mardi 13 mars 2012

Retour sur le cabaret.

Il semblerait que plusieurs féministes se soient mises en colère suite au cabaret anarchiste du 9 mars dernier au DIRA, et ce pour plusieurs raisons tout à fait légitimes. En gros, les critiques qui ont été faites concernent l'absence de parité dans les numéros (environ 4 femmes contre environ le double d'hommes), le non-respect du thème de la soirée ainsi qu'un numéro en question présenté par deux personnes (un homme et une femme) qui a mis tout le monde très inconfortable. Malheureusement, je n'ai pas parlé aux personnes ayant émis les critiques. Les commentaires négatifs me sont parvenus par des intermédiaires. Donc si vous faites partie des auteur-e-s de la critique en question, eh bien dites-le.

Sur une note positive, cela dit, les performances des trois femmes en solo - trois membres de l'AWB, par ailleurs - on été très belles. La chanteuse de Die Satchko a, je trouve, un très grand talent[1]. De plus, sa chanson sur les sorcières rappelait inévitablement le célèbre groupe féministe, que ce soit volontaire ou non. Une des autres femmes a parlé des Mujeres Libres et elle a déclamé un très beau poème, traduit de l'espagnol au français simultanément, écrit par une des militantes de l'organisation espagnole. La dernière participante a lu un texte, délicieux et très vindicatif d'une auteure féministe.

Une des performances a aussi consisté à permettre à tous et à toutes de prendre des livres au hasard dans la section féministe de la bibliothèque libertaire et de citer des passages choisis spontanément.

D'autres performances, exécutées par des hommes, avaient le féminisme pour sujet central. Deux ou trois numéros seulement sont sortis du thème (dont le mien)[2]. Et c'est normal! C'est une soirée à micro ouvert. Les gens arrivent avec ce qu'ils ont à offrir. Le thème de la soirée est habituellement une trame de fond qui sert à inspirer, pas à contrôler.

Le comité d'organisation n'a aucun contrôle sur le nombre de performances faites par des femmes ou des hommes. Il prend ce qui vient. J'admets qu'habituellement, le mode d'inscription sur la liste de numéros m'apparaît plus clair.

Quant au (dernier?) numéro, je partage totalement la colère de plusieurs personnes présentes à la soirée. Je trouve que la relation qu'entretenaient le musicien et la musicienne n'apparaissait pas du tout égalitaire. Pour faire une histoire courte, l'homme a imposé toutes ses décisions sans consulter sa co-interprète, même si celle-ci semblait parfois en désaccord avec lui.

Je suis évidemment relativement déçu par la tournure des événements. Le 8 mars dernier a déjà été une épreuve suffisamment désagréable pour les féministes récupérées par certains éléments du mouvement étudiant ou nationaliste. Le cabaret aurait dû être une occasion pour les féministes d'affirmer leur présence de manière plus libre. Ce fut certainement le cas, mais ce ne fut pas parfait.

À la décharge du comité d'organisation du cabaret, eh bien... il n'y pouvait rien. Aurait-on pu mieux se préparer? Eh bien je pense que non. Déjà, je trouve qu'il y avait trop d'organisation. Si on se prépare mieux, ce sera plus une soirée à micro ouvert.

___________

[1] Comme le reste du groupe, d'ailleurs. Je vous conseille fortement de vous tenir au courant de leurs concerts.
[2] Notez que les trois-quarts de mon numéro a été constitué par la lecture de deux textes écrits par une femme. Ces textes ne concernaient pas directement le féminisme, mais le désir. Toutefois, cela remet en perspectives la question de la présence des femmes au Cabaret et du rôle de certains numéros produits par des hommes, qui ont été en grande partie une simple courroie de transmission pour des paroles de femmes.

3 commentaires:

  1. Y des femmes dans ce cabaret anarchiste? WOW! :)

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  2. On aurait pu préparer autrement le déroulement du cabaret, sans supprimer le concept du micro-ouvert. Notamment en consacrant une partie à des invitées de groupes féministes radicales (il y a eu un cabaret -des sorcières?- il y a quelques semaine)et une autre au micro-ouvert. Perso, je crois que j'aurais pu ne pas aller présenter mon poème sur le tas. Et, au fait, on a fini le cabaret plus tôt que d'habitude, également.

    Mais concernant le thème, il faut bien avouer qu'à chaque cabaret il est parfois mis de côté dans certaines présentations. C'est un aléa de l'organisation, et tant pis. Je préfère que des gens viennent présenter des performences radicales que d'exiger qu'elles respectent le thème. Tu es sans doute d'accord avec moi ?

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  3. Comme je l'ai écrit dans une note que j'ai ensuite effacée, nous avons organisé par le passé des cabarets qui avaient pour thème Emma Goldman ou la Révolution française. Dans ces cas-là, c'était impossible de faire une soirée de 4 heures uniquement sur ces thèmes. Comme le thème du féminisme est plus large et plus facile à traiter, il y a eu plus de performances qui y ont été liées. Mais ce n'est pas du tout une tradition du cabaret anarchiste d'imposer un contenu.

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