mardi 8 février 2011

Encore de l'acharnement sur les jeunes.

Vous avez peut-être déjà lu ces passages, qui se retrouvent un peu partout sur le Net et dont j'aimerais vraiment connaître le/la compilateur/trice:

"Le père redoute ses enfants. Le fils s’estime l’égal de son père et n’a pour ses parents ni respect, ni crainte. Ce qu’il veut c’est être libre. Le professeur a peur de ses élèves. Les élèves couvrent d’insultes le professeur. Les jeunes veulent de suite la place des aînés. Les aînés pour ne pas paraître retardataires ou despotiques consentent à cette démission. Et couronnant le tout, au nom de la liberté et de l’égalité; l’affranchissement des sexes. Platon (428-348 av. J.-C.) La République, livre VIII

Notre jeunesse aime le luxe, elle est mal élevée; elle se moque de l’autorité et n’a aucune espèce de respect pour les anciens. Nos enfants d’aujourd’hui sont des tyrans. Ils ne se lèvent pas quand un vieillard entre dans une pièce. Ils répondent à leurs parents et ils sont tout simplement mauvais. Socrate (470-399 av. J.-C.)

Je n’ai plus aucun espoir pour l’avenir de notre pays, si la jeunesse d’aujourd’hui prend le commandement demain, parce que cette jeunesse est insupportable, sans retenue, simplement terrible. Hésiode (né vers 758 av. J.-C.)

Notre monde a atteint un stade critique. Les enfants n’écoutent plus leurs parents. La fin du monde ne peut pas être loin. Inscription hiéroglyphique d’un prêtre égyptien (environ 2 000 av. J.-C.)

Cette jeunesse est pourrie depuis le fond du coeur. Les jeunes gens sont malfaisants et paresseux. Ils ne seront jamais comme la jeunesse d’autrefois. Ceux d’aujourd’hui ne seront pas capables de maintenir notre culture. Inscription sur une poterie de Babylone (3 000 av. J.-C.)"

On peut maintenant y ajouter une citation de Renée-Claude Brazeau, pas plus brillante: "Les jeunes de la génération Y sont paresseux." À Radio-Canada, elle accusait aussi ce matin les jeunes de vouloir tout avoir tout de suite: écran plasma, congé la fin de semaine, électro-ménagers neufs.

De un, je sais pas c'est quoi un écran plasma. Les seules fois où j'ai entendu ça, c'était pour parler "des jeunes[1] qui ont tous des écrans plasma". Je sais même pas combien ça coûte. Bon, je sais que je suis pas fort en techno, mais les personnes gâteuses comme Brazeau doivent savoir de quoi elles parlent. Et puis tiens, ça pourrait devenir une joke avec mes ami-e-s ça. "Viens-tu prendre une tisane Nobo?
- Non, il faut que j'aille me magasiner un écran Plasma."

J'imagine pas les rires que ça déclencherait.

De deux, sur la paresse, c'est peut-être vrai que les jeunes disent vouloir travailler moins. Mais est-ce que ça se traduit réellement en tendance matérielle? Je suis pas certain. Je ne trouve pas de statistiques comparant le nombre d'heures travaillées par les 16-30 ans d'aujourd'hui vis-à-vis les plus vieux dans leur temps. Mais ce qui est certain, c'est que presque tous les jeunes de mon entourage sont sous-payé-e-s, surformé-e-s et affecté-e-s dans leur santé par le stress et/ou des problèmes d'alimentation. En ce qui me concerne par exemple, j'ai une maîtrise, je parle quatre langues modernes (bientôt cinq) et le meilleur emploi que j'ai pu trouver est payé 10$ de l'heure. Pourquoi ne prend-on même pas la peine de me passer en entrevue dans la plupart des musées, cégeps, centres culturels, etc.? Trop jeune, pas assez d'expérience? Surqualifié?

Mis à part justement ce problème de surqualification qui mériterait à lui seul trois thèses de doctorat, le fait est qu'autrement, les jeunes devront travailler beaucoup plus fort pour parvenir au même stade que leurs parents. Ce qui nécessitait autrefois un secondaire cinq demande aujourd'hui un DEP, et ce qui demandait autrefois un DEC demande aujourd'hui un bacc. Aux endroits où on demandait deux langues autrefois, on en demande maintenant trois. Et puis allez jeter un coup d'oeil dans les Éco-Quartiers et autres organismes communautaires: c'est rempli de (jeunes) biologistes et anthropologues qui travaillent 40h semaine mais qui en sont payé-e-s seulement 32... à 12$ de l'heure.

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[1]Sur les prêts et bourses?

10 commentaires:

  1. La meilleure solution, c'est encore refuser d'être jeune. En ce qui me concerne, j'y travaille avec acharnement et j'espère, dans un an ou deux, devenir une vieille chipie.

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  2. Sérieusement, cette histoire de générations, c'est vraiment de la sociologie de demeurés.

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  3. Plus les gens vieillissent et plus ils deviennent chiants. J'ai toujours trouvé que les adutles étaient stupides et je n'ai pas changé d'idée.

    Mais moi je vais rester jeune de coeur, alors je serai sauf. :)

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  4. Bah, c'est un peu de même dans toute l'étude des identités... chronologiques. Dans l'incertitude et l'ignorance, les personnes savantes ou non divisent toujours un groupe en trois sous-groupes. En Crête, c'est le Minoen Ancien, Moyen et Récent. En Égypte, c'est l'Ancien Empire, le Moyen Empire, le Nouvel Empire. (Après il n'y a plus d'Empire, c'est juste la "Basse-Époque".) Pour la Nubie selon Reisner: groupe A, groupe B, groupe C. Dans la société actuelle: Boomers, X, Y.

    Il ne faut pas se tromper: c'est réellement un progrès vis-à-vis le Moyen Âge, où on ne comptait jamais plus loin que deux.

    "La meilleure solution, c'est encore refuser d'être jeune."

    Ha ha ha, c'est amusant ça. Par quelles actions concrètes?

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  5. Bakouchaïev: je ne sais pas. C'est peut-être un peu facile de citer Brassens, mais parfois, je pense que le temps ne fait rien à l'affaire. Si tu manques de curiosité et d'ouverture en partant, ça s'améliorera pas.

    Pour éviter toute confusion, mon premier message répondait aux messages d'A.A.

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  6. Pour éviter toute confusion, ce message répond à la question de M.M. (lol)

    Il y a toujours plus jeune que soi, alors c'est facile d'être vieille — suffit de le vouloir. Après tout, ce n'est pas une réalité biologique, mais bien une identité sociale qui ne mérite en aucun cas d'être entretenue. Surtout qu'elle est transitoire par définition.

    Renée-Claude Brazeau est dans la quarantaine, ce qui fait d'elle une Gen-X qui, il n'y a même pas quinze ans, s'époumonait probablement contre les méchants baby-boomers. Tout cela est profondément crétin.

    Même les intellectuels patentés et vaccinés qui ont recours au concept de génération alignent niaiserie par dessus niaiserie. Je pense ici à François Ricard et sa «Génération lyrique» de triste mémoire. Au début de l'essai, on croit qu'il va parler des babyboomers. Ensuite, on comprend qu'il s'agit plutôt des «premiers nés du babyboom». Mais après, on constate qu'il s'intéresse surtout aux «intellectuels parmi premiers nés du babyboom». Et puis, à la fin, on se demande s'il ne parle pas de la poignée de gauchistes qu'il a croisé dans les couloirs de l'UdM et de McGill.

    Pitoyable.

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  7. @ MM : Je suis d'accord, aussi on ne doit pas prendre au premier degré ce que je dis. Je dis souvent des choses que je ne pense pas vraiment. J'aime bien exagérer et en beurré épais. Entre autre chose, je suis critique du culte de la jeunesse, surtout celle qui est superficielle et qui n'a rien à dire. Je suis contre l'agisme, qui va dans les deux sens.

    Reste que je suis un ti cul prisonnier d'un corps d'adulte. Ça explique en partie pourquoi je n'arrive pas à m'intégrer et que je ne me retrouve pas parmi les autres. C'est pour ça aussi (entre autre) que j'admire autant Dédé Fortin.

    Mais bon, on sait comment cela a fini....

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  8. Le problème de sur-qualification survient quand il y a trop de qualifiés pour le peu d'emplois qualifiés disponibles.

    Bref, il y a trop de diplômés universitaires, au sens du marché capitaliste du travail.

    Peut-être que le meilleur moyen de s'en sortir est de ne pas considérer les études comme une formation au travail...


    http://francoistremblay.wordpress.com/2011/02/09/graduates-are-the-best-slaves/

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  9. Et quand les bourreaucrates sont trop cons pour réduire le nombre de diplômés universitaires par des moyens académiques, ils choisissent la paresse et ils augmentent les frais de scolarité pour éliminer les pauvres de la future diplomation...ce qui engendre par surcroît une cohorte de diplômés plus docile au système capitalo-étatiste...

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  10. Bah nous aussi, une fois vieux, on va probablement être jaloux des "ti-jeunes" fougueux! ;0)

    La raison pour laquelle ils s'accrochent à leurs privilèges acquis (diplômes, ancienneté, etc.), c'est qu'ils ont peur de perdre leur place.

    Notre situation sera probablement semblable à la leur, une fois que nous serons âgé. Et tout comme eux, on ne voudra surtout pas être jeté aux poubelles sociales comme on le fait présentement.

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