mercredi 11 juin 2008

Brève sur le "vivre ensemble"

Gabriel Sagard disait que les tribus iroquoïennes, au XVIIe siècle, vivaient dans des communautés libres, dégageant souvent d'importants surplus alimentaires grâce à la culture des courges, des pois et du maïs. La propriété n'était pas un concept clairement défini, et la générosité était la règle (comme le vol, d'ailleurs; il était pratiquement impossible de conserver quoi que ce soit dans sa cabane). Sagard n'avait que peu à redire contre cette manière de voir les choses et considérait les Amérindiens païens comme meilleurs Chrétiens que les Européens eux-mêmes: les Hurons, quelques temps après l'arrivée des missionnaires dans leur village, leur avaient déjà bâti une bonne cabane et fourni de la nourriture, faisant preuve d'une grande hospitalité. Chez eux, aucune loi, aucune police, aucune propriété privée, aucune église; que la tradition, la vie en commun, et le dialogue. Les Européens, de Voltaire à Rousseau, ont été très positivement étonnés de constater qu'un tel mode de vie puisse exister, même dans l'indigence, où la loi du plus fort aurait dû l'emporter sur la solidarité. Et apparemment, l'attrait de la liberté dans ces communautés n'était pas que partagé par les élites; parce que dans les premiers temps de la colonie, des garnisons françaises au complet se sont assimilées aux Amérindiens, trouvant leur mode de vie moins imbécilement vain.

L'Espagne, entre 1936 et 1939, a aussi vu naître plusieurs communes libertaires très fonctionnelles. Ce sujet a été largement traité, ailleurs.

Vivre librement et ensemble, ce n'est une utopie irréaliste que pour les gens qui ont si peu de confiance en l'être humain qu'ils le considèrent incapable de vivre autrement que sous le joug d'un plus fort, ou d'un plus sage.

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