samedi 10 mars 2012

La perturbation... perturbe.

S'il n'en tenait qu'à Claude Trudel, qui appuie néanmoins le travail du SPVM, nous n'aurions qu'à continuer de se faire péter la yeule dans des manifs pour amener le gouvernement à la table de négociations.

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J'enjoins mes semblables à ne PAS bloquer de cliniques médicales, même totalement privées, même par accident. La rumeur court que des patient-e-s n'ont pas pu se rendre à leur rendez-vous, le 7 mars dernier. Je sais pas pourquoi, mais j'aimerais recevoir des éclaircissements. Ont-illes simplement été bloqué-e-s sur la route en voiture, ou refoulé-e-s par les flics? Dans quels cas on ne peut pas faire grand-chose.

J'enjoins aussi mes camarades à ne PAS bloquer le pont. Le pont n'est pas responsable de la hausse des frais de scolarité (quoi qu'en dise A., pour rire). Ce n'est pas une question de relations publiques. C'est simplement que tant qu'à faire une action d'éclat, vaut mieux ne pas gaspiller d'énergies sur le pont.

Cela dit, je trouve que plusieurs personnes et chroniqueurs/euses exagèrent. Les voitures - du reste polluantes - de Montréal et de la banlieue n'ont absolument pas besoin de manifestations étudiantes pour créer de l'embouteillage. Elles le font déjà très bien toutes seules.

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J'ai décidé de ne pas parler de Francis Grenier, le jeune blessé à l'oeil le 7 mars dernier, parce que j'avais peur qu'à force de dénoncer les porcs qui sont responsables de sa blessure (et des nombreuses autres blessures occasionnées par les fameuses grenades sonores), on en viendrait à le transformer en simple instrument de lutte. Je ne sais pas si ce serait vraiment lui rendre service. Il est devenu en quelques heures un des symboles les plus importants de la lutte contre le gouvernement brutal de Jean Charest.

Espérons qu'il ne devienne pas un des nombreux et futurs éclopés psychologiques de la grève étudiante[1].

Toutefois, voici à quoi cette histoire me fait penser: à l'Égypte. Une coupure sévère à l'oeil est une blessure typique des manifestant-e-s qui décident de résister à une opération de répression étatique. En mai dernier, quand je suis parti travailler là-bas, des centaines de jeunes portaient toujours des bandages sur un oeil. Dans les journaux, on parlait beaucoup des aveugles de la révolution, les malchanceux (plus rarement les malchanceuses) qui avaient perdu un oeil, puis l'autre... dans deux manifestations successives. Une blessure à l'oeil, c'est une blessure de manifestant-e. Et j'oserais dire, en quelque sorte, une blessure de héros.

Francis Grenier n'est que le premier blessé du genre ce printemps. Il y a eu d'autres blessé-e-s. Et pas des blessé-e-s comme l'infâme policier Ian Lafrenière, qui aurait reçu une balle de neige en arrière de la tête et qui deux minutes après, parle aux médias comme si de rien n'était.

Si la répression se poursuit, les chances augmentent pour que le Québec soit peuplé de jeunes borgnes.

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[1] Si j'étais le porte-parole de la CLASSE, une des premières choses que je ferais après la grève, c'est m'isoler complètement et puis aller visiter un psy, au moins pour m'assurer que tout est correct. Mais si j'avais été la CLASSE, j'aurais envoyé au front plusieurs porte-paroles, afin que la responsabilité retombe sur les épaules de l'organisation plutôt que sur un ou deux individus.

7 commentaires:

  1. Je ne suis pas de ton avis pour le blocage du pont. Ma mémoire de poisson rouge se souvient que le mouvement des indignés avait commencé à lever après que les militant-e-s en aient bloqué un.

    Et puis j'ai l'impression que plus ça fait chier le monde, plus c'est bon signe. Le pont, on en a tellement entendu parler (et on entend parler crissement souvent de vos viaducs icitte à Québec).

    Imagine que tous les ponts vers Montréal soient bloqués. Ça serait magique. I had a dream...

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  2. À ce moment-là, alors, je préfère que ce soit à des heures auxquelles les gens n'ont pas de traitements médicaux importants qui seraient dans certains cas remis à six mois plus tard.

    À quelle heure les cliniques de radio, radio-onco, salles de chirurgie ferment-elles?

    Faire chier le monde en général ne m'apparaît pas du tout la solution. Dans certains cas, comme le blocage du pont lors du conflit à TVA, ou lors de la crise d'Oka, je trouve que le blocage de pont était relativement légitime.

    Mais dans d'autres cas, comme le nôtre, je pense que c'est du gaspillage de temps. Bloquer l'Hôtel de Ville me semble plus intéressant, sachant que la ville de Montréal est tannée et qu'elle pourrait faire pression sur Charest.

    C'est certain en revanche que dans un contexte de révolution, il serait essentiel de bloquer tous les ponts à un moment ou à un autre. Mais comme tu dis: a dream...

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  3. Faire chier inutilement le monde est la meilleure façon de faire réélire Jean Charest...et d'empirer le problème!

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  4. "Dans certains cas, comme le blocage du pont lors du conflit à TVA, ou lors de la crise d'Oka, je trouve que le blocage de pont était relativement légitime. "

    J'y vois une contradiction, surtout avec la crise d'Oka où le blocus était permanent, ce qui n'est pas le cas avec étudiants. (Rappelons aussi qu'un policier fut tué).

    Rappelons aussi que ce blocus avait fait reculer les libéraux. Bref, je suis contre le blocage de ponts, à moins d'un appui populaire déjà très fort pour cette cause.

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  5. On s'en fou des élections David et par conséquent, que Charest demeure ou non au pouvoir. Ce qui compte, ce sont les mouvements sociaux et les alternatives au capitalisme et à la démocratie «représentative».

    On doit aller vers la démocratie directe et l'autogestion. C'est la seule manière de reprendre le contrôle sur nos vies.

    Un vote pour le PQ ou pour QS ne fera rien de tout ça.

    Je suis surpris que MM ne soit pas d'accord avec le blocage des ponts, mais en même temps discuter de tactiques est tjs sain.

    Mais il faut être prudent à ce niveau dans la mesure où ce blog doit recevoir la visite de nos amis les flics en ce moment, si ce n'est pas à longueur d'année.

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  6. On ne peut pas tout à fait se foutre des élections puisque cette décision est avant tout électoraliste (l'autre but, réel celui-là, est de remplacer les pauvres intelligents par des cons riches dans les universités). Comment peut-on combattre l'ennemi si on ignore cette réalité fondamentale?

    La réalité est que la situation va s'empirer si Jean Charest est réélu, car IL Y AURA D'AUTRES HAUSSES PARCE QU'IL AURA DÉMONTRÉ QUE C'EST RENTABLE POLITIQUEMENT DE TAPER SUR LES ÉTUDIANTS (ceci dit, le PCul a perdu toute crédibilité dans ce dossier: ne les croyez pas s'ils promettent quelque chose, ce qui prouve encore une fois que les élections ne suffiront pas, évidemment)

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  7. La situation était différente et c'est pour ça que je soutiens le blocage de ponts dans certains cas.

    Pendant la crise d'Oka, tout le monde se crissait bien des autochtones. Il fallait que ceux-ci posent des actions pour affecter tout le monde dans leur quotidien et leur faire subir en quelque sorte un traitement d'électrochocs. Idem à TVA: le conflit de travail s'éternisait et la population avait totalement oublié les travailleurs/euses.

    Dans notre cas, tout le monde parle déjà de la grève. Les moyens de pression peuvent être dirigés directement contre les institutions de pouvoir, quelles qu'elles soient: bureaux de député-e-s, de lobbyistes, de grands capitalistes, centres administratifs, banques, etc.

    David: le flic ne fut pas tué dans le cadre du blocage du pont, mais lors d'une opération policière foireuse.

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