de la GRC à Montréal.
Je pense que cette tempête d'actes visant la propriété risque de se calmer bientôt. Une telle série d'actes avait suivi la parution du manifeste du collectif "Ton Père". Mais après que les flics - complètement dépassés - aient visité les gens de Koumbit (qui hébergent le CMAQ), un certain silence s'était installé et on n'a plus entendu parler de famille de toute l'année 2008-2009. Quoique la situation est cette fois-ci différente et que les incidents ne sont pas tous reliés entre eux, sinon par la situation politique et sociale particulièrement désespérante que nous vivons depuis quelques temps.
Les puissant-e-s, ahuri-e-s par le défi lancé par des quidams, qualifient ces actes d'attentats terroristes. Et quand certains organismes contestataires sont ciblés par la répression policière qui cherche à punir les rebelles pour les actions des plus radicaux/ales d'entre eux, hautain-e-s et méprisant-e-s, les chroniqueurs/euses à deux balles posent cette question stupide aux représentant-e-s médias: "Dénoncez-vous les actes de violence posés pendant la manifestation?" Quand les personnes interviewées répondent "non", on considère qu'elles refusent de se distancier. Cela cause tout un émoi. En revanche, quand le gouvernement appuie la négation des droits humains, les intrépides libre-penseurs des mass médias haussent les épaules en disant: "Ah bon".
Je ne vois pas pourquoi les activistes devraient dénoncer de front les actes de vandalisme. Prendre ses distances est tout à fait normal: ce n'est pas la CLAC2010, ni l'UCL, ni moi et mes ami-e-s qui ont pété des vitrines, et je pense que la grande majorité des anarchistes et autres anticapitalistes présent-e-s au G20 n'ont absolument rien fait pour favoriser les actes de vandalisme, sauf peut-être applaudir occasionnellement. Idem pour les "attentats" de Trois-Rivières, Montréal, Chambly, Ottawa, etc. Et puis qu'est-ce que ça changerait de toute façon que les anars rient dans leur barbe, a posteriori? La police cherche les coupables, pas le monde qui trouve ça drôle.
Mais comment dénoncer? Dénoncer ces actions désespérées, c'est comme dénoncer la piqûre d'une abeille. Elle n'est pas toujours bien ciblée, n'atteint pas nécessairement les véritables responsables de la misère de la ruche, elle est incontrôlée et motivée par l'instinct. Chez les responsables des actes commis au cours des dernières semaines, on n'y reconnaît donc pas l'expression de la domination ou de la violence coercitive, comme le serait un tag néonazi sur le mur d'une coop d'habitation; mais plutôt l'expression des dominé-e-s qui tentent de mordiller leur cage afin d'en sortir. Or, s'attaquer à des barreaux de prison n'est pas un acte de violence: c'est un acte de défense et de liberté qui veut mettre fin à une violence.
Les actions directes de ce type, de mon point de vue, manquent cependant sérieusement d'efficacité. En général, ça se conclut seulement par un intense gaspillage. Le dicton "Vole aux riches pour donner aux pauvres" pourrait aussi être remplacé par une version plus contemporaine. Je suggère: "Brûle les riches... pour brûler des riches." Le vandalisme est un acte naturel de défense contre une agression systémique, mais pour cette même raison elle n'est pas toujours la réponse la plus rationnelle, toute théâtrale qu'elle soit.
Après tout, je suis contre le travail, et le vandalisme force dans quelques cas (et heureusement pas dans tous) les travailleurs/euses à se lever plus tôt pour ramasser le bordel - ce ne sont certainement pas les bourgeois-es qui iront tout ranger[1].
Mais en attendant le Grand Soir qui n'arrivera pas de notre vivant[2], je ne sais pas quoi proposer en échange de ces actes de violence contre des personnes (morales que sont les corporations) qui n'ont jamais, jusqu'à maintenant, fait davantage que de consoler les véritables victimes en leur donnant une pâle sensation de vengeance.
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[1] Nous pourrions objecter à cela que les employé-e-s qui acceptent de ramasser les carcasses d'autopatrouilles rôties ne sont que des esclaves et qu'ils/elles méritent amplement de se lever tôt le matin, la réaction la plus logique - que dis-je, la réaction la plus héroïque - étant de refuser la job de bras et de peser sur snooze.
[2] Ne pas y croire ne m'empêche pas de l'espérer.
Les gens sont passablement brainwashés et ce depuis le berceau. Certaines conceptions demeurent (quand ce n'est pas toutes ou la plupart de nos conceptions).
RépondreSupprimerEt puis certaines organisations anarchistes (ou autres) semblent plus intéressées par leur image qu'autre chose. Après tout, il faut plaire à la masse!
PR.
PR?
RépondreSupprimerQuelles organisations anarchistes dignes de ce nom font attention à leur image? Je pensais que leur seul objectif était de ne pas rejoindre Al-Qaeda sur la liste des organisations terroristes.
J'ai reconnu la même attitude (ou presque) que des organisations ou groupes plus réformistes, ce qui n'est pas surprenant. Les anars ont abandonné l'idée de révolution, donc sont plus conciliantEs et donc, plus..réformistes.
RépondreSupprimerLa chose mériterait d'être davantage discuté, mais bon.
Pour ce qui du terme terroriste, c'est un terme fourre tout qui peu englober toute personne qui s'oppose à l'État et qui remet en question les fondements de la société.
Très pratique pour le pouvoir.
Je ne suis pas d'accord avec les moyens. On devrait plutôt se servir beaucoup plus de la confrontation, à la Andrew Breitbart.
RépondreSupprimerMais avec le diagnostic, je suis d'accord.
De plus, les étatistes qui dénoncent ces actes cautionnent souvent nettement pires. Ah que c'est beau le double-standard quand on est un étatiste!
"Et puis certaines organisations anarchistes (ou autres) semblent plus intéressées par leur image qu'autre chose."
RépondreSupprimerOui, en effet, mais on elles devraient opter pour la confrontation plurôt que les manifs et la violence...
"Je ne suis pas d'accord avec les moyens. On devrait plutôt se servir beaucoup plus de la confrontation, à la Andrew Breitbart."
RépondreSupprimerJe ne fais la promotion d'aucun moyen, je ne fais que refuser de dénoncer.
C'est quoi ton truc d'Andrew Breitbart?
Breitbart est un gars de droite (extrême?) associé au Tea Party (actuel) et à Fox News.
RépondreSupprimerSi c'est ça notre modèle....
Andrew Breitbart ? Le charlatan sophiste pourri par excellence qui est adoré par Fox News ?
RépondreSupprimerVoyons donc David.
En fait, j'ai vu peu de dénonciations depuis le G20. Au contraire, plutôt un resserrement des rangs contre la répression.
RépondreSupprimerMouton dit qu'il n'a rien à proposer. Je ne suis pas d'accord. Tu milite, tu fais un blogue. Ce n'est pas rien ça...
Je viens juste de me rendre compte à quel point une des questions que je pose dans mon billet est ridicule.
RépondreSupprimerGenre: "êtes-vous en faveur de la violence politique?"
Les gens qui auraient tendance à répondre oui auront sans doute tendance à répondre en silence.
Nicolas: Merci bien, là je me sens important (plus que lu). Cependant, je parlais de mon texte en tant que tel, dans lequel je ne fais la promotion directe d'aucun moyen.
"Je ne fais la promotion d'aucun moyen, je ne fais que refuser de dénoncer."
RépondreSupprimerOk, ça me va alors. Il y a des trucs bien pires, en fait!
Les méthodes de confrontation de Breitbart fonctionnent très bien pourtant. Je ne parle pas de ses mensonges et de ses conneries idéologiques.
"Au contraire, plutôt un resserrement des rangs contre la répression."
Nicolas a raison, le vent est en train de tourner. Tant mieux!