jeudi 13 décembre 2012

La trahison du PQ.

Le PQ est loin de l'époque pendant laquelle ses député-e-s portaient le carré rouge. On navigue maintenant de déception en déception, sans d'ailleurs que la plupart des péquistes, pourtant souvent progressistes, ne pensent à critiquer leur parti en public. Illes tiennent leur rang et c'est sans doute ce qui fait le plus mal à la société québécoise. Le PQ coupe là où le PLQ n'aurait jamais osé. La droite reproche au PQ de reculer: mais le PQ ne recule que sur ses mesures progressistes, menacé qu'il est par les mass médias et les agences de notation. La droite reproche finalement au gouvernement de faire ce que la droite veut.

J'aurais pu croire qu'on aurait pu arriver à des résultats complètement différents avec ce gouvernement. Avant les élections, j'avais imaginé deux scénarios: ou bien les mesures progressistes du PQ seraient poussées en avant, alors que les mesures nationalistes seraient bloquées par les partis d'opposition; ou bien l'opposition (en l'occurrence la CAQ) ne laisserait passer que les mesures nationalistes, bloquant tout progrès et transformant le PQ en Parti Conservateur du Canada, exaltant ses éléments xénophobes et obscurantistes. Il semble que nous soyons confronté-e-s à un scénario intermédiaire. Mais aurait-on pu réellement s'attendre à autre chose?

Dans tous les cas, la contestation est inexistante. La FECQ et la FEUQ, qui ont de toute façon fort à faire en dénonçant l'ASSÉ et en gérant les défections massives dans leurs rangs (bien fait pour eux!), sont muettes comme des carpes. L'ASSÉ grogne un peu, mais comme à l'habitude, à travers le filtre des mass médias, il n'en ressort qu'un petit filet de paroles qui est tout de suite dressé comme un épouvantail pour effrayer les braves travailleur-e-s qui sont tellement bon-ne-s de se lever à tous les matins et de polluer notre air de Longueuil à Rimouski. Et l'ASSÉ, encore, ne semble intéressée qu'à cet inutile Sommet sur l'Éducation.

Je me sens pas trahi par le PQ parce que j'ai trahi le PQ autour de 2006 en adoptant le drapeau noir une fois pour toutes. Mais je suis triste pour les gens qui attendaient tant de sa part et qui viennent d'être trahis par lui. Triste surtout parce que la plupart continuent de le défendre.

Après les élections, j'étais muet. Si je peux remercier les péquistes de ma connaissance d'une chose, c'est d'avoir été prudent-e-s avant de me faire la morale. Je sentais venir le fameux « tu vois, les élections peuvent changer quelque chose » comme une escouade de flics en armure lancée à 100km/h dans les rues de Montréal. Mais ils n'ont rien dit, me privant d'ailleurs du plaisir de leur répondre maintenant: « tu vois, les élections sont inutiles. »

La seule chose que nous conservons pour le moment, c'est ce maudit pseudo-gel des frais de scolarité dont, finalement, je me crisse un peu. Le reste nous file entre les doigts comme de l'eau, incluant l'essentiel désir de révolte.

Et les puissant-e-s profitent du temps mort pour placer leurs pions, parce qu'eux ne sont pas aussi épuisé-e-s que nous. Illes ont encore cette énergie parce qu'on ne s'est jamais vraiment attaqué-e-s à eux. Et qu'alors qu'on luttait bénévolement, eux, illes étaient payé-e-s des centaines de milliers de dollars pour nous envoyer leurs flics, leurs injonctions, leurs lois ridicules et liberticides, leurs chroniques nauséabondes.

Au printemps dernier, il n'aurait fallu à la population qu'un seul pas supplémentaire pour monter dans le sentier révolutionnaire. Mais elle a préféré se rasseoir et attendre que le gouvernement change tout. Un militant de Québec Solidaire m'avait bien confirmé partager ce désir. Il m'avait dit, dans une station de métro: « Je ne veux pas me sentir toujours délégué. » Sous-entendu: « je ne veux pas avoir le contrôle de ma vie, c'est trop de problèmes à régler. »

***

Je crois de moins en moins au progrès lent du réformisme. Le système le refuse plus souvent qu'autrement. Sinon c'est la menace de décote. Il FAUT privatiser et détruire notre environnement, c'est un impératif du capitalisme. Devant la tyrannie des agences de notation et des banquiers austères qui habitent dans des palais, il n'y a aucun compromis possible. Devant l'horreur du nationalisme et de l'irrationnel, le savoir ne peut faire aucune concession.

Nous devons tout détruire.

12 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

    RépondreSupprimer
  2. Je ne suis même pas surpris du PQ et ce sommet va être un échec complet, je peux vous le dire à l'avance. La seule question que je me pose maintenant est de savoir si l'ASSÉ à elle seule peut réussir à mobiliser autant qu'au printemps dernier car la rupture entre le mouvement étudiant et le reste de population risque fort bien de s'agrandir. J'entends déjà d'ici le retour du discours de bébé gâté alors que le ministre vient d'annoncer une carotte de 600$ millions de dollars pour justifier bien entendu l'indexation des frais de scolarité qu'il veut appliquer.

    RépondreSupprimer
  3. Réponses
    1. Le ministre veut en quelque sort acheter l'indexation des frais de scolarité tout en sachant très bien que ce 600$ millions ne sera pas indexé à chaque année contrairement au frais de scolarité qu'il veut indexé. L'ASSÉ va vouloir préserver ce 600 millions de réinvestissement tout en réclament la gratuité scolaire et c'est là que la population droitiste vont les traiter de "bébé gâté".

      C'est un je quitte ou double.

      Supprimer
    2. Je parie que le sophisme du "beurre et de l'argent du beurre" est promis à un grand avenir.

      Supprimer
    3. Tu oublies le cul de la fermière! Pour être équitable, je suppose qu'on devrait aussi mentionner le cul du fermier, mais rendu là...

      Supprimer
  4. La seule chose que j'ai vu passer dernièrement dans l'éducation, ce sont des compressions de plusieurs millions.

    RépondreSupprimer
  5. Je viens de voir. Il s'agit en effet d'un calcul politique. En même temps le chantage me semble flagrant.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Effectivement, et je sais pas à quoi ils pensent, parce que c'est d'une connerie monumentale.

      Supprimer
  6. Trahison? Quelle trahison? C'était prévu depuis le début.

    Quel rapport de force les étudiants ont-ils lorsque la raison principale qui a fait en sorte que le PCul retarde temporairement la haussse, est l'arrivée de Duchesneau lors de la dernière campagne électorale?

    RépondreSupprimer
  7. Pensez-y, le PCul est le gouvernement minoritaire le plus ridiculement élu de l'histoire du Québec, alors il doit courtiser les caquistes!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est le plus laid du PQ qui ressort actuellement. Et cette laideur ressemble en effet à la CAQ.

      Supprimer