mardi 19 octobre 2010

J'aime le féminisme (partie 1)

Je faisais référence, dans un autre billet dédié au féminisme, au taux de suicide plus élevé chez les jeunes homosexuel-le-s que chez les autres jeunes. En effet, "de nombreuses études semblent indiquer que près de 32 pour cent des jeunes lesbiennes, gays ou bisexuels (personnes LGB) envisagent le suicide ou en font une tentative (comparativement à 7 pour cent de l’ensemble des jeunes)." Il est évident que ce n'est pas une question de confort: le sexe entre personnes du même genre est bon (très bon même, quoi que j'aie pas vraiment essayé le lesbianisme), et a priori il n'y a pas de quoi s'en faire quand on se découvre de telles attirances contre-nature. C'est donc la stigmatisation des jeunes homosexuel-les et/ou de l'homosexualité en général qui crée tant cette angoisse et ce malheur.

Je pense que cette stigmatisation est liée au patriarcat. La raison d'être du patriarcat a toujours été la fonction de pourvoyeur, de protecteur et de reproducteur de l'homme: tous en lien avec une virilité qui revêt encore aujourd'hui une importance digne des dogmes les plus stupides de la scientologie. Toute atteinte à cette virilité, et donc à l'essence de l'homme est un prétexte pour l'ostracisme. C'est tellement important, encore aujourd'hui, qu'énormément d'homosexuels adultes revendiquent cette valeur ridicule, exhibant partout leurs couilles aux dimensions généreuses. Tellement important qu'on pardonne plus aisément à une femme d'être masculine qu'à un homme de ne pas l'être, même si la femme qui ne reste pas à sa place est aussi coupable d'un crime grave. En effet, la femme qui se conduit en homme est une usurpatrice et l'homme qui se conduit en femme est l'expression d'une certaine déchéance[1].

Ces structures patriarcales pénalisent les femmes parce qu'elles les maintiennent sous un état de domination, mais aussi les hommes, dans une moindre mesure mais encore de manière inacceptable, en les forçant à adopter une culture ou un emploi qui ne les ressemble souvent pas du tout, qui fait fi de leur expérience personnelle, de leur rationalité, de leurs goûts et même parfois de leur composition biologique.

Or, le féminisme est l'arme élémentaire - il en existe peut-être d'autres - contre cet état de fait. Comme il est essentiel pour l'émancipation de la femme, il est important aussi pour la libération de l'homme.

Dans le prochain billet traitant de cette question, j'essaierai de montrer en quoi le féminisme est toujours pertinent aujourd'hui (strictement sur le plan de la défense des femmes), contrairement à ce que plusieurs chroniqueurs/euses des mass médias et masculinistes ordinaires semblent le prétendre. Et je parlerai aussi de la répercussion favorable de la lutte féministe sur la condition des hommes.

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[1] Dans la Bible, les traductions diverses entretiennent une grande confusion entre "efféminés" et "homosexuels". On sait en revanche que les hommes qui se livrent à des activités pas catholiques ne "recevront pas le Royaume de Dieu" (I Cor, 6, 9-10). Les Hadiths, qui sont une excellente source à conneries, attribuent à Mahomet une déclaration selon laquelle les hommes qui s'habillent en femmes et les femmes qui s'habillent en hommes sont maudit-e-s par Dieu. Je n'ai hélas pas retrouvé le passage en question, alors pardonnez l'absence de référence claire. (Sur la place des homosexuels dans l'Islam médiéval, lire Sodomie et masculinité, de Mohamed Mezziane.)

7 commentaires:

  1. Je pense que les normes sociales et la marginalité qui en découle, posent un problème en général. C'est peut-être encore pire pour les homosexuels dans une société genrée obsédée par le sexe et encore plus dramatique à l'adolescence (quelle période de merde!).

    Perso avec mon succès auprès de la gent féminine qui s'avoisinne autour de 0, ça fait longtemps que j'aurais été voir auprès des gars, si l'orientation sexuelle était un choix comme le prétendent certains.

    Mais bon, je dévi.

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  2. Ça, c'est du vrai féminisme! Bravo!

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  3. Je préfère l'obsession sexuelle à la répression sexuelle. Quoique la deuxième cause la première...

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  4. Dans le nouveau billet, je défends la FFQ. Ça risque de moins te plaire, David...

    Bakou: Une attirance sexuelle n'est pas un choix, mais parfois c'est une belle découverte.

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  5. Un bon billet.
    Ta référence à la scientologie me rappelle le sort des gays pris au piège des sectes, où l'homophobie est souvent érigée en commandement.

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  6. En effet. Et rien, dans les religions et sectes, n'est moins bien motivé que l'homophobie et la misogynie. Les Témoins de Jéhova, Chrétiens radicaux par excellence, recommandent encore sévèrement à la femme de rester docile et à l'homme d'assumer ses responsabilités en tant que chef de famille. Quant aux homosexuel-le-s, illes sont damné-e-s. On demande pourquoi; les témoins répondent "c'est écrit dans la Bible".

    Être homosexuel-le et devoir vivre dans une secte - ou bien un milieu particulièrement religieux, mais au fond c'est à peu près la même chose - est comme une condamnation au malheur éternel.

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  7. Un bon livre de Nicolas Jacquette "25 ans, rescapé des témoins de jehovah" raconte le malheur d'être un bon petit soldat, cependant attiré par les garçons, donc un gros problème dans une secte!

    Quant à Ron Hubbard, fondateur de la scientologie, voici ce qu'il disait: «On devrait extirper ces gens de la société aussi vite que l'on peut et tous les interner, car c'est ici que gît la contagion de l'immoralité et la destruction de l'éthique. Les seules réponses semblent être la quarantaine permanente de ces gens, afin d'éviter la contagion de leur folie.»
    Hélas ceux qui passent un test de personnalité chez eux sont loin d'être au courant.

    Concernant la misogynie il y aurait beaucoup à dire aussi, les femmes sont obligées d'accoucher dans le plus profond silence par exemple.

    Merci pour l'article.

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