samedi 22 mai 2010

Le gars du journal de Montréal

On l'a appelé "le forcené" et "le désespéré". Lundi, il s'est approché de l'édifice du Journal de Montréal en menaçant de tout faire péter. Cet ex-employé de l'imprimerie était en congé de maladie depuis deux ans pour grave dépression. Du moins, c'est ce que raconte Cyberpresse, qui exhibe une photo de lui en bedaine - seul un fou peut aller faire péter un édifice en bedaine, dirons-nous...

Apparemment, une erreur dans l'envoi de son chèque d'assurance a été la goutte qui a fait déborder le vase.

L'homme en question n'était pas un anarchiste ni un héros du prolétariat. Son geste n'avait sans doute aucune portée politique. Peut-être même que c'est non pas la frustration continuelle et l'oppression qui l'ont poussé à vouloir incendier le Journal de Montréal: peut-être que c'était juste un problème d'assimilation des minéraux dans son cerveau. Peut-être que c'était la maladie mentale. Je sais pas.

Mais je ne peux pas m'empêcher de trouver ça triste. Triste que les lock-outés aient appelé la police plutôt que d'essayer de l'arrêter alors qu'il les avait avertis que ça allait péter. Triste aussi que l'escouade tactique ait décidé de transformer l'évènement en exercice militaire. Et puis aussi que le syndicat ait réagi par la suite en disant: «Même si c'est un geste désespéré et regrettable, il reste qu'on peut comprendre que ça arrive lorsqu'un entreprise manque de respect envers ses employés». C'est une évidence mais ça déclenche chez moi un certain inconfort. Ce genre de récupération ne me choque pas quand elle est justifiée dans les faits. Il y a des vérités qui frappent comme un camion te rentre dedans à 70km/h, et tu peux pas réfuter. Le problème c'est qu'une récupération est souvent suivie d'un nouvel abandon.

J'espère que M. Gauthier ne restera pas longtemps en prison.

3 commentaires:

  1. Excellent billet! Malheureusement, ce n'est guère surprenant... :(

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  2. J'avoue quand même que j'ai été surpris. Les employé-e-s en lock-out - le monsieur en question n'en était pas un, mais on entendait pas parler de gens comme lui - m'avaient apparus jusqu'à maintenant être relativement amorphes. J'en prends pour exemple le court entretien que j'ai eu avec le journaliste sportif (j'ai oublié son nom) qui faisait signer des pétitions le 20 mars. Quand je lui ai demandé pourquoi ils/elles ne tentaient pas d'imprimer Rue Frontenac et d'envoyer chier le JdeM pour toujours, il a été très bête avec moi. Il aurait pu au moins me répondre, l'air rêveur: "Ah, si c'était seulement possible..." Mais non, au lieu de ça, il m'a sermonné. Ces gens-là m'ont donné l'impression qu'ils refusaient jusqu'à imaginer. S'enfermer dans le défaitisme et seulement décider de jouer au martyr, c'est tellement plus facile.

    Alors voir un ex-employé refuser d'être une victime - d'une très mauvaise manière, quand même - je pensais même pas que c'était envisageable.

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  3. Oui, moi aussi je suis surpris par cet événement mais je ne le suis pas par les réactions des autorités et des autres lock-outés.

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