samedi 2 août 2008

Mise en garde contre la soi-disant innovation

Mario Dumont défend, depuis plusieurs années, l'autonomisme provincial, déclarant à qui veut l'entendre que l'idée est de lui, alors que ce courant de pensée était déjà présent sous Honoré Mercier à la fin du XIXe siècle (Linteau, Durocher, Robert :Histoire du Québec contemporain, p. 322). Les libéraux trouvent une nouvelle recette miracle dans les PPP et la sous-traitance, alors que ces processus dépassés datent de l'Ancien Régime. Les entreprises pharmaceutiques nous proposent des pilules miracles qui sont en fait des extraits végétaux utilisés depuis 2000 ans dans toute chaumière commune.

Il faut se méfier des libéraux et des capitalistes qui parlent d'innovation. Ce n'est souvent qu'un vernis cachant quelque chose de pourri. Lucien Bouchard, Joseph Facal et les autres politiciens grabataires ayant signé le manifeste Pour un Québec lucide (en voici un bon résumé, truffé de sous-entendus, écrit un an plus tard) parlaient d'innovations et de "révolution": derrière ces beaux mots, il n'y avait en fait qu'une restructuration néolibérale du Québec, une restructuration ayant pour modèle le système du début du XXe siècle. Mieux, ici on utilise le lustre de la "nouveauté" pour faire avaler à la population des réformes dont elle ne veut pas. La voyant récalcitrante à vouloir retourner en arrière, les bonzes du capitalisme sauvage s'écrient donc: "Les Québécois sont réfractaires au changement!" alors qu'on leur propose de redevenir encore plus esclaves non pas du chacun-pour-soi, mais bien du chacun-pour-les-millionnaires.

Il faut se méfier du discours sur l'innovation des bourgeois, parce que ce sont eux qui sont au pouvoir, et pas nous; comme le prisonnier doit s'inquiéter d'un nouvel instrument de torture acquis par ses bourreaux, les petites gens doivent rester sceptiques devant ces nouveautés qui ne sont finalement que de vieux joujoux réhabilités destinés aux riches.

***

Ces jeunes créateurs de richesse de la Commission Jeunesse du PLQ viennent de passer une résolution afin de faire tripler les frais de scolarité au Québec. La CJ-PLQ compterait pour 33% des voix du Parti Libéral. Si vous habitez près de Sherbrooke, il vous reste encore un jour pour vous exprimer devant les congressistes réunis en fin de semaine.

4 commentaires:

  1. J'ai parcouru votre blog en lisant les articles qui attiraient mon oeil. Sans me considérer comme une grand connaisseur en ce qui attrait à la politique, je trouve votre voix mérite d'être entendu. Vos textes restent critiques face au libéralisme sans toutefois être trop assassins. Vous ne vous enfoncez pas non-plus dans les méandre des querelles intestines qui tiraillent les gens de gauche, souvent sur des bagatelles il faut le dire.

    Je trouve particulièrement important votre critique des âneries possibles qui peuvent être propagés par de soi-disant professeurs et intellectuels au sujet de ce qui est socialement et économiquement bien pour l'ensemble de la population.

    Continuez d'écrire si vous en avez le courage car vous aurez du moins un lecteur ponctuel.

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  2. Merci pour ce message d'encouragement, bien qu'il m'étonne!

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  3. Bonjour MM,

    Votre nouveau fan n'a pas remarqué que vous en aviez déjà une en ma personne, même si je ne me pointe pas dès la parution de vos billets. Mais on ne se disputera pas pour des vétilles de ce genre ;-) - mon but étant de souscrire à ses propos.

    Votre démonstration quant aux prétendues innovations est claire et nette, et comme à l'habitude, votre langage et votre style y participent. Je goûte particulièrement votre conclusion (Il faut se méfier...). Une légère critique, si je peux me permettre ? 1er paragr., à propos des entreprises pharmaceutiques : ainsi posée, votre phrase paraît un peu comme un cheveu sur la soupe, il manque un liant avec la phrase précédente. Je pense que vous avez voulu dire que les libéraux faisaient comme lesdites entreprises, non ? Alors débuter la phrase, par exemple, en écrivant : "Un peu comme les entreprises pharmaceutiques qui nous proposent..." ?

    Vous prenez ou pas, libre à vous : ça n,est qu'une suggestion.

    Si ce n'est pas indiscret, vous faites science po ? Ou peut-être histoire... Entékâ, je note la référence du livre évoqué, et ne vous gênez pas pour en inclure ici et là ? Je lis actuellement (trop lentement) le tome 2 des intellectuels sous Duplessis écrit par Léon Dion (le père de, oui), mais en fait ça couvre les années de 1945 à 2000. C'est très instructif, d'autant que j'ai quelques connaissances qui me permettent de le lire de manière un peu critique, mais jusqu'ici ce qui me frappe surtout, c'est de voir à quel point la politique est vraiment une affaire de pouvoirs entre les mains d'individus qui ont des vues/intérêts sur leurs citoyens et le pays qu'ils dirigent plus qu'ils n'ont les citoyens et le pays en vue/intérêt. Ça me rappelle le commentaire de Jean Rochon (si je ne me trompe pas, c'est bien lui qui a été tenté par l'ADQ il n'y a pas si longtemps ?) à propos de Dumont à qui il trouvait un point commun avec René Lévesque : les deux connaissaient les grands centres urbains et les régions, ce qui peut mieux assurer d'un gouvernement qui prend en compte les intérêts de tous (disons que je ne partageais pas son enthousiasme vis-à-vis de Dumont, mais ce trait de caractère m'a paru valable en tant que qualité pour un bon gouvernant.

    Voili voilou, comme disent les cousins d'outremer.

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  4. Je suis d'accord sur la critique que vous faites de mon texte, et la transition entre les éléments auxquels vous faites référence est en effet assez pauvre.

    En ce qui concerne Mario Dumont, je n'ai que de violentes critiques à faire à son égard, vous le devinez bien; et par ailleurs je considère qu'un gouvernement ne peut être "bon" que sémantiquement, c'est-à-dire qu'il peut être doué dans sa fonction de gouvernance. Or, cette fonction est bien éloignée de mes intérêts.

    Je souffre donc des bons gouvernements comme je profite des mauvais, et j'affectionne tout particulièrement les lâches qui ont peur du peuple par-dessus tout, au point de refuser les pots-de-vins, de refuser le huis clos, bref de refuser de diriger.

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