dimanche 24 janvier 2010

La Domination masculine au cinéma Beaubien

Il passe jusqu'au 28 janvier. C'est sans doute davantage un pamphlet qu'un documentaire, mais j'ai trouvé sa qualité vraiment remarquable. Sa plus grande diffusion constituerait d'ailleurs un excellent pied-de-nez aux masculinistes du Québec et autres détracteurs/trices du féminisme, surtout que certains des premiers ont réussi à faire avorter la visite de Patric Jean (le réalisateur du documentaire) à Montréal après lui avoir fait des menaces graves.

Il est vrai que les masculinistes du Québec, rencontrés par Patric Jean qui avait prétendu être un de leurs alliés, passent réellement pour des gros cons et des idiots. Comparaison avec le régime nazi, "régime taliban inversé", suppositions abstraites: ils tiennent un discours complètement fantasmagorique qui vaut la peine d'être vu juste pour se foutre de leur yeule. Patric Jean a toutefois clairement sélectionné les meilleurs bouts de ses entrevues pour les présenter, et il serait intéressant d'avoir accès à l'intégrale sur le site web du film (et non seulement quelques fragments supplémentaires). Mais bon, c'est peut-être trop en demander.

Mis à part ces entrevues, Patric Jean rencontre aussi une effeuilleuse, assiste à des témoignages de femmes violentées, participe à une rencontre entre féministes du Québec (telle qu'Hélène Pedneault, décédée en 2008), pro-féministes - c'est par ce terme que se désigne lui-même Francis Dupuis Déry - et se paye une visite au salon de l'auto.

Mon témoignage favori reste celui de l'homme violent québécois qui a appris à combattre ses tendances à l'agressivité en se livrant à un incroyable travail de lucidité.

La Domination masculine est un brûlot. Il est dommage qu'on en entende toujours moins parler que de cette infâme "Illusion tranquille".

5 commentaires:

  1. L'idée du film est fort intéressante et les dénonciations contre les maqueuelinistes me semblent fort pertinentes. Y a même un CAVE qui tente d'en interdire la diffusion!

    Malheureusement, j'ai la mauvaise impression qu'il n'y aura pas de critique de "féminisme étatique" (ou fémi-favoritisme) culbécois dans ce film...

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  2. "La Domination masculine est un brûlot. Il est dommage qu'on en entende toujours moins parler que de cette infâme "Illusion tranquille"."

    En effet! Difficile d'avoir plus conformiste que ce torchon drouatiste étatiste...

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  3. Il n'y a pas de critique du féminisme dans ce film. Le féminisme n'en était tout simplement pas l'objet. Voilà pourquoi je trouve que c'est davantage un pamphlet qu'un documentaire. Là-dessus, je suis d'accord avec Homier-Roy qui s'est prononcé dessus hier à Radio-Canada (quelques heures après la rédaction de mon billet - je suis arrivé à cette conclusion par moi-même): mais les ressemblances entre nos deux points de vue s'arrêtent là.

    Patric Jean prétend que le Québec a 20 ans d'avance sur l'Europe en terme d'égalité entre les hommes et les femmes, mais il ne donne pas tant de crédit au gouvernement. Il mentionne les lois sur l'équité salariale, mais s'attarde surtout sur l'abondance de foyers pour femmes violentées et sur la mentalité québécoise en général.

    Parmi les féministes québécois-es interviewé-e-s par Patric Jean, il y avait un anarchiste et une féministe très radicale dans sa contestation, que je suspecte d'être également anar sur les bords. On a pas demandé l'avis du Conseil du Statut de la femme ou d'autre organisme du type. On a donc pas vraiment assisté à un déferlement de féminisme d'État dans le documentaire.

    Il va falloir faire plus d'études très poussées pour savoir comment s'articule le féminisme d'État au Québec. Je me rends compte que j'ai moi-même été beaucoup trop loin en y assimilant certains individus, que j'ai qualifiés ailleurs de "vieilles féministes de droite misandres". On a récemment contesté mon utilisation de cette expression en disant que les femmes dont je parlais n'étaient en fait pas féministes, et se défendaient d'ailleurs souvent de l'être.

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  4. La qualité du film me semble être d'illustrer la construction d'une situation d'oppression - des premiers jouets aux ruses de Photoshop - et les dommages qu'elle entraîne pour des gens comme vous et moi, qui tentent de se tailler une place dans un monde d'egos masculins démesurés, de violences sexistes, d'artistes fiers de leur misogynie (Ferré) et de femmes épuisées ou n'espérant plus voir évoluer les hommes. Le cinéaste ne tient pas de "discours de maîtrise", il n'a ni solutions, ni vaste synthèse théorique à plaquer sur cette mosaïque, et en un sens, c'est tant mieux.
    Martin Dufresne

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  5. "L'intelligence des femmes, c'est dans les ovaires."
    - Léo Ferré.

    Une partie de l'entrevue dont un cours extrait figure dans La Domination masculine est disponible sur Youtube:

    http://www.youtube.com/watch?v=SN6UIoyX0ho

    Quand Ferré n'est pas un génie, c'est vraiment un gros con.

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