Je reviens tout juste du centre commercial Wilderton, situé entre le quartier Côte-Des-Neiges et Outremont.
Alors que je flânais devant une charcuterie-boulangerie, observant une affiche sur laquelle on pouvait lire "You don't have to be Jewish to eat Bagles" et y voir un Inuit très souriant, un homme de peau blanche, blond et mal rasé, dans la fin vingtaine, est sorti du fond du magasin. Il avait un visage assez long, en triangle renversé, un nez aquilin et les yeux clairs. Il m'a abordé en anglais, ôtant ses grosses lunettes de soleil. "Get out, fucking Frenchie". Il continua ensuite de m'insulter en anglais, me sommant de partir et de ne pas revenir. Je fis mine de ne pas comprendre, alors il traduisit: "Barre-toi, le francophone! Ne reste pas devant moi." Je lui répondis que je ne faisais que regarder les prix dans la vitrine et lui demandai ce qu'il me reprochait. "Vous abandonnez les immigrants. Je ne veux pas voir de francophones ici." J'objectai que ce serait difficile de se débarasser des francos, étant donné qu'il y en a plus d'un million dans le boutte. Ensuite, il me dit de partir, me menaçant de me frapper si je restais là. J'ai alors regardé dans ses mains: il portait un sac de petits gâteaux. Très efflanqué, grand mais peu costaud et de toute évidence pas armé, il n'avait pas l'air très dangereux. Je lui demandai d'élaborer, mais il se contenta de me dire que j'avais peur, que je bégayais et que je tremblais devant lui (c'est vrai, je tremblais de rage, les poings serrés) et qu'il me jurait qu'il allait me frapper si je ne me "barrais" pas.
À ce moment-là, un homme dans la soixantaine avancée s'approcha. L'autre a alors déguerpi en beuglant. Je discutai un peu avec le vieux, qui m'aida à me calmer. Très gentille intervention, quoiqu'elle ait mis fin au dialogue entâmé entre moi et le raciste. J'avais l'intention de l'inviter à prendre un café pour parler de ça tranquillement.
Je me demande si cet évènement n'est pas en lien avec le mauvais traitement qu'on fait de la question identitaire au Québec, dans les médias anglophones. Je veux dire: les Québécois-es ne sont pas pires que les autres. J'aurais même tendance à dire que de traiter les Québécois-es de racistes est peut-être une façon, pour les Canadians, de cacher au reste du monde leur propre xénophobie, qui est par ailleurs beaucoup plus intense que celle des Québécois-es, en de nombreux endroits. D'ordinaire, je n'aurais rien à foutre des dépêches qui nous décrivent presque racialement comme des nazis, mais maintenant que je sens mon intégrité physique menacée (ce con aurait quand même pu me faire mal ou provoquer une bagarre qui m'aurait amenée chez les boeufs), je commence à me poser de sérieuses questions.
Sinon, qu'est-ce qui aurait pu causer cet éclat de haine soudain? L'omniprésence du fleurdelisé (ce symbole de l'abominable question nationale), hier à la Saint-Jean? Ou était-ce la réponse à une agression du même type, qu'aurait vécu l'intimidateur en question?
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