Mes études en histoire de l'Antiquité m'ont obligé à visiter l'Égypte en avril 2009. Entre le meilleur et le pire du pays, je pense que j'ai vu le pire et c'est surtout ça qui m'a marqué: conservatisme religieux malsain, surpopulation, problèmes endémiques de pollution, mauvaise alimentation, présence policière et militaire constante, et surtout grande misère. De plus, les sites touristiques sont tout sauf paisibles. Il faut pratiquement s'en enfuir pour rencontrer finalement du monde intéressant.
Mais malgré tout, ni les gens dans les cafés, ni dans les musées, ni même la fille d'un certain Institut français d'archéologie n'ont voulu aborder un sujet social et politique. C'est un chauffeur de taxi de Louxor (c'est con à dire, mais pour les touristes c'était moins cher de prendre un taxi que le bus) qui a fini par s'ouvrir, après que nous l'ayons provoqué plein de fois. Voilà ce qu'il a dit, à peu près[1], dans un anglais approximatif:
"La vie est très dure en Égypte, quand on a pas d'argent. Au gouvernement, ils disent qu'on peut se faire soigner pour pas grand-chose dans les hôpitaux publics, mais c'est faux. Si tu ne payes pas, le médecin ne voudra pas te soigner. Je me souviens qu'il y avait un vieux monsieur [le père de son beau-frère?] qui avait un violent mal de dents. Il est allé chez le docteur et celui-ci lui a demandé de payer un montant impossible. Le vieux a dit qu'il ne pouvait pas payer, et le médecin a voulu le chasser. Mais comme la douleur était trop grande, il s'en est finalement sorti en mentant et en disant qu'il avait l'argent. Une fois le traitement terminé, le docteur a dit que c'était le temps de payer. L'autre a dû avouer qu'il n'avait pas un sou.
L'Égypte est si peuplée qu'on doit bientôt songer à bâtir des villes dans le désert. C'est devenu invivable ici. Il faut sans cesse se battre pour respirer et les hommes doivent avoir deux ou trois emplois pour faire vivre leur famille."
Le chauffeur était un homme bourru et amer. Sa conduite était extrêmement dangereuse et même qu'il égrainait une sorte de chapelet pendant le voyage. Ce genre d'état d'esprit m'a semblé très courant dans ce pays. Partout, la tension sociale était palpable, et c'était pas agréable du tout. Les gens ne plaisantaient pas beaucoup...
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[1] J'aurais voulu rapporter ses propos plus exactement, mais mon journal de voyage est encore à Toronto, "held as evidence".
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"held as evidence"
RépondreSupprimerIl faudra que j'en reparle lors de la prochaine campagne électorale...
Un thèse intéressante:
RépondreSupprimerhttp://reactionismwatch.wordpress.com/2011/01/28/le-contrefeu/
Super intéressant ton blogue,
RépondreSupprimerJe passais suite a ton savoureux commentaire sur duhaime que tu à fais aujourd'hui ailleurs:
Duhaime n’est ni meilleur ni pire que ses ennemi-e-s, et commet toutes les bavures qu’il reproche à ceux-ci.
Le seul problème, c’est que ses ennemi-e-s sont imaginaires.
Ça à fait ma journée, merci!
Anonyme: De rien, et bienvenue sur ce blogue!
RépondreSupprimerDavid: théorie intéressante, en effet, quoique difficile à prouver. Mais de toute façon, on sait que la plupart de ces révolutions sont vouées à l'échec à court terme.
On ne peut pas non plus nier que l'énergie du peuple tunisien émane de lui-même. La contestation et la volonté de vivre en liberté m'intéressent actuellement plus que le résultat, qui est un peu prévisible.