samedi 6 décembre 2008

La majorité silencieuse s'exprime! (ils étaient soixante)


Vaillant comme je suis, j'ai couru aux deux manifs en faveur et contre la coalition PLC-NPD. Celle du Parti Conservateur ne réunissait que soixante partisan-e-s. La réunion avait lieu devant les bureaux de Stéphane Dion, sur Marcel-Laurin, dans le quartier Saint-Laurent, à Montréal. À l'heure où j'écris ces mots, ils y sont sans doute toujours. Après avoir essayé d'attirer vainement leur attention de l'autre côté de la rue (je voulais qu'ils me regardent pour la photo) en faisant des grands gestes - j'aurais dû leur montrer mon cul, ils m'auraient remarqué - j'ai traversé et j'ai discuté un peu avec la première personne qui m'est passée sous l'oeil; c'était, par un drôle de hasard, une candidate défaite du PCC, une comptable blonde à chapeau noir et à la narine morveuse (morveuse à cause du froid... en fait moi aussi je morvais un peu, mais moi c'est normal, je suis un pouilleux d'anarchiste). Inutile, je crois, de parler des détails de notre entretien: vous ne pourrez qu'en conclure que je me glorifie à ses dépens. Disons simplement que la discussion s'est terminée quand un gros homme antipathique m'a bloqué le chemin et qu'un autre gorille a ramené le caniche derrière la ligne de front. "Tu as le droit à ton opinion", a-t-elle dit en tournant le dos. Quelle phrase de merde, qu'on me sert toujours quand on ne sait plus quoi me répondre ou quand je suis trop chiant avec mes questions. Je n'ai hélas pas encore développé le réflexe de harceler les gens et de provoquer, ainsi, des bousculades qui passent ensuite dans les médias. Alors ça s'est arrêté là, avant même que je traite quelqu'un-e de nazi-e. On peut quand même conclure que les Conservateurs sont des maudit lâches.

Autre détail désagréable: les Conservateurs/trices, qui devaient normalement "prendre la rue" pour "défendre notre démocratie", n'ont bloqué que le trottoir, ce qui forçait les passants à descendre sur la voie. Quelle impolitesse!

Qu'ils retournent donc faire leurs pogroms en Russie ou dans le West Island, à l'avenir.

En tout cas, soixante personnes est un résultat ô combien symbolique de la situation. Cette faible mobilisation montre deux choses: que le PCC est incapable de mobiliser la population, de qui il est sensé représenter les intérêts; et que la "majorité silencieuse", au fond, c'est généralement juste du monde qui s'en câlicent, même quand l'autobus est gratuit.

C'était quoi l'idée de faire ça aussi loin, à la station Du Collège? C'est samedi! Le bureau de Dion est FERMÉ.


***


La manifestation pro-coalition était soutenue non seulement par trois partis fédéraux, mais aussi par des syndicats. Ceux-ci ont sans aucun doute payé la manif: il y avait une scène montée pour l'occasion. Ça a dû coûter une fortune. Ce fut une manifestation statique, animée entre autres par un groupe (Black Out) qui jouait des tounes poches même pas engagées. Ce genre d'évènements, dans lequel un brutal service d'ordre syndical joue le rôle de la police, et où il y a un seul micro (et donc un seul centre d'intérêt, et pas de possibilité d'expression pour le peuple qui s'est déplacé) me dégoûte. Les 2000-3000 personnes présentes auraient dû prendre une initiative et marcher au centre-ville en criant des slogans inventés spontanément plutôt que d'écouter leurs chefs servilement. Ne suivre que les discours plates et prévisibles des gens d'influence, même s'ils sont progressistes, est une activité aliénante. Répétez l'exercice encore une vingtaine de fois et les gens seront tellement aliénés qu'ils voteront pour un gouvernement conservateur majoritaire.
La mobilisation est plus facile chez les syndicats que chez le patronat, et le centre-ville est plus accessible que Saint-Laurent. Cela explique en partie le plus grand nombre de manifestant-e-s pro-coalition. L'autre facteur est clair: les Conservateurs sont des porcs et les Québécois-e-s ne les aiment pas.

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