Google et la fin de mon anonymat
Quand j'ai créé ce blogue en 2008, j'ai décidé de conserver mon anonymat pour une seule raison. Je n'ai pas peur d'assumer mes opinions; j'ai fait bien pire qu'écrire un blogue pour me discréditer auprès de la population, allant jusqu'à traiter de fascistes les néo-cons de l'Institut Fraser en plein dans leur face lors d'un séminaire étudiant, visage découvert, avec mon nom d'écrit sur un cocarde, mon adresse dans leur ordinateur et la bouche pleine de la bouffe qu'ils m'avaient payée. Dans des manifs décrites comme "violentes" par les médias, j'ai souvent traîné mon passeport dans mon sac à dos, ce qui est d'une stupidité consommée. Je n'ai donc pas peur qu'on m'identifie, même si je comprends totalement l'inconfort de ceux et celles qui tiennent à ce que leur face ne se retrouve pas dans un jpeg de la police.
Mais comme tout être humain, il m'arrive d'avoir faim. Et comme je travaille surtout par contrats non-renouvelables, des boss, je dois en rencontrer beaucoup pour avoir de quoi m'acheter des macaronis.
Or, les patrons googuelisent maintenant tout le monde pour les "connaître" avant de les passer en entrevue. Mettez-vous à la place d'un patron ou d'une patronne étudiant mon cas. "Tiens, ce candidat diplômé, distingué et expérimenté tient aussi un petit blogue. Allons voir... ... ...? ...! COMMENT ÇA, IL FERAIT TOUT POUR DE L'ARGENT SAUF TRAVAILLER? VOYONS DONC! LUCIEN BOUCHARD A DIT QU'IL FALLAIT AIMER LE TRAVAIL! QUOI? EN PLUS IL PISSE SUR LE SENS DU DEVOIR? MAIS QUE CETTE PERSONNE EST DONC MÉPRISABLE ET PARESSEUSE!"
Voilà le scénario que j'ai en tête depuis mars dernier, mois au cours duquel j'ai commencé à me chercher un peu de job dans l'espoir de pouvoir continuer à payer ma part de loyer qui augmentera au départ de ma troisième coloc, le premier juillet.
Car un drôle de hasard fait que malgré toutes les précautions que j'ai prises en créant Les Tribulations d'un Mouton Marron, eh bien maintenant, en googelisant mon nom, on arrive droit sur ce blogue. J'aimerais bien comprendre comment c'est arrivé. Mais bon, le mal est fait.
Alors je sors de derrière le tas de fumier.
Seulement révéler mon nom, comme ça, serait assez peu poétique. Anarcho-Pragmatisme a déjà eu la bonne idée de donner à son billet révélant son identité un titre éponyme. Moi, je vais faire un gros détour, ce sera amusant.
Les mauvais journalistes (mentent)
C'est un vidéo visionné sur le blogue de Julien Royal et un de ses commentaires figurant en-dessous qui m'ont rappelé une petite anecdote qu'il faut absolument que je vous conte. C'était en juin 2007, je m'étais trouvé un emploi d'été écolo à Ville-Émard. Je n'ai que des bons souvenirs de l'Éco-Quartier au sein duquel j'ai été intégré, mais en vérité, être forcé de me promener avec un t-shirt vert en guise d'uniforme était suffisant pour me dégoûter pour toujours de refaire la même chose. Je hais les uniformes.
Toujours est-il que sachant que le travail de patrouilleur/euse vert-e est de sensibiliser les citoyen-ne-s à la protection de l'environnement et de faire connaître les lois municipales, un journaliste de passage lors d'une formation me demande avec un sourire sadique: "Est-ce que de temps en temps, vous devrez ramener les gens à l'ordre?" Et je réponds exactement: "Non. Pas du tout. Nous sommes ici seulement pour informer... et par extension pour accomplir pas plus que notre devoir de citoyen. Tout le monde a le droit d'intervenir comme nous le ferons, tout le monde devrait intervenir afin d'empêcher l'environnement de Montréal de se dégrader. Il n'est donc pas question de faire la police dans les quartiers de Montréal."
Le lendemain, voici ce que le journaliste écrit dans son quotidien merdique, me citant ouvertement: "On devra ramener les gens à l'ordre si c'est nécessaire". Barnak! Jamais j'aurais dit une affaire de même! Pas en cent ans!
Cette fausse citation s'explique facilement. Pas question ici de magouille. Mon véritable témoignage a été sacrifié sur l'autel de la forme. Le titre de l'article étant "la Patrouille verte pourra montrer des dents", il fallait que mes paroles aillent dans le sens de celles de mon grand patron (de la ville de Montréal). Une simple question de cohérence. Bon, l'article a fini par disparaître de Cyberpresse. On retrouve cependant encore le passage en question quelque part, sur lequel on peut arriver, justement, en googuelisant mon nom.
Nous sommes en crise. Si on peut changer le témoignage de quelqu'un seulement pour que ça fitte, imaginez ce qu'on peut changer pour des raisons politiques ou économiques.
vendredi 5 juin 2009
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J'ai entré ton nom par curiosité dans google, mais je n'arrive pas à ce blog.
RépondreSupprimerLe lien qui conduit vers mon blogue est maintenant tout en bas de la dernière page, par contre. Avant, c'était à la moitié de la première. Intéressant.
RépondreSupprimerPersonnellement, j'ai choisis de dealer avec la réalité du web 2.0. Il faut dire aussi que mes propos sont moins véhéments que les tiens et peut-être un peu plus corrects face à la rectitude politique.
RépondreSupprimerAh d'ailleurs, je me rappelle avoir pris parole à l'Institut Fraser moi aussi :p
Ah oui? Cool! J'espère que ça a donné lieu à un échange bien sanglant. C'est drôle, il y a pas mal plus de gauchistes qui participent à cet évènement annuel qu'on le croit. Mais comme la plupart ferment leur gueule, il est souvent même impossible de distinguer les gens qui viennent pour applaudir de ceux qui viennent pour d'autres desseins.
RépondreSupprimerTrès habile de ta part! J'aime!
RépondreSupprimerPutain, ce n'est pas de la déformation journalistique, c'est du mensonge de journaleux!
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