Les médias ont tellement tapé dans les militant-e-s "violent-e-s" qui créent de la "perturbation" et du "grabuge" que les étudiant-e-s eux-mêmes, traumatisé-e-s par ce qu'on dit d'eux dans les médias de masse, en viennent de plus en plus à affronter physiquement des jeunes qu'on qualifie souvent d'extrémistes ou de vandales.
Il y a maintenant des réactions ironiquement très violentes quand des manifestant-e-s un peu plus radicaux posent des actions de désobéissance civile qui menacent, selon les certain-e-s, l'ordre public. Selon moi, ces réactions d'affrontement ne servent en rien à limiter le possible déclenchement de répression brutale des policiers/ères. Au contraire, on sait bien qu'une simple bagarre (heureusement la plupart du temps évitée) peut donner un prétexte à la police pour déclarer la manifestation illégale. Ça s'est déjà vu, incluant pendant la manif du premier mai 2008.
Les gens qui empêchent de manière violente d'autres manifestant-e-s de poser des actes plus radicaux sont selon moi des hostie d'épais-se-s, qu'illes se prétendent pacifistes ou non. Illes ne comprennent tout d'abord pas que plus d'ordre provoque systématiquement plus de désordre. Ensuite, je trouve ironique qu'illes puissent oser frapper ou pousser d'autres manifestant-e-s qui ne s'attaquent pourtant pas à eux, tout en répondant aux coups de matraques policières par des signes de Peace. Je peux comprendre la stratégie médiatique ici, mais ça reste complètement con et toute opération de relations publiques ne vaut pas un bras cassé; un moment donné, il faut aussi différencier ses ennemi-e-s de ses ami-e-s, comprendre qui représente une menace et qui n'en représente pas pour soi-même.
Je suis moi-même non-violent, comme, par ailleurs, le sont une bonne proportion des anarchistes du « Black Block ». Tout dépend bien sûr de ce qu'on entend par le mot « violence ». Je ne suis pas non plus un adepte des graffitis. Pas parce que je suis contre, mais parce que les canettes de peinture, ça pue. Je n'ai pas l'habitude de briser des trucs non plus. Notez aussi, avant de tout mettre sur le dos des anars, que ce sont souvent des anars, justement, qui vous soignent quand la police fait joujou avec vous.
Mais ça ne m'empêche pas de respecter la diversité des tactiques. Premièrement parce que les manifestant-e-s qui s'attaquent à du matériel ne s'attaquent pas à moi, ni à des innocent-e-s, d'ailleurs. Mais je m'abstiens aussi par intelligence. Les gens qui en attaquent d'autres physiquement ne connaissent tout simplement pas les conséquences atroces qu'un affrontement entre manifestant-e-s peut déclencher. Elles peuvent être en soi plus graves que la répression policière.
Au G-20 de Toronto, des syndicalistes modéré-e-s formaient des chaînes pour empêcher les plus radicaux et radicales d'affronter les rangées de flics. Il n'y a pas eu de contact physique. Si vous êtes contre le fait de casser des voitures de flics, faites de même, tiens. Vous le faites bien devant les flics, qui sont pourtant bien plus dangereux! Ou tentez de vous exprimer oralement. Les anars ne demandent que ça, s'expliquer.
J'ai aussi des doutes sur la cohérence de plusieurs manifestant-e-s pacifistes. Pendant la manifestation silencieuse du 12 mars dernier, des « pacifistes » ont ordonné à plusieurs reprises à d'autres manifestant-e-s de se taire, même quand leurs chuchotements étaient couverts par le bruit de leurs propres pas. Certain-e-s étaient tellement fanatiques dans leur consigne de silence qu'illes lançaient des « chut » à des passant-e-s qui parlaient au téléphone et marchaient sur le trottoir.
Cette procession n'était pas une action symbolique, mais une forme de censure immense du bruit, une mise en scène absurde de totalitarisme consenti, une négation de la liberté et du chaos nécessaires à la création comme à l'échange. La foule était en cela plus docile qu'un troupeau de bétail à l'abattoir, plus tranquille qu'une escadrille d'écoliers/ères qui sortent de l'école en rangs. Comment peut-on revendiquer le pacifisme dans l'homogénéité imposée, et le silence absolu? Si c'est ça le pacifisme, eh bien le stalinisme aussi c'est du pacifisme.
Où ils ont fait un désert, ils disent qu'ils ont donné la paix.
- Tacite.
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Pire que ça, en quittant la manif d'hier, j'ai croisé trois jeunes collégiens qui se vantaient aux policiers d'avoir "protéger vos chars" et en invitant les policiers de "tapocher" sur les radicaux la prochaine fois. "Ils le méritent bien" disaient les jeunes. J'étais tout simplement estomaqué, et j'ai dit aux collégiens ("pacifiquement" mais avec beaucoup d'emphase) ma façon de penser. Je leur ai dit que c'est dégueulasse d'encourager la brutalité policière ainsi, et que s'ils sentent mal à l'aise avec des actions plus radicales, ils n'ont qu'à s'éloigner...C'est vraiment désolant...on voit bien que, comme tu dis, il y en a qui assimile parfaitement les mensonges du SPVM, même dans le mouvement étudiant. "Il y en a qui méritent d'être frappé" m'a confié un de ces "pacifistes", "autrement, ils ne comprendront pas les message"...
RépondreSupprimerCes pseudo-pacifistes n'ont qu'à ne pas aller aux manifs.
RépondreSupprimerSt-Henri: c'est drôle, mais je pense que si les «pacifistes» que tu as croisés hier s'étaient fait tapocher, ils n'auraient, eux, pas compris le message, c'est-à-dire que les policiers ne sont pas leurs amis.
RépondreSupprimerDavid: en effet.
ton texte tourne :)
RépondreSupprimerAutour du pot?
RépondreSupprimernon tourne dans le sens que des gens l'ont diffuser
RépondreSupprimerAh? Cool!
RépondreSupprimerY'a une chose que je ne comprend pas à propos de la «diversité des tactiques», je me demande dans quelle stratégie à long terme ça s'incrit ? Vous espérez encourager le monde à se révolter en faisant de la casse ? Pour ça il faut qu'ils soient d'abord politisés, sinon ça marchera jamais. Falardeau disait que pour chaque gars qui lance un coctail molotov, il en fallait 10 qui expliquent pourquoi il l'a fait.
RépondreSupprimerD'autre part, ceux qui ignorent tout de l'arnarchisme (j'en sais pas grand chose moi même je l'admet), peuvent facilement croire que les black bloc utilisent la couverture de la manifestation étudiante pour se livrer à des actes gratuits de vandalisme. Si ils ont l'impression que vous les utilisez comme des boucliers humains, c'est normal qu'ils tentent de vous mettre de bâtons dans les roues. D'où ma critique originale : Avant de faire de la casse, il faut convaincre les gens que c'est nécessaire !
Falardeau a dit pas mal de niaiseries qui tendraient à prouver qu'il n'est pas du tout non-violent.
RépondreSupprimerQuant aux anarchistes, illes ne font pas nécessairement partie du B.B. Et puis la tactique du B.B. n'est pas d'infiltrer une manifestation pour la faire dérailler, ou même de se servir d'autres manifestant-e-s comme boucliers humains. Le principe, c'est justement que ce sont les membres du groupe entre eux qui servent de bouclier à une ou plusieurs personnes qui vont faire de l'action directe.
Souvent, le "B.B." ne fait d'ailleurs que distribuer des tracts, et leur action est rarement "violente". Il faut s'être fié uniquement sur ce que disent les médias pour prétendre que le B.B. est comme une forme d'Antéchrist anarcho-fasciste. C'est du monde souvent sans histoire, avec une famille, des ami-e-s et souvent un caractère naturellement moins violent que la moyenne.
La "diversité des tactiques" ne comporte pas nécessairement ce que vous désignez par de la "casse". C'est aussi respecter le fait qu'il peut y avoir des occupations, des blocages, des graffitis, des déroulements de bannières sur des édifices, etc. La "casse" est devenue un autre mot qui subit actuellement un dangereux glissement sémantique et qui sert à terroriser le monde inutilement.
Et je le répète: enlevez les anars d'une manif, et vous allez voir, ça va aller aussi mal, sinon plus mal encore.
Je vous encourage à vous informer sur l'anarchie. Vous verrez que ce n'est pas qu'une idéologie de destruction, mais avant tout de liberté et d'expression des désirs.