mercredi 5 octobre 2011

Diversité des tactiques (2)

J'y ai pensé un bon moment avant de poursuivre ma réflexion sur les moyens d'actions (bien franchement, je m'attendais à trouver des pistes dans les discussions des derniers jours) et pour tout dire je n'ai à peu près rien trouvé. Cependant j'aimerais faire part de quelques-unes de mes observations faites aujourd'hui.

L'Agitateur a fait part de son doute dans un court billet qui traite du faible rapport de force du mouvement étudiant face au gouvernement Charest.

En effet. Le rapport de force est pas immense. Et comme plusieurs autres, j'aurais tendance à évaluer nos chances à peu près à zéro. Idem pour le combat contre la corruption, mais ça c'était écrit dans le ciel. Enfin.

L'Agitateur écrit ceci et il ne se rend sans doute pas compte qu'il touche à un point vital de la lutte:
« Les caméras, les négociations institutionnalisées et les communications informationnelles (Facebook, Twitter, Youtube) n’ont rien de concret, hormis peut-être sur votre imaginaire. »

Notre société n'est pas bâtie sur du concret. Les rapports de classe et les rapports capitalistes sont basés sur des valeurs inventées de toutes pièces. Le système bancaire, les cycles de croissance et de décroissance, tout ça est basé sur des créations de notre imaginaire. Le capital lui-même est imaginaire. Les gestionnaires emploient plutôt le mot « virtuel », mais dans un certain sens, ça revient pas mal au même. Comme je l'ai expliqué dans le texte précédent, cette escroquerie quotidienne du pouvoir carbure à la légitimité, elle-même absolument immatérielle. Je pourrais disserter comme ça pendant des heures, notant le caractère également imaginaire de la Nation et des religions, mais on raterait le point principal qui est celui-ci: toute guerre contre une autorité qui possède quelque ascendant sur le peuple ne peut être en premier lieu que psychologique.

L'Agitateur a sans doute raison en disant que plusieurs des moyens de pression effectués - et ça vaut pour toutes les luttes - ne font pas un pli aux dirigeant-e-s, même si ça nous conforte nous. Je pense cependant que les plus grandes victoires ne seront pas matérielles, auxquelles l'amélioration de notre qualité de vie ne seront que d'agréables conséquences. Si jamais nous avons l'occasion de mettre les élites K.O., ce sera suite à un combat faisant partie du règne de l'imaginaire.

De manière plus terre-à-terre, cette guerre psychologique que nous nous livrons d'abord et avant tout à nous-mêmes passe certainement par des manifestations, entre autres. Pourquoi les militant-e-s parlent toujours "d'augmentation des moyens de pression"? Par un exercice conscient ou non (parce que c'est parfois, d'après moi, la marque d'une idéologie de lutte plus qu'une pratique pragmatique), illes mettent en pratique les principes d'une mise en scène de guerre psychologique, d'un build-up constitué de menaces vagues et terribles, comme quoi l'évènement qui suit sera plus difficile à gérer que le précédent. Les résultats varient selon le talent et la mobilisation de la communauté touchée.

1 commentaire:

  1. Je suis d accord... je pense que j en suis rendue a un point de ma reflexion ou je vois bien que ce qu on veut c est changer les ideologies... et pour ce faire nous devons gruger dans l ideologie de nos opposants... en etant en opposition, en montrant sur la place publique cette opposition de toutes les manieres possibles (manifs oui, mais tractage, petitions, bannieres, actions artistiques, entrevue dans les medias, actions directes, du "legal" ET de l "illegal"...). Mais aussi en montrant par les memes moyens ce que nos idees peuvent construire de differant. C est un travail dynamique entre enormement de personnes...

    Un revolte violente faite par une poignee d individus ne changera rien dans le sens ou il faudra ensuite que cette poignee d individus convaincque la majorité que c etait une bonne idee... et de quelle autre maniere que par la force etant donnee qu un travail de mobilisation ideologique n aura pas ete fait?

    bref...revolution sans revolution des idees ambiantes et dominantes...pas la solution...

    Par contre je suis toujours sensible a l argument qui dit qu on fait toujours la meme chose... malheureusement dans la situation presente je vois mal comment innover...

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