lundi 23 juin 2008

La Saint-Jean

Je n'ai rien à cirer de cet ignoble concept de nation qui me force à avoir une relation privilégiée avec sept millions de personnes que je ne connais pas. Comme de ces intellectuels arides et ridicules qui parlent d'un "nous" qu’on hésite plus à prononcer que le « nous » des partisan-e-s du Canadien de Montréal. Comme du 400e de Québec, soucis presque aussi grand pour moi qu’une envie de me gratter le derrière.

Les gens brandissant des drapeaux nationaux me font généralement dégueuler. Je me souviens avoir été presque agressé par un fanatique italien, vêtu d’un vert-blanc-rouge flamboyant et ayant atteint la félicité suite à la victoire de son équipe. Je subis, en fait, l’Euro, les Séries ou le Mondial à chaque année, avec sa pléthore de crétins de hooligans ivres qui manquent de m’écrapoutir en char dans les rues de Montréal. Je ne sais pas pourquoi une victoire sportive donne envie de frapper; sans doute l’expression du désœuvrement dans les familles défavorisées, public cible des évènements sportifs tout désignés pour faire oublier aux gens leur situation d’exploités, de quasi sans-abris, de machines vivantes écrasées par des spéculateurs qui aiment le travail (comme il faut être riche pour mépriser l’argent, il faut ne pas travailler pour aimer le travail).

Parallèlement, l’idée de parvenir à la souveraineté par simple plaisir de hisser des fleurdelisés partout me semble d’une stupidité rare. L’attachement à une nation et à ses icônes rend les individus cons et obéissants. À cause de lui, les pauvres font confiance au Parti Québécois, cette bande de bourgeois et bourgeoises désabusé-e-s qui parlent de nation tout haut pour garder leur salaire de députés mais qui parlent de capital tout bas pour s’assurer une place dans le conseil d’administration d’une compagnie.

Nous parlons d’autonomie depuis plus d’un siècle, mais le Canadien français est-il plus heureux aujourd’hui, maintenant que c’est son frère qui l’opprime ?

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