vendredi 20 avril 2012

Les petites insultes de Charest

Je ne suis pas vraiment impressionné par les insinuations de Jean Charest, qui a, aujourd'hui, blagué au sujet de la manifestation qui se déroulait près du Palais de Congrès de Montréal.  Quand je l'ai entendu dire, devant une foule nombreuse: «À ceux qui frappaient à la porte ce matin, on pourrait leur offrir un emploi... dans le Nord, autant que possible», j'ai tout d'abord vu là une tentative manquée de ne pas se montrer intimidé.  Puis, dans les heures qui ont suivi, plein d'autres images me sont venues. 

C'est une déconnexion profonde avec la réalité qui explique les blagues de Jean Charest.  Regardez les images.  Avez-vous vu les couverts nacrés, les belles nappes et les gens bien coiffés qui ont assisté au dîner d'ouverture du Salon Plan Nord?  Ce monde-là vit dans un monde complètement différent du nôtre.

Quand je repasse sur ce que Charest a dit aujourd'hui devant ses chers/chères ami-e-s parasites du Grand Nord, c'est autre chose que de la fierté que j'entends.  J'entends le mépris ignorant du gouvernement pour une génération, une classe, des peuples.

Je me souviens de Ngo Dinh Nhu, premier ministre du Vietnam, se moquant des suicides de moines bouddhistes, qui s'étaient immolés par le feu pour dénoncer la répression brutale du régime sud-vietnamien en 1963.

« Si les bouddhistes veulent un nouveau barbecue, je serai heureux de fournir l'essence » avait-il alors dit.

Je me souviens aussi de la phrase qu'on attribue (certainement à tort) à Marie-Antoinette.

Quand on avait annoncé à une grande princesse que les paysans mouraient de faim par manque de pain, elle avait répondu, avec toute sa candeur imbécile: «Qu'ils mangent donc de la brioche».

Ce genre de remarques ont la caractéristique commune, à travers l'histoire, de mettre le feu aux poudres.

4 commentaires:

  1. «Ce monde-là vit dans un monde complètement différent du nôtre»

    J'ai conclu à peu près de la même façon hier. J'ai d'ailleurs écrit quelque part :

    Cette scène montre éloquemment le clivage social qui s'accentue au Québec. Pendant que des membres du 99 % se font tabasser, les 1 % agissent comme un club privé s'esclaffant devant les malheurs de ceux qu'ils voient comme des sous-humains...

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    1. Oh, attention, il y en a beaucoup plus que 1% dans le club des oppresseurs...

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    2. Il y a beaucoup de sous-fifres.

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  2. Ils ont raison de rire. On n'arrive à rien.

    Ce ne sont même pas eux qui vont s'exiler dans le Nord. Ils vont rester en bas et faire du cash.

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