dimanche 16 mai 2010

Demain, Bangkok meurt.

J'ai lu peu de commentaires sur les troubles en Thaïlande; je crains de comprendre pourquoi. Cette révolte immense n'a semble-t-il, de loin, pour but unique que d'appuyer un tyran aux dépens d'un autre. Et l'extrême violence des affrontements horrifie plus qu'elle ne glorifie. Il est facile de deviner ce que la population reproche au président actuel dont on demande la démission, Abhisit Vejjajiva: c'est un gros corrompu au service d'une aristocratie bureaucratique. Compter sur le retour de Thaksin Shinawatra, l'ancien président destitué, qui dit-on, se montrait généreux en programmes sociaux, est sans doute également justifiable; mais lui aussi étant un gros corrompu, ma mentalité me défend de comprendre pourquoi le peuple peut en arriver à risquer sa peau dans l'espoir qu'il revienne.

Les médias comme les Thaïlandais-es sont pendu-e-s aux lèvres du roi mourant et cela ajoute à l'irréalisme de la situation. Le roi, fortement respecté, a par le passé réglé plusieurs conflits en tant qu'arbitre; mais aujourd'hui il reste silencieux. Pourquoi plusieurs Thaïlandais-es comptent-ils/elles sur un monarque, gâteux qui plus est?

Les avis divergent sur la nature du conflit. Pauvres contre favorisé-e-s? Constitutionnalistes contre autoritaires? Même si la révolte réussit, les choses changeront-elles, ou des gens seront morts en vain - quoique les gens meurent à peu près toujours en vain - pour défendre une illusion?

Khattiya Sawasdispolest, un des leaders de l'opposition des Chemises Rouges, a reçu une balle dans la tête alors qu'il parlait à des journalistes. Le journaliste Nelson Rand en a reçu trois dans le corps. La foule se fait canarder à toute heure. Des tireurs d'élite sont cachés sur les toits et tirent presque au hasard. L'armée, qui assiège Bangkok depuis un moment, a demandé aux manifestant-e-s de retourner chez eux les enfants qui vivent toujours dans le campement de résistant-e-s. Elle accuse aussi des "terroristes" de s'attaquer aux journalistes et demandent à ces derniers de partir de la "zone rouge". Signe que ça va péter prochainement.

Il y a déjà eu plusieurs morts, les soldats tirant à balles réelles sur les manifestant-e-s quand ceux-ci daignent s'approcher trop des bataillons. Demain, l'armée procédera-t-elle à un nettoyage complet du campement, ne faisant pas de prisonniers et fusillant tout le monde?

(Mise à jour: zut, j'ai oublié le g de Bangkok...)

5 commentaires:

  1. J'ai l'impression que les gens (les Occidentaux?) s'intéressent moins à ce qui se passe en Asie en général. On parle certes de la Chine, un peu du Japon et de l'Inde (pas tant que ça pour ce qui est de l'Inde), mais c'est comme si les autres pays autour n'existaient pas. Peut-être une question de culture ou de région géographique.

    De mon côté je m'intéresse moins qu'auparavant à l'actualité internationale, mais aussi à l'actualité en général. Peut-être parce que j'ai l'impression qu'on tourne sans cesse en rond ou que je ne vois pas trop pourquoi je devrais faire l'effort de comprendre une situation x ou y, que ce soit dans un pays lointain ou ici.

    Peut-être parce que j'avais des attentes par rapport à l'information que celle-ci ne peut pas remplir.

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  2. Il paraît que Bangkok c'est la capitale du tourisme sexuel. Le nom est d'ailleurs assez évocateur...

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  3. Je suis d'accord avec toi, Bakouchaïev, j'ai assez perdu foi envers les médias. Généralement, je me contente de survoler quelques blogues (surtout celui de la Pointe Libertaire et de l'UCL), puis quand j'ai le temps je sillonne entre les journaux à grand tirage, version Internet. Faut surtout dire que j'apprécie davantage lire sur un sujet quand je m'y intéresse réellement.

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  4. J'écoute au moins deux heures de radio par jour en me rasant, en faisant la cuisine, le ménage et la vaisselle ou en ne voulant pas me lever. Essentiellement Radio-Canada et l'émission bizarre mais très cool de Voix de Faits sur Internet. Radio-Canada c'est quand même pas si mal: il n'y a pas de publicité et les matantes scandalisées qui voient des pédophiles partout ne l'écoutent pas, ce qui fait que les animateurs/trices sont libres de dire ce qu'ils/elles veulent. Parfois aussi, j'écoute les nouvelles. Ou mes yeux s'accrochent sur un gros titre et j'emprunte le journal à quelqu'un.

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  5. Voilà, c'est terminé à Bangkok.

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