vendredi 24 février 2012

Intimidation des pro-grève.

Je pense qu'il est exagéré de prétendre que le MERSQ est la grande victime de la grève. Les médias et la ministre de l'éducation laissent quant à eux croire que l'intimidation viendrait juste d'un bord. C'est complètement faux. Les huées, dans des AG occupées majoritairement par des gens opposés à la grève, c'est aussi fréquent que dans les AG qui comptent une vaste majorité de gens favorables à la grève.

Notons qu'à l'AG de vote de grève de l'AFESH, une des associations les plus militantes du Québec, il n'y eut des protestations réelles s'approchant de huées qu'une seule fois: lorsqu'un pro-grève avait fait une accusation illégitime envers nos collègues de psycho et de sexo. Les gens qui ont protesté suite à ce débordement étaient... surtout des pro-grèves.

Les huées, commentaires déplacés et applaudissement sont une question de force de la culture démocratique, et non pas d'appui ou de rejet de la grève.

Pendant la journée de piquetage du 10 novembre dernier à l'UQÀM, nous en avons vu de toutes les couleurs: coups de poing au visage, forçage de blocus, bousculades. Apparemment, un étudiant frustré aurait même jeté un verre rempli de liquide à la face des piqueteurs/euses. Un crétin m'a également menacé de me passer dessus en char. Ce genre de trucs arrive constamment. Mais on ne va pas se plaindre à TVA quand des individus adoptent un tel comportement (à moins bien sûr que ce soit la police qui soit responsable des abus). Mise à jour: Non c'est pas vrai on se plaint finalement.

Je me suis fait très souvent huer pendant des périodes de questions suivant des conférences, lors de débats ou d'autres évènements. Une huée, ce n'est pas intimidant si on ne se laisse pas intimider. C'est un simple manque de respect et de savoir vivre. Pour être intimidé-e, il faut au minimum être inquiété-e, ou avoir peur.

Cela dit

Manquer de respect, intimider, bousculer un-e camarade réticent-e à nos valeurs ne sert pas du tout la cause défendue. Ça excite les extrêmes, ça peut provoquer une confrontation complètement contre-productive mais surtout, ça peut transformer quelqu'un en martyr. Les porte-paroles du MERSQ l'ont parfaitement compris. À cours d'arguments, illes tentent actuellement de passer pour les victimes. J'ai une grande confiance dans le calme platonique de mes ami-e-s activistes; je les ai vu agir. Mais chaque polarisation des camps amène dans nos rangs une nouvelle marée de cons.

Si donc je prend un-e pro-grève sur le fait en train d'intimider réellement ou d'agresser un individu sous le simple prétexte d'avis divergents, je lui enfonce un balai dans le cul et je m'en sers comme pancarte à la manif du 1er mars.

Et je prierais aussi à mes ami-e-s de me laisser faire.

13 commentaires:

  1. Certes, les pro-grèves ne sont pas des anges, mais le camps adverse tend à exagérer, amplifier les choses ou carrément mentir.

    C'est vrai des policiers, du gouvernement, des médias, du MERSQ, des anti-grèves et de la droite en général.

    Et ils minimisent leurs actions, les taisent ou les nient.

    Le pouvoir n'a pas le choix de mentir, car si non, il perdrait le pouvoir.

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  2. Avec tout ce qu on voit dans les écoles secondaire et les suicides de jeunes, la société est malheureusement en train de transformer le concept d "intimidation" en un beau signifiant vide. Il est en train d'être vidé de son concept pour plutôt devenir la signification floue de quelque chose de bad ou il y a une victime et quelqu un en position de pouvoir...

    Hier encore dans une levée de cours problématique, mais très calme, sans cris, sans que personne ne cherche a s imposer physiquement ou oralement, une fille m a accusé d intimider la classe en "imposant ma violence qui consiste à imposer ma grève".

    ... on est en plein délire là...

    délire, parce que c est aussi la même personne qui est allée chercher les gardas dans le corridor et qui leur a ouvert la porte en disant "ils sont tous (?) là! sortez-les!"

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  3. Une autre expression est devenue vide de sens: "prise en otage".

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  4. Tout à fait d'accord que "l'intimidation" est devenu vide de sens (lorsque les politi-chiens et les médias sensationnalistes se mêlent, on peut le constater) : à l'école primaire de mon fils, c'est rendu que si on veut pas être ami avec quelqu'un, on est coupable d' "intimidation". Le problème de rejet social dans les écoles est bien sûr réel, et ça a toujours été, mais il est typique peut-être de notre époque de vouloir trouver de solutions simplistes et répressives - punir les coupables, "zéro tolérance" - plutôt que consacrer des ressources à creuser les racines de l'exclusion sociale.

    Et là, la Ministre a trouvé son truc (dans sa panique) pour tenter de discréditer le mouvement étudiant. Tout simplement ridicule. À l'AFESPED la poignée de pro-hausse se disent aussi "intimidés". Ils ne sont "pas à l'aise" de s'exprimer dans les assemblées, les gens leur font des "gros yeux", il se sentent "intimidés". C'est sûr que c'est "intimidant" de prendre le micro lorsque nos arguments sont plutôt faibles et ne arrivent pas à convaincre personne. C'est sûr que c'est décourageant de tenir une position politique qui est aux antipodes de la majorité. Mais personne les empêche de prendre le micro ou de se présenter aux assemblées! La liberté d'expression n'inclut pas le droit d'être applaudi ou félicité pour nos opinions, et la démocratie n'implique pas le droit de gagner les débats. En politique, même directement démocratique, il y a toujours de gagnants et de perdants...

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  5. "Si donc je prend un-e pro-grève sur le fait en train d'intimider réellement ou d'agresser un individu sous le simple prétexte d'avis divergents, je lui enfonce un balai dans le cul et je m'en sers comme pancarte à la manif du 1er mars."

    J'aurais aimé entendre le représentant de la CLASSE dire ça hier soir et condamner le blocage du pont. (même, rappelons que cela avait fonctionné avec les Warriors)

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  6. Bloquer le pont n'est pas un geste violent et ne représente pas une forme d'intimidation. C'est un moyen de pression et une action directe non violente.

    Tu mêles les choses ici.

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    1. Ce n'est pas ce que je dis. (et après tout, les Warriors l'ont fait et cela a fait reculer les libéraux) Cependant, vous perdez des appuis lorsque des manifestants bloquent des ponts. Donc, il ne s'agit pas d'une stratégie intelligente.

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  7. Pour ma part, je n'ai pas le goût d'avoir des porte-parole qui se prennent pour des agents de discipline et contrôle. "Condamner" des gestes des manifestants autonomes c'est s'engager dans une dynamique malsaine de "bon manifestants/mauvais manifestants"...on attendrait ça de la FEUQ, mais pas de la CLASSE.

    Une porte-parole n'est pas un dirigeant, et je pense que la majorité des étudiant-e-s (et des anarchistes, par ailleurs) n'en veulent pas des dirigeants.

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  8. Il ne s'agit pas de diriger. Effectivement, aucun porte-parole ne doit empêcher quiconque de manifester comme il l'entend. Il s'agit d'opter pour des stratégies intelligentes, et bloquer un pont n'en est pas une.

    C'est quoi, voulez-vous faire réélire Jean Charest en faisant aliéner les électeurs contre les étudiants, et ainsi empirer le problème?

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    1. Non, mais après le fait, à quoi sert aux porte-paroles de l'ASSÉ de dénoncer ces actes, plutôt que d'insister simplement sur le fait qu'ils n'ont rien à voir avec l'action en question, qui est autonome?

      l'ASSÉ, de par ses principes, veut éviter de faire ce genre de choses de toutes façon.

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    2. Peut-être devraient-ils insister un peu plus sur ce fait...

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