jeudi 15 octobre 2009
lundi 12 octobre 2009
Hommage à Falardeau au Lion d'Or: "Nous vaincrons!"
Le seul moment vraiment intéressant de la première partie fut ce numéro très senti de la flûtiste-poète accompagnée d'un pianiste: j'en suis presque tombé en bas de ma chaise. Il faut bien accorder ça au mouvement indépendantiste: il recrute de bon-ne-s artistes polyvalent-e-s qui offrent des performances de très grande qualité et d'une diversité infinie. (Le numéro en question suivait le témoignage très ordinaire du très ordinaire Patrick Bourgeois[1], bruyamment accueilli par ses amis - les petits révolutionnaires de terrains de jeu du RRQ.) Le poème intitulé "J'ai oublié" était d'une longueur appréciable et rythmé - c'était pas un haïku de coin de comptoir - et le morceau de flûte très complexe (du Doppler). L'ambiance musicale et visuelle était également très bien choisie: bref, il a bénéficié d'une mise en scène vraiment géniale pour un spectacle organisé à la dernière minute.
Notons quand même la performance plus qu'acceptable de Jules Falardeau, le fils de l'autre, qui a rappé avec son copain "Le Paysan". Il avait un bon flot. Le beat et les paroles étaient très recherchés aussi.
La deuxième partie a été plus que correcte, avec l'interprétation très réussie du Screw, une des chansons entendues dans le film Le Party et qui a été composée par Richard Desjardins. Loco Locass a été par contre franchement plate (mais où est donc passé Chafiik?) avec l'interprétation de "La Censure pour l'échafaud" et "Les Géants". "La Censure pour l'échafaud" n'est pas une mauvaise toune (surtout qu'elle fait référence, avec un jeu de mots, au film de Louis Malle), mais "Les Géants" est un des pires textes que j'ai entendus de ma vie: c'est une gaffe de la Saint-Jean qui a souffert d'over-exposure.
Paul Piché a toutefois été très entraînant et le témoignage de Luc Picard, qui clôturait l'évènement, était émouvant. Ce qui devait suivre fut cependant un peu étrange: l'animateur de la soirée qui conclut simplement par "C'est un bel hommage" et l'ovation debout devant un poster de Falardeau accroché au plafond de la scène.
En bref, le show a certes duré un peu trop longtemps, ce qui fait que le public commençait à devenir plus éméché que respectueux vers la fin, mais il nous a permis quelques belles découvertes et, bien entendu, a permis aux spectateurs et spectatrices de connaître l'entourage de Falardeau.
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[1] Le gars qui voit des "fédéraleux crissement débiles" partout.
dimanche 11 octobre 2009
Hommage à Falardeau - Lion d'or
Loco Locass et Paul Piché, entre autres, performeront. Il paraît aussi que plusieurs séquences de films de Falardeau seront également projetées et que plusieurs textes seront lus par des personnalités connues. J'ai appris entre les branches que la soirée d'hommage a été préparée avec une générale technique seulement, ce qui fait que la présentation risque d'être assez conviviale.
Une flûtiste-poète a aussi été invitée par les organisateurs/trices de la soirée.
Mes raisons d'y être ne sont pas politiques (même si, comme je l'ai laissé entendre plus tôt, je reconnais une grande valeur à l'ensemble de l'oeuvre du cinéaste), mais comme certains numéros inédits en vaudront vraiment la peine, je ferai sans doute un retour là-dessus plus tard.
samedi 3 octobre 2009
Le FSQ: Un autre Québec en marche.
Les journées de séminaire de l'Institut Fraser (ce think tank de droite qui conseille par ses études biaisées les plus hauts placés de notre gouvernement), disaient quelques conférenciers en 2007, visent à faire contrepoids à ce genre d'évènements en proposant une journée de débats sur les politiques publiques qui ne soit pas contrôlé par l'establishment nationaliste étatiste. Sauf que cet évènement auquel j'ai participé deux fois ne vise en fait que l'abrutissement des jeunesses dorées. Quand un élément dissident fait surface au cours des discussions en "ateliers", on lui refuse le droit de parole et s'il insiste, on sort l'artillerie lourde en envoyant des grands parleurs caler les individus en question. Et puis en plus, au cours des trois dernières années il n'y a eu peut-être qu'une ou deux conférencières, contre environ vingt-cinq hommes, les femmes étant réléguées aux postes traditionnels de gestion de la liste d'invité-e-s.
Le FSQ est la seule place où j'ai pu m'exprimer en toute sincérité sans avoir à faire face à des huées. C'est peut-être une question d'affinités, me direz-vous: peut-être. Mais comme les structures du FSQ sont plutôt lâches, et que la formule des ateliers n'est pas du tout uniforme, les participant-e-s visitent le site avec une curiosité naturelle d'être humain, sans attentes particulières, prêt-e-s à l'écoute et à l'échange. Il n'y a pas de "tenue décontractée suggérée" comme à l'Institut Fraser. Ni de dogmes comme dans les partis politiques. Il y règne certes une organisation mais aussi une sorte de doux chaos qui permet à tout le monde de s'impliquer un peu. Comme, vous savez, quand il y a une fuite de gaz et que des gentil-le-s habitant-e-s des environs, qui n'ont pourtant jamais rien fait que se fier sur l'Autorité, apportent du café aux gens qui attendent dehors en robe de chambre.
Le seul problème, c'est que la dernière fois, il y avait des partisan-e-s de Québec Solidaire dans chaque atelier qui commençaient toutes leurs phrases par "Nous à Québec Solidaire..." ou par "Enfin un parti qui...", faque si j'en entends un s'essayer cette année je le slogue.
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À propos, au Devoir, Stéphane Baillargeon a donné la parole à la professeure Anne-Marie Gingras : «Je vais leur dire [aux jeunes du FSQ] qu'il faut construire la critique de la société à partir des institutions existantes et non pas contre elles. On ne peut pas faire table rase de tout et rêver de repartir à neuf. Le nihilisme anarchiste de certains radicaux dessert l'analyse fine et nuancée. C'est un des problèmes de la gauche actuelle.»
Ça m'a fait bien marrer. "L'anarchisme nihiliste" au Québec, c'est quoi, deux cent personnes maximum... dont:
- deux personnes qui arrivent à publier un article ou un essai de temps en temps;
- une à trois personnes sur le conseil exécutif de l'ASSÉ;
- une quinzaine de personnes qui tiennent des blogues que personne lit (je fais autant partie de ces personnes que de ce personne);
- une centaine d'individus qui vont dans les manifs et/ou qui cherchent de la nourriture dans les poubelles.
Alors comme ça, l'activité de ces gens-là, qui sont à placer dans les ennemis de l'intellectualisme (je m'étouffe de rire) est un des problèmes de la gauche actuelle... Sans nous, les syndicats corporatistes auraient tellement le champ libre pour pratiquer leur lobbyisme collabo, ce serait-y pas formidable! Le radicalisme gauchiste québécois est en voie de disparition et sa voix ne se fait jamais entendre sur la place publique - ou on ne l'écoute pas sérieusement. Comment peut-on imputer une responsabilité à quelque chose qui n'existe pas? Quand j'ai lu ce médiocre article de Baillargeon, la gueule m'est tombée, et elle n'est toujours pas remontée. La gauche actuelle, dans ce qu'elle a de modérée, de pitoyablement réformatrice, d'allergique à l'audace et d'antidémocratique, bref dans ce qu'elle a de facalienne, de michel-vennienne et de jean-françois-liséenne[1], est entièrement responsable de ses propres déboires. Comme on dit: "Pendant que la droite essaie de gagner, la gauche essaie d'avoir raison."
Et depuis quand le fait d'imaginer un monde différent, avec des institutions différentes, est-il nocif? C'est l'espoir de voir venir au jour un monde différent qui a conduit nos ami-e-s de la Pointe Libertaire et leurs autres camarades à fonder le Centre Social Autogéré et à commettre de formidables attentats végétaux. Et ce sont les modéré-e-s "ne voulant pas lutter contre, mais à l'intérieur des institutions" qui les ont abandonné-e-s à leur sort après pourtant les avoir appuyé-e-s dans une déclaration commune.
Néanmoins, ayant moi-même déjà été victime de citation imaginaire dans La Presse, je donne encore à Mme Gingras le bénéfice du doute. Quant à Stéphane Baillargeon, eh bien qu'il mange donc d'la marde.
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[1]Il faut piquer des idées à la droite... telle que le totalitarisme.
samedi 26 septembre 2009
Salut pourriture: on va s'ennuyer de toi.
Le décès soudain de Nelly Arcan a été un choc; j'aime les récits d'autofiction parce que je trouve qu'ils manquent réellement de pudeur. Car si connaître des vérités sur quelqu'un est très révélateur, connaître ses mensonges est atteindre un degré d'intimité encore plus grand. Nelly Arcan était quelque chose comme une porte-étendard de ce genre littéraire. Et comme elle était une porte-étendard qui se vendait bien, sa disparition a retenu beaucoup d'attention.
Mais voilà les hommages funèbres troublés par le décès du non moins célèbre Pierre Falardeau, ce nationaliste violent qui prenait plaisir à insulter les morts. "Salut pourriture", c'est ce qu'il a servi à Claude Ryan après la mort de celui-ci. Les chroniqueurs des grands médias n'ont pas encore ressorti de la poussière cette phrase-choc, à part de manière trompeusement subtile: peut-être ont-ils reçu des instructions, ou peut-être ont-ils trouvé qu'un pareil titre pour un de leurs articles manquerait cruellement d'originalité. Mais ailleurs que dans la presse professionnelle ça se déchaîne. Les "salut pourriture" fusent de partout, par milliers. Ces lâches s'imaginent-ils lui remettre la monnaie de sa pièce? Falardeau est mort. Il s'en crisse. Il est trop tard. Falardeau était un homme d'une vulgarité phénoménale, voire unique. Lors d'entrevues, il s'attaquait même souvent aux journalistes. Il a en outre traité David Suzuki de japonouille et chiâlé contre le Congrès juif canadien. C'est que Pierre Falardeau était un folkloriste anglophobe et régionaliste. Il n'acceptait pas que les critiques viennent de l'extérieur (lire: du Canada).
Mais il y avait quelque chose de beau et de profondément naïf dans les positions extrêmes qu'il prenait. C'est peut-être pour ça qu'à seize ans, j'étais très impressionné par ses discours, me déplaçant même une fois jusqu'à Trois-Rivières pour en écouter un. Pierre Falardeau avait aussi accepté de devenir "personne ressource" pour une recherche au cégep sur l'art engagé que j'avais décidé de mener avec deux amies. Avec ma collègue et moi, il avait été d'une amabilité et d'une patience admirables. Pierre Falardeau parlait de manière à ce que n'importe qui (de familier avec le joual) soit en mesure de le comprendre. Pour cette raison c'était choquant. Il disait n*** au lieu de dolichocéphale ou, comme l'écrirait Babacar Sall, mélanoderme. Ses propos ne revêtaient pas le lustre opaque de l'anthropologie vaguement raciste de certains "savant-e-s" et chroniqueurs/euses vendu-e-s. Ils étaient compris parce qu'ils étaient sensibles[1]. Aurait-il aussi autant parlé si on l'avait laissé faire en paix ses films? Plusieurs de ses projets sont tombés à l'eau - refus de subvention. Je soupçonne l'ostracisme politique. Et pourtant, le vide politique et social de certaines oeuvres subventionnées est beaucoup plus subversif. Et pourtant, n'en déplaise aux admirateurs béats et admiratrices béates de Robert Lepage (le grand artiste) et de Denys Arcand (l'hostie de bourgeois), Falardeau avait quelque chose dans ses films de plus proche du peuple. Qui ne s’embarrassait pas des snobberies tellement appréciées des critiques. Qui était bien plus proche de l'esprit de Mon Oncle Antoine ou de l'Âge de la machine. Avec des vrais personnages.
De savoir que tout ça disparaîtra avec Falardeau, que c'est son oeuvre de pamphlétaire qui survivra (au moins à court terme), ou plutôt l'analyse de son oeuvre pamphlétaire par des crétin-e-s sans intelligence, provoque en moi un fort mécontentement. En fin de compte, ce seront les limaces méprisantes mais polies de Power Corporation qui auront le dernier mot. Salut pourriture. On va s'ennuyer de toi.
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[1]On dira dans les milieux patriotes que Patrick Bourgeois, cet immonde polémiste nationaliste, sera le digne successeur de Falardeau, en porteur unique de son héritage: foutaise. Bourgeois n'a pas d'âme, et c'est précisément pour ça qu'il cherchera à s'emparer de celle des autres.
dimanche 20 septembre 2009
Hors-d'oeuvre revendique l'attentat contre Martineau.
Je connais Hors-d'oeuvre presque seulement au travers d'anecdotes racontées par mon entourage (et des membres de Hors-d'Oeuvre) et encore plus superficiellement par le site qu'ils entretiennent somme toute assez rarement. Les activistes de ce groupe plus ou moins structuré semblent spécialisés dans les menaces ("Des représailles seront envisagées envers les dissident-e-s"), la diffamation et les actes de sabotage. Leurs ennemis préférés sont entre autres les primitivistes, les postmodernistes, les gens ayant une certaine renommée et la police, mais ça arrive aussi qu'ils s'attaquent à du monde au hasard.
Dans le cas des menaces proférées contre Martineau, eh bien j'avoue que je ne sais pas qui croire. Martineau est un menteur et les gens de Hors-d'Oeuvre sont des ivrognes frustrés fanfarons et pas fiables. Le premier aurait pu exagérer une menace, les seconds auraient pu imaginer en être les auteurs.
L'ASSÉ s'est-elle stalinisée?
Il y a quelques années, j'ai écrit un article pour le journal de l'ASSÉ, l'Ultimatum. La réaction approximative, quand j'ai offert mes services à la rédaction: "On te connaît même pas, mais c'est pas grave, shoote ton article." J'ai ainsi écrit un article, paru non pas sur du papier journal banal, mais dans une revue au papier glacé. Personne ne m'a contrôlé. On m'a simplement renvoyé l'article pour que je corrige quelques fautes (il en reste). Ça, c'était en 2006. Est-ce que la même chose serait possible maintenant? Si oui, que l'ASSÉ suive donc l'exemple de son propre journal de propagande.
Même les manifs de l'ASSÉ sont maintenant parfois contrôlées comme le seraient un cortège de fanatiques de la scientologie: au cours de la dernière manif-action à laquelle j'ai participé, il nous était impossible de savoir vers où on se dirigeait: allions-nous bloquer le pont Jacques-Cartier? Occuper la chambre de commerce de Montréal? Seuls les organisateurs, muets comme des carpes, le savaient, se parlant à distance avec dans leurs walkie-talkie. "On a peur des fuites", m'expliquèrent-ils. Plus précisément, ils craignaient que les flics soient mis au courant. "Vous n'avez qu'à me chuchoter dans l'oreille, alors. Personne entendra." Mais apparemment, j'avais trop l'air d'un flic. Les flics de l'ASSÉ, que je connaissais pourtant personnellement, refusaient même de me donner un indice. Pourtant, ils entraînaient à leur suite, sans les avoir consulté-e-s ni informé-e-s, presque 300 manifestant-e-s. Ça ressemblait à une initiation de club de cégep.
De la même manière, pendant certains moments chauds des dernières années, on a exclu des journalistes des congrès de l'ASSÉ à plusieurs reprises, pour discuter de ce que je considère comme étant des conneries sans importance. Où sont donc les belles valeurs de démocratie et de transparence de l'ASSÉ? Il me semble que c'étaient ces mêmes valeurs qui distinguaient ce groupe de l'autre grabataire conglomérat d'associations étudiantes (la très péquiste FEUQ, qui a récemment décidé de noyauter la TéluQ).
mardi 15 septembre 2009
La lecture du manifeste du FLQ: de la violence.
Le manifeste du FLQ est un des premiers grands textes politiques québécois qui s'adressait à du monde ordinaire, dans un vocabulaire que tout le monde pouvait comprendre.
Le texte est d'ailleurs pas si violent que ça: quelques passages seulement, dont aucun n'appelle directement au meurtre. Il n'a d'ailleurs pas été écrit, si je ne m'abuse, par les membres de la cellule qui ont liquidé Pierre Laporte.
Rien n'a été plus violent, dans cette histoire, que la répression de l'État qui a suivi, et qui se poursuit encore aujourd'hui. Lisez le rapport de la Commission Keable et vous reconnaîtrez que le pouvoir auquel les felquistes s'attaquaient était bien plus violent, meurtrier, sauvage et haineux qu'eux.
On ne peut pas attaquer le manifeste en disant que les auteurs étaient des meurtriers, ou qu'ils avaient du moins quelque chose de vaguement violent derrière la tête, si on ne réserve pas le même traitement critique à l'autorité qui réprime le peuple.
Tiens, pourquoi ne pas lire le texte des discours de Georges-Étienne Cartier sur les deux peuples fondateurs? Ce serait correct, même si le Canada, construit sous ces auspices, a par la suite tué Louis Riel, bastonné des ouvriers en grève, fait mourir de faim des milliers de personnes, subventionné des entreprises minières qui empoisonnent des réserves d'eau potable, exproprié des citoyen-ne-s?
La lecture du manifeste du FLQ était peut-être moins politically correct que la reconstitution, mais c'était un exercice beaucoup plus sain. Crier stupidement "Nous Vaincrons" est encore plus sain que de se masturber mentalement en regardant des soldats se faire exploser la gueule à coups de mousquets. Être nostalgique en entendant "Faites vous-mêmes votre révolution dans vos quartiers, dans vos milieux de travail" est encore bien plus sain que de jouir de voir des colonnes de militaires se mettre en place en attendant de glorifier un moment d'apotéose de la sauvagerie qui est à l'origine de la création de notre État.
dimanche 6 septembre 2009
Le FLQ et le moulin à paroles.
La conférence de presse donnée par les organisateurs/trices est disponible en vidéo.
Y paraît aussi que Batlam (de Loco Locass) déclamera le poème de Roland Giguère, La main du bourreau finit toujours par pourrir. En tout cas, c'est ce que suggère le vidéo de présentation de l'évènement. Le site web ne donne pas encore de détails là-dessus.
"Grande main qui pèse sur nous
Grande main qui nous aplatit contre terre
Grande main qui nous brise les ailes
Grande main de plomb chaud
Grande main de fer rouge
Grands ongles qui nous scient les os
Grands ongles qui nous ouvrent les yeux
Comme des huîtres
Grands ongles qui nous cousent les lèvres
Grands ongles d'étain rouillé
Grands ongles d'émail brûlé
Mais viendront les panaris
panaris
panaris
La grande main qui nous cloue au sol
Finira par pourrir
Les jointures éclateront comme des verres de cristal
Les ongles tomberont
La grande main pourrira
Et nous pourrons nous lever pour aller ailleurs."
C'est un de mes poèmes préférés. C'est pas formidable?
Je comprends pas tout à fait les arguments des défenseur-e-s de l'évènement, par contre. Je vois dans ce spectacle une réponse à reconstitution de la bataille des Plaines. Je suis dans le champ? Si je ne le suis pas, comment se fait-il qu'on justifie la lecture du fameux manifeste en disant que c'est une partie de notre histoire et que même si on n'en est pas fiers, il faut quand même en faire mention? La batailles des Plaines, on en est pas fiers et fières non plus. Et pourtant, c'est justement parce que les nationalistes voulaient éviter de fêter une défaite qu'ils chiâlaient.
Faut dire, je suis content de voir que les nationalistes québécois-es aient décidé de répondre à une reconstitution militaire par une reconstitution littéraire. Je me serais attendu à pas mal moins smatte de leur part.
vendredi 4 septembre 2009
La prison: à quoi bon.
Je me fiche bien du sort des deux malfrats de la finance, ainsi que celui des mafieux qui contrôlent depuis la tôle (de toute façon) des réseaux aussi élaborés que la bureaucratie de l'État, mais je commence à me fatiguer d'entendre cette rhétorique pro-répression. Quand j'entends ce genre de vomissage de tripes autoritaristes, même si certaines personnes m'apparaissent parfois de bonne foi dans leur utilisation de syllogismes douteux, je ne peux m'empêcher de me méfier en me disant que je serais mieux de m'attendre à voir mes libertés diminuer.
Car l'extérieur est une prison de toute façon, surveillée par des escouades en tout genre dont l'une lira même peut-être un jour mes propos séditieux. L'école est une prison, le bureau aussi. Pourquoi aligner des détenu-e-s derrière des barreaux? Les aligner en rangs derrière des pupitres et les forcer à demander la permission pour demander la permission d'aller pisser (c'est le comble de l'asservissement) reviendrait au même. Pourquoi ne pas simplement les fouiller quotidiennement comme aux douanes, ou à l'épicerie? Pourquoi ne pas les cribler de dettes? Les faire travailler 50 heures pour un frigidaire? Après, vous allez voir, quand quelqu'un trouvera quelque chose de gratuit dans les poubelles, ces anciens criminels vont être les premiers à exiger la prison pour le profiteur.
Les néo-libéraux conservateurs de ce monde n'aiment pas donner des libertés aux êtres humains. Pourtant, ce sont eux qui parlent le plus de la liberté: celle des marchandises. Les marchandises, dans leur utopie nauséabonde, devraient circuler de manière très fluide, reproduisant grâce à la main invisible du marché un chemin semblable à celui du cycle de l'eau.
Dès lors, le seul moyen pour l'être humain de circuler sans entraves, dans un monde pareil, ce sera de... devenir de la marchandise. D'ailleurs on aura pas à attendre longtemps: cette transformation s'opère déjà.