jeudi 14 juin 2012

lutte acharnée contre Mise en demeure.

Les autoritaires du Québec ont lâché Y... et ont trouvé leur nouveau joujou: le groupe Mise en Demeure, des musiciens anarchistes qui font largement dans l'humour et le sarcasme. Le groupe avait jusqu'à aujourd'hui passé presque inaperçu dans les médias de masse, mais pas mal de monde du milieu connaissent leurs chansons décapantes, et scandent souvent, quand les flics marchent en cadence vers nous : «L'antiémeute arrive, l'antiémeute arrive, lalalalalalala». Le groupe a aussi participé malgré lui à un canular dont tout le monde se souvient, et qui avait annoncé le prétendu rejet de Stephen Harper par sa propre mère. Mise en Demeure avait fait une chanson sur le même sujet avec l'aide de précieuses collaboratrices.

Plusieurs journalistes et politicien-ne-s profitent du fait qu'actuellement, ce groupe est inconnu du public pour faire un acte d'acharnement et de désinformation. Il est vrai que quand j'ai vu que l'affiche du groupe, pastichant La liberté guidant le peuple, je me suis tout de suite dit que cette histoire n'était pas terminée, et que ce serait pire quand les crapules de ce monde se mettraient à citer partiellement les paroles de certaines chansons.

Mise en demeure sort de l'ombre et c'est le scandale immédiat. C'est comme si chaque chanson venait d'être écrite, spécifiquement dans l'objectif d'inciter à la violence envers Courchesne et Charest. Certain-e-s chroniqueurs/euses vont jusqu'à croire que les images offensantes (certaines le sont réellement) ont été créées au cours des dernières semaines et que c'est là la preuve que la gauche a atteint un «nouveau sommet» dans son discours de violence. Or, à ma connaissance, ces images sont là depuis un sacré bout de temps.

Les journalistes ont alarmé tout le monde en affirmant que Mise en Demeure jouerait sur les Plaines à Québec, souvent sans spécifier qu'il s'agissait non pas de la grande fête qui passe à la télé chaque année, mais du Party clandestin de la Saint-Jean[1], qui dure toute la nuit et réunit une vingtaine de groupes. Un gros party, dans les faits, mais tout de même... un party secondaire!

Sans surprises, à la grande fête, à la vraie de vraie fête, ce seront Paul Piché, Marie-Mai, Loco Locass, Dumas, Andrée Watters et Lisa Leblanc, entre autres, qui se produiront sur scène. Pas l'ombre d'une mise en demeure. Les gens qui veulent une Saint-Jean (une fête nationale, pardon) politically incorrect MAIS à l'intérieur des limites du raisonnable et de la conformité, (certifié avec un minimum de gros mots) ne seront absolument pas dérangés par l'humour de groupes anarchistes. Loco Locass chantera entre autres leur inécoutable Les Géants, qui est une ode mièvre à la Nation.

Chères matantes nationalistes et amoureuses de la langue de bois, dormez tranquilles.

Pour en revenir aux citations partielles faites par certain-e-s journalistes, dans le but précis d'être les premiers à déclencher un scandale, Jean-François Néron, du Soleil, expose des paroles de la chanson L'antiémeute arrive:

«C'est pas d'même qu'on passe à l'action
Y faut du monde pour bloquer les portes
On veut au moins une police de morte»

En toute logique, le journaliste ne pouvait pas se permettre de manquer d'observer que cette chanson raconte l'histoire d'une occupation qui tourne mal, et oppose les discours d'un modéré et d'un communiste de tendance Mao. C'est une parodie qui vise à se moquer des deux types de discours. On aurait pu faire une citation tout aussi malhonnête afin de tenter de prouver que Mise en Demeure, c'est un groupe pacifiste:

«ce serait full bon pour notre image
de toute façon on prévoit être sage
la communauté est derrière nous
c’est pas le moment de faire les fous»

Pour des raisons évidentes, Jean-François Néron a décidé de citer les passages les plus croustillants sans nuancer. Il aurait d'ailleurs pu trouver bien pire, mais n'ayant sans doute passé que quelques minutes sur le site web du groupe, il a manqué de souligner les meilleurs coups du groupe, incluant Légitime violence, mon oeil, qui est selon moi leur meilleur morceau ever et sans doute le plus violent, avec bien entendu leur hommage à Michel Chartrand.

Charest n'est pas en reste. Avec sa démagogie habituelle, il dénonce un phénomène de banalisation de la violence. Celle des manifestant-e-s, bien entendu! Il omet par ailleurs de spécifier que la plupart des propos rapportés datent d'avant ce prétendu phénomène de banalisation de la violence gauchiste.  Elles ne datent pas d'hier: c'est tout ce qu'a pu écrire Mise en Demeure de glauque, sur cinq ans!

Charest précise qu'on s'attaque à Courchesne... Dans une chanson qui date de son premier mandat en tant que ministre de l'éducation, voilà plusieurs années. L'escalade de la violence dont parle Charest des carrés rouges date-t-elle donc de 2007?

Et rappelons que si toutes ces paroles intimidantes sortent maintenant dans les journaux, c'est simplement parce que la police a trouvé un poster dans la maison des Machouf-Khadir et qu'un hostie de con a diffusé cet élément de preuve(?) dans les journaux, sans aucun égard pour le respect de la vie privée, parce que visiblement, la musique écoutée par les enfants[2] de Khadir concerne maintenant tout le monde. Si le flic en question n'avait pas causé cette fuite, on n'aurait jamais remonté jusqu'à Mise en Demeure.

Le contexte est certes à la violence. La violence extrême de la flicaille et des gouvernements municipaux, provinciaux et fédéraux, qui votent des lois autoritaires et liberticides. Abyssus abyssum invocat!


Il faut bien justifier cette répression inopinée, ces mesures de guerre soft avec une prétendue flambée de la violence et de l'intimidation de la part des méchant-e-s gauchistes. Observez à quel point le gouvernement et la CAQ flattent la police, l'applaudissant quand elle éborgne quelqu'un et jouissant quand elle emprisonne des innocent-e-s. Ce monde-là est plus dithyrambique vis-à-vis du travail de la police que la police elle-même.

En finissant, je voudrais commenter l'appel que Charest fait aux journalistes, comme quoi illes seraient menacé-e-s, brutalisé-e-s « par ces manifestations-là », et donc qu'illes devraient comprendre de quoi il parle. Or, on a vu de nombreuses fois des manifestant-e-s, justement, secourir des journalistes qui étaient brutalisé-e-s par des flics. Des manifestant-e-s masqué-e-s, à quelques reprises! Le portrait n'est donc pas si noir, malgré ce que pourraient en dire Bryan Myles et Rima Elkouri, qui par ailleurs, n'ont toujours pas compris, eux non plus, ce que signifie la liberté de ne pas se faire harceler par des paparazzis ou de ne pas se faire enregistrer sans notre consentement.

____________

[1] Antoine Robitaille, du Devoir, rapporte ainsi les propos de Charest sans les critiquer ni les nuancer. Manque de temps? Trop de mots dans son article?
[2] Comme si Y... et D... n'étaient pas des adultes responsables qui ne partagent pas nécessairement toutes les idées de leurs parents...

7 commentaires:

  1. Quand je vois tout cela, je me demande à quel point il s'agit de désinformation délibérée ou de la bonne vieille ignorance et l'incompétence habituelle des individus qui sont assez veules et yes-men pour devenir journalistes dans les grands groupes de presse.

    Au cours de ma longue carrière (de cinq ans) d'enseignement comme chargée de cours au cégep et à l'université, j'ai développé une faculté extra-sensorielle à détecter parmi mes étudiants ceux et celles qui iraient loin ou qui, au minimum, feraient de bon journalistes. C'étaient toujours les plus appliqués, les plus tâcherons... et les plus imbécilement conformistes.

    On se demandera après pourquoi on subit la dictature de ces crétins.

    RépondreSupprimer
  2. Il est important de dire que la plupart des journalistes ont spécifié, malgré leur titre ressemblant pas mal toujours à "Mise en demeure sur les Plaines lors de la Fête Nationale", que le groupe en question se produirait au le Party Clandestin. Il ne s'agit donc pas d'ignorance. Les journalistes ont voulu attirer l'oeil avec un titre suggestif grossissant le scandale. Les journalistes savent très bien, de plus, que les gens ne lisent souvent que le premier paragraphe.

    Parfois, il y a de l'ignorance (dans le cas de Michèle Ouimet, par exemple, ça devient hilarant) et d'autres fois, des tours grossiers, dignes de charlatans.

    Je suis triste de voir que tu aies fait ce constat vis-à-vis de tes étudiant-e-s. J'aurais tendance à te croire.

    Heureusement, je connais quelques diplômé-e-s en journalisme qui ont un esprit critique.

    Illes meurent un peu de faim par exemple.

    RépondreSupprimer
  3. J'ai toujours eu l'intuition que le système encourage la promotion sociale des conformistes. Or, les individus conformistes ont tendance à être soit des imbéciles heureux, soit des cons finis, ce qui est en soi un argument suffisant pour avoir les hiérarchies en horreur.

    RépondreSupprimer
  4. C'est aussi mon impression: mes connaissances conformistes ont actuellement tous et toutes un bon emploi et la plupart ont également une maison.

    Mais je ne connais pas de données fiables à ce sujet. Il est fort probable que la volonté de ne pas recevoir de promotion sociale, chez les non-conformistes, est une des causes de leur absence de progrès dans leur "carrière" et "standing".

    RépondreSupprimer
  5. http://www.fachowatch.com/pourquoi-mise-en-demeure-est-il-plus-scandaleux-que-des-reprises-neo-nazies/

    RépondreSupprimer