jeudi 14 avril 2011

Billet décousu sur les élections

À un certain moment dans notre vie, on finit par choisir de ne plus croire en certaines choses, que ce soit un élément de médecine naturelle, un ésotérisme, un projet, un être surnaturel sorti d'une histoire pour enfants, etc. Chacun de ces sursauts de rationalité fait tomber un pan de l'illusion qui nous entoure continuellement et qui nous met des barrières.

Selon moi, les élections sont un des pans de l'illusion, ni plus ni moins glorieux que le décret d'une monarchie de droit divin. Il est impossible d'être au pouvoir par procuration. Le peuple ne peut pas exercer le pouvoir à travers des représentant-e-s. Mais ça, beaucoup de gens le savent déjà. La plupart des commentaires que j'entends sont de l'ordre de maximes niaiseuses du genre: "En allant voter, j'achète mon droit de chiâler." Cette expression très répandue est la preuve que cynisme n'égale pas toujours lucidité. Elle est nauséabonde car elle cherche à retirer insidieusement le droit d'expression à un grand groupe de citoyen-ne-s jugé-e-s comme immoraux. C'est largement une phrase que les gens aiment dire parce qu'ils trouvent qu'elle est cool, alors qu'en réalité elle est laide jusque dans son champ lexical: depuis quand, en effet, un droit s'achète-t-il?

Par ailleurs, je trouve que ce genre de cynisme, celui qui nous conduit à voter malgré notre désillusion, est comme une carapace vide.

Le désir et la foi

La foi est froide. C'est le moteur des idéologies, de l'aveuglement et de la mort. Le désir, c'est autre chose. C'est la corollaire de la franchise et de l'honnêteté envers soi-même. Il est encore rempli de contradictions mais pas d'incohérences. On discerne d'ailleurs au premier coup d'oeil l'enfant qui désire le Père Noël[1] de celui qui y croit.

Les exalté-e-s qui voient les élections comme une occasion de placer "notre" devant toutes les institutions publiques sont une minorité de naïfs/naïves et d'illuminé-e-s, mais illes parlent plus fort que les autres. La campagne, pour eux c'est un gros party d'un mois et c'est bieeen excitant. Ce sont comme des calinours électoraux. C'est du monde pas parlable.

Mais surtout, ce sont des gens qui m'apparaissent justement être sans désir[2]. C'est la foi qui les anime, d'une fidélité indéfectible pour un parti dont ces hurluberlus adoptent le Programme en entier, sans omettre une seule ligne. Illes le défendent comme des déchaîné-e-s, même si certains des paragraphes les mettent carrément mal à l'aise.

Illes m'écoeurent.

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[1] Je vous défie d'y voir une allusion érotique.
[2] À un point tel qu'arrêté-e-s par la police, illes iraient sans doute jusqu'à se passer eux-mêmes les menottes.

2 commentaires:

  1. Excellent billet!

    "On discerne d'ailleurs au premier coup d'oeil l'enfant qui désire le Père Noël[1]"

    Tu m'as complètement surpris avec ta note de bas de page!

    Néanmoins, beaucoup de CONservateurs sont assez tordus (ou des pédos refoulés, ce qui explique leur obsession pour la répression de la pédophilie) pour penser qu'il y a une allusion érotique là-dedans.

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  2. Sans aucun doute. Même si ces gens-là ont fait à plusieurs reprises l'expérience du désir, illes ne savent pas ce que c'est.

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