En fin d'avant-midi, aujourd'hui, se tenait une vigile en soutien aux personnes arrêtées relativement aux actes commis jeudi dernier dans le métro de Montréal.
Une foule gigantesque de journalistes, caméramans et photographes s'est aussi mobilisée pour couvrir la comparution des activistes ainsi que la vigile en question. Jusqu'à aujourd'hui, je n'avais jamais assisté à un évènement qui fut autant médiatisé. Aussi, je ne comprends absolument pas les reproches faits par Brian Myles (le président de la FPJQ) comme quoi les médias auraient été « muselés » par les personnes présentes.
Beaucoup de gens ont en effet bloqué les caméras à l'aide de grands bouts de tissu. Plusieurs journalistes ont été également engueulés et il y a même eu des bousculades (notons que ce n'est pas rare que des journalistes trop insistant-e-s provoquent des bousculades).
Les organisateurs/trices ont aussi appelé les personnes présentes à ne pas faire de commentaires aux médias. Cela dit, à aucun moment, je ne me suis senti inquiété par les manifestant-e-s. À ma connaissance, les gens qui se sont finalement adressés aux médias n'ont pas été empêchés de le faire. Seulement, les gens ont insisté pour que la foule ne soit pas abusée dans son droit à l'existence paisible. Et ce qui s'est passé pendant cet évènement, c'était de l'abus. Les photographes se sont conduit-e-s comme de vulgaires paparazzis, insultant plusieurs activistes au passage, gueulant, utilisant un langage vulgaire et parfois même intimidant. J'ai par ailleurs vu un photographe saisir un drapeau d'une main, et prendre des photos de l'autre. La jeune femme qui tenait le drapeau en question est restée d'un calme placide, malgré les provocations répétées.
Quand j'ai demandé au photographe d'aller plus loin pour prendre ses clichés, il a pris une posture de victime, arguant que les journalistes ne donnaient jamais leurs photos à la police et que plusieurs d'entre eux appuyaient le mouvement de grève.
Mais ce n'est pas de ça qu'on les accuse, au contraire: les médias diffusent l'information de la police, et c'est ça le problème. Ils servent de relais à la répression étatique. Sachant que les droits des quatre accusé-e-s ne seraient pas respectés par une police de moins en moins contrôlable, les médias auraient dû refuser de publier leurs photos dans leurs quotidiens, étant donné surtout la faiblesse de la preuve.
Non contents de publier servilement les photos, ils en ont rajouté en diffusant de fausses informations sur plusieurs personnes, concernées ou pas par la lutte étudiante.
Depuis le début du conflit, je me suis plaint trois fois à certains médias qui ont purement et simplement colporté des mensonges. J'aurais pu le faire un bien plus grand nombre de fois[1], mais dans les cas qui nous intéressent, les journalistes ne se sont que renvoyé la balle. Une fois, La Presse s'est justifiée en prétendant qu'elle n'avait fait que relayer les informations non-vérifiées diffusées par PC. Une autre fois, un journaliste avait signé un article et accepté la collaboration d'un autre journaliste, qui m'avait mal cité sur mon blogue. Après avoir reçu ma plainte, il a rejeté la responsabilité sur son collaborateur (de Victo...). Jamais il n'y a eu de contrôle, jamais il n'y a eu de vérifications. Pourtant, une simple recherche sur Google aurait parfois suffi. Et les réponses à mes questions ont été minables et pleutres. Les journalistes qui ont commis les impairs ne sont souvent même pas en mesure d'assumer le contenu de leurs articles devant des quidams.
Mais ce matin, c'était pire encore. Les journalistes et photographes se sont livré-e-s à du harcèlement! Pourquoi devoir expressément prendre mille photos (sans doute pas bonnes en plus)? Pourquoi hurler après des adolescentes qui déplient un tissu devant les caméras? Pourquoi aller jusqu'à prendre en photo, par-derrière, les gens qui en empêchaient d'autres de prendre des photos (avec les mêmes foulards et bouts de tissu)? Pourquoi toute cette intimidation?
Vous pourrez remarquer qu'en revanche, je n'ai pas assisté à la perturbation du travail de journalistes de la presse écrite et de la radio. Une femme de CBC News se promenait d'ailleurs avec un microphone au milieu de la foule, librement. Elle est restée dans les parages jusqu'à ce que je parte. A-t-elle été intimidée? Pas à ma connaissance. Pourquoi? Parce qu'elle NE NOUS HARCELAIT PAS!
Cela ne l'a pas empêchée d'enregistrer ma conversation avec un ami à notre insu, tout bonnement. Elle tenait son micro dans le creux de son bras, subtilement, dos à nous, comme si elle prenait une pause. Mais comme le micro pointait vers nous, j'ai jeté un coup d'oeil à son magnétophone en étirant le cou: le chronomètre roulait!
Que le lieu soit public ou non, prendre des milliers de photos d'individus sans leur consentement, les filmer à trois pouces du visage, les enregistrer à leur insu, c'est une agression et un manque flagrant de respect. Ce n'est la plupart du temps pas une pratique journalistique acceptable.
C'est aussi de la provocation. On aurait dit que les journalistes des grands médias, les derniers ayant été ciblés à juste titre par Force Étudiante Critique, avaient massivement décidé de chercher les claques.
Je crois avoir repéré Rima Elkouri dans un coin. Non pas en plein milieu de la foule, mais en bordure. Elle avait un calepin et prenait des notes en interviewant un jeune. En ce qui me concerne, je ne vois pas de problème à ça. C'était (en apparence du moins) le seul acte de journalisme véritable auquel j'ai pu assister ce matin. On verra bien si ça se traduit par une analyse rigoureuse.
Bien sûr, par la suite, les caméras ont flairé la bonne affaire et se sont rameutées. L'entrevue a été perturbée. Pas la faute à Mme Elkouri, mais aux rapaces de la télé.
Les journalistes dignes de ce nom ne peuvent qu'avoir honte des agissements de tels parasites de l'information.
Aux autres: vous vous demandez pourquoi certaines personnes s'attaquent à vous pendant des manifestations, en vous engueulant et parfois même en vous lançant des balles de peinture? Vous répliquez toujours, scandalisé-e-s, que ces gens-là vous empêchent de faire votre job. Eh bien justement. Vous la faites pas, votre job. Vous êtes une nuisance pour le réel et vous entretenez l'illusion. Mais il n'est pas trop tard pour changer.
Mise à jour: Finalement, Rima Elkouri soutient ses collègues agresseurs. J'ai vu deux personnes, au minimum, s'adresser directement aux médias hier. Les entrevues se sont faites dans le calme. Pourquoi Mme Elkouri n'a-t-elle pas la décence d'avouer qu'elle a fait cette entrevue de plusieurs minutes avec un jeune homme? Pourquoi a-t-elle écrit son article seulement sur la prétendue répression des médias? Pourquoi n'a-t-elle même pas pris la peine de faire un reportage honnête et de citer les personnes interviewées?
________
[1] Notons la merde nazie relayée par le journal de Québec, qui prétendait que la CLASSE était affiliée à l'UCL, une organisation anarchiste! Notons aussi l'ignorance de plusieurs journalistes, dont quelques-uns sont malgré tout favorables à la cause étudiante (ex: Michèle Ouimet). Sachez, chers/chères journalistes, qu'un reportage plein de faussetés, même quand celui-ci nous est favorable, reste nuisible à notre cause!
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Non, sérieusement, il va falloir que les étudiants se mobilisent contre les médias.
RépondreSupprimerIl faudrait plutôt, selon moi, qu'on les remplace.
RépondreSupprimerCroyez-vous qu'il va avoir des actions contre les médias dominant dans les prochains jour ?
RépondreSupprimerIl y en a eu quelques-unes au cours des dernières semaines. Mais je ne pense pas que qu'il y en aura beaucoup de nouvelles. Si je cherchais un mauvais coup à faire, je ne ferais pas ça, principalement parce que justement, Force étudiante critique a attaqué verbalement les médias, et que toute action du type apparaîtrait signée FEC.
RépondreSupprimerSi des gens, par exemple, décident de lancer un fumigène dans l'édifice TVA, la police va juste considérer que c'est là une justification de plus pour faire des perquisitions, mettre des lignes sur écoute, faire de l'infiltration dans FEC.
Stratégiquement, frapper les médias maintenant par des actions directes, alors qu'ils se plaignent sans arrêt, justifierait leur position de victime. Je pense que la seule chose possible pour l'instant, c'est de les dénoncer, de montrer leurs mensonges au grand jour, et acheminer des plaintes au Conseil de Presse à chaque fois.
Si ça marche pas, publier les plaintes sur Internet par la suite.
Cela dit, je me demande ce qu'Anonymous (pas la section anti-scientologie) est en train de faire.
Les dénoncer au conseil de presse ne servira à rien à mon sens et encore moins sur internet.
RépondreSupprimerIl faut que la dénonciation soit diffusé à la TV. Une mobilisation devant TVA et même devant radio-canada serait plus parlant.
Ouin... Pas certain qu'ils vont vouloir parler à du monde qui veulent exclusivement les dénoncer. C'est évident que c'est pas une trop mauvaise idée. Il va falloir y penser.
RépondreSupprimerUne plainte au Conseil de Presse, c'est pas long à organiser. Et j'ai pas encore essayé. Ça pourrait être le fun.
Enfin, on verra.