jeudi 29 mars 2012

Élèves du secondaire: il faut désobéir.

Plusieurs administrations d'écoles secondaire frappent les jeunes qui tentent de tenir un débat sur la hausse des frais de scolarité, ou encore sur la grève. Abusant de droits qu'ils n'ont pas sur la liberté et sur l'intégrité des mineur-e-s, ces même administrations ont recours à une intimidation qui utilise la violence psychologique et la contrainte physique.

La plupart du temps, les élèves sont seulement sermonné-e-s ou suspendu-e-s. J'aurais pu d'ailleurs consacrer ce billet à dédramatiser cette condamnation qu'est une suspension de quelques jours, ou encore une retenue à l'école. Selon moi, une suspension équivaut cependant réellement à une peine, et non pas à une punition. Quant à la retenue, c'est aussi réellement une séquestration, au même titre que la prison. Ces pratiques sont la plupart du temps abusives et contre-productives.

Mais quelques directions qui comptent dans leurs rangs plusieurs brouets de poubelles mini-hitlériennes[1] ne se sont pas contentées des peines habituelles. Elles se servent de la terreur pour parvenir à leurs fins. Dans un cas particulier, une direction en est même venue à menacer un jeune de l'accuser au criminel, et cela avec la complicité de deux flics. J'imagine mal l'angoisse qu'a pu ressentir l'élève en question, qui n'avait pourtant fait que créer une page Facebook pour discuter de la grève.

Ce qu'on impose aux mineur-e-s, ces humains à qui on n'accorde aucun droit, n'est que le fantasme de ce qu'on veut imposer aux adultes: une société de dépendance épurée, homogène, totalitaire, déprimante, réglée à la seconde près. On pense parfois que tout se joue aux élections; d'autres pensent que tout se joue dans la rue, pendant des manifs: moi je pense que l'école est pour beaucoup dans la game du pouvoir. C'est un modèle expérimental à la fois de la prison et du travail. On ne peut pas se battre à la place des élèves du secondaire, mais en ce qui me concerne, je les encourage à faire le nécessaire pour dégager des espaces de liberté. IL FAUT DÉSOBÉIR!

Voici le message que j'adresse aux jeunes des écoles secondaires, peu importe leur âge:

Je vous encourage à vous révolter massivement contre la tyrannie des directions de vos écoles. De vous révolter contre tout-e prof qui s'allierait à cette tyrannie. Illes vous forcent à assister à des cours souvent inutiles, vous forcent à adopter un code vestimentaire, parfois même à porter un uniforme. J'ai même entendu dire que dans certains collèges, on forçait les jeunes hommes à porter les cheveux courts. Les horaires sont réglés, les cloches vous rappellent à la classe comme la cloche rappelle les détenu-e-s à leur cellule, et on vous poursuit jusque dans la rue quand vous tentez de fuir ce lieu qui meurtrit la liberté et vous enferme dans un carcan de conformisme abject.

L'école ne vous émancipe pas! C'est vous-mêmes qui le pouvez, par vos propres moyens, avec votre curiosité, votre soif de savoir, votre soif de liberté. La polyvalente ou le collège ne sont que des obstacles à votre apprentissage réel. Le compromis que vous faites en vous rendant chaque matin à l'école (vous acceptez de vivre une situation d'esclavage en échange d'une alphabétisation de qualité souvent médiocre) ne peut plus tenir.

Nous, les jeunes-vieux, nous n'avons pas su nous révolter pendant que nous endurions le calvaire que vous vivez maintenant. Si nous l'avions fait, vous n'auriez peut-être pas, aujourd'hui, à traverser cette épreuve de marde. Nous ne l'avons pas fait parce que peu d'entre nous ont fait l'effort intellectuel de comprendre ce qui se passait. Maintenant que nous avons fini l'école secondaire, souvent depuis plusieurs années (bientôt neuf ans dans mon cas), nous ne pouvons que nous sentir responsables de ce qui vous arrive. Nous vous devons en quelque sorte quelque chose.

Je vous enjoins de vous libérer de cette dictature. Vous pouvez le faire tous et toutes ensembles. Les directions pourront toujours suspendre quelques individus, elles ne pourront jamais suspendre tout le monde en même temps. Vous pouvez utiliser l'anonymat sur Internet pour éviter d'être retracé-e-s par les usurpateurs qui vous punissent.

Vous pouvez prouver que le monde peut changer et évoluer sans autorité. Faites-le et nous allons vous soutenir. Faites-le et vous allez vous en souvenir toute votre vie.

Des hostie de vieux cons vous diront que vous n'avez pas l'esprit critique nécessaire pour mener à bien une lutte politique ou sociale. Ce sont des gens séniles. Ne les écoutez pas. Si déjà vous êtes en mesure de comprendre ce texte avec votre raison et vos émotions, eh bien vous avez ce qu'il faut pour tout transformer.



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[1] Insulte empruntée à Claude Gauvreau.

11 commentaires:

  1. Tout à fait mais ils et elles doivent lire ton message! Autrement dit, on doit le faire circuler jusqu'à eux et elles (c'est pt déjà fait?).

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  2. Je sais pas comment le faire suivre à des étudiant-e-s du secondaire. J'ai lancé sur Facebook, mais je doute que ça se rende aux bons endroits.

    Ironiquement, je connais maintenant beaucoup plus de profs que d'étudiant-e-s du secondaire. Peut-être la moitié de mes ami-e-s du secondaire sont devenus profs, et plusieurs enseignent dans notre ancienne polyvalente!

    Je me demande si en quelque sorte, illes ne m'ont pas été aliéné-e-s. Moi, je me reconnais encore davantage dans un ado au secondaire que dans un prof de mon âge.

    Est-ce plus un conflit de classes qu'un conflit de générations?

    Il reste la possibilité de distribuer des tracts pas loin des écoles secondaires. Là, on leur en ferait baver, les admins.

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    1. En réplique aux admins précises qui ont attaqué nos camarades, bien entendu. Il y a des admins qui ne méritent sans doute pas autant de récriminations.

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  3. Je pense aussi qu'on devrait passer des tracs dans quelques écoles secondaires.

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  4. Il faudrait idéalement distribuer des tracts que les étudiant-e-s du secondaire auraient rédigé eux-mêmes.

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  5. Maintenant, j'aimerais savoir (et je me doute bien de la réponse) s'il y a beaucoup de pro-hausse qui cautionnent cette violence. Si tel est le cas, voilà une preuve de plus qu'ils sont pires que ce qu'ils dénoncent.

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  6. J'imagine que la majorité des pro-hausse seraient opposé-e-s au droit de grève dans les écoles secondaire, et qu'illes verront mon billet comme une chose immonde à dire à des "ados", mais je ne serais pas prêt à affirmer qu'illes cautionnent le genre de violence psychologique extrême qu'a subie André-Philippe Boulanger Trottier.

    C'est drôle, mais je n'ai eu un débat sur la question que sur Facebook. Je m'attendais à ce que plusieurs de mes connaissances, qui sont profs au secondaire, viennent m'attaquer et m'insulter, mais encore rien. La seule personne à avoir réagi négativement sur Facebook est un autre universitaire. Peut-être que je vais manger la claque la prochaine fois qu'illes me voient en personne, par exemple.

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  7. T'as vu ça ?
    http://www.radio-canada.ca/regions/ottawa/2012/04/02/001-retenue-eleves-grande-riviere.shtml

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  8. Simonaaaaaaaque! Comment ont-ils fait pour savoir qui avait voté oui à la grève? Soit le/la journaliste a été mal renseigné-e (et qu'en fait, seul-e-s les élèves absent-e-s ont été puni-e-s), soit les élèves ont été vraiment trahi-e-s. Ont-illes signé en bas de leur bulletin de vote, coudonc? Ou peut-être que la grève est passée à 100% et que le vote s'est tenu pendant un cours? C'est quoi cette histoire-là?

    En tout cas, je suis content de voir que les élèves du secondaire peuvent participer aussi massivement.

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  9. En tout cas, au moins les étudiant-e-s du cégep sont allé-e-s les appuyer.

    À bas l'école! Vive la révolution!

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  10. Une piste de solution:

    http://voixdefaits.blogspot.ca/2012/04/education-alternative-education.html

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